LA
GAZETTE DE L'A.R.B Anyvonne Restaurant Bar | Cambodge et Viet Nam - Le journal de bord |
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Survol de l'Indochine, sans bateau...
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Pour l'instant c’est en Tuk tuk que nous allons à la découverte des trois marchés de la ville.
Les marchés sont des endroits importants de la vie quotidienne dans le Sud Est asiatique et ceux de Phnom-Penh, ouverts de 8 à 18 heures, sont immenses et très fréquentés. Si chacun de ces trois marchés propose un peu de tout ce qui se vend dans la ville, ils ont quand même chacun leur spécialité.
Nous commençons par celui de Psar O Russei, le plus proche de notre
hôtel et le moins touristique (et en conséquence le plus "ethnique").
On y trouve beaucoup de denrées alimentaires. Et les odeurs qui vont
avec (pas seulement celles des épices…). Ici, les étals
de poulets viennent en tête, talonnés de près par ceux
de poissons. Comme la réfrigération ne suit pas, c’est
le genre d’endroit dont on ressort facilement végétarien… Et
dire qu’en Europe, en ce moment on s’inquiète tellement
de la grippe aviaire… On se demande comment survivraient ces populations
s’il fallait les priver brusquement de volailles… Bientôt,
nous verrons au VietNam que c’est possible. Pour lutter contre la grippe
aviaire, au Nord de Hue, jusqu'à Hanoi et Sapa, plus aucune volaille
n'était vendue sur les marchés ni dans les restaurants.
Le deuxième marché (Psar Chaa dit" Russian market")
donne plutôt dans l’argenterie et la soie au mètre. C’est
poussiéreux mais nettement moins odorant… Il faut fouiller pas
mal pour trouver des objets à notre goût, mais quelques-uns se
distinguent pourtant qui vont contribuer à alourdir, déjà,
nos sacs de backpackers…
C’est dans ce marché que nous découvrirons l’ampleur
de la copie pirate de CD’s et DVD’s dans cette région du
monde. Tous les films et les logiciels dont vous pouvez rêver, pour
moins de 2 euros le CD… Cela aussi contribuera à alourdir nos
sacs et nous en serons d’ailleurs un peu punis: Plus d'un disque sur
trois se révélera illisible ou comportera autre chose que ce
qui est annoncé…
Au troisième marché (Psar Thmei) on trouve surtout des copies
de vêtements de marques occidentales. Le skipper en ressortira déguisé en
Indiana Jones avec de superbes chapeau et chemises étiquetés "Camel
Trophy"…
C’est donc avec notre fièvre acheteuse un peu calmée que
nous allons pouvoir continuer la visite de la ville.
Le lendemain, à l’heure du laitier, un minibus vient nous chercher à l’hôtel
pour nous emmener faire le tour des sites touristiques de la ville. Seuls
clients, nous y sommes accompagnés par un conducteur et un "guide" sans
aucune valeur ajoutée. Ils causent à peine anglais,
ne savent rien dire des endroits que nous traversons, ne savent (mais c’est
déjà quelque chose) que nous amener aux guichets d’entrée
des monuments prévus au programme.
En tuk-tuk, c’eut été meilleur marché et bien plus
rigolo.
Nous commencerons notre visite par la partie du palais Royal ouverte au public.
C'est une sorte de musée de la royauté khmère, dont la
pièce la plus spectaculaire est sans doute la "pagode d’argent".
Cette pagode est nommée ainsi parce que son sol était entièrement
recouvert par 5000 dalles d’argent massif, pesant un kilo chacune. Il
n’en reste aujourd’hui que 40% (le reste aurait été "prélevé" par
les khmers rouges ?) mais ça suffit pour imaginer l’ensemble
au temps de sa splendeur.
On peu y voir aussi, entourés de statues plus petites en bronze ou
en argent, le bouddha "d'émeraude" qui serait fait en baccarat,
installé à côté d'un autre en or massif, "orné" de
plus de 9000 diamants incrustés et pesant 90 kilos.
Dans une cour du palais, on croise une sorte de très grand abri de
jardin métallique, sorte de pavillon Baltard en beaucoup moins élégant.
Ce "bel" ouvrage a été offert par Napoléon
III au roi Norodom… Pas vraiment inoubliable…
Près du palais royal, le parcours des salles du musée national
donne une petite idée de l’art traditionnel cambodgien. On y
trouve surtout des sculptures sur métaux précieux ainsi que
des vêtements et soieries. Peu ou pas de peinture ni rien de contemporain.
Notre tour "guidé" se terminera au What Phnom, une pagode
construite sur LA colline qui surplombe la ville (Ce monticule est le seul
relief visible dans la plaine qui entoure Phnom-Penh). Selon la légende,
cette pagode aurait été érigée en 1373, pour abriter
quatre statues de bouddha trouvées près du Mékong par
une femme qui s'appelait : "Penh".
Le mot Phnom voulant dire colline: vous avez là l'origine du nom de
la ville.
Cette première partie de notre "tour" s'est terminée
vers midi. L’après midi devait être consacré à la
visite des haut lieux de l’horreur "khmer rouge" : le
lycée prison où avaient lieu les interrogatoires et "l'instruction
des procès" puis le champ des martyrs où avaient lieu les
exécutions qui s’ensuivaient quasi systématiquement. Beaucoup
d’horreurs sont promises aux visiteurs. Trop pour nous…
Nous comprenons bien la nécessité de ces témoignages
mais nous n'avons pas eu le courage d’y aller.
Nous avons donc demandé à nos "guides" surpris de nous déposer à l’hôtel pour la sieste, et de venir nous rechercher le soir pour la dernière attraction prévue au programme: la promenade en jonque et le coucher de soleil sur le mékong. Pour cette dernière étape, la jonque était bien au rendez vous mais le soleil et les rives du Mékong avaient bien triste allure sous la pluie, à la tombée de la nuit.
Pour nous réconforter, nous avons passé la soirée sur le "front de rivière" qui borde le mékong. Dans cette enclave touristique occidentale on trouve des cafés et des terrasses pour boire des coups et manger un bout. Et c'est bien agréable, même si les établissements qu’on trouve là sont un peu "chu-chu" et assez chers, dans le contexte de cette ville.
Après cette courte visite de Phnom-Penh, nous sommes partis en bus
pour Siem-Reap et les temples d'Angkor: 300 kilomètres et sept heures
de trajet sur une route en assez bon état. Le voyage n'est pas très
rapide mais plutôt confortable.
Siem-Reap, petite ville provinciale située à 6 kms des temples
d’Angkor, nous a paru se précipiter sans retenue vers son destin
d'étape touristique.
Nous avons lu que Siem Reap s'imposait depuis les années 90 comme le
centre de la renaissance et de la revitalisation de la culture cambodgienne
traditionnelle. Celle ci en a bien besoin car elle a reçu un sacré coup
sur la tête sous le règne des khmers rouges et durant les années
d'instabilité qui ont suivi. Et pourtant…
Notre rapide passage dans cette ville nous laissera l'impression que le
souci majeur est de s’organiser pour récupérer le "maximum" d’argent
sur les touristes qui passent.
Pour ce qui est de la culture, on y trouve surtout la bimbeloterie internationale
qui intéresse le touriste pressé: le boire et le manger "westernisés",
concentrés dans deux rues parallèles; deux marchés aux
soieries et souvenirs dont une bonne partie doit être fabriquée
en Chine, comme dans tous les sites touristiques… Une collection impressionnante
de copies de tout ce qui peut être copié en papier, art,
CD et DVD's etc…
Une mention spéciale tout de même, au milieu de ce bazar frénétique,
pour l'école d'artisanat: "les Artisans d'Angkor". Cet établissement,
sponsorisé par les français, a pour objectif d'apprendre aux
jeunes cambodgiens les techniques nécessaires à un artisanat
de bonne qualité. On trouve là des ateliers de sculpture sur
pierre, sur bois, des ateliers de tissage, de soierie, etc… On peut
y acheter des objets qui n'ont rien à envier, pour la qualité, à leurs équivalents
dans les boutiques parisiennes. Ni pour le prix d'ailleurs, qui parait énorme
dans le contexte local.
En revanche, nous n'avons pas trouvé de musée ou de lieu qui évoquerait
vraiment les temples proches et leur histoire. Pourtant cette histoire est
celle de l’empire khmer à son apogée et doit représenter
la racine de la culture de ce pays. On n'a trouvé nulle part une évocation
de la capitale de cet empire immense qui était située là,
au IXème siècle.
La colonisation française n’a pas laissé beaucoup de traces
non plus: Le "french quartier" est aujourd’hui surtout occupé par
les nouvelles constructions d’hôtels, chinois pour la plupart.
Pourtant, les références au passé existent bien à Siem-Reap
comme à Phnom-Penh. Mais ce passé est celui, plus récent,
de la guerre et du régime Khmer Rouge: Un musée de la guerre
expose de vieux équipements militaires, un autre, privé celui
là, se propose de vous renseigner sur toutes les sortes de mines terrestres
qui ont été utilisées dans la région...
Ces expositions sur la guerre sont elles vraiment nécessaires quand
les rues cambodgiennes sont peuplées de leurs victimes, infirmes qui
tentent de survivre de la charité des passants et de la revente de
copies de livres qui eux aussi veulent témoigner de l'horreur et de
la folie de cette époque, quand Vietnamiens et Cambodgiens coopéraient "objectivement" pour
disperser sur tout ce malheureux pays le maximum de mines anti-personnels.
Nous avons été un peu désorientés par cette hiérarchie
des valeurs.
Dès notre arrivée à Siem-Raep, nous avons été accueillis
et pris en charge par deux conducteurs de Tuk-tuk dont l'un est monté dans
notre bus à l'occasion de son dernier arrêt, un bon quart d’heure
avant l’arrivée. Se présentant comme le représentant
de l'hôtel que justement nous avions choisi sur notre guide, il s'est
proposé de nous y emmener "gratuitement"… Il se trouve
que cet hôtel sera complet, ainsi que les suivants où nous mèneront
nos deux "guides", qui se révèleront évidemment
ne représenter qu'eux même… Il faudra qu’une pluie
d’orage s’abatte sur Siem-Raep, pour que nos tuk-tukeurs, s'abritant
provisoirement dans la cour d’un hôtel, nous y trouvions une chambre
libre et arrêtions là notre errance…
Bref, nous sommes maintenant logés. Et même véhiculés
pour les jours à venir, car nous avons accepté sans rancune
la vraie proposition de nos tuk-tukeurs : Nous prendre en charge pour
la visite d’Angkor le lendemain et les jours suivants. Personne ne pourra
dire après ça que nous sommes des clients difficiles…
Sitôt l'affaire conclue, nos guides (ils ont chacun un tuk-tuk à deux
places) nous emmèneront sur le site d'Angkor, pour y acheter nos billets
et assister à l'incontournable "coucher du soleil sur le site,
presque tout seuls"… Un peu voilé le soleil… Et bien
nombreuse la foule… Mais bon... On continuera demain!
Quand nous revenons à l'hôtel en début de soirée
une seule question nous tracasse vraiment tous les quatre: "Mais quand
donc va cesser ce tintamarre de timbales, tambours grelots et clochettes?" En
effet, sous une grande tente dressée juste en face de l'établissement,
une foule, apparemment hindoue, papote et boit le thé, au son tonitruant
d'un orchestre nombreux qui joue de plein d'instruments... Renseignements pris:
C'est la célébration de l'anniversaire d'un deuil qui réunit
là toute une famille pendant une semaine. Pour fêter ça
dans la joie et l'allégresse...
"
Mais ne vous inquiétez pas, ce sera fini ce soir" nous rassure
le jeune veilleur de l'hôtel…
Première surprise de taille pour le visiteur néophyte d'Angkor: Mais que c'est donc grand!!!
Angkor n'est pas un temple, même grand… C'est un ensemble immense
qui s'étend sur 232 Kilomètres carrés. (Grosso modo 30
kilomètres par 8). Tous les sites ne sont pas défrichés
mais certains le sont à plus de 30 kilomètres d'Angkor Vat,
le temple le plus célèbre et le premier sur la route.
En
fait, ce qu'on voit aujourd'hui sur le site d'Angkor n'est que le squelette
religieux de ce qui fut une capitale, le vaste centre politique,
religieux
et social d'un empire qui s'étendait alors de la Birmanie à l'ouest,
jusqu'au VietNam à l'est et de la frontière malaise au sud à celle
du Laos au nord. Cette mégapole abritait au début du second
millénaire de notre ère plus d'un million de personnes, à une époque
où Londres ne comptait pas encore 50 000 habitants…
Malheureusement pour la postérité, les établissements
publics et les maisons d'habitation étaient alors construits en bois
et il n'en reste rien. Seuls les dieux avaient droit à des constructions
en pierres et en briques, qui sont ainsi restées les seul témoins
de cette haute époque.
Sur place, avec toute cette jungle partout, il est bien difficile d'imaginer à quoi pouvait bien ressembler cette ville… Pourtant, le pouvoir d'évocation de ses ruines est énorme.
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Depuis la défaite Khmer de 1431 qui vit l'abandon de la ville par
l'empire, Angkor a connu deux renaissances.
La première date du milieu du 19e siècle (1860) quand les explorateurs
puis les archéologues français ont découvert, complètement
envahies par la jungle, des ruines abandonnées depuis plus de quatre
siècles.
Ce fut le début d'une longue période de déblaiement et
de restauration des ruines, qui a été interrompue dans les années
60 par la guerre de l'occident contre les communistes, puis par le régime
Khmer rouge.
La seconde renaissance a commencé avec la reprise de l'œuvre de
restauration et le début de l'exploitation touristique du site, vers
la fin des années 80. Aujourd'hui, la jungle recouvre encore un grand
nombre de ruines non déblayées, mais elle est tenue en respect
autour des sites visitables que relient des pistes carrossables. Un aéroport
international a été établi à proximité pour
approvisionner le flot croissant des touristes de tous bords qui n'est pas
sans rappeler celui qui se rue régulièrement sur le mont Saint
Michel, dont il ne vient plus à l'esprit de personne que ce site a
un jour été conçu pour la méditation… Bref,
c'est quand même un peu la cohue dans les temples…
Premier temple que l'on rencontre en arrivant de Siem-Reap, c'est le plus
connu et le plus photographié des monuments du site. C'est même
un symbole d'identité national: ses cinq grandes tours figurent sur
le drapeau cambodgien.
C'est tout de même le plus grand temple du monde: le volume de pierres
utilisé pour sa construction est à peine inférieur à celui
de la pyramide de Kheops; mais ici, pratiquement toutes ces pierres sont sculptées.
Entouré d'un fossé large de 190 mètres , ce temple carré d'un
kilomètre et demi de côté, est tourné vers l'ouest.
Sachant que l'ouest est considéré symboliquement comme la direction
de la mort, on a supposé que c'était le mausolée de son
bâtisseur l'empereur Suryavarman II (1112-1150), en même temps
qu'un temple dédié à Vishnu.
Des Najas de pierre (serpents représentés ici avec plusieurs têtes) dont les longs corps, portés par des statues de dieux ou de guerriers, bordent les terrasses et l'avenue d'accès longue de 475 mètres, forment le lien entre les humains et ce monde des dieux.
Les murs des galeries sont entièrement recouverts de bas reliefs représentant
les mythes et les épopées hindous, ainsi que les batailles gagnées
par le roi. On y trouve aussi les superbes "apsaras", ces divinités
féminines, gracieuses et énigmatiques qui chantent et dansent
pour divertir les dieux. Plus fines que leurs consoeurs indiennes, les apsaras
khmères sont aussi plus érotiques. On en compte mille sept cents,
toutes différentes par leur attitude, leur costume ou leur coiffure.
Un point commun à tous les temples est la difficulté des escaliers vertigineux qui escaladent les tours: les marches y sont de toutes les tailles, hautes, basses, mais toujours extrêmement étroites, moins de la largeur d'un petit pied… Si vous ajoutez la mousse glissante et la pluie, la grimpette devient sportive et dangereuse!
Ce site est clos par un haut mur d'enceinte, percé de portes monumentales
(20 mètres de haut), elles même encadrées de tours décorées
d'éléphants grandeur nature.
Tout autour, un grand fossé était évidemment inondé et
habité, dit on, par de féroces crocodiles.
Chaque côté de la chaussée d'accès qui traverse
le fossé, est bordée d'une file de statues de dieux ou de guerriers
portant un naja géant, longue de près de cent mètres.
Au centre du site on trouve le BAYON qui apparaît de loin comme une
sorte de colline de pierres.
En approchant, on s'aperçoit que ce tas de pierres est en fait structuré en
54 tours qui portent chacune quatre exemplaires du même visage (un sur
chaque face). On a vite l'impression de ne pas pouvoir échapper à ce
regard énigmatique multiplié par 216…Imaginez vous suivis
par le regard d'autant de Jocondes gigantesques…
Ces tours sont impressionnantes et témoignent d'un culte de la personnalité plus abouti que celui de tous les dictateurs de notre époque réunis: Tous ces visages ont été reconnus comme étant celui de Jayavarman VII lui-même(1181-1219), reproduit ici sous la forme d'une importante figure du bouddhisme du Grand Véhicule.
Les bas reliefs montrent des scènes de la vie quotidienne et évoquent
des batailles gagnées par ce grand dirigeant.
Ce temple est plus petit et donc plus facile à appréhender qu'Angkor
Vat.
Il nous a d'autant plus séduits que nous y étions pratiquement
seuls au moment de notre visite, ce qui a été fort rare.
Quittant le Bayon par le nord, on passe devant la terrasse des éléphants:
Longue de 350 mètres, cette terrasse est bordée d'éléphants
et de lions sculptés grandeur nature. Elle servait aux grandes audiences
du roi. On peut imaginer sur l'immense esplanade, la pompe et la grandeur
de l'empire Khmer avec la parade haute en couleurs de l'infanterie, des cavaliers,
des chariots, des éléphants, devant le roi et les mandarins
cousus d'or.
Pas bien loin d'Angkor Thom, le temple du Ta Prohm a aussi été construit
par Jayavarman, pour être un sanctuaire du bouddhisme dédié à sa
mère.
C'est le deuxième temple après Angkor Vat à être
photographié partout. Celui dont les images de murailles de pierres
envahies et tordues par les racines géantes ont fait le tour du monde.
L'Ecole Française d'Extrême Orient a décidé de
ne pas le "nettoyer" complètement, pour lui laisser son caractère
complexe de labyrinthe et en faire le représentant de l'aspect probable
de tout le site d'Angkor, lors de sa découverte par les occidentaux
au 19e siècle.
Les racines aériennes d'énormes ficus et de Palers (ceiba pentandra)
courent le long des murs, traversent les ouvertures, s'insèrent dans
les fissures et embrassent passionnément les pierres… Détruisant
les murs mais aussi les maintenant debout…
Bas reliefs, étroits corridors bloqués par des pierres, lichens,
mousses, plantes grimpantes, petites cours, tours, pierres sculptées
en équilibre instable au dessus de nos têtes…
Ce temple dégage un charme puissant, romantique, irréel. Il
illustre bien le pouvoir récupérateur de la nature et la puissance
de la jungle dès qu'on la laisse à elle même.
Peut être avez vous déjà vu des images de ce temple… avec
en premier plan la belle Angelina Joly. En effet, il semble que c'est là qu'ont été tournées
les scènes de jungle du film "Tomb Raider"….
Il est intéressant de lire la description que Pierre Loti faisait de Ta Prohm lors de sa visite en 1901, dans son livre "un pèlerin d'Angkor".
En dehors des "poids lourds" évoqués ci dessus, il
y a sur le site d'Angkor, plein d'autres temples à voir et autant qui
n'ont pas encore été défrichés. Le pouvoir évocateur
d'Angkor nous a paru l'équivalent pour l'empire Khmer de celui de Louxor
pour les splendeurs de l'Egypte des pharaons. Mais ici le désert est
remplacé par la jungle et le pouvoir intimidant des ruines en est encore
amplifié.
On se prend vite pour un aventurier, à peine met on le pied à côté du
sentier…
Et puis, comme là bas, le site n'est pas un sanctuaire réservé,
isolé de la réalité environnante comme peut l'être
(abstraction faite de toute proportion…) celui de Versailles par exemple… Des
gens vivent, travaillent dans les temples… Il y a peu de temps encore,
certains même y dormaient… Des villages sont établis à proximité,
le long des chemins entre les temples. On y cultive des champs et élève
des buffles… Les enfants qui vont à l'école le matin,
travaillent l'après midi à tenter de vendre aux touristes colifichets,
guides et cartes postales… C'est parfois irritant, mais finalement plutôt
sympathique
On vous a présenté les principaux monuments mais il y en a plein
d'autres à voir, moins visités, plus vieux, plus petits, il
y a de quoi s'occuper! N'hésitez pas à vous y précipiter,
on ne s'y ennuie pas...
Après ces trois jours d'archéologie, c'est par la voie des
eaux que nous quittons Siem-Reap pour retourner vers Phnom-Penh. Le parcours
fluvial qui relie Angkor à Batambang a la réputation d'être
le plus spectaculaire du pays. Plus intéressant que la longue traversée
en Speed boat du lac Tonlé Sap que l'on peut faire en venant de Phnom-Penh
sans jamais apercevoir le rivage du lac. Comme en mer mais sans l'eau salée…
Le parcours Siem Raep Battambang commence lui aussi sur le lac Tonlé Sap
dont on traverse rapidement l'extrémité nord, avant de s'enfoncer
dans les méandre marécageux de la rivière Sangker. La
navigation se poursuit alors à travers buissons aquatiques, cités
lacustres, villages flottants de pêcheurs…
Mais commençons par le début:
Nous avons acheté notre passage dans une agence locale qui nous a donné rendez
vous à l'hôtel à 6h30, avant le petit déjeuner,
pour nous emmener à l'embarcadère situé à une
dizaine de kilomètres de la ville. A l'heure dite un minibus vient
effectivement nous chercher, dont nous sommes les premiers passagers. Un tour
complet des hôtels de la ville et une bonne heure seront nécessaires
pour remplir complètement le véhicule, avant de prendre vraiment
la route de l'embarcadère. On commence à regretter un peu l'absence
du "p'tit dej"…
Notre embarquement a lieu dans un village de pêcheurs que nous n'aurons
pas vraiment le loisir de visiter. A peine avons nous mis le pied hors du
bus, que nous nous faisons littéralement pousser dans une barcasse
où s'entassent déjà une quarantaine de personnes et pas
mal de paquets. Il semble bien qu'il ne manquait que nous pour qu'elle atteigne
sa limite de flottabilité… Si nous avions mangé un petit
déjeuner, c'est sûr qu'avec notre poids, l'eau passait par dessus
le plat bord…
Là on s'est aperçu que l'agence nous avait sérieusement
baratinés quand elle nous avait parlé de petit déjeuner à bord.
Heureusement qu'on a emporté quelques bananes avant de partir…
Bref, on finit par se faire une petite place au sein d'un groupe hétérogène
de "locaux" et de touristes étonnés qui se retrouvent
comme nous, alignés face à face, serrés sur deux bancs
en bois. Et vogue la galère!
Comme ils disent dans le guide c'est "scenic"!!
La saison des pluies vient de finir, la campagne est encore inondée
et les chenaux sont bien pleins. Cela nous évitera d'échouer
et d'avoir à descendre pour alléger et pousser le bateau ( si
si, ça arrive!).
On avance assez vite en faisant pas mal d'éclaboussures. Parfois aussi,
en forçant un peu son chemin au sein des buissons et arbustes qui encombrent
le marécage; les branches qui se referment alors sur le passage du
bateau, mettent de l'animation à bord en fouettant les passagers.
Notre barcasse est équipée de la fameuse transmission "long
tail" si populaire en Asie du Sud Est. Ça se résume en
un long arbre de transmission qui sort tout droit du moteur installé en
surélévation du tableau arrière, sans cardan ni coupleur
souple d'aucune sorte. Soutenu par un treuil, l'arbre fait tourner une hélice
trois ou quatre mètres derrière le bateau. Notre puissant diesel
est installé comme cela, sans façon, au milieu de nous les passagers,
et il est servi par un jeune mécanicien d'un douzaine d'année.
Très attentif, ce dernier veille à ce que le tuyau souple qui évacue
l'eau de refroidissement du moteur par-dessus bord juste derrière nous,
ne glisse vers l'intérieur pour nous asperger et remplir le bateau.
Près de nous, il tâte régulièrement le pouls et
surtout la température de son précieux protégé.
Un moment nous l'avons même vu prendre une clé plate et serrer
quelques boulons au rôle mystérieux.
De temps en temps, le moteur cale. Le jeune mécano se précipite
aussitôt pour relever l'ensemble propulsif à l'aide de son treuil
et faire le funambule sur l'arbre afin d'atteindre l'hélice pour la
dégager des racines et autres débris qu'elle a emmenés
dans sa course folle.
Au cours de ce trajet, on découvre la vraie vie aquatique des pays
de deltas (que l'on va retrouver en Thaïlande et au VietNam): Maisons
isolées sur pilotis, villages aux rues noyées… Barques
qu'on croise sans arrêt, comme chez nous les voitures… Bateaux
des pêcheurs nomades qui se regroupent en petits villages flottants,
amarrés au milieu de nulle part…
En les croisant de près, on peut admirer toute la batterie de cuisine
rutilante pendue aux parois de l'abri situé à l'arrière
du bateau et on peut distinguer le feu ouvert qui brûle sous la marmite…
Ces bateaux qui servent d'habitation à des familles de pêcheurs
parfois nombreuses, mesurent moins d'une dizaine de mètres de long.
Plutôt des pirogue partiellement pontées…
Entre février et juin, pendant la saison sèche, le trajet Siem
Raep Batembang, sur des bateaux plus petits, est plus aléatoire et
peu durer la journée. Aujourd'hui il ne durera que quatre heures et
nous serons à destination vers midi.
Après midi à musarder dans des rues sans beaucoup de charme,
repas du soir dans le restaurant "Smoking Pot", école de
cuisine d'une association qui forme des gamins des rues comme le"Friends" à Phnom
Penh, puis nuit dans un hôtel dortoir.
Nous repartirons le lendemain matin par le bus pour rejoindre Phnom-Penh.
Les guides sont tous d'accords pour dire que le trajet Batambang Phnom-Penh
en bateau ne vaut pas la peine.
Nous terminerons notre séjour au Cambodge par un voyage en bus qui
nous amènera de Phnom-Penh à Ho Chi Minh City (On a un peu de
mal à ne pas dire Saigon…).
Nos passeports portent un visa Vietnamien obtenu en une journée auprès
de l'ambassade locale, par l'intermédiaire du premier hôtel ou
nous sommes descendus à Phnom-Penh. Nous avons aussi "booké" dans
une agence, des tickets de bus Phnom-Penh Saigon sans changement de véhicule à la
frontière (bien vérifier ce point là). C'est facile,
confortable et rapide.
Les formalités d'accès au VietNam se sont beaucoup assouplies
récemment mais le passage d'un poste frontière reste encore
assez impressionnant. Les documents y paraissent plus épluchés
que partout ailleurs - sauf peut être, depuis quelques temps, aux Etats
Unis.
Il faut dire qu'aujourd'hui le VietNam s'ouvre grand au tourisme. On l'avait
lu ici ou là et on avait compris que les choses devenaient plus faciles,
plus ouvertes, plus fréquentées aussi. En fait c'est un euphémisme
de dire que le Vietnam s'ouvre progressivement au tourisme: Là où il
est ouvert, il ne pourra jamais être plus ouvert qu'aujourd'hui... Et
quand c'est le cas, ce n'est pas un début timide: C'est carrément
une organisation intensive, active, efficace, pour tirer le maximum de revenus
de touristes qui s'y pressent déjà en foule… Nous constaterons
cela dans la baie d'Ha Long, à Sapa, à Hanoi aussi… Plus
au sud c'était la période des pluies alors forcément… Mais
on a bien vu que Hué était déjà très équipée
et que très vite Nha Trang n'aurait rien à envier à La
Baule…
Bref, je crois qu'on peut dire que le VietNam est déjà entré sans
nuance dans le monde du tourisme de masse.
Pour nous héberger à Saigon - Je crois que je vais me résoudre à dire Saigon, malgré l'immense respect que j'éprouve toujours pour Ho Chi Minh.
Dire autrement est vraiment trop long et je trouve HCMC, comme on dit là bas, pas très joli - nous avons choisi un hôtel ("Miss Loï"), selon les conseil de notre guide "Lonely Planet".
A la descente du bus, il sera difficile d'indiquer notre destination à un chauffeur de taxi. Nous ne pourrons que lui confier notre guide qu'il aura un peu de mal à déchiffrer (il est toujours conseillé d'avoir l'adresse désirée écrite en vietnamien sur un papier, car la pratique de l'anglais et du français n'est pas courante dans le pays). On a quand même fini par trouver…
L'arrivée a quand même été assez déroutante:
Entre les rues principales de Saigon, les blocs d'habitations sont construits
sans plan directeur, au hasard des fortunes des habitants, avec des venelles
qui les traversent pour desservir les maisons. Le long de ces venelles très étroites,
où ne pénètrent que les deux roues, on trouve sans transition
toute la gamme des constructions; la cabane style bidonville voisine avec
des maisons toutes neuves et plutôt riches. La cour de ces maisons riches
est d'ailleurs souvent encore encombrée de la cabane qui les a précédées… Juste à côté,
un lopin abandonné à lui-même, attend d'avoir un futur…
C'est au sein d'une telle venelle, à une centaine de mètres
de la rue, que se situe l'hôtel de Miss Loï: Juste la taille d'un
portillon, comme largeur visible de façade, avec un petit écriteau
qui se balance au dessus. Il faut ouvrir les yeux pour ne pas le rater. Heureusement
le système de numérotage est rigoureux dans ces venelles et
quand on connaît l'adresse et son mode d'emploi, on ne peut pas se tromper.
Derrière le portillon, au fond d'une cour couloir, on aboutit à l'accueil
de l'hôtel. Une fois passée la porte d'entrée, le bâtiment
semble s'élargir un peu. Il y avait tout de même deux escaliers
pour desservir une bonne vingtaine de chambres.
Dans le salon d'accueil très décoré et meublé de
canapés confortables, une bonne dizaine de personnes est occupée à des
taches diverses, parmi lesquelles l'épluchage des légumes pour
la soupe du soir. La "tenancière" s'en détache, très
souriante, nous souhaite gentiment la bienvenue et nous montre nos chambres.
C'est propre, simple, agréable et surtout très calme…
Le plus étonnant à l'arrivée dans cette ville c'est
l'intensité de son trafic de deux roues et le bruit formidable qu'il
produit. Stressant, vraiment… On n'ose plus traverser une rue, sans
la protection d'un feu rouge et on a un peu de mal à converser sans
hurler. Déjà Phom Penh et surtout Bali nous avaient préparés
au trafic intense des deux roues, mais ici, c'est le pompon en terme de densité et
de vacarme. Il parait miraculeux de ne pas voir se produire un accident à chaque
carrefour. Mais non, il semble que tout ça glisse en douceur et que
tous ces conducteurs soient très attentifs à ce qui se passe
autour d'eux.
Une anecdote: Gérard attend depuis quelques minutes en trépignant
impatiemment sur le trottoir, que le trafic lui laisse une chance de traverser
une large avenue. Tout à coup, il voit une petite vieille descendre
du trottoir, juste à côté de lui, et s'aventurer de son
pas menu, sans se presser ni ralentir, au sein du flot motorisé. La
réaction réflexe du skipper aurait été de se précipiter
pour retenir la dame et lui sauver la vie. Mais, surprise trop forte, il n'en
a pas eu le temps et il n'a fait que la regarder traverser tout droit d'un
pas constant, sans jamais tourner la tête ni à droite ni à gauche, évitée
au dernier moment par ceux qui la croisaient, et arriver sans encombre
sur le trottoir d'en face.
Pour sa part, Gérard n'a pas pu se résoudre à la suivre. Las d'attendre, il a remonté l'avenue jusqu'au premier feu pour pouvoir traverser…
Tout ce trafic fait un bruit infernal, dantesque, inouï, épouvantable...,
On pourrait penser que notre style de vie nous ayant fait oublier les villes
et leurs nuisances, on est plus sensibles que la moyenne. Mais enfin, on arrive
de Phnom-Penh et juste avant, on est passés à Kuala Lumpur, à Singapour, à Bali…
Ce qu'il y a de nouveau dans cette ville – et nous verrons plus tard
que ça touche tout le pays – c'est que tous les conducteurs d'engins,
quels qu'ils soient, restent en permanence la main scotchée sur le
klaxon. Motos, mobylettes… mais aussi voitures et autobus... Il n'y
a que les cyclo-pousse qui sont silencieux… C'est vraiment étonnant.
Bref, il y a beaucoup d'agitation et de bruit dans la rue et si vous pouvez
trouver un hôtel bien planqué au fond d'une venelle sans circulation,
vous aurez déjà fait un grand pas vers le "bon choix"…
Quelques heures de marche pour découvrir les endroits remarquables
de la ville en suivant notre guide anglophone.
On trouve comme ça: la cathédrale Notre Dame, de style "néo
romanesque"???; la poste, témoin intéressant de la splendeur
des PTT de l'époque coloniale; le musée qui retrace l'histoire
du pays, de l'ère néolithique à sa libération
de la domination française…
Après une grosse journée passée ici, nous aurons atteint
notre point de "satisfaction" et nous prendrons le bus pour Dalat,
tôt le matin, avec de gros espoirs calme et de fraîcheur.
Nous y avons l'adresse d'un hôtel sympa, communiqué par Miss
Loi.
Pas besoin de réserver nous a-t-elle dit...
Dalat, 130 000 habitants, est réputée pour son climat frais,
ses lacs, ses forêts et ses jardins. Ce serait une ville "artistique" et
un lieu de villégiature traditionnel pour les saïgonnais.
Assoiffés de calme, nous sommes donc partis la fleur au fusil vers
cet Eden, pour arriver en fin de samedi après midi dans un sac de nœuds
de fleurs…
Déjà dans le car, un jeune vietnamien nous avait appris que
Dalat organisait cette semaine sa célèbre fête des fleurs;
que ce samedi en était le point d'orgue et que la ville était
aujourd'hui le point de convergence de toute la région. Imaginez quelque
chose comme le carnaval de Nice… Il avait clairement montré un étonnement
poli quand on lui avait dit ne pas avoir réservé d'hôtel…
Nous avons compris pourquoi dès l' arrivée, quand notre car
a dû nous abandonner quelque part dans un faubourg de la ville parce
que cette dernière était entièrement bouclée et
interdite aux véhicules.
Sans vrai plan, nous tentons bravement mais sans grand succès de nous
repérer. Pas un taxi en vue. Tous les hôtels visibles à l'
horizon sont pleins sans exception. Et en plus, il pleut… Nous nous
sentons bien seuls…
Au bout d'une vingtaine de minutes, un taxi passe par là et accepte
de nous charger pour tenter de pénétrer en ville. Ruses de sioux,
longs détours pour tenter de contourner les barrages,… Rien à faire,
au bout d'une demi heure, il nous dépose dans un autre faubourg et
nous souhaite bonne chance de ce côté ci…
Enfin tout ça, c'est ce qu'on comprend de notre situation, car personne
ici ne parle anglais ni français. Et nous ne sommes pas encore excellents
en Vietnamien… Seulement les signes, les grimaces et les gestes… Et
même là, on se trompe!
On se traîne dans la rue, notre moral flottant derrière nous
dans le caniveau qui draine la pluie qui ne cesse de tomber. "No vacancy"… "no
vacancy"… "Demain si vous voulez, mais ce soir nous n'avons
rien"…
Le miracle finit par céder devant notre persévérance:
deux chambres libres dans un hôtel chinois, assez sinistre. C'est inespéré… On
comprend vite pourquoi: l'hôtel est "moyennement" tenu, rempli
de familles bruyantes, télé à fond, cris incessants,
portes qui claquent… Mais bon, on ne dormira peut être pas beaucoup
ce soir mais ce ne sera pas dans la rue. C'est déjà çà.
Et ce ne sera que pour une nuit… En effet, un peu plus tard, au hasard
de nos errances, nous finissons par tomber sur l'hôtel que nous convoitions.
Effectivement super sympa, joli, calme, bien tenu et tout et tout… Chambres
adorables et confortables… Et toutes occupées aussi… Demain
seulement, si nous voulons, il y aura de la place.
Bien sûr que nous voulons… Nous y débarquerons donc après
notre nuit "chinoise" et nous y serons comblés. La propriétaire
parle français, l'établissement s'appelle le "Dreams" (rêves)
et il n'a pas volé son nom.
Mais bon, même sans problème d'hôtel, il pleut sans arrêt
sur la ville et quand nous ne sommes pas au resto ou au troquet, nous tentons
de trouver, sous un parapluie très vite acheté, une raison d'être à notre
présence ici…
La fête des fleurs sous la pluie nous séduit mollement, et de
toutes les façons il est trop tard: Le soir de notre arrivée,
c'était le dernier spectacle!
Nous préférons tenter une attraction locale qui se présente
sous la forme d'un petit train ne comprenant qu'un seul wagon, qui relie en
une demi heure Dalat au village de "Trai Mat" situé plus
en altitude (sans doute une petite dizaine de kilomètres). La gare
de Dalat, façon gare d'omnibus de bourgade française des années
50, nous abrite de la pluie jusqu'à l'heure du départ.
Comme le "ferrocaril" des hauts plateaux équatoriens, ce
train ne fonctionne plus que pour les touristes et n'est pas très fréquenté.
Il nous permet de voir défiler une campagne humide, hyper cultivée…et
couverte de serres en plastique.
Au bout du chemin, nous trouverons quand même une justification très
suffisante à notre balade: Un délire kitchissime, la pagode
de Linh Phuoc, dont tous les murs et une haute tour sont recouverts de décoration
faite d'éclats de porcelaine multicolores, a été construite
vers 1950. A l'extérieur, elle est gardée par un dragon gigantesque,
entièrement couvert de céramiques, qui court dans le jardin,
rentre sous terre, ressort et crache des flammes (en porcelaine).
Des extensions de la pagode sont en chantier et on peut voir les artisans
qui cassent les poteries et les collent artistiquement sur les façades,
colonnes, tours, escaliers… enfin partout quoi…
Dans la série architecture rigolote, Dalat nous dévoilera un
autre lieu intéressant, situé en ville cette fois: L'hôtel
- galerie "Hang Nga ", surnommé la "maison folle"…
De loin, la construction a l'air d'un rêve délirant et coloré sorti
de l'univers de Walt Disney.
Vu de plus près, c'est un rassemblement de monticules disparates hésitant
chacun entre le champignon et la termitière. Ils sont reliés
par un réseau de passerelles, de boyaux, d'escaliers, formant un itinéraire
imprévisible, courant en hauteur, montant, descendant et surtout reliant
entre elles, des "cellules" aménagées dans ces monticules
de béton. Chaque cellule est une sorte de caverne vaguement circulaire
qui abrite un lit double et une salle d'eau. Chacune est décorée
et meublée de céramiques, de bois et de béton bruts,
sur un thème bien reconnaissable à la forme de la cheminée,
du lit, des meubles: Girafe, singe, kangourou, Gourde, etc…
On a trouvé ça très intéressant et drôle.
L'artiste – architecte auteur de ce délire toujours en évolution,
est Mme Dang Viet Nga. Elle est la fille de Truong Chin , ancien compagnon
de Ho Chi Minh, qui a été président du Viet Nam de 1981 à 1988.
Cela explique peut être que cette enclave surréaliste continue
d'évoluer, bien qu'on dise que son architecture n'est pas du goût
de tout le monde…
En venant ici pour se remettre de la fureur de Saigon, on pensait trouver
une petite ville d'eau ensoleillée, reposante, où se promener
au bord du lac, se reposer de nos promenades en écoutant de la musique
devant un kiosque tarabiscoté façon fin de siècle… Style
Evian quoi…
On n'imaginait pas du tout cette pluie incessante et on quittera Dalat
assez vite, sans trop de regrets.
La remontée vers le nord va continuer en bus, puis en train de nuit
jusqu'à Hue. Toujours sous la pluie…
Sur la route, nous croiserons Nha-Trang, une station balnéaire déjà bien
installée. Ce n'était pas vraiment la bonne saison pour visiter
l'endroit: la mousson de Nord Est, non contente d'y amener la pluie, faisait
aussi exploser la mer en rouleaux jaunâtres sur son immense plage déserte.
Cette station est réputée, pendant la mousson de Sud Ouest pour
son eau turquoise et calme… D'autres touristes croisés plus tard,
nous ont fait l'apologie de cet endroit, de ses eaux claires et des îles
du large. C'est à ce moment là que tous les hôtels que
nous y avons croisés doivent être pleins et que la station doit
ressembler à la Baule.
Ensuite, ce sera Hoy An, un petit village "touristique" situé à 20
kilomètres au sud de Danang, où nous arrivons après une
nuit de train couchette confortable et propre… - Nous avons bien dormi
et ce moyen de transport nous parait tout à fait recommandable pour
les longs trajets le long de l'axe nord sud du pays.
Hoy An est une petite bourgade traditionnelle, pleine de caractère,
et conservée avec soin pour son exploitation touristique... Un parcours
intéressant d'une petite journée permet d'en évoquer
l'histoire en visitant de vielles maisons traditionnelles en bois.
Malgré cela, notre humeur demeure morose: Il pleut sans arrêt
et le charme de l'endroit n'y gagne rien… Et puis, quand une maison
n'est pas a visiter à Hoy An, il y a plus d'une chance sur deux pour
que ce soit une boutique pour touristes. Et toutes ces boutiques de souvenirs,
fringues, chaussures, peinture, sculpture,…vendent toutes les mêmes
articles et les mêmes modèles… Partout… C'est un
peu lassant et navrant…
Que d'eau, que d'eau!!! Et on dirait que les hôtels ne prévoient
pas ces intempéries car rien dans les chambres ne permet d'accrocher
des vêtements humides ou dégoulinants… ni de faire sécher
des chaussures…
Plus généralement, si les vietnamiens nous sont apparus très
préoccupés d'exploiter efficacement le touriste, ils nous ont
rarement semblé très concernés par les problèmes
que nous pouvions rencontrer ni imaginer les services réels qu'ils
auraient pu nous rendre… Je parle évidemment ici des gens de
l'univers du tourisme car ce sont les seuls que nous ayons vraiment rencontrés
en situation.
Hue est l'ancienne capitale impériale du VietNam, installée
sur le bord de la rivière des parfums: Lors de notre arrivée
en car dans la ville moderne, on pouvait voir la cité impériale
dérouler ses murailles le long de la rive opposée de la rivière.
Et il pleuvait toujours, évidemment…
Arrivé à son terminus, notre bus dépose son chargement
devant un hôtel de la ville où une nuée de cyclo-pousse
et de chasseurs d'hôtels entreprend les voyageurs, dès leur descente
du car, avec beaucoup de "conviction" et de "persévérance"...
Nous nous sentons un peu agacés par cette insistance et comme nous
avons déjà choisi un hôtel dans notre guide, nous aimerions
pouvoir le demander calmement à un chauffeur de taxi..
Pour se dégager, Gérard donne de la voix et eux qui ne font
que leur boulot ne comprennent pas bien que cet européen parlant fort
leur donne son avis sur leur façon de le faire, dans un langage incompréhensible…
Nous rassemblons vite nos sacs et nous enfuyons littéralement sous
la pluie pour retrouver un peu de calme. Rapidement, un taxi en maraude nous
accueillera pour nous emmener calmement à l'hôtel choisi.
Sitôt installés nous tentons une sortie vers la cité impériale,
mais il pleuvait vraiment trop et nous sommes vite rentrés, les pieds
trempés, tout nous paraissait sans grand intérêt sous
cet éclairage.
Sans céder à la déprime qui nous serre de près,
nous organisons dès ce premier soir, avec l'aide de l'hôtel,
une sortie en "jonque" sur la "rivière des parfums",
qui nous emmènera demain faire le tour des pagodes et tombeaux impériaux
proches de Hue.
Nous serons récompensés de notre persévérance
par une excursion qui se révélera fort agréable et intéressante.
C'est ainsi que le 15 décembre au matin, on embarque tous les quatre sur un petit bateau de rivière, heureusement doté d'un abri, en compagnie de Dong notre guide francophone.
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Cette journée nous a sauvés de la morosité.
La pluie avait enfin marqué une pose!!!
Nous avons découverts des sites magnifiques, expliqués avec
beaucoup de gentillesse et de connaissances par Dong qui parlait parfaitement
le français.
Le repas préparé pour nous par l'équipage familial de
3 personnes, l'ambiance un peu intime qui régnait à bord où nous étions
les seuls passagers… Même un rayon de soleil a bien voulu se montrer
l'après midi.
Tout cela nous a réconciliés avec notre voyage…
C'est donc une promenade à ne pas rater dont voici quelques étapes:
Le domaine de la pagode est enclos au bord de la rivière. Une tour
octogonale y précède des jardins et des pavillons qui respirent
calme et sérénité.
Pourtant les bonzes qui vivent et méditent ici peuvent être assez
remuants et se sont fait remarquer plusieurs fois dans l'histoire récente
par leur attitude contestataire.
En 1963, les photos du bonze Thich Quang Duc s'immolant par le feu à Saigon,
ont fait le tour du monde.
Dans les années 80, des démonstrations anti-communistes partirent
encore d'ici.
Aujourd'hui le calme parait revenu et le petit groupe de moines, novices
et nonnes qui vit dans cette enceinte parait bien éloigné du
siècle qui sévit dehors.
Dans les jardins, on voit aussi une stèle verticale, posée sur
le dos d'une tortue massive en marbre: c'est un symbole de longévité.
L'empereur Tu Duc était un homme remarquable et très remarqué:
Pendant son règne, le plus long de la dynastie Nguyen (1848-1883) et
vécu dans un luxe inouï, il a fatigué 104 femmes et un
nombre incalculable de concubines, sans parvenir à avoir d'enfant.
(Les mauvaises langues dirent qu'il était devenu stérile suite à la
petite vérole…)
Dans la tradition de la noblesse de l'empire Vietnamien, c'est la descendance
qui se charge de faire construire le tombeau du papa, et d'y écrire
son panégyrique. Sans héritier, l'empereur Tu Duc a résolu
la question en présidant lui même à la construction de
son propre tombeau.
Et il n'a pas lésiné sur les moyens:
Il a fait venir une stèle pesant une vingtaine de tonnes, d'une carrière
située à plus de 500 kilomètres au nord, pour y graver
son histoire et celle de son règne. Cela s'est traduit par une longue
suite de "pensées", qui glorifient les réussites de
cette période. On y trouve bien l'aveu de quelques erreurs de gouvernement,
mais elles sont toujours accompagnées de la mention des insuffisances
de l'entourage impérial qui ont permis ces mauvais choix.
Il a baptisé sa tombe "Khiem", qui veut dire "modeste"… C'est
un adjectif dont peu de gens auraient songé à l'affubler.
Le paysage qui constitue le site immense de ce tombeau est entièrement
artificiel: tout le relief en a été remodelé pour créer
un univers d'harmonie, de calme, de lignes qui reposent l'œil… Tout
y a été planté, construit et réussi, avec cet
objectif: pavillons, allées, jardins, lacs… C'est vraiment très
beau. Notre seul regret: les milliers de frangipaniers qui nous entourent
n'étaient pas encore en fleurs…Il aurait fallu revenir en mars.
Dans la cour d'apparat, bordée de statues de mandarins, d'éléphants
et de chevaux, les représentations des hauts fonctionnaires sont toutes
de petite taille… Explication: Tu Duc mesurait 1m53 et les mandarins
de la cour devaient obligatoirement être plus petits…
Dernière anecdote: De son vivant, l'empereur a souvent séjourné dans
ce "palais-tombeau" mais il n'y a pas été enterré.
Comme sa sépulture devait recevoir un trésor important, on voulait éviter
les voleurs: Tous les serviteurs qui ont procédé à la
mise en terre ont été décapités immédiatement
après et on ne sait pas où est la vraie sépulture.
L'empereur Khai Dinh s'est moins fait remarquer et n'a pas régné longtemps
(1916-1925). Il passe pour avoir été très francophile
au temps de la colonisation. A tout le moins, il était très
apprécié du gouvernement français.
On accède à son tombeau en traversant beaucoup de cours et de
pavillons successifs, reliés par de petits escaliers gardés
par des dragons, … Ce site ne nous est pas apparu un lieu magique comme
celui de Tu Duc mais il réserve tout de même une belle surprise à l'intérieur
du tombeau: Toutes les parois, le sol et le plafond sont intégralement
recouverts de céramiques très colorées et ouvragées
sur le thème des quatre saisons. C'est vraiment magnifique.
L'empereur Minh Mang a régné quelques années avant Tu
Duc .
L'architecture bâtie est harmonieuse et surtout très intégrée
aux lignes naturelles du paysage environnant. Beaucoup de terrasses qui se
superposent, de lacs, de bassins que l'on traverse sur des ponts de marbre…
Le paysage est naturellement très beau mais on ne ressent pas ici la
magie du chef d'œuvre d'art paysager qu'a réalisé Tu Duc
et si les bâtiments sont harmonieux, leurs lignes générales
paraissent plus rigides.
Conclusion: si vous ne devez en voir qu'un, vous aurez compris que nos préférences vont au tombeau de Tu Duc.
Vu le temps qu'on a rencontré depuis Dalat, ces cinq derniers jours …On
avait quelques craintes pour nos projets de visites. Parcourir Hanoi sous
la pluie, passe encore, mais découvrir la baie d' Ha Long dans le brouillard
ne nous enchantait guère… Arpenter les pentes montagneuses de
Sapa sous un parapluie non plus…
Eh bien, à partir du moment où nous avons mis le pied à Hanoi,
nous n'avons plus reçu une goutte de pluie.
Il faisait nettement plus frais qu'à Hue, mais la ceinture pluvieuse
de cette mousson de Nord Est semble se contenir entre le nord de Saigon et
celui de Hue.
Cette ville a été la capitale impériale de 1010 avant
JC jusque 1802, avant que la dynastie des Nguyen ne lui préfère
Hué. A partir 1902 elle est redevenue la capitale de l'Indochine française
d'abord, puis celle du VietNam indépendant ensuite.
Construite au bord du fleuve rouge (Song Hong), son nom qui signifie "la
cité dans la courbe de la rivière", lui a été donné par
l'empereur Tu Duc.
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Dans la vieille ville, le commerce est omniprésent, partout. Comme souvent, les rues sont structurées en spécialités commerçantes: il y a celle des bijoux, de l'argenterie, des cuirs, des vêtements, des quincailleries,… Au sein de cette organisation, dans des boutiques aux allures de couloirs désaffectés, le "bazar" règne partout, pêle-mêle… C'est un peu à l'image des souks d'Afrique du Nord, au Caire ou à Marrakech, mais en plus actif encore.
Mais enfin, même si Hanoi mérite bien une visite de quelques
jours, tout ce que le VietNam compte de touristes arrive ici avec une seule
idée en tête: visiter la baie d'Ha Long. Et nous ne faisons pas
exception…
Et alors là, on peut dire que le réseau de distribution de cette
attraction "de renom international" bat tous les records de densité...
Si on imagine bien qu'Ha Long n'est plus vraiment la baie éloignée
et jamais visitée qui abritait les camps de recrutement de "quasi
esclaves" pour les plantations de la colonie française (revoir
le film Indochine); si on s'attend à ce que des agences nous "aident" quasi
obligatoirement à organiser notre visite, on est tout de même
surpris de constater qu'à Hanoi, une boutique sur deux (ou presque…)
vend des billets pour des Tours à Ha Long Bay. C'est vraiment devenu
du standard de consommation de masse… Le contenu est invariable. Seuls
les prix ne sont pas imposés et peuvent encore réserver des
surprises selon les interlocuteurs.
Nous n'imaginions pas autant d'agences, mais surtout, nous n'imaginions
pas qu'elles porteraient toutes les même noms… ou presque: Tout
le monde peint sur son bureau l'une des enseignes recommandées par
les guides en vogue (Lonely planet, le Routard…) Ainsi, on retrouve
partout des Sinh Café (meilleur choix de Lonely Planet il y a quatre
ans.), A-Z Queen Café (là c'est le choix du Routard…)
et quelques autres. Bref, on a redécouvert ici l'ampleur du génie
cloneur du sud est asiatique…
Et tous ces gens vous offrent bruyamment la même chose dans une fourchette
de prix qui s'étale grassement du petit simple au très gros
double… Pour EXACTEMENT la même chose…quelquefois même
moins pour le prix fort..
En fait on peut choisir entre deux ou trois durées de tours et peut être
deux niveaux de conforts différents, mais si la durée du tour
qu'on achète est assez claire, le niveau de confort dont on disposera
vraiment est beaucoup moins prévisible.
Les hôtels backpackers se sont aussi mis de la partie et sont souvent
plus préoccupés des tours qu'ils vont pouvoir vous vendre que
de la préparation de votre petit déjeuner… Le notre nous
a fait d'entrée un rentre dedans pas possible pour nous vendre des
tickets au prix maximum. Ça aurait pu marcher, si on avait été plus
fatigués, ou fainéants, ou… En tous cas, le directeur
nous a vraiment regardés de travers le lendemain, quand il a su que
nous avions "booké" ailleurs, pour la moitié de son
prix…
Il est certainement préférable de consulter trois ou quatre
agences avant d'acheter.
Bref, nous sommes partis vers Ha long avec un programme de deux jours et une nuit sur le bateau. Aller retour en bus compris depuis Hanoi.
Le niveau de confort promis limitait à 14 le nombre de personnes embarquées
dans ce groupe. Ouais… Nous nous sommes retrouvés à plus
de 30 sur le bateau. Seuls 14 passagers y dormiront le soir, (il n'y a que
7 cabines doubles) et les autres ont choisi l'hôtel sur l'île
de Cat Ba; mais pour le déjeuner, il faudra se serrer autour des tables
pour trouver la place d'agiter ses baguettes…
Trêve de récriminations, nous même avons toujours eu le
sentiment d'être convenablement traités et d'avoir échappé au
pire…
Ha Long est la Merveille Naturelle du Viet Nam:
Plus de 3000 îles au
profil très abrupt qui émergent en rangs serrés de l'eau
cristalline du golfe du Tonkin. Ce sont des formations calcaires de toutes
tailles que l'érosion a façonnées en forme de champignons,
dômes, pénis ou chapeaux…coiffées de touffes de
végétation.
Ce labyrinthe maritime fonde la légende d'Ha Long: "Il était
une fois un très grand dragon qui vivait dans la montagne. Alors qu'il
courait vers la mer, sa queue zigzagante creusait la terre, créant
vallées et crevasses, puis il plongea dans la mer, provoquant un raz
de marée qui remplit les trous qu'il avait laissés derrière
lui, ne laissant que quelques sommets émergés".
Au sein de cette myriade d'îlots, Cat Ba est la grosse île (300
km²) au relief tourmenté et le centre du "Parc National de
Cat Ba" où plages, grottes, chutes d'eau et caves sont autant d'objectifs
de randonnée.
Au départ d'Ha Long city, située sur la côte, à quelques
150 kilomètres de Hanoi, toute une théorie de grosses barques
aménagées sur un modèle unique transporte le flot de touristes
dans la baie et forment ainsi une véritable autoroute maritime. Tous
ces bateaux ont un des deux programmes standards: Soit le tour de la baie dans
la journée, soit le même tour en deux jours et une nuit. Pas d'alternative…On
peut tout de même créer une variante en restant une nuit de plus à Cat
Ba avec le retour sur un autre bateau.
Dans le programme de deux jours que nous avons choisi, on a le temps de s'arrêter
en route pour visiter une ou deux grottes calcaires, un ou deux sites de snorkeling,
de louer des kayaks de mer à l'heure, avant d'arriver à Cat Ba,
d'y débarquer les clients qui ont choisi l'hôtel et de repartir à 14
heureux passagers vers un mouillage éloigné où passer
la nuit.
Tout cela a encore un côté magique, même s'il y faut maintenant
un peu d'imagination… Et puis des images valant mieux qu'un long discours:
re- regardez le film "Indochine" dont de longues séquences
ont été tournées ici. (en particulier l'histoire du marché aux "esclaves")
Le lendemain, le trajet inverse nous ramènera à Hanoi où nous dormirons, avant de repartir pour une nuit de train vers la montagne au nord ouest d'Hanoi. Nous allons à Sapa, dans la chaîne des Hoang Lien qui sépare la Chine du Vietnam. Là aussi, comme pour Ha Long Bay, nous avons acheté un tour tout préparé. Deux jours et trois nuits (dont deux dans le train.), un programme de randonnées pour apprentis marcheurs ainsi qu'un hôtel et un guide qui doivent nous attendre là bas…
Nous débarquons à Sapa au chant des coqs, vers 7 heures… pour
découvrir une station de montagne de 36000 habitants, bâtie en
1922 à 1 650 mètres d'altitude, dans une belle vallée
tout près de la frontière chinoise.
La première "surprise" en arrivant à Sapa, c'est la
foule bigarrée qui sillonne la ville, habillée des costumes traditionnels des tribus des
montagnes. H'mongs noirs et rouges, D'zaos... Ils habitent des villages
d'altitude et viennent chaque matin vendre leur production au marché.
Légumes
et volailles mais aussi artisanat. Les habits de tous ces gens sont faits
de toile de coton qu'ils tissent eux même et sont généralement
teints à l'indigo, en bleu marine foncé, presque noir.
Ces habits sombres sont décorés de patchworks et d'appliqués
de couleurs vives et la tenue est souvent rehaussée d'une ceinture
et d'un foulard rouges. Beaucoup de bijoux aussi, argent et perles de porcelaine
multicolores.
La deuxième surprise, c'est que cette ville dont on a lu qu'elle "s'ouvrait" elle
aussi au tourisme, est en fait déjà suffisamment ouverte et
active pour évoquer Chamonix… Les vieux hôtels de la période
coloniale cohabitent avec les nouveaux qui champignonnent un peu partout… La
station est devenue à la mode et toute sa vie en est bouleversée.
Les "minorités" des tribus se recyclent dans la fourniture
de souvenirs, d'opium qu'ils vendent dans des boites d'allumettes, teintent,
patchworkent et brodent les tissus à tout va… S'instituent taxis
motocyclistes…
A notre descente du car, sitôt débarrassés de nos bagages,
nous avons été abordés par une jeune Hmong de 15 ans,
habillée en costume traditionnel, qui s'est présentée
comme notre guide pour ce séjour. Depuis deux ou trois an, elle s'est
instituée guide anglophone; mais comme elle n'apprend l'anglais que "sur
le tas", ça limite un peu la conversation… Heureusement,
elle avait pour elle le charme de ses 15 ans et aimait beaucoup rire.
On ne s'est pas ennuyé mais il existe aussi des guides plus professionnels
dont certains parlent très correctement le français… Question
de chance ou de demande plus ferme…
Le principal attrait touristique de la région réside dans les
superbes paysages de rizières en terrasses qui ondulent le long des
pentes sinueuses, à flanc de toutes les vallées environnantes.
Le petit problème c'est que pour être vraiment beaux et photogéniques
ces paysages ont besoin de lumière et de soleil, et que les sommets
autour de Sapa sont souvent dans les nuages et les vallées dans la
brume… Bref, nous n'avons pas eu de pluie, mais pas vraiment de soleil
non plus. Mauvais choix de saison pour les photos, mais le décors était
bien là, superbe et exceptionnel.
Nous passerons deux jours ici, à nous promener, marcher, flâner,
marchander… croisant régulièrement des femmes Hmong qui
tentent de nous vendre leur production de tissus et quelquefois de fruits.
Nous aurons tout de même à Sapa un petit problème qui
ne nous est pas habituel: Nous allons nous les cailler comme il y a bien longtemps
que ça ne nous était pas arrivé…
Nous étions hébergés dans un hôtel tout neuf et
plutôt luxueux mais aux murs encore ruisselants de l'eau des plâtres
pas très secs… Guère plus de 10°C dans la chambre
et le lit humide à l'unisson…
On avait bien apporté sweats et polaires, pour se promener dehors… mais
on n'avait pas prévu de pyjama en pilou pilou pour cet hôtel
4 étoiles sans chauffage… L'hôtel finira par nous "LOUER" un
radiateur électrique pour la nuit. Mais, mon Dieu qu'il faisait donc
froid dans ce bivouac.
A propos de bivouac, si nous avons parlé de Chamonix un peu plus haut, c'est que Sapa est vraiment installé dans les montagnes et que si on est un peu aguerri, on peut aller faire de la rando moyenne montagne, jusqu'au mont Fansipan (3143m) qui est le point culminant de ces Alpes tonkinoises.
Il n'y a pas besoin d'être un grimpeur chevronné, il suffit
d'être en forme et sans doute un peu entraîné.. Le tour
prend 3 à 4 jours. Pas de huttes sur la route…prévoir
tente, bouffe et duvet. La meilleure période serait: mi octobre à mi-décembre
ou alors mars en pleine floraison "sauvage". Allez y voir, ça
vous changera un peu des Alpes du Sud.
Et voilà. Après Sapa ce fut le retour vers Hanoi, Kuala Lumpur
et enfin Port Dickson, où nous retrouverons le 24 décembre en
début de soirée, Getaway qui ne nous avait rien préparé pour
réveillonner…
Nous nous contenterons donc d'une boite de pâté Hénaff
en guise de Foie Gras, contents par dessus tout cela d'avoir retrouvé notre
bateau.
On va pouvoir rapidement reparler
de navigation…
Nous venons de visiter, dans la foulée, deux pays qui ont en commun de sortir d'une très longue période de guerre (Civile? Internationale? Révolutionnaire? Coloniale?) et dans les deux cas, nous avons pu toucher du doigt la difficulté qu'il y a à se remettre d’une si longue et douloureuse catastrophe.
où les séquelles sont encore partout très
lisibles: les nombreux infirmes et victimes civiles encore jeunes qu'on rencontre
partout dans les rues, survivant de mendicité, le touriste étant évidemment
une cible de choix.
C'est à la fois horrifiant et horripilant.
Horrifiant, parce que c'est horrible, tout simplement. Des moignons partout,
peu de prothèses et de façon évidente, des victimes laissées à elles
même et semble-t-il sans grand secours national. Quand ils ne mendient
pas simplement, ces pauvres gens tentent de vous vendre des copies des quelques
livres qui veulent témoigner de l'horreur de l'époque de Pol
Pot. Toujours la même dizaine de bouquins… Pas d'histoire de la
guerre, encore moins d'analyse. Juste l'horreur Pol Potienne…
Horripilant parce qu'on n'a pas l'habitude d'être ainsi sollicités
sans arrêt, que l'on gère mal sa culpabilité de ne pouvoir
acheter à tout le monde, aider tout le monde… Alors on dit non… Avec
le sourire mais c'est non quand même…
Et pendant ce temps là, tout le monde est affable autour de vous.
Tous vous renvoient le sourire que vous leur adressez au hasard d'un regard,
dans la rue, dans les magasins…
Une impression de gentillesse se dégage de ce peuple qui doit faire
face tous les jours à une grande détresse, sans secours évident
de l'état qui gouverne le pays.
Nous n’avons pas bien senti comment ce pays pourrait se sortir vite
de cet état de misère et d'hébétude. Le tourisme? Ça
aidera peut être mais ça ne suffira sûrement pas.
La vie n'est clairement pas facile de ce côté là non
plus… Le niveau de richesse de ce pays ne parait pas très différent
du précédent. Quoique… Pourtant, l'ambiance y est on ne
peut plus différente.
On sent les Vietnamiens concentrés sur la reconquête de leurs
richesses. Individuelles et collectives… On sent que le pays est en
marche, que ce peuple sait où il veut aller et qu'il y arrivera. Sans
aucun doute…
Dans les rapports que nous avons eus avec les gens il y a toujours eu beaucoup
de politesse, mais peut être moins de chaleur et de gentillesse spontanée
que chez leur voisin… En apparence, évidemment.
En fait, ce qui nous a surpris ici, c'est que les gens ne sourient pas.
Pendant 2 semaines, on doit pouvoir compter aisément les sourires qui
nous ont été rendus. Pourtant, dans ces pays où le dialogue
oral n'est pas possible, le sourire est notre principal moyen de communication
et nous ne sommes pas avares des nôtres…
Mais non, les Vietnamiens ne sourient décidément pas beaucoup.
Ils n’ont pas l’air de faire dans le sentiment; ils paraissent
concentrés, seulement occupés à bosser et à s'en
sortir.
Et puis, au contraire du voisin, le gouvernement semble ici très actif
pour accompagner cette volonté de progrès. On a déjà parlé de
l'investissement touristique et de son hyper exploitation – tout n'est
pas que positif dans cette poursuite du progrès – mais il y a
aussi des zones industrielles ou commerciales qui se construisent un peu partout,
des immeubles qui accompagnent la croissance d'Hanoi…
Par contre, ce que l'on n'a pas vu dans ce pays, au contraire du Cambodge, c'est l'évocation de la guerre. Rien, aucun signe. Pas d’infirmes dans la rue, pas de monuments spectaculaires, pas de propositions de livres "d'histoire" à la descente des bus, personne pour en parler… Juste le musée de Saigon, qui célèbre la décolonisation et la résistance anti-français, mais rien sur l'horreur qui a suivi. Pourtant ces milliers de tonnes de bombes, ce napalm, ces défoliants, ils sont bien tombés quelque part… On n'a sans doute pas le temps de s’apitoyer sur son passé…
Bref, l'ambiance générale ici est à l'efficacité.
On ne sent plus le temps de vivre et l'indolence cambodgienne... On ne rigole
pas, on ne se plaint pas non plus (sans doute parce que ça ne serait
pas efficace…). On avance…
En tous cas, il nous parait clair que le futur du VietNam existe et que
ce peuple est en train de le modeler à sa façon.
On aime ou on n'aime pas, mais on ne s'apitoie pas non plus… Et ça, ça nous a plutôt mis à l'aise…