LA
GAZETTE DE L'A.R.B Anyvonne Restaurant Bar | Malaisie Thaïlande - Le journal de bord |
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L’indonésie, c’est fini…, maintenant c'est cap sur l'Asie du Sud Est La marina de Bantam où nous vous avons quittés à la fin
du n°28, était notre dernière étape indonésienne.
Au nord, à quelques milles, c’est l’Asie du Sud Est qui nous
attend: Singapour, le "célèbre" détroit de Malacca,
la Malaisie, la Thaïlande…
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Nous avons rencontré là Michel et Bea (franco italien), Serge
et Cathy (canadiens), Eric et Nicole (suisses) et Alain et Zakia (franco algérien).
Imaginez les soirées apéro-dinatoires, les discutions politiques,
les rigolades, les mises en boite… Ambiance assurée sans aucun
effort linguistique, ça repose!
Les premiers nous vanteront le Lot ou ils se préparent à se
retirer un jour, les second nous raconteront leurs histoires de routiers,
car la moitié de l'année ils remplissent leur caisse de bord
en sillonnant en couple, les USA d'est en ouest, au volant de leur énorme
truck; et ils aiment ça! Les troisièmes nous donneront plein
de tuyaux sur les bonnes affaires du coin: Eric nous rapportera ainsi de Singapour,
ou il ira l'acheter en ferry et en bus, une BLU à un prix imbattable.
Les derniers nous donneront envie, s'il en était besoin… de partir
pour Madagascar où ils ont leur second bateau… et Alain nous émerveillera
par ses connaissances politico économico-géographico-historiques…il écoute
les infos en boucle TOUTE la journée….on n'avait encore jamais
vu ça...
Noooon, pas tout le temps… La journée, le capitaine se passionne aussi pour Internet et le site web de Getaway, à travers la connexion ouifii qu'on s'est ouverte à la marina. Il passe donc toutes ses journées à s'user les poignets sur les bords de la table à carte où est fixé l'ordinateur.
A la marina, comme la station service vend aussi de l'épicerie de
première urgence, on est les rois du stade. On peut même rester
ici sans jamais se déplacer si on n'a pas besoin de manilles ni de
poulies, car tous les vendredis, un chinois vient sur place vers 10h30 avec
sa petite camionnette remplie de produits frais de toutes sortes, genre légumes,
viande fromage, fruits, pain…
Il est réputé être plus cher qu'ailleurs, mais compte
tenu du prix du véhicule qu'il faut louer pour aller au supermarché et
du temps perdu sur la route, on a souvent opté pour cette solution
de fainéants.
Après Langkawi, c'est tout de suite la Thaïlande.
Si pour un bateau croisant dans la région, la Thaïlande c'est
surtout Phuket, le centre du pays se trouve tout de même beaucoup plus
au Nord où il s'étend jusqu'au Laos et au Cambodge.
Pour des raisons de visas thaïlandais, on fera plusieurs fois l'aller
retour entre Telaga et Phuket, avec arrêt au mouillage tous les soirs
(on n'est pas des bêtes quand même).
Quand on remonte de Télaga, on commence par s'arrêter à Koh
Rawi au bout de 32 milles, puis à Koh Rok, 43 milles plus loin. Si
on est fatigué de Koh Rok on peut préférer Koh Ngai,
Koh Muk ou Koh Kradan à une douzaine de milles à l'Est; 18 milles
plus loin Koh Lanta et 27 encore, Koh Phi Phi où on n'est plus qu'à 20
de Phuket. Vous devez avoir déduit de cette multitude de "Koh" que
ce terme signifie île… Et vous avez gagné.
Si vous additionnez le tout, la route de Telaga à Phuket est longue
d'environ 140 milles. A notre train, c'est une navigation de 3 ou 4 jours…
Koh Rok est formé d'un couple d'îlots qui a servi de décor
(au vrai sens du terme) à la série télé "french
survivor".
Les deux îlots sont tout petits et on se demande comment les acteurs
de ces "drames de la survie" ont pu résister (à l'écrasement?)
sans se marcher sur les pieds ni faire dix fois le tour par le même
chemin...
D'accord, on est mauvaise langue et on ferait mieux de regarder la série.
On y songera dans une autre vie (deviendrait on bouddhiste?)
En attendant, ici ils ont pris la grosse tête, se sont baptisé parc national et font payer la nuit de mouillage - sauf si vous arrivez tard et promettez de repartir tôt le lendemain.
Transformer le lieu de tournage d'un film célèbre en un site
où emmener les touristes se balader est une pratique assez courante
par ici.
Nous connaissons au moins deux autres endroits ainsi mis en évidence
et exploités:
-Kho Phing Kan, dans Phang Nhga bay, décor de "James Bond contre
Dr No"
- Kho Phraya Nak (tout près de Kho Phi Phi) où fut tourné le
film "The beach" avec Leonardo di Caprio .
Encore une "fausse île"reliée au continent par un
pont: 800 km2 (48 x 21 km).
On la retrouve portée sur les cartes du SE asiatique dès le
2ème siècle; elle devait être déjà bien
connue des marins orientaux.
Les explorateurs et marchands occidentaux l'ont "découverte" au
16ème siècle sous le nom de Junk Ceylon et lui ont fait une
réputation pour ses ports naturels, ses gisements d'étain et
ses pirates.
Au 18ème siècle, le capitaine Francis Light hésitera
entre Phuket et Penang pour y établir une colonie. En choisissant Penang
il épargna à Phuket le destin d'une colonie britannique.
En 1785, l'île fût envahie par les Birmans, mais la résistance,
menée par deux sœurs, eut raison d'eux. (Une statue à leur
gloire est érigée sur l'île et c'est même la seule
occasion de monument de toute leur histoire…)
La ville elle même n'est pas inoubliable, mais utile pour le bricolage,
les dentistes pas chers, les hôpitaux renommés…
On profitera de tout ça.
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On arrive traditionnellement à Phuket par Ao Chalong car c'est l'endroit
le plus pratique pour accomplir les formalités d'entrée en Thaïlande.
L'endroit se présente comme une grande baie très fermée,
au sud est de l'île, à une douzaine de kms de la "grande" ville
de Phuket Town.
L'arrivée n'est pas très enthousiasmante: Des dizaines (des
centaines???) de bateaux mouillés tout partout. Une longue jetée
pour pelles a feu (c'est le surnom malveillant que nous donnons à ces
espèces de fusées flottantes prévues pour donner des
frissons dignes du décollage d'un jet, à des touristes en mal
de sensations fortes) sert tous les matins à l'embarquement et tous
les soirs au débarquement du troupeau qui transhume pour la journée
entre Phuket et Kho Phi Phi. Pour nous, cela se traduit par bruit d'enfer
et vagues inopportunes, alors on n'aime pas trop.
Mais…c'est un mouillage excellent par vent de sud ouest… et même
convenable par mousson de nord est.
L'enthousiasme baisse encore d'un cran quand on tente de débarquer
en annexe. A marée basse de vives eaux, un banc de vase découvre
ou affleure très largement entre le mouillage et la très convoitée
plage de sable où vous invite le yacht club (pas loin d'un phare factice).
Il vaut alors mieux s'inquiéter précisément des horaires
de marée… S'ils se prêtent mal à vos projets, il
est préférable d'éviter le coin car on s'y enfonce dans
la vase "molle" jusqu'aux mollets à tenter de traîner
l'annexe jusqu'au sable (on le sait, on a failli y perdre nos Crocs en le
testant deux fois pour vous).
Dans ces cas extrêmes, on débarque à la jetée des
pelles à feu. Il faut alors prévoir deux longs bouts pour amarrer
l'annexe tête et cul aux pilotis qui supportent la jetée - et
penser à le faire au niveau d'un escalier évidemment.
La gymnastique est assez complexe et il faut bien dire que plutôt que
d'affronter la situation, nous choisirons quelquefois de rester sagement buller
sur le bateau…
Pour traiter le flux "important" des yachties qui fréquentent
la Thaïlande, l'administration thaï a ouvert à Ao Chalong
un "one stop formalities office". Très joli, très
pratique
Trois conseils:
- Se méfier des heures d'ouverture. Ni trop tôt ni trop tard,
ni les week end ou jours fériés. L'idéal est par exemple
un mercredi non férié vers 10h du matin; vous serez alors sorti
avant midi.
- Pour gagner du temps, arriver avec 4 copies de chacun de vos passeports
et du livret du bateau.
Si vous ne l'avez pas prévu, il vous faudra repartir dans Ao Chalong à la
recherche d'une photocopieuse qui fonctionne.
- Ne déclarer que le skipper pour équipage… Les autre
passagers du bateau seront déclarés comme passagers; justement...
Et la femme, habituellement membre d'équipage devient ici une passagère,
quelle promotion!
Vous serez sans doute appelés à revenir plusieurs fois ici.
Le visa qu'on vous y délivre n'est valable qu'un mois, au bout duquel
il faudra sortir du pays avant d'y revenir et d'en demander un nouveau.
A moins que vous ne préfériez faire le "visa run" qui
est proposé à Phuket par des agences spécialisées:
On vous emmène en mini bus jusqu'au Myanmar (c'est le nom moderne de
la Birmanie), vous fait traverser le fleuve frontalier, et vous ramène à votre
point de départ, après que vous ayez passé chaque poste
frontière dans les deux sens et obtenu à chaque fois les tampons
adéquats.
Ç
a prend une grosse journée (de très tôt le matin à assez
tard le soir), ça coûte quelques dizaines d'euros, c'est fatiguant
et sans grand intérêt.
Pour notre part, nous ne l'avons pas fait et avons préféré faire
des aller retour à Telaga, en Malaisie.
La ballade est certes plus longue, mais tellement plus agréable…
Un truc que nous avons découvert trop tard pour nous, tout à la
fin de notre séjour:
Dans une ambassade de Thaïlande en occident on peut obtenir un visa de
retraité. Bien sûr, il faut être vieux (plus de soixante
ans, je crois) et disposer de revenus suffisants (nous avons entendu dire
qu'il faudrait même déposer une somme importante dans une banque
Thaï, mais nous avons aussi entendu le contraire...), mais ce visa est
valable un an et ça évite bien des tracas. Serait ce une mesure
de protection des ZZT?
Le problème des formalités se corse si vous voulez quitter
le territoire thaï en y laissant votre bateau: Par crainte que vous ne
le lui abandonniez, l'administration vous oblige à déposer une
caution pour chaque membre d'équipage qui quitte le pays sans être "remplacé"… Comme
la caution se monte quand même à près de 300 euros par
personne vous comprenez pourquoi je suggérais de réduire l'équipage
au minimum lors de la déclaration d'entrée du bateau. Les skippers
sont donc souvent solitaires quand ils déclarent leur arrivée
ici.
Le jour même de votre retour dans le pays, vous pourrez être remboursé de
votre dépôt sans difficulté, mais ces formalités
constituent tout de même un rituel assez casse pied:
D'abord retirer au tire-sous le plus proche la somme nécessaire.
Trouver ensuite le bureau spécialisé, dans l'établissement
central de l'immigration de Phuket Town - Dans cet immeuble, il est préférable
de savoir où se trouve ce bureau spécialisé ou alors être
vraiment convaincu de ce que vous cherchez. La première fois que nous
y sommes venus, personne - de l'hôtesse d'accueil au plus haut gradé qui
s'est intéressé à notre cas - ne comprenait ce que nous
venions faire là. Il faut dire que personne ne parlait vraiment anglais.
Au bout de pas mal de palabres nous nous sommes tout de même retrouvés
dans le bureau ad hoc. C'est celui qui s'occupe des formalités des
PAQUEBOTS DE CROISIERE!!! -
On y remplit des papiers et on dépose contre reçu la caution
requise, en monnaie locale. On vous remet alors un papier qui servira au point
de contrôle de l'aéroport. Sans celui-ci, tout porteur d'un passeport
mentionnant (mention manuscrite) qu'il fait partie de l'équipage d'un
bateau n'a aucune chance d'atteindre son avion…
Au retour même procédure; enrichie d'un passage par une banque
de Phuket Town pour récupérer son argent.
Pas de difficulté majeure; mais quand même pas mal d'argent mobilisé et
d'énergie dépensée.
La baie de Phuket est un bassin de navigation agréable même si un peu peuplé. On peut y louer un bateau et il y a sûrement pire comme endroit pour faire une croisière d'une ou deux semaines. Le truc c'est quand même d'éviter la saison des pluies (de juillet à novembre) car si vous pouvez avoir beau temps, vous pouvez aussi passer 8 jours sous une pluie battante. Enfin, il fait quand même toujours chaud…ça console.
Les "spots" de croisière les plus populaires de la baie de Phuket sont Koh PhiPhi, Phang Nga bay et Krabi.
Si vous êtes déjà venus ici il y a plus de dix ans, préparez
vous à avoir un choc: Le petit village enfoui sous les cocotiers avec
sa ruelle unique bordée de petits restos locaux: c'est f.i.n.i, oubliez.
Il s'est transformé en une rue hyper peuplée, bourrée
d'agences vendant délices sous marins, promenades en mer, souvenirs
made in china, de gros restos et boites de nuit.
L'originalité ici réside dans la clientèle jeune et essentiellement
blanche, façon nordique. On y voit peu de vieux retraités occidentaux
et donc très peu de jeunes filles Thaï.
Les abords de l'île sont toujours aussi beaux, quoique trrrrrèèèès
fréquentés pendant la journée par les bateaux de promenades.
Le mouillage au sud-est, côté port d'accès pour les ferries
et autres speed boats est déconseillé, sauf si on veut absolument
descendre à terre le soir.
Au nord ouest, les journées sont aussi assez encombrées et mouvementées,
mais dès la fin de l'après midi on y retrouve le calme, jusqu'au
lendemain onze heures…
L'ennui de ce dernier mouillage c'est qu'un très large plateau corallien
déborde la côte au nord du village et en interdit l'accès à marée
basse.
Si vous voulez débarquer, il vous faudra donc choisir l'agitation du
Sud est.
Cette zone située au nord de la baie de Phuket s'est fait connaître
en 1962, quand une de ses plages a vu Ursula Andress sortir des flots quasi
nue, dans le premier film de James Bond…
(C'était J.B. contre Dr No avec Sean Connery).
Le rocher champignonesque où se déroule la dernière scène
du film est passé à la postérité et est encore
aujourd'hui très beaucoup visité...
Nous sommes allés tourner autour en annexe, sans mouiller, car il est mieux gardé que Fort Knox (l'entrée est payante..) et non abrité des vents de nord qui soufflaient ce jour là.
Phang Nga bay est un très bel endroit avec plein d'ilots calcaires
fantastiques. Cela rappelle très fort la baie d'Halong, au Viet Nam,
même si c'est plus petit. Nous y étions par temps gris et pluvieux,
ce qui ajoutait encore à la fantasmagorie.
Aucun îlot n'y est habité et il n'y a ni hôtels, ni bar.
Le soir on y est donc très tranquille.
Immense plage de sable blanc, bordée de falaises calcaires du plus
bel effet, la baie de Krabi est superbe et est un bon abri en mousson de Nord
Est.
Le long de "cette plage où le sable est si fin", quelques
restos de fruits de mer permettent de subsister agréablement. Pas ou
peu d'hôtels de bord de mer. C'est un tourisme assez discret, ce n'est
pas la foule et c'est plutôt sympathique.
Elle offre aussi quelques mouillages superbes en mousson de Nord Est.
Toutefois, comme c'est là que s'est développé l'essentiel
de l'activité touristique, plagière et hôtelière
de l'île, cette côte est quand même pas mal encombrée
d'hôtels et de stations balnéaires.
Ce n'est donc pas l'idéal pour un bateau de croisière.
Nous ne mentionnerons que la baie de Nai harn, à l'extrémité sud
ouest de Phuket : Si la grande plage de la partie sud de la baie est ostensiblement
colonisée par l'hôtel Méridien, la partie nord en abrite
une autre, petite, discrète, juste occupée par un resto-club
de plongée installé dans petit bâtiment en bois.
Devant, on trouve un mouillage raisonnablement calme dans une eau très
claire. C'est une alternative agréable au séjour à Ao
Chalong quand la mousson le permet…
Nous y sommes venus plusieurs fois, en mai juin, appros faites à Ao
Chalong pour quelques jours.
Tout le monde vous le dira on profite souvent du passage à Phuket pour
faire faire sur son bateau des travaux qu'on laisse traîner depuis longtemps.
On nous a parlé avec des trrrémollos dans la voix de ponts et
meubles divers, magnifiquement réalisés en tek local … De
peintures de coque qu'on croirait des miroirs… De pièces en inox
parfaitement polies et si brillantes… Tout ça pour le prix d'une
vulgaire casserole en alu ou d'un meuble IKEA de par chez nous…
Nous n'y couperons pas, nous ferons aussi des travaux sur Getaway. Du complètement
nécessaire au parfaitement cosmétique et superflu. Enfin quand
même, plutôt des premiers que des seconds…
Nous vivrons trois mois ici, avec getaway au sec
Au départ, le programme de travail était
assez simple:
- Revoir et remplacer une partie du lest en grenaille qui rouillait,
prenait du volume et commençait à soulever le plancher!
- Installer les six grands panneaux solaires que nous venions d'acheter
- Remplacer le moteur qui totalisait plus de 8500 heures de bons et
loyaux services mais commençait à montrer quelques faiblesses
- Proc éder au carénage habituel.
Confrontés aux expériences de nos voisins qui étaient venus pour deux mois et étaient encore là après plus de huit mois de travaux, nous décidons qu'on ne nous y prendra pas et que notre programme restera très encadré. Trois mois maximum… (Ricanements entendus desdits voisins… qui savent, eux!!!)
La question la plus délicate est celle du lest. Elle nous préoccupe
de longue date et nous fait même carrément peur. S'il fallait
tout remplacer, c'est environ 2 tonnes de grenaille à extraire d'abord
au marteau piqueur puis à vider, après avoir démonté tous
les planchers et ce qu'il y a dessus…
En vrai, le risque n'est pas si grand parce que nous avons déjà "vérifié" une
bonne moitié du lest en Nouvelle Zélande. Le problème
se manifeste maintenant sous les planchers que l'on ne s'était pas
encore résolus à casser là bas. Alors ici, c'est décidé,
on casse…
Finalement, l'opération se limitera au remplacement d'un seul caisson
de grenaille (sur les douze que comptent les fonds de Getaway), par son équivalent
de plomb (160 kilos tout de même).
Si on a évité les grandes manœuvres au marteau piqueur,
on a quand même du plancher à refaire…
Le moteur s'est fait attendre deux mois de plus que prévu mais même si en retard, il a été mis en place sans grand problème en moins de 2 jours.
Ne restent donc que les panneaux solaires.
Pour les installer, il faut leur
construire un support qui modifie sensiblement le portique de Getaway.
Gérard a quelques idées là dessus et pour les réaliser
il a découvert un atelier de chaudronnerie très convenable où il
lui faudra quand même passer beaucoup de temps à expliquer ce
qu'il désire à la patronne de l'atelier qui parle au moins quatre
mots d'anglais, mais qui est la seule ici à savoir autre chose que
le thaï…
Croquis, gestes,… Gérard fera le trajet de cet atelier (une quinzaine
de kms) tous les deux jours pendant plus d'un mois.
Tout ça demande beaucoup d'énergie, mais attire aussi pas mal
de sympathie. Ça devient presque un plaisir d'aller apporter de nouvelles
précisions à l'atelier.
Et c'est là que ça commence à dériver…
(Ceux
qui sont au sec depuis huit mois commencent à rire ouvertement de notre
optimisme des trois mois)
-Tant qu'à faire intervenir des soudeurs, on va aussi faire réparer
le balcon avant qui est tout tordu depuis Sao Nicolau, au Cap Vert.
-Puisqu'on le démonte, on va aussi remplacer ses fixations boulonnées,
qui rouillent, par des embases inox soudées au pont.
-Dans la foulée, on va faire réaliser des balcons de mat qui éviteront à GG
de tomber à l'eau à l'occasion des prochaines prises de ris.
Embases inox soudées au pont, là aussi.
-Et puis, pour traiter "définitivement" certains nids de
rouille tenaces, on va souder tout ce qui était boulonné sur
le pont: Portique, balcon arrière… Quand on sait que pour souder sur le pont sans que tout brûle à l'intérieur,
il faut démonter, tout le vaigrage et la mousse d'isolation correspondants… A ce moment là, l'intérieur de Getaway ressemble à ce
qu'il était en Nouvelle Zélande quand ça nous avait tellement
impressionnés: Un tas de bois couvert de poussière…
-Entre temps, GG s'apercevra que le guindeau est complètement déglingué.
On le démonte donc et on fait refaire les pièces usées,
en inox et en bronze… pour moins cher que le coût de transport
de pièces de rechange depuis l'Europe…
Côté métal, les ambitions enflent donc pas mal!
Côté bois, comme on a dû casser les planchers
de l'avant, il faut maintenant faire intervenir un menuisier pour les refaire.
Comme les inquiétudes sur le fondamental ont beaucoup diminué,
on va pouvoir se consacrer à du plus superflu et tant qu'à avoir
un menuisier à bord on va étendre son programme (Chez Rose,
les copains rient de plus en plus fort):
- Refaire quelques hublots de coque qui ne sont plus bien beaux et sous
lesquels rouille l'acier.
- Puisqu'il faut pour cela démonter les vaigrages collés sur
la coque, on va en profiter pour les refaire, en contreplaqué démontable.
- On va aussi refaire le plan de travail de la cuisine en formica du plus
bel effet, et se faire construire une petite commode fort commode dans
la cabine avant…
- Et encore beaucoup de petites choses que j'oublie sûrement.
En tout, un jeune menuisier solitaire a coexisté sur le bateau avec
le capitaine pendant plus de deux mois…
Voila donc par quel chemin nous nous sommes éloignés de notre
programme initial.
Malgré cela, confrontés en permanence aux
exemples "désastreux" de nos voisins et à leurs sourires,
nous étions fermement décidés à nous en tenir
nos délais initiaux.
Le pari sera tenu et après avoir fait faire tout ce qui précède
et plus (peinture du pont et de la coque…) nous remettrons Getaway à l'eau
moins de 90 jours après l'en avoir sorti.
Donnons tout de suite le résultat des courses: Il ne faut pas s'attendre à des
miracles!
Les deux choses seulement sont incontestables ici:
- le faible coût de l'huile de coude locale qu'on utilise abondamment,
- le goût prononcé des thaïs pour le poli bien brillant
et le travail du teck.
La qualité des produits locaux:
peintures, vernis, quincaillerie, inox, contreplaqués,… n'est
pas extraordinaire et je crains que ces belles réalisations ne brillent
pas bien longtemps.
On peut bien sûr trouver quelques produits occidentaux (peintures par
exemple) mais ils sont alors comparativement très chers et on se résout
rarement à les choisir.
Le chantier de Boat Lagoon, à Phuket est sans doute le seul de la région à disposer
des compétences nécessaires.
Même Singapour et Langkawi
ne nous ont pas paru disposer de structures de maintenance aussi complètes
pour les bateaux de plaisance.
La plupart des corps de métier nécessaires sont représentés
ici, mais à des degrés divers de compétence et d'efficacité.
Il y a les grosses pointures qui peuvent se payer le "pas de porte" sur
le chantier et sont généralement de bons professionnels. Ils
sont évidemment les plus chers (ça peut même paraître
très cher…) mais si vous voulez laisser votre bateau entre leurs
mains, et partir en Europe, vous pouvez espérer n'avoir pas
trop de mauvaises surprises:
- Le chantier "Precision Schipwright" de Scott, multi compétent,
bien équipé et très cher est fréquenté par
les 'super yachts'.
- La menuiserie de Naï, une maîtresse menuisière thaï dont
les travaux et les conditions d'interventions sont généralement
sans reproche.
- La peinture de Samrane dont la rigueur d'exécution et l'énergie
dépensée à la préparation mériteraient
de meilleurs produits que ceux de fabrication locale.
- Pour tout ce qui touche à la fibre et à la résine c'est
Fabrizzio, un Italien installé par ici depuis pas mal d'années,
dont la comp étence
et la rigueur emportent la confiance.
Si vos finances sont plus basses,
ou le travail plus banal (creuser le lest rouillé par exemple) vous pourrez faire appel à des équipes
moins prestigieuses, mais il faudra alors être présent pour définir
et vérifier le boulot.
Ça a été notre option et GG a fait de la maîtrise
d'œuvre pendant trois mois, de 7h à 17h.
Nous avons fait appel à Noon pour la menuiserie, à l'atelier
de Luck pour la métallerie et aux équipes d'occasionnels
de Tia pour tout le reste, genre travail sale, grattage, nettoyage,
peinture
etc. Ce dernier est hyper sympa, ni fainéant ni peureux, mais il est à surveiller
de très près car ses connaissances ont des trous et il
ne le sait pas toujours.
Il faut d'ailleurs faire très attention à ce problème
de compétence, sous deux aspects:
- Les thaïs pensent toujours savoir tout ce qui est nécessaire
pour le travail que vous leur demandez. C'est souvent vrai mais pas toujours,
et alors… il est assez délicat de les convaincre d'une autre
manière de faire.
- Si vous décidez de faire des remarques ou de donner des instructions à votre
travailleur thaï, attention à ne pas lui faire "perdre la
face". Ici ce n'est pas qu'une image ou qu'une politesse: toute réflexion
qui pourrait paraître mettre en cause leur capacité doit être
faite en tête à tête, sans témoin, sans crier et
en souriant. Un "blanc" qui s'énerve et crie se ridiculise,
perd tout crédibilité et est méprisé.
Et comme vous prévient Fabrizzio, ça peut même finir avec
un couteau dans le ventre… mais avec le sourire…
On n'a jamais vu, mais il parait que…
Le problème est donc de savoir si on est prêt à surveiller
soi même ses travaux.
Si on ne le souhaite pas, on peut choisir de s'adresser à un maître
d'œuvre local. Il y en a tout plein sur la zone… Ce sont généralement
des anglo-saxons qui se sont couronnés "experts consultants" et
vendent des "solutions"…
Là aussi il faut être très prudent car leur compétence
auto proclamée n'est pas nécessairement au rendez vous et les "solutions" qu'ils
aiment vendre seront parfois (souvent?) livrées sous forme de problèmes
supplémentaires…
On paie parfois un prix très européen pour des travaux qui seront
exécutés sans beaucoup de contrôle, par des équipes
très thaïlandaises (engagées à un tarif très
local évidemment) qui n'utiliseront pas nécessairement
non plus les produits convenus…
Daniel, de Joran, en a fait les frais et a eu bien du mal à faire
terminer de façon "acceptable" la réfection de sa
peinture de pont qu'il avait commandée à un de ces "consultants",
avant de rentrer en Suisse. Les travaux entrepris pendant son absence ont été réalisés
par Tia, sous le "contrôle" dudit maître d'œuvre
qui n'a pas dû mettre les pieds souvent sur le bateau pendant le chantier…
Dans ces conditions, il faut sans doute que le contrat comprenne les noms
des intervenants et après enquête, refuser les choix douteux.
Si on reste vivre sur place pendant les travaux, il faut s'organiser: La
vie au sec est difficile sinon impossible.
La marina elle même n'est pas super agréable à vivre au
quotidien, car elle est organisée sur l'hypothèse que personne
ne vit à bord des bateaux et elle ne fournit pas les facilités
habituelles, genre toilettes près du chantier ou des pontons. Il faut
utiliser les sanitaires qui équipent la piscine d'un hôtel proche.
Assez proche… mais tout de même très éloigné,
quand on est à pied et que ça devient urgent…
En fait, cette marina est surtout l'argument d'une grosse
réalisation
immobilière et la solution qu'elle propose aux usagers du chantier
passe par la location d'appartements ou de chambres de toutes tailles dans
les villas et immeubles alentour. On y est à proximité du chantier,
mais c'est quand même assez coûteux.
Pour notre part, nous avons eu la chance (merci Gilles) d'être mis
sur le coup de la sous location d'une jolie villa, dans un village situé à portée
de bicyclette - troisième age - du chantier: moins de deux kilomètres
tout plats… Le chef va donc au travail, habituellement avec la voiture
qu'on a louée, pendant que le second reste à la maison vaquer à ses
occupations de dame, avant de le rejoindre en vélo à l'heure
de la cantine, chez Rose.
Une maison en bois qui se dresse au milieu d'un petit
jardin plein de bananiers, papayers,... Elle est construite sur pilotis et la vie s'y organise à l'étage
où des ouvertures dans les quatre murs, aidées de ventilateurs électriques
allumés en permanence, font baisser la température intérieure.
Et ça c'est bien; car le problème n°1 de la région
c'est la chaleur associée au manque de ventilation…
Cette maison que l'on peut qualifier de bourgeoise avec sa grande terrasse,
son plancher vernis, ses vastes chambres et son jardin, réserve tout
de même une surprise de taille: il n'y a pas de cuisine!
Seul un réfrigérateur équipe une pièce et signale
ainsi qu'elle peut être utilisée à la confection des repas… pas
d'évier, pas même d'arrivée d'eau et pas de gazinière… Une
porte donne sur une terrasse à l'arrière où, ô miracle,
on découvre un robinet installé à 50 cm du sol. Il coule
directement sur la terrasse qui elle même se déverse, sans intermédiaire,
dans le jardin. La cuvette que vous pouvez mettre dessous servira d'évier.
Par terre, à côté du frigo, on trouve le reste de la batterie
de cuisine: un cuit-riz et un wok électriques. C'est tout… Nous
y ajouterons une bouilloire électrique achetée dans un discount
proche et vive le camping.
C'est clair que la coutume ici n'est pas à la cuisine familiale: il
y a plein de femmes cuisinières dans le village ou dans les rues, dont
c'est l'occupation et la ressource principales. Alors pourquoi s'enquiquiner à cuisiner à la
maison?
Notre problème d'européen c'est que nous saturons parfois des
plats trop pimentés et du riz et que nous aspirons alors à dîner
le soir de mets plus "de chez nous" … Avec un peu d'ingéniosité,
certains soirs de nostalgie européenne on parviendra quand même à réchauffer
des pizza au wok électrique… et même à faire des
pâtes au thon grâce à la bouilloire électrique…
On n'avait pas de gaz mais on avait des idées.
Depuis notre terrasse nous avons une vue intéressante sur la rue et
la vie qui s'y déroule.
Le village où nous habitons est musulman et il s'y trouve même
une école coranique qui forme les futurs mollahs de la région.
Une enclave de l'islam militant dans l'univers bouddhiste thaïlandais:
Le sud de la Thaïlande, près de la frontière malaise,
est actuellement le théâtre d'une violente lutte armée
menée
par les musulmans qui prétendent s'affranchir de la tutelle de l'état
bouddhiste. On entend parler couramment de fusillades et de bombes qui
sautent pas loin d'ici. A Phuket toutefois la coexistence se passe plus
pacifiquement.
Nos nuits sont donc bercées par le chant des coqs, les coassements
des crapauds buffles et les chants du Muezzin qui, bien qu'un peu matinaux,
sont assez beaux parce que délivrés en "direct live" et
non en "play-back" comme souvent ailleurs.
Notre terrasse est située à un carrefour stratégique,
entre l'école coranique et une épicerie-buvette à télévision
et sucreries.
Nous voyons donc régulièrement passer les autorités religieuses
de l'école, très dignes dans leur djellaba toute blanche. Les
jeunes pensionnaires de l'école portent la même tenue mais s'arrêtent,
eux, plus fréquemment à l'épicerie pour un coca, quelques
bonbons et surtout les feuilletons et dessins animés débiles
diffusés en continu par la télé locale, comme partout
dans le monde.
Les femmes et les jeunes filles sont plus ou moins "couvertes",
sans doute en accord avec la rigueur religieuse de leur seigneur et maître:
jean avec foulard pour les unes, voile intégral à fenêtre
grillagée et manteau noir jusqu'aux doigts de pieds, recouverts eux
mêmes de bas noirs pour d'autres. Toutes promènent leurs enfants
jusqu'à l'épicerie et s'en retournent nonchalamment.
Il nous
semble que les hommes et les femmes ne font jamais quoi que ce soit ensemble… En
tous cas, pas en public…
En fin de journée, vers dix sept heures, la rue se remplit et les mobylettes
grondent et zigzaguent au milieu des petits enfants insouciants qui jouent
là, après l'école.
Ici comme partout dans la région règne la motocyclette: couramment
montée par trois adultes, on peut y voir parfois une famille complète.
Nous avons vu passer ainsi un couple avec un petit de trois ans debout devant
le papa, un bébé de quelques mois dans les bras de la maman à l'arrière
du siège…
Le papa conduisait de la main droite parce que la gauche était
occupée par le téléphone portable (I-n-e-v-i-t-a-b-l-e)
et personne ne portait de casque…
Pourquoi faire? Si on ne peut même
plus téléphoner en paix ou va-t-on?
Voila les grandes lignes de ce que nous avons dû payer pour avoir trop
montré de bonheur à naviguer. Il faut bien que les choses se
méritent!!!
Mais c'est fini, nous sommes début décembre et maintenant que
le bateau est à l'eau, il ne nous reste plus à faire qu'un dernier
aller retour à Langkawi pour renouveler notre visa thaï et rôder
notre moteur tout neuf.
Nous ne pouvons donc plus éviter de chercher une réponse à la
question classique de cette période de l'année:" Y aura-t-il
de la neige à Noël???";
qu'on peut traduire cette fois par: "Comment
organiser le mois qui nous sépare de notre départ "définitif" pour
l'oc éan Indien???"
Nous décidons de consacrer la semaine de Noël à aller
chercher cette réponse au nord du Laos, avant de revenir nous plonger
dans la préparation et l'avitaillement du bateau, en vue de la traversée
que nous comptons entreprendre vers la mi janvier.
Mais ça, se sera le sujet de notre prochain numéro...