Il y a quelques temps, au Pléistocène (50 000 ans avant notre ère) …
A la faveur d'une baisse du niveau des eaux, les premiers habitants du
Pacifique occidental arrivent depuis l'Asie du Sud Est en Indonésie, en
Nouvelle Guinée et jusque dans les Salomon. Ce sont les Papous.
Quelques temps plus tard, vers 2000 avant JC, toujours de l'Ouest, arrivent
les Lapita. Plus aventureux , ils continuent vers l'Est et atteignent le
Vanuatu. 500 ans plus tard ils atteignent la Nouvelle Calédonie.
Excellents marins mais aussi, chasseurs-cueilleurs , commerçants et
agriculteurs, les Lapita vont exercer une grande influence sur une vaste
région du Pacifique, jusqu'en 500 avant JC.
Leur métissage avec les Papous donne naissance à diverses ethnies appelées
par convention: Mélanésiens.
Presque hier, entre 1000 et 1800 après JC.
Des îles Polynésiennes occidentales cette fois (Samoa, Tonga, Wallis) arrive
une vague de migration. Surtout au nord de la Grande Terre et sur les îles
Loyauté, oùl; elle va se métisser avec les tribus mélanésiennes.
On peut donc avancer que les mélanésiens locaux sont un mélange de Papous,
d'Austronésiens et de Polynésiens; et qu'ils ont les mêmes ancêtres que les
Papous de Papouasie et les Aborigènes d'Australie. CQFD
Enfin, s'amorce le chemin du progrès…
Le 5 septembre 1774, au cours de sa seconde expédition dans le Pacifique,
James Cook découvre le caillou. Il le baptise Nouvelle Calédonie car son
relief lui rappelle les montagnes écossaises. (Rappelons que l'Ecosse avait
été baptisée ainsi par les Romains. )
L'île est alors habitée par 60000 Mélanésiens et Polynésiens. Cook offre aux
kanak deux chiens et deux cochons : Ce seront les premiers animaux de ce
genre sur l'île.
En 1788, la France s'intéresse à la région et y envoie des explorateurs: La
Pérouse puis Dumont d' Urville qui cartographiera les îles en 1827.
Ces passages vont ouvrir la voie à la
cohorte habituelle de marchands, de
baleiniers, de santaliers, etc…
Un malheur ne venant jamais seul, les missionnaires suivront de près…
Prosélytes catholiques et Protestants, représentant en fait les intérêts de
deux nations concurrentes (la France et l'Angleterre) vont se battre à coups
de conversions pour leur camp. Pauvres mélanésiens…
En 1853, Napoléon III, sous prétexte de protéger les missionnaires français,
ordonne l'annexion de la Nouvelle Calédonie. Les anglais, assez occupés avec
la Nouvelle Zélande et l'Australie, ne réagissent pas et la colonisation
française peut alors s'installer dans ses meubles.
La découverte du nickel en 1864, accélère l'immigration coloniale avec son
lot de dépossessions de terres tribales, de transformation des champs de
cultures vivrières Kanak en pâturages pour les fermes des colons… La famine
plane sur le peuple Kanak.
Le besoin de main d'œuvre gratuite, traditionnel des colonies, ainsi que le
scandale international que provoquent les conditions carcérales atroces du
bagne de Guyane, conduit l'état français à installer ses bagnards sur ces
nouveaux territoires. Nouméa voit arriver son premier contingent de forçats
en 1864 .
Plus de trente mille bagnards feront le voyage de quatre mois par le cap de
Bonne Espérance, dans des conditions inimaginables… Les prisonniers
politiques seront nombreux parmi eux: 4300 communards après l'insurrection
parisienne de 1871, dont Louise Michel, qui après l'amnistie de 1879 restera
travailler un certain temps à Nouméa et soutiendra la lutte des Kanak contre
le régime colonial.
En 1897 le flux de forçats s'arrête et pour pallier à la pénurie de main
d'œuvre bon marché qui s'ensuit, on se retournera vers le Vanuatu, le
Viet-Nam et le Japon.
Progrès que les Kanak apprécient moyennement…
Les européens ont beau faire, les indigènes se laissent difficilement
convaincre des bienfaits de leur présence et la révolte éclate dès 1878…
Massacres de gendarmes, de familles de colons, d'ouvriers, de Kanaks… En
sept mois, 200 français et 1200 Kanaks seront tués et 800 indigènes exilés.
Les français "rétablissent l'ordre" et instaurent le "code de l'indigénat".
Ce code accorde aux kanak un statut qui les place en dehors du droit commun
français et les relègue dans des réserves dispersées qui occupent 11% de la
surface de la Grande Terre.
Ce code sera aboli en 1946: Devenus citoyens français, les Kanak pourront
alors quitter leur réserve sans autorisation. Leurs chefs, prêtres et
anciens combattants obtiennent le droit de vote! Le reste de la population
attendra 1957.
En 1953 apparaît le premier parti politique comprenant des Kanak: C'est
l'Union Calédonienne où ils militent avec des petits propriétaires blancs et
des syndicalistes. Puis c'est Mai 68 et son lot d'étudiants de retour de
Paris, l'indépendance des Fidji (1970) et de la Papouasie Nouvelle-
Guinée(1975)…
Toutes ces évolutions politiques et culturelles ainsi que l'essor des mines
de nickel génèrent de nouvelles aspirations (contradictoires?) dans les
différentes communautés du caillou:
Les Kanak vont vouloir récupérer leurs terres et les Caldoches se libérer de
la tutelle française!
En 1975 le FULK (Front uni de libération Kanak) réclame l'indépendance
nationale et la restitution des terres kanak. En 1981 débute une période
d'actions violentes, jalonnée de nombreux assassinats…
En 1983, des négociations aboutissent à une reconnaissance du "droit inné et
actif du peuple kanak à l'indépendance" contre l'acceptation par ceux ci de
la présence d'autres communautés sur le territoire, dont celle des caldoches
qualifiés de "victimes de l'histoire".
En 1984, à l'approche des élections territoriales, le Front de Libération
Nationale Kanak et Socialiste (FLNKS) naît de la fusion de plusieurs partis
indépendantistes. Son premier leader est Jean Marie Tjibaou.
Ce parti boycotte les élections, le RPCR de Jacques Lafleur (Rassemblement
Pour la Calédonie dans la République) reste au pouvoir et le FNLKS proclame
un gouvernement indépendantiste.
Dix jours plus tard, près de Hienghène, Jean Marie Tjibaou échappe par
chance à une embuscade, organisée par des colons du coin, au cours de
laquelle sont tués dix kanak (dont deux frères de JM Tjibaou).
En 1985, Eloi Machoro, un chef de file radical et très populaire du FLNKS,
est abattu par le GIGN…
Sa mort déclenche des émeutes dans toute la Calédonie. Etat d'urgence pour
six mois…. Nouvelles réformes foncières et accroissement de l'autonomie
kanak... Le calme semble revenir en mai 1986.
En 1987 le non lieu ‘’surprenant’’ prononcé au procès des meurtriers de
Hienghène, des dissensions entre les militants kanaks et la politique
‘’habile’’ de la métropole, entraînent une "mobilisation musclée" du FLNKS
qui aboutit en avril 1988 au drame d'Ouvéa: Un groupe kanak attaque la
gendarmerie locale, tue 4 gendarmes et emmène les autres comme otages dans
une grotte de l'île. Le GIGN intervient et prend la grotte d'assaut. Bilan:
les 19 Kanak présents sont tous tués ainsi que 2 gendarmes.
Ce drame trouvera son épilogue un an après, quand Jean Marie Tjibaou et son
adjoint Yewene yewene sont tués par un militant radical Kanak, au cours des
cérémonies coutumières célébrées à Ouvéa pour la fin du deuil des victimes
de la grotte.
Enfin les choses se calment..
A partir de 1988 le gouvernement français va entamer, après les accords de
Matignon, un plan de rééquilibrage de l'économie du territoire et
d'augmentation de la part de ressources revenant aux kanak. Plans de
formation, téléphone, électricité, tourisme, exploitation minière au nord…
En mai 1998 l'accord de Nouméa prévoit le transfert progressif des
compétences de l'Etat au profit du gouvernement du territoire. La Nouvelle
Calédonie, de Territoire d'Outre Mer (TOM) devient Pays d'Outre Mer (POM).
Un référendum sur l'indépendance y sera organisé d'ici 15 ou 20 ans.
Dernières nouvelles: en 2004 le RPCR de la bande à
Jacques Lafleur perd le pouvoir au profit d'un parti plus modéré.
A
suivre…
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