Introduction
"Si
pierre qui roule n'amasse pas mousse, bateau qui ne navigue pas tend à
prendre racine..."
Nous sommes dans la deuxième quinzaine d'Avril
1999 et cela va faire quasiment 3 mois que nous sommes à Salvador.
Nous ne nous lassons pas, mais il va bien falloir reprendre le voyage et
le temps va commencer à presser.
Les enfants doivent venir nous rejoindre au Venezuela
en Juillet / Août. Il faut donc que nous y soyons dans deux mois
et demi. Et la route est longue, de l'ordre de 2500 milles. Un peu plus
que la traversée de l'atlantique.
Et puis aussi, on n'en a pas vraiment fini avec le Brésil.
On aimerait bien en voir encore quelques aspects: Recife. Natal peut être,
sûrement Fernando de Noronha. Et aussi quelques mouillages sympas
entre ces grandes étapes. Après, il faudra encore passer
par Fortaleza pour faire les formalités de sortie du pays.
Oh et puis on a aussi un peu envie d'aller voir à
quoi ressemble la jungle amazonienne, en Guyane Française.
Et oui, nous n'aurons pas le temps de remonter un peu
la vraie amazone, jusqu'à Belem, ni de faire le tour de l'île
de Marajo (qui est la plus grande île fluviale du monde). Naviguer
sur l'Amazone ne peut se faire que de jour, au moteur et selon les courants.
On ne peut donc naviguer que quelques heures par jour. Belem se trouve
à environ 130 milles en amont dans l'amazone et rien que l'aller
retour demande 3 à 4 jours. Y aller n'aurait de sens que si nous
consentions à y consacrer 2 à 3 semaines. Le tour de l'île
de Marajo prend lui un bon petit mois, alors à oublier ou à
reporter à notre prochain passage. Nous devrons donc nous contenter
de la Guyane.
Nous espérons ainsi être à "Trinidad
et Tobago" avant le 15 juillet, soit après un petit mois de navigation
et autant d'escales diverses. Si si, je sais encore compter, ce qui dépasse
c'est pour la sécurité!
Faux départ
et déboires mécaniques
"...et un bateau ne se laisse jamais facilement arracher
à ses racines...."
Or donc, le dimanche 17 Avril nous quittons le ponton
de Salvador en fin de matinée.
A peine tourné le quai de la marina , on entend
un grand bruit dans les fonds.
Il n'y a rien à talonner ici pourtant. Une épave
aurait elle poussé au cours de la nuit??? Aurait on raté
un AVURNAV???
Echange de regards dans l'équipage.... Anyvonne
annonce prudemment qu'elle croit que peut être, elle aurait vu un
peu bouger le bout de relevage de la dérive....
Vérification: Le bout de relevage ne relève
effectivement plus rien du tout!!
Irritation mal contenue du Capitaine et re-mouillage
immédiat dans le port, près du fort Sao Marcello.
Après déshabillage et ouverture du puits
de dérive, on voit la dérive en position basse, qui retient
la poulie de relevage, l'empêchant de sombrer dans les fonds marins.
Cette dernière repose au fond du puits, sans doute depuis que son
axe en Ertalon l'a quittée. (On n'en retrouve trace nulle part.)
Donc programme:
1 - Trouver un moyen de remonter la dérive en
position haute,
2 - Faire tourner un axe, (en inox cette fois),
3 - Faire ré-usiner un peu la poulie dont la gorge
ressemble au bord d'une crêpe bretonne,
4 - Remonter, repartir.
Et
là, le carré se transforme en un intérieur de moulin
à vent qui servirait de base de départ à une équipe
de plongeurs sous marins. Des poulies et des bouts forment une toile d'araignée
du sol au plafond. (En fait, trois palans à la queue leu leu, pour
remonter la dérive de l'intérieur). Gérard n'arrête
pas de plonger et de revenir pour décoincer des bouts et pour récupérer
ce qui tombe dans le puits. Et pendant ce temps, le clapot dans le port
amène quelques fois le puits ouvert à déborder.
Enfin, en milieu d'après midi la dérive
est relevée. Cela
permet de s'apercevoir que le trou prévu dans les joues du puits,
pour sortir l'axe de la poulie de relevage n'est pas en face des trous
de fixation de ladite poulie. La conséquence en est qu'il faudra
arrêter le nouvel axe par une soudure et donc qu'en plus d'un tourneur,
il faudra trouver un soudeur.
De toutes façons, c'est dimanche et ça
nous laisse le temps d'aller au ponton raconter nos malheurs aux copains,
qui sont bien surpris de nous voir revenus si vite.
Le lundi, on cherche et trouve, à une dizaine
de kilomètres, un tourneur qui se fera un plaisir de nous faire
le travail pour 15 heures. On revient à 16 heures pour prendre livraison.
Mais le travail ne sera terminé que vers 20 heures, et à
condition que nous restions en permanence devant le tour, pour que l'homme
de l'art ne se mette pas à faire autre chose.
Enfin, le mardi, le palan est remonté et fonctionne.
Il ne reste plus qu'à trouver un soudeur pour arrêter l'axe.
Au moins 5 minutes de travail. Du mouillage, nous revenons au ponton pour
faciliter la venue d'un ouvrier et aussi pour disposer de l'électricité
nécessaire aux réparations.
Pas facile de trouver un soudeur.Dans la soirée,
Gérard rencontre un marin qui attend pour le surlendemain la venue
d'un spécialiste à son bord
-« Pour le surlendemain???? »
-« Oui, parce que demain, c'est je ne sais trop
quelle fête, mais c'est sûr, c'est férié ».
Et chômé.
Encore un numéro spécial de l'ARB à
envisager: « jours fériés dans les différents
pays traversés ».
Attente du surlendemain et retour dans les restos et
troquets de Salvador.
Et le surlendemain arrive. L'homme
du métier aussi. Enfin presque, parce que celui ci ne fait que de
la soudure à l'étain et pas du tout à l'arc.
Et ça, ça ne va pas!!!
Re-recherche donc et chance! Un soudeur à l'arc
arrive au bateau à 14h30. Il en repart lesté de 50 réals
(NDLR: 300 F), à 14h40, soudure faite. C'est la belle vie. Le puits
de dérive est refermé et l'intérieur du carré
remonté et remis en ordre avant le soir.
"A équipage déterminé, adversité
ne saurait résister." (Proverbe russe - attribué à
Stakhanov.)
Il reste à refaire un complément de vivres,
un complément d'achats divers, un complément d'adieux et
nous re-serons prêts à partir.
Le Vendredi 23 Avril nous quittons Salvador en fin de
matinée, (après nous être arrêtés sur
le catamaran "deux pieds" qui
était mouillé dans la rade, pour y déguster
avec Magui et Philippe, quelques Caïpirinhas et absorber un rapide
déjeuner pour étancher tout ça) C'est donc en fin
de matinée (vers 16 heures 30) que nous partons vraiment.
Après ce que nous avons dit plus haut, vous comprendrez
que nous sommes pressés!
Et la remontée commence. Sur le plan navigation,
il y aura peu de choses à en dire, sinon qu'elle se déroulera
assez près des côtes brésiliennes et que la veille
devra y être plus vigilante qu'au large pour cause de trafic marchand
assez important et d'activités de pêche intenses et mal éclairées.
Mais nous serons amenés à y revenir.
Ce seront donc encore quelques étapes Brésiliennes,
qui contribueront à renforcer notre souhait d'y revenir un jour....
Dernières
étapes brésiliennes
I- Maceio (sous la plage, les
pavés du Iate Club...).
Nous y arriverons le dimanche 24 Avril à la nuit
tombée, après être passés, nostalgiques, devant
la Barra de Sao Miguel dont on nous a dit le plus grand bien comme mouillage,
mais aussi toutes les horreurs sur les bateaux en visite, qui ont terminé
là leur voyage en tentant la passe dans la barrière de corail.
L'entrée de nuit à Maceio est assez facile.
On mouille sur ancre au fond du port, devant une plage et la flottille
de pêche. A côté de nous, trois voiliers locaux qui
ont leurs quartiers ici témoignent de la présence à
Maceio, d'un vrai "Iate Club".
Et heureusement qu'il y a un Iate Club.!!! L'arrivée
en annexe, sur une plage super crado, au pied d'une favela plutôt
inquiétante (pour l'annexe et pour nous même) n'est pas vraiment
rassurante. Heureusement, il y a la grande grille d'accès au Iate
Club, qu'on vient nous ouvrir après force bruits et un bon secouage
de ladite grille. On rentre donc l'annexe (un souci de moins.) et on découvre
au fond d'un jardin: des douches , un bar et quelques yachtmen locaux en
train de jouer aux cartes. Peu loquaces, mais polis.
"O présidente da Fédéracao de Iates
dos Alagoas", qui se trouve là, nous souhaite la bienvenue et nous
indique que si on désire aller à la Barra de Sao Miguel,
on pourra trouver ici un guide très "séguro", Roberto,
qui nous permettra de revenir avec notre bateau intact. Nous irons donc
à Sao Miguel.
Auparavant, nous jetterons un oeil sur Maceio, capitale
de l'Etat des Alagoas, le plus petit du Brésil, dont est issu le
président Color. Une ville de grandes plages abritées derrière
une barrière de corail et sans autre intérêt particulier. Cette
structure de plages immenses derrière une barrière de corail
sera celle de toute la côte Brésilienne, au Nord de Maceio
et jusqu'à Fortaleza. Plus au nord encore ce sera l'Amazone.
II- La Barra de Sao Miguel
( le repos des audacieux )
Nous irons là bas avec Roberto, notre guide. Après
avoir consulté l'annuaire des marées, nous avons pris rendez
vous pour le lendemain matin à 9 heures. (Pour garder toutes ses
chances, il faut franchir la barre à mi-marée montante, quand
on voit encore les extrémités de la passe et qu'on a déjà
suffisamment d'eau sous le bateau). Il arrive ponctuel et accompagné
de Sidnei, un de ses amis qui est aussi candidat au départ sur un
voilier, mais qui nous explique qu'il n'a pas encore le voilier et qu'il
ne sait pas non plus faire de la voile. Mais ça viendra.
La ballade de quelques 18 milles est agréable
et si Sidnei ne quitte guère le balcon avant, apparemment fasciné
par la mer, nous discutons pas mal avec Roberto. Il est retraité
de la Royale d'ici et est propriétaire d'un joli petit voilier,
à côté duquel nous avons mouillé en arrivant
à Maceio. Il vient fréquemment à Sao Miguel, nous
parle des régates auxquelles il participe entre Maceio et Recife
ou Fernando de Noronha et semble être un voileux bien compétent.
Ca tombe bien, car le passage de la barra est plutôt spectaculaire. Vent
arrière avec une mer bien formée qui déferle sur la
barrière mais aussi dans la passe. Passe dont on ne voit d'ailleurs
plus très bien les extrémités. On les devine plutôt,
là où Roberto me les montre. Environ 25 à 30 mètres
de large, maximum. Mais il faut y croire! Et on passe.
Seul, je n'aurais sûrement pas osé. Pourtant
j'ai les cartes et des croquis, mais il n'y a aucun alignement connu. (Roberto
me dira plus tard que lui, il en a un d'alignement entre le phare et un
rocher sur la montagne). Au passage, le sondeur marque 2.50 mètres!
A l'intérieur, c'est très calme, plus profond,
même si le chenal n'est pas très large le long de l'intérieur
de la barrière. Le bonheur. Après quelques détours
à travers des bancs de sable qui occupent l'essentiel de l'intérieur
de la baie, nous mouillons devant un petit village, super protégé
derrière une langue de sable blanc.
Notre guide repart à Maceio en car. Nous lui téléphonerons
quand nous voudrons ressortir.
Nous resterons quatre jours dans ce havre de paix. Gérard
s'exerce à l'aquarelle (de mieux en mieux.). Anyvonne
récolte des étoiles de mer à marée basse et
les fait sécher sur le pont. On découvre aussi un restaurant,
où manger des poissons et fruits de mer délicieux.
Roberto reviendra nous chercher, toujours accompagné
de Sidnei qui aura cette fois amené sa femme Neia. Repassage de
la barre, voiles au près serré et moteur. Venant de
l'intérieur, c'est toujours aussi impressionnant. D'ailleurs, au
beau milieu de la passe je vois soudain surgir une tête de corail.
Je m'en ouvre à mon pilote, qui me rassure: mais non, ce n'est pas
le milieu de la passe! C'en est l'extrémité nord. Si nous
la serrons de si près, c'est parce qu'au sud de la passe, il y a
des têtes de corail vers lesquelles le vent nous pousse et que nous
ne voyons plus. Enfin, c'est passé, encore une fois. Je pense qu'après
encore un ou deux essais accompagné, j'aurais trouvé le courage
de le tenter tout seul.
Retour donc vers Maceio. Conversation tourdumondiste
avec nos hôtes, en anglais et portugais. Suffisamment pour nous parler
de leur envie de départ. Ils vont sérieusement se mettre
à apprendre la voile, disent ils.
Il fait déjà nuit quand nous entrons dans
le port de Maceio. Neia est assise sur le balcon avant et se met tout à
coup à gesticuler et à crier "HA UN BARQUINHO ADELANTE!!!"
Grand coup de barre à droite de Roberto et immédiatement,
nous apercevons, défilant sur bâbord à deux ou trois
mètres de nous, une jangada minuscule avec dessus un pêcheur
plus noir que la nuit. Hurlements
de Roberto qui suggère au pêcheur d'aller pêcher ailleurs
et que dans le chenal il pourrait au moins s'éclairer. Signes d'impuissance
et de résignation de l'autre qui doit rêver la nuit du moment
où il aura assez de dineiros pour se payer une lanterne. Enfin,
merci Neia. Encore une catastrophe évitée.
Le lendemain, une matinée d'avitaillement, de
banque, d'essais infructueux de téléphone et nous partons
pour une nuit de navigation côtière vers Maragogi et Santo
Aleixo.
III- Maragogi et Santo Aleixo
Maragogi
C'est
un village de pêcheurs et de tourisme abrité derrière
une barrière dont la passe est cette fois assez large, mais dont
nous n'avons pas de carte précise.
A la vue des déferlantes sur les coraux, l'alignement
dont nous a parlé Roberto est sûrement faux et c'est donc
avec encore un peu d'adrénaline que nous payons notre entrée.
Le village est sympathique, mais la houle passe par dessus la barrière
à marée haute et le clapot nous agite d'importance. On restera
dormir là quand même, mais nous quitterons l'endroit sans
regret à l'aube avec le retour des pêcheurs. Nous avons prévu
de nous arrêter à Santo Aleixo.
Santo Aleixo (l'île des patates sautées....)
C'est une des très rares îles de cette côte.
Elle est privée et mon guide montre le croquis d'un mouillage possible
à l'ouest, par 2m d'eau à l'extérieur d'une zone encombrée
de têtes « ou patates » de corail. On ne va pas rater
ça.
En fait, et exactement à l'endroit recommandé
par le guide, ça déferle un maximum sur les têtes qui
ont dû pousser là depuis. On cherche un peu autour et vlan!
le safran babord talonne sur une patate. Adrénaline. Nous sommes
passés, et là nous sommes sur un petit patch de sable avec
peu moins de 1.80 mètre d'eau. A marée basse, vers
2 heures du matin, il devrait rester à peine un mètre avec
du corail partout autour.
Gérard part discuter avec des pêcheurs qui
nettoient leurs filets sur la plage. Ils lui indiquent la passe, entre
une balise sommaire et une perche de mouillage (ou de casier???). Un coup
d'oeil avec le masque: c'est bien une perche de mouillage, avec comme lest,
un bloc moteur au bout d'un morceau d'aussière tout usé.
A la nuit tombée, mais à marée haute
on décide de tenter de prendre le corps mort que Gérard à
vérifié. Vu la multitude de têtes de corail qui nous
entoure, on craint un peu la manoeuvre. On décide malgré
tout de lâcher la proie pour l'ombre et on remonte l'ancre pour se
laisser dériver vers la perche du mouillage, moteur au ralenti.
Elle se distingue juste sous notre vent, à environ 25 mètres
, mais aussi à 30 mètres au vent de la barrière
sur laquelle on voit déferler la houle du large. Il s'agit de ne
pas rater l'objectif. On l'attrape du premier coup. 2;50 mètres
d'eau, sur fond de sable. Il devrait rester 1.50 mètre à
basse mer. Ouf! On ne talonnera pas sur le corail cette nuit.
Le lendemain le bateau d'intendance de l'île (Une
grosse barque rouge pompier ) revient de terre avec l'avitaillement de
la troupe de gardiens. Avec force sourires et pouces en l'air, ils nous
font signe que tout va bien, et que nous pouvons conserver leur mouillage.
Eux, ils vont jeter leur ancre juste devant la plage.
Nous
débarquons pour les saluer. Ce sont les gardiens-jardiniers-pêcheurs
de l'île. Il semblerait que le propriétaire soit un impresario
qui habite à Recife.
Nous aurons le droit de faire le tour de l'île
à pied par les plages et les rochers. Nous le ferons en un peu moins
d'une heure, en ayant de temps en temps un point de vue sur l'intérieur,
qui laisse alors découvrir un très beau jardin tropical.
Au retour nous achèterons à nos hôtes
deux poissons qui finiront naturellement au BBQ.
Le lendemain, nous repartirons sans encombre par la passe
et sur le cap donné par les pêcheurs.
Il reste de cette expérience, que Santo Aleixo
est un excellent mouillage, pour un seul bateau qui ne possède pas
plus d'1.50 mètre de tirant d'eau. Qu'il est possible d'utiliser
un corps mort, qui est maintenant d'assez bonne qualité, depuis
que Gérard en a doublé le bout, avec une vieille aussière...
IV- Récife ( Bonne renommée
vaut mieux que ceinture dorée...)
8 heures de moteur pour atteindre le vendredi 7 mai en
fin d'après midi ce port dont on nous a dit le pire du point de
vue sécurité. Vols, attaques, crimes. Radio-ponton ne manque
pas d'informations. Une fois de plus, nous suivrons donc prudemment notre
feeling.
Passé
le phare, nous longeons l'intérieur d'une longue digue bâtie
sur la barrière de corail. (Récife tire son nom de celle-ci)
Après les bassins du port de commerce, nous apercevons quelques
voiliers mouillés sur des corps morts, devant des baraquements isolés
bâtis sur la digue elle même, au milieu de rien. Les jumelles
nous apprennent que se trouvent là: le "Iate Club del Pernambuco" ainsi que le restaurant "A Casa de Banho".
Voila donc l'endroit qu'on nous avait décrit comme
"non convenable" à Salvador.
Situé juste en face de la ville dont il est seulement
séparé par les 200 mètres de largeur du port à
cet endroit, ce mouillage nous plaît bien. De plus, un jeune homme
qui traverse sur un curieux petit cata à moteur, équipé
de beaucoup de sièges, nous invite par signes à utiliser
un des corps morts libres. Pourquoi pas! D'ailleurs au milieu de quelques
voiliers locaux, deux voiliers de passage, (français donc) sont
mouillés ainsi.
Un Iate Club d'exception.
Nous débarquons au Iate Club vers 18 heures, pour
nous enquérir des ressources de l'endroit et des charges afférentes.
Et là s'accomplit un miracle d'accueil chaleureux et de gentillesse.
Christina et Armando, les gérants associés du restaurant
nous dirigent vers une table "ouverte" par Jaime qui est le mari de Christina
et un membre dirigeant du Yate Club. Nous trouvons là deux jeunes
voileux français dont le bateau est au mouillage ainsi que quelques
hôtes Brésiliens. Nous
sommes conviés avec conviction à nous asseoir et à
goûter les spécialités brésiliennes du restaurant,
qui défilent accompagnées de force bières jusque vers
22 heures. Nous nous souviendrons d'une conversation fort animée,
mélange d'anglais et de portugais, mais pas de son contenu.
Enfin si, nous apprendrons ainsi que tout est gratuit.
Du mouillage aux douches, en passant par une navette permanente avec le
quai en face et la ville (c'est le drôle de cata cité plus
haut). Que la table de ce soir nous est offerte, car le premier jour de
restaurant est gratuit aussi. (En fait, nous nous apercevrons que Jaime
tient tous les vendredis soir une table ouverte à pas mal d'invités
et aux voileux de passage, dont il couvre les frais).
Nous resterons une dizaine de jours dans cet endroit
surprenant, mouillés dans l'eau la plus repoussante que nous ayons
vue depuis notre départ (Tous les égouts de Récife
défilent autour de nous, mais la perfection n'est pas de ce monde.).
Si vous tenez au style Marina, en poussant plus loin
dans le port, vous en trouvez une, avec gardiens et tout, mais sûrement
moins sympa et beaucoup moins commode. Mais comme on nous avait dit à
Salvador: « beaucoup plus convenable .
Une vieille ville qui se réhabilite...
La vieille ville sur "l'Ilha de Recife" est en fait
le site du port de commerce et industriel originel. On y trouve beaucoup
d'entrepôts désaffectés. Pas mal de maisons et de petits
immeubles qui ont dû être assez jolis du temps où ils
étaient les sièges d'armateurs et de gros négociants
du sucre. Une sorte de tour-monument assez curieux, en cours de rénovation,
se nomme bizarrement la "Torre de Malakoff" . Nous n'en connaissons pas
l'origine et elle n'apparaît que sur les cartes marines comme amer
remarquable!!!
Tout cela est en cours de réhabilitation à
vocation culturelle et touristique. Une rue en particulier est réhabilitée
avec force évocation de l'époque où l'endroit devait
être une forme de ghetto juif.
L'ensemble est plutôt chebran, avec terrasses et
musique ao vivo dans la rue. Pas mal d'étals de colifichets, mais
aussi d'artistes locaux. Nous visiterons une exposition de photographie
cubaine très intéressante. Et puis nous dînerons sur
une terrasse, juste en face du tour de chant d'un jeune carioca tout à
fait agréable à entendre.
Enfin, un peu de culture!! Ca fait du bien de temps en
temps.
Pas très loin du centre ville, on trouve une réalisation
étonnante et assez réussie: La vieille prison de Récife
est un grand bâtiment de 4 ailes perpendiculaires, dont chacune abrite
3 étages de cellules desservies par des escaliers et des galeries
en fer. Elle
a été rénovée et transformée en marché
artisanal. Chaque cellule est un stand particulier et on trouve des vendeurs
de tissus, de cuir, de bijoux, et de tous les colifichets classiques.
Le marché lui même n'est pas particulièrement intéressant,
mais l'architecture est étonnante et assez belle.
A Recife, nous visiterons aussi Olinda. C'est historiquement
le premier point de peuplement de Récife. Bâtie sur les hauteurs
d'une charmante colline, c'est une jolie ville coloniale avec ses grandes
maisons peintes et sa "foultitude" d'églises et d'autres bâtiments
religieux... Le style est très baroque et l'orientation actuelle
très touristique: Une « place du Tertre » , avec étals
de souvenirs et de tee shirts "made in china" Mais à l'heure où
nous y sommes, il y a très peu de touristes et tout est très
calme et paisible. Un bon souvenir.
Caruaru et Alto de Moura.
Caruaru est un centre important de fabrication d'artisanat
qu'on peut rejoindre depuis Recife, au prix de deux heures de bus
très climatisé. On peut y acheter des tissages et tissus
si l'on y vient le jour du marché. (Le mardi, et pas le mercredi
comme l'indique notre guide. Merci Lonely Planet). D'autant que le reste
de la ville n'est pas génial.
Alors, on pousse plus loin, en bus local, jusqu'à
Alto de Moura .
Là, c'est la Mecque de la fabrication artistique et artisanale de
figurines de terre pour toute l'Amérique du sud. (dixit Lonely Planet).
On se trouve ainsi déposé par une charmante Brésilienne
(qui trouvait que l'on avait attendu le bus assez longtemps et allait travailler
en voiture au centre de santé local) au milieu d'un village de western.
L'unique rue est écrasée de soleil, sans arbre et bordée
de petites maisons-ateliers-expositions. On les fera toutes pour commencer
à distinguer les productions réellement raffinées
et originales d'autres beaucoup plus grossières et triviales.
Quelques achats pour de futurs cadeaux et attente du
bus de retour, à la terrasse d'une buvette dont nous sommes les
seuls clients. Etonnée de nous voir nous asseoir là, la vieille
dame qui tient la buvette vient timidement offrir un superbe plat en terre
à une Anyvonne stupéfaite. On
trouve dans nos sacs quelques jolis stylos à offrir en échange,
et c'est un grand moment d'émotion que nous n'avions pas prévu.
Lassés d'attendre le bus, nous hélons un
4x4 qui passe, est déjà bourré de monde et se révèle
être un aluguer. Nous serons à l'heure à Caruaru pour
reprendre notre bus pour Récife, puis le métro jusqu'au port
où nous retrouvons notre bateau vers 20h30.
V- Fernando de Noronha
C'est un archipel d'origine volcanique dans lequel nous
arrivons à la nuit tombée, le mardi 18 mai après 3
jours de navigation sans histoire depuis Récife.
Et la nuit est noire!!
Aidés
par le radar, quelques feux de bateaux au mouillage et un bon projecteur,
nous progressons prudemment dans une baie large mais assez encombrée
de bateaux. La baie est encore plus encombrée là où
ça ne roule pas, et est à l'abri d'une pointe de corail.
Mais enfin, ça y est, à 22 heures nous sommes mouillés,
plutôt au calme et apparemment assez à l'écart de tout
corps flottant étranger.
Le matin nous révélera une île au
relief abrupt, baignée d'eaux claires et chaudes. Nos premières
eaux claires depuis le Cap Vert!!
Nous en profiterons pour plonger un peu et nettoyer les
dessous de Getaway. Pas de doute, il va falloir songer à caréner.
Je suis un peu déçu, l'antifouling n'aura pas tenu un an!
Moi qui en espérais deux ou trois. On verra ça à la
fin de l'été au Venezuela, mais en attendant, il faudra nettoyer.
Autour de nous: 3 ou 4 voiliers de passage, pas mal de
bateaux de pêche et puis beaucoup de bateaux d'excursion, de plongée
et de pêche au gros. Pas de doute, le tourisme a pris possession
de l'île.
L'ensemble de l'archipel regroupant 21 îles ou
îlots est très riche en faune aquatique. En particulier, beaucoup
de dauphins et de tortues. Tout cela a été mis à l'abri
des promoteurs en étant déclaré Parc National en 1988
et même le tourisme parait assez encadré et sa croissance
contrôlée.
Nous sommes mouillés à l'abri de la seule
grande île de l'archipel. Là où se trouvent toutes
les ressources: deux épiceries, la poste, un loueur de véhicules
et une cabine téléphonique (d'où on ne peut passer
des appels internationaux qu'en P.C.V..). Quelques pousadas et restaurants.
Généralement assez rustiques.
On nous avait parlé de la difficulté et
du coût des formalités ici. En fait l'entrée officielle
se fait en 10 minutes dans une guérite de 2 mètres sur 2
ouverte à l'entrée du port, où l'on ne souhaite voir
que nos passeports. Et c'est gratuit.
Juste
en face de la guérite se trouvent: la cabine téléphonique
et l'unique bâtiment du port qui abrite le bistrot-garage-centre
de plongée.
50 mètres plus loin, surplombant la mer, un bar-restaurant
dont nous aurons du mal à saisir les horaires et le menu.
Pour le reste, le village (Vila dos Remedios) se trouve
à portée de marche (ou de stop) et nous pouvons y faire un
avitaillement un peu cher, mais suffisant. Les produits frais sont livrés
ici une fois par semaine.
l'île se visite dans la journée, à
moto où en voiture 4x4. Une seule route et pas mal de chemins ou
pistes. Nous le ferons à moto.
Pour ce qui est de voir la faune marine, nous espérions
beaucoup mais nous ne verrons pas de tortues. Seuls
les dauphins viendront nous faire leurs civilités au moment du départ.
Si on avait passé là deux bonnes semaines, comme il se doit,
on aurait sans doute vu plus d'animaux. Mais nous sommes pressés
et le mardi 25 mai au matin, nous repartons pour Fortaleza.
VI - Fortaleza
Tout d'abord, 3 jours de mer vers Fortaleza. (et des rencontres
attachantes...).
Nous goûtons pleinement les joies du courant Sud
équatorial qui nous gratifie gentiment de 3 noeuds supplémentaires
sur notre route vers l'Ouest. Le deuxième jour nous ferons ainsi
180 milles avec un vent arrière raisonnable: 4,5 noeuds sur l'eau,
7,5 sur le fond. Le pied. Finalement, la traversée ne prendra guère
plus de 48 heures, et nous espérons être à Fortaleza
jeudi au petit matin.
Hélas, hélas. Comme on dit, « une
course n'est jamais gagnée qu'après l'arrivée ».
Grosse frayeur
A 4 heures du matin, alors que nous sommes à environ
20 milles de Fortaleza, nous traversons une flottille de petits bateaux
de pêche repérables à leurs feux vacillants dans un
rayon d'un à deux milles autour de nous.
Soudain, le bateau s'arrête: 0 noeud au loch, 0
noeud au GPS!!! Et le vent qui souffle comme un fou de l'arrière
dans des voiles bien gonflées!!!. QUE SE PASSE-T-IL???
Un coup d'oeil à l'arrière et le diagnostic
est clair: Pas de sillage mais 1 perche et 3 gros flotteurs qui ont leurs
bouts emmêlés avec nos safrans!!!
Cette superbe ancre nous arrête et nous maintient
l'arrière dans le clapot qui commence à se lever, car le
vent forcit doucement.
Gérard
coupe un bout et la perche s'éloigne, mais rien d'autre ne change.
Une toile d'araignée de bouts et de gros flotteurs nous retient
toujours . Il veut plonger illico, mais Anyvonne le convainc d'attendre
le lever du jour pour y voir un peu clair..
Vers 5 heures 30 l'obscurité s'éclaircit
un peu et après avoir mis le moteur en marche au cas où,
Gérard se met à l'eau avec palmes, masque et tuba. Il coupe
tout ce qu'il trouve. Un par un les flotteurs s éloignent et les
safrans se libèrent. Satisfait il plonge un dernier coup pour vérifier:
Il reste bien encore un morceau de bout coincé mais le bateau est
bien libéré...
Un
peu trop même, car le voilà qui commence à dériver!
Il s'agirait de se dépêcher de remonter. Mais alors là,
SURPRISE!!... Le bateau dérive beaucoup plus vite que Gérard
ne nage et il s'éloigne sans rémission...
En essayant d'oublier ce qu'il a vu traîner dans
les safrans, Gérard a juste le temps de hurler « MARCHE ARRIERE!!!
» à Anyvonne qui s'évertue à démêler
un bout mal délové pour le lui lancer. D'ailleurs il est
maintenant trop loin pour ça...
Sauvé! La manoeuvre réussit: le bateau
ralentit et Gérard parvient à rattraper l'échelle
de bain.
Dernier essai pour libérer complètement
les safrans (en se tenant fermement au bateau cette fois.): Surprise, une
extrémité du bout est maintenant enroulée autour de
l'arbre d'hélice. Vent et clapot sont devenus trop forts et le bateau
menace d'assommer tout plongeur qui se risquerait dessous. Le moteur est
donc condamné, et nous irons à Fortaleza à la voile.
Mais que d'adrénaline!!! Et clairement Gérard
vient de l'échapper belle. La leçon sera méditée.
Pour les derniers 20 milles, le vent forcit et la mer
se creuse vraiment sur les faibles profondeurs devant Fortaleza. Ca déferle
sérieusement par l'arrière. Et Vlan!! Ca finit par
remplir le cockpit. Et Gérard qui est à la table à
carte voit ainsi un bon paquet d'eau salée dévaler la descente
qui n'était pas fermée.
Fortaleza, enfin...
Enfin à 12h30, à la voile et au louvoyage,
nous mouillons l'ancre au fond du port de commerce de Fortaleza, juste
devant la flottille de jangadas des pêcheurs. On souffle enfin. Gérard
plonge pour dégager l'hélice et constate en même temps
que la dérive qui a été descendue un peu brutalement
tout à l'heure pour remonter au vent, est maintenant bloquée
en position basse par une manille coincée entre elle et les lèvres
du puits. Il va falloir trouver un moyen de tirer sur l'extrémité
de la dérive de l'extérieur ou bien échouer le bateau
pour la forcer à rentrer.... On verra plus tard...
Quelle matinée!!!!
Nous sommes mouillés devant un Iate Club. Un petit
tour pour les saluer et nous apprenons que si nous ne sommes que deux à
bord, il ne faut pas rester mouiller là. L'endroit est trop dangereux:
vols, visites nocturnes, attaques.Brrrr. On nous indique alors à
l'autre bout de la baie, la marina dont nous avions entendu parler mais
qui n'est portée ni sur notre guide ni sur nos cartes. Il est 16
heures 30, il faut 40 minutes pour y aller, la baie est encombrée
d'épaves et de hauts fonds et la nuit va bientôt tomber. On
fonce. Prudemment. A 17 heures 30 on devine l'entrée, au bout d'une
digue derrière laquelle on distingue quelques mats. On y est. Une
place est libre tout au fond. On s'y amarre. Il est 18 heures et la nuit
est tombée.
Le
calme revenu, nous nous découvrons amarrés à des pontons
assez branlants, avec des tuyaux d'eau sans embout ni robinet (On ferme
l'eau en pliant le tuyau et en coinçant le tout sous un taquet),
des connexions électriques à la brésilienne (C'est
à dire d'avant l'invention des dominos) et le cockpit juste sous
les centaines de fenêtres d'un hôtel de luxe auquel est rattachée
cette marina.
MAIS une fois descendus des pontons, vous plongez dans
l'univers du luxe 5 étoiles. Complexe de piscines émeraudes
en forme de haricots, chaises longues, bars, serveurs empressés,
musique d'ambiance, salles de jeux et douches. Le tout pour 12$ US par
jour.
Le soir même, pour se remettre de toute ces émotions
on s'offre le restau de la piscine, en compagnie d'un congrès de
dermatologues qui a invité un orchestre genre Glenn Miller très
convenable. On se croirait à Hollywood en 1930. Fermons les yeux
et rêvons.
Mais il ne s'agirait pas de se ramollir dans le confort
5 étoiles...
Les
formalités de sortie sont faites pour repartir sous deux jours aussitôt
les vivres faits.
Mais c'est encore une fois sans compter avec l'adversité
technique.
Le dimanche matin, tout est paré et "Contact" moteur pour quitter le port. Stupeur: le moteur ne démarre pas.
Une épaisse fumée sort de son compartiment, accompagnée
d'une forte odeur de brûlé.
(NDLR: on appelle ça la loi de l'enmerdement maximum...)
Le capitaine n'est pas content du tout.
Il désosse la bête et le diagnostic se situe
au niveau des connexions du solénoïde du démarreur qui
ont complètement fondu. Un taraudage est nécessaire à
la réparation, mais c'est dimanche. Lundi il fera jour.
Et effectivement, lundi il fait jour. Le vélo
va s'aérer avec Gérard, à la recherche d'un taraudeur.
Retour à midi. Remontage; Redémarrage et re fumée.
Le mal est plus profond et doit se nicher au creux du solénoïde.
Redémontage, et à 15 heures, c'est réglé.
On a remonté le vieux solénoïde qui avait été
remplacé à Salvador. (Il avait ses humeurs et décidait
quelquefois la grève très unilatéralement. Mais aujourd'hui
15 septembre, il ne nous a plus jamais ennuyé)
Ah, c'est vrai qu'il nous reste la dérive à
débloquer. Taunia, un bateau ami avec lequel nous avions rendez
vous hier à la sortie du port pour tirer sur l'appendice récalcitrant,
n'est plus disponible. Gérard n'a pas vraiment envie de tenter l'échouage.
Et là, idée de génie :
En plongée, l'extrémité d'un bout attaché autour
de la dérive, l'autre autour d'un des poteaux qui soutiennent les
pontons...Amarres mollies, un bon coup de moteur en marche avant, et hop,
le poteau n'a pas cédé, le ponton est toujours là
et la dérive est débloquée!!!
Nous sommes enfin prêts à quitter le Brésil,
mais nous sommes le 1er Juin 1999
Nous décidons de rester encore un jour de plus,
pour fêter l'anniversaire du capitaine. Bord de mer, langoustes,
chanteur de charme brésilien ao vivo et vin blanc très correct.Ce
sera une super soirée d'adieu au Brésil.
Ainsi, ce ne sera que le Mercredi 2 Juin que nous partirons.
A 7 heures 15, cap sur la Guyane Française pour
une bonne semaine de navigation à 150 milles des côtes d'Amérique
du Sud.
Nous souhaitons naviguer au delà de l'isobathe
des 1000 mètres. Cela ne nous met pas à l'abri du trafic
marchand, mais au delà de cette profondeur, il n'y a quasiment plus
de pêcheurs. Cette côte nord de l'Amérique du sud forme
plateau qui s'avance très au large, avec des profondeurs inférieures
à 50-100 mètres. Nous passerons donc un peu plus de 24 heures
à faire du nord, pour nous éloigner des côtes et trouver
des fonds importants.
Une autre raison de vouloir être au large, c'est
que dans quelques jours nous serons devant l'embouchure de l'Amazone. C'est
un endroit particulièrement boueux, réputé pour être
très agité en cas de mauvais temps, mais surtout pour
héberger d'énormes troncs d'arbres apportés par
le fleuve, qui menacent de rencontres violentes les pauvres petits bateaux
comme nous.
On passera donc assez loin.
Nous progressons paisiblement, aidés par le courant
équatorial qui, au large, porte vers l'ouest à plus de 3
noeuds. Heureusement, car si nous en espérions des moyennes de 8
noeuds et plus sur le fond, le vent faiblissant de plus en plus au fil
des jours, nous ne ferons guère plus de 5 noeuds.
On verra très progressivement les eaux changer
de couleur. De bleu profond au départ de Fortaleza, elles se sont
chargées peu à peu de vie végétale et sont
devenues rapidement vertes avant le cône de l'amazone. Là,
le vert a viré assez rapidement au gris-brun et c'est dans
des eaux carrément chocolat, avec un fort courant traversier que
nous aborderons le chenal d'entrée de Cayenne.
En l'absence de vent, les dernières 20 heures
se feront au moteur, pour nous permettre d'entrer au port avant le soir,
et nous éviter ainsi de passer une partie de la nuit à la
cape au large , à attendre le jour.
7 jours après notre départ, nous entrons
à Dégrad des Cannes, port de commerce de Cayenne. |