LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Le Brésil (II) - Sed Lex Dura Lex
N°9 - Octobre 1999

Au sein de l'administration générale, la "Capitania dos Portos" est l'équivalent des "Affaires Maritimes" de chez nous. La différence est qu'elle est constituée de militaires de la Marine Nationale. C'est l'autorité à laquelle tout bateau est censé signaler son arrivée dans chaque grand port.
Nous sommes à Recife. Le Getaway est arrivé ici vendredi soir et après avoir oublié d'y aller lundi, Gérard se  rend à la Capitania Mardi en début d'après midi pour se libérer de ses obligations.
Un peu inquiet tout de même, il annonce être arrivé Dimanche soir.
Erreur!!!!. On lui indique qu'il avait 24 heures pour s'exécuter et que ça lui laissait jusqu'à lundi soir. C'est trop tard.
Après une longue consultation de l'officier responsable, que Gérard ne verra jamais, le planton lui signifie qu'il encourt une amende dont le montant lui sera signifié jeudi. Le paiement devra être effectué avant d'obtenir le visa de sortie. Nous sommes mardi 18 heures. L'après midi entière pour ce résultat!!!
Le jeudi donc, retour avec Anyvonne à la capitania vers 14 heures.
On apprend alors que le montant de l'amende a été fixé à 100 réals (Environ 600 francs!!).
Colère du capitaine, esclandre du second de GETAWAY.
Le ton monte. Enfin, de notre coté, car les militaires restent impassibles et souriants. « Désolés, c'est le chef. C'est trop tard. C'est lui qui décide du montant des amendes. Il faudrait voir le chef. Mais il n'est pas là.On ne sait pas quand il sera là » .
Se présente par hasard... un jeune officier qui s'enquiert du problème et qui joue les bons offices en expliquant en anglais à Gérard: « qu'il a enfreint la loi, qu'il doit payer une amende, que le montant est fixé et écrit, que ce n'est pas si cher ».
Là, Gérard voit rouge et lui demande « et vous, vous touchez combien par mois pour trouver qu'une amende de 100 réals n'est pas si chère?? ».(Pas malin dans une négociation)
Anyvonne entraîne Gérard qui sort en claquant la porte très fort.
Objectif: aller à La Poste pour se calmer les nerfs .
Retour timide de Gérard, seul, vers les militaires: « Alors qu'est ce qu'on fait??? »
On attend. 1 heure.
Retour du jeune officier: « Si on trouve que c'est vraiment trop cher, on peut toujours écrire une lettre du genre recours gracieux, en exposant son cas et demandant une réduction de peine ».
Gérard: « Moi je veux bien écrire, mais en portugais, je ne peux pas » ....
L'officier: « En français, ça ira très bien » ....
- « Sûr???? »
- « Sûr!!!! »
Curieusement, pendant toute cette conversation, un officier était présent un peu à l'écart, qui écoutait sans jamais intervenir et qui n'a pas dit un mot. Il aura été là, chaque fois qu'on annoncera quelque chose de désagréable ou qu'il faudra discuter.Gérard est persuadé que c'était l'invisible officier responsable.
Enfin, il est 17 heures et nous avons jusqu'à demain matin pour écrire notre supplique.

Vendredi à 9 heures: Chemise blanche, pantalon, Gérard repart avec sa lettre écrite en français.
Vers 10 heures, retour au bateau: Il faut une lettre en portugais!!!
Cool. On reste cool. Armando, au Iate Club, se colle à la traduction. (Il comprend assez bien le français.)
11 heures, retour vers les autorités. Etude de la demande en Portugais. La sentence tombe: « L'amende est ramenée à 40 réals » annonce triomphalement le planton en charge de notre affaire.
Je vous dis qu'ils sont charmants ces militaires.
Il est 11 heures 30, mais ce n'est pas fini: Pour obtenir le visa de sortie, il faut encore aller faire la queue à la succursale de la Banco do Brasil la plus proche pour payer l'amende et revenir avec le récépissé.
( NDL: au Brésil, on paye ses factures et ses amendes en liquide, au guichet de la banque)
C'est fait à 12 heures 15. Mais là, il se révèle que les marins mangent aussi et que notre planton est parti sacrifier au rite. Sans doute jusqu'à 13 heures 30.
Cool Gérard!!!. Va manger un bout au restau du coin. Respire. Reprend des forces.
A 13 heures 45, Gérard est de retour et le planton aussi.
Et les militaires TAMPONNENT le visa de sortie.
Ca aura pris trois jours et coûté 240 francs.
C'est comme ca qu'on apprend.