LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Indonésie - Brèves de la vie là bas
N°28 - Février 2006


 

 

"Age poids taille? Poids age taille? Taille age poids?…"
C’est magnifique! ou le sherif est en avion!


Le détroit de Torres est une zone très sensible pour les australiens qui prétendent contrôler tout ce qui est susceptible de débarquer chez eux. De l'émigrant indésirable à la sculpture en bois non traité, indésirable elle aussi… Toutes ces embarcations qui empruntent le détroit à quelques encablures de leurs côtes les rendent nerveux…

Dès que vous avez dépassé Bramble Cay, les avions de patrouilles des "Coast Guards" viennent vous survoler à basse altitude pour lire le nom de votre bateau et engager en VHF une petite conversation (un questionnaire plutôt). Rigoureux, un rien suspicieux…

- Identité du bateau, port de départ, de destination…
- Identité de l'équipage…
- Intention de débarquement en Australie…
- Chiens, chats, poules???
- Age, poids, taille?...Poids, taille , age??... Taille, age, poids???


Les questions fusent comme à la mitraillette… (Sauf que la mitraillette à un p… d'accent australien et qu'il faut essayer d'en ralentir un peu le rythme pour comprendre) Et pas question de dire que vous ne parlez pas anglais, sinon ils se pointent en vedette rapide pour vous re-poser, de visu, les mêmes questions à la mitraillette… Et toujours en anglais…
Enfin ils s'éloignent après nous avoir notifié l'interdiction de débarquer où que ce soit dans le détroit… Pour quoi faire ? On se demande.
La scène se produira au moins une fois par jour, tant que nous serons dans les eaux du détroit.

 


 

 

Ici, partout est un passage clouté…

Nous avons découvert en Indonésie l'envahissement urbain par les deux roues, dont le modèle courant se situe entre la mobylette et le scooter… Nous constaterons plus tard que ce phénomène est commun à toute l'Asie du sud est.
Le problème que nous rencontrons dans les villes européennes avec la circulation automobile se retrouve ici aggravé par les caractéristiques particulières aux deux roues: L'agilité, la densité, la mobilité…
Le front des véhicules qui attendent au feu rouge à un carrefour est d'une densité incroyable et vous ne pouvez pas le traverser à pied… Le rush qui s'élance quand le feu passe au vert est vraiment impressionnant.

Pour mettre un peu de piment à la situation, il faut ajouter que la pratique du code de la route par les asiatiques ressemble assez peu à la notre: En gros, tout le monde ici considère que tout est permis mais contribuera à éviter l'accident quand la situation devient dangereuse.
Par exemple, malgré ce que je viens de décrire du trafic, il n'est pas rare de voir un véhicule (souvent un cyclo pousse ou un triporteur) remonter une rue à sens unique!!!
Ici, dans ce cas, personne ne klaxonne de contrariété et tout le monde fait vraiment ce qu'il peut pour éviter l'accident avec le contrevenant.
En Europe on lui exprimerait vivement son mécontentement et on ferait tout son possible pour lui compliquer la vie et l'empêcher de passer, quitte à provoquer l'accident…

Traverser une rue à pied est ici une épreuve initiatique.
Souvent, aucun trou dans la circulation ne vous permet de le faire, même rapidement. Alors vous n'osez pas… Jusqu'à ce que vous voyiez une fragile petite vieille s'élancer du trottoir, à côté de vous, sans même regarder à droite ni à gauche, marcher calmement vers l'autre trottoir au milieu du trafic qui ne ralentit pas mais l'évite, et arriver saine et sauve de l'autre côté du fleuve…

Ici, partout est un passage clouté!

 


 

C'est arrivé près de chez vous...

Une semaine après notre départ de Bali, une bombe explosait à Kuta.

Horreur ordinaire de notre temps… Quand les artisans de la terreur essaient de se faire aussi gros que les industriels de nos armées Hi-Tech… Quand la guerre économique le dispute à la religieuse…

Selon les infos que nous avons recueillies auprès de navigateurs passés depuis, on doit constater que les auteurs de cet attentat ont atteint leur but: Toute cette foule que nous avions alors tant déplorée, a maintenant disparu…

Si nous sommes aussi horrifiés et scandalisés que tout un chacun par les événements de ce genre , nous sommes aussi toujours un peu « étonnés » par l’espèce de « sauve qui peut » qui les suit. Non seulement ça donne raison à leurs auteurs, mais ça ne correspond à aucune nécessité de sécurité: Il n’explose pas tous les jours de bombe à Bali!
Il en explose aussi ailleurs… La probabilité d’être concerné de près par une telle catastrophe n’est pas tellement plus importante là qu’ailleurs et, dans tous les cas, reste assez faible…

On nous a souvent interrogés sur notre tendance apparente à aller au devant des emm…: Non seulement nous naviguons sur la mer, mais en plus nous faisons escale dans des coins à terroristes et nous traversons des régions réputées infestées de pirates…
Sommes nous donc si téméraires ou inconscients???

Pas vraiment l’impression… Souvent même plutôt trouillards… Mais enfin, il faut bien faire avec les dangers qui rôdent de par le vaste monde comme on fait avec ceux qui menacent près de chez nous: RELATIVISER…
Les bombes de Bali ne nous empêcheront pas d’aller visiter ce genre d’endroit, exactement de la même manière que l’existence d’accidents sur les autoroutes françaises ne dissuade personne de les emprunter!!!