LA
GAZETTE DE L'A.R.B Anyvonne Restaurant Bar | La Nouvelle Calédonie - Journal de bord |
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Fin Mai 2004, nous débarquons à Nouméa.Après 18 mois de
séjour en Nouvelle Zélande,
comprendre sans effort les conversations qui se
déroulent autour de nous est presque dépaysant. Dans les magasins, on se
surprend encore parfois à préparer des phrases en anglais, avant d'aborder le
commerçant!
Eh oui, communiquer chez les kiwis nous a pas mal pris la tête et il nous en
reste encore quelques réflexes…
On s'acclimate tout de même très vite à cette ambiance franco-tropicale dont la
marina de Nouméa, située en plein cœur de la ville, nous facilite grandement la
découverte.
C'est ainsi que les anglo saxons qualifient la région de Nouméa…
Ca ne ressemble pourtant pas exactement à Cannes, mais c'est vrai que pour ce qui touche à la nourriture, on y retrouve quand même la "French Touch". Et c'est sûrement ça la Riviera…
Le camembert y arrive de métropole par avion… et son parfum n'est effectivement pas australien…
On y trouve du pain de boulangerie artisanale; même que celle ci s'appelle la vieille France et fait des pains très compliqués, pas mauvais et trrrès chers…
Jusqu’à la manière française de couper la viande dans les boucheries, qui nous permet de choisir enfin sans se tromper, un morceau de bœuf connu: on peut même envisager la Bavette à l'échalote… Quel progrès!
Au marché, abrité dans une série de bâtiments hexagonaux assez pimpants situés
près de la marina, la diversité et l'abondance des produits nous paraissent bien
français aussi.
Le découvrir mérite le détour et c'est d'autant plus vrai pour
nous que le détour n'est pas long. Superbes éventaires de poissons comme on n'en
n'avait plus vu depuis Tahiti. Fruits et légumes en abondance oùl; on retrouve
tous les produits tropicaux qu’on avait oubliés (dont les incomparables
pamplemousses) en même temps que ceux des marchés métropolitains.
Comme c'est ouvert 7/7 jours, de 5h à 11h, on se met à vivre au jour le jour en
faisant nos petites courses tous les matins… C’est assez inhabituel pour nous
qui prévoyons généralement nos produits frais pour deux bonnes semaines de
navigation. Après une telle vie insouciante, la reprise en main de
l'avitaillement sera rude. Heureusement, on a toujours la précieuse "liste de
frais pour 15 jours " copiée sur celle d'Altaïr il y a trois ans. Le retour à la
vie "marine" en sera facilitée.
Ce qui nous a frappés, avant même d'arriver, c'est la
façon dont les habitués de Nouméa localisent les lieux et parlent des
itinéraires en ville. Par exemple, cette conversation à Auckland avec Françoise
qui en arrivait et essayait de nous informer des facilités Nouméennes.
- Oùl; est-ce qu'il y a une boulangerie, près du port?
- Tu vas au Mac-Do, tu le traverses et c'est dans la rue derrière, juste un peu
à droite…
- Et une librairie?
- Là, tu laisses le Mac-Do à ta droite et c'est à gauche, deux rues plus loin.
(A ce moment là, on ne voit pas du tout oùl; est ce fichu Mac-Do, mais on sait
déjà qu’il faudra qu'on le repère vite, car il semble être la base de
l'orientation dans le coin)
Arrivés sur place, l'importance du Mac-Do se confirmera à chaque demande de
renseignements. Il y a encore quelques autres repères comme ça: la place des
cocotiers, le casino, le musée, le quartier latin… autour desquels s'articule
toute indication de localisation.
Si le plan de la ville semble simple avec des rues à angles droits sans
fantaisie, il cache tout de même une certaine diablerie en ce qu'il est
constitué de deux grandes zones disposées en équerre le long du bassin du port
et reliées par quelques rues en diagonale.
Cela fiche par terre tout sens de l'orientation… Ajoutez à cela qu'apparemment
personne ne connaît les noms des rues… Il vaut mieux oublier vos vieilles
habitudes , fonctionner comme les locaux et aller vite repérer ces nœuds vitaux
du plan.
On vous épargnera la description du Mac-Do mais par
contre la place des cocotiers vaut le détour. On y trouve effectivement de beaux
cocotiers mais aussi des palmiers de toutes sortes, des frangipaniers, des
flamboyants,… à l'ombre desquels il fait bon se reposer ou flâner par des allées
joliment dessinées. Kiosque à musique et fontaine lui donnent un parfum de ville
d'eau façon années 50.
Il doit y avoir à Nouméa un architecte urbain de talent, chargé des espaces
publics. Toutes les places, les rond points, les passages portent sa marque,
mariant structures de circulation pavées et plantations tropicales. Très joli.
Le Musée du centre ville est intéressant aussi, avec une belle collection de
sculptures Kanak, de masques du Vanuatu, de bambous gravés… Il a le mérite
d'être tout près du port… Juste à côté du Mac-Do… (Ca y est on a chopé le virus)
Il existe aussi à Nouméa une vie culturelle dont les Calédoniens sont assez
fiers: Festivals de cinéma, Théâtre, concerts… Beaucoup plus vivante paraît il
qu’à Papeete… Nous aurons nous même l'occasion d'apprécier la semaine de musique
gratuite "Live en Août"
Centre Culturel dédié à la culture Kanak, il est bâti sur un promontoire à l'Est de la ville et a l'inconvénient d'être un peu loin du centre. M'enfin il y a des bus…
Il doit son architecture audacieuse à Renzo Piano (celui du centre Pompidou) qui
a introduit dans son projet, de style très contemporain, des symboles forts de
la culture et de l’environnement Kanak .
Les structures en iroko, capables de résister aux cyclones, sont à la fois
aériennes et puissantes et font effectivement penser aux cases traditionnelles
kanak.
Le centre abrite des éléments du patrimoine culturel kanak sous différentes
formes, depuis les symboles et objets les plus traditionnels jusqu'aux peintures
et sculptures très modernes réalisées par les artistes Kanak contemporains.
Le jardin environnant abrite un chemin bordé de toutes les plantes importantes
de la vie et la culture Kanak: Igname, Houp, Araucaria, Kauri etc…
Cette visite très intéressante a un seul défaut, bien français, son prix de 4
euros, qui décourage sûrement bien des volontés d'enrichissement culturel.
Nous sommes venus en Nouvelle
Calédonie pour retrouver les amis, mais aussi un peu pour renouer avec les
températures tropicales…
Pour les amis, Nouméa c'est super, mais pour les tropiques on est un peu
déçus...
En fait, il vente fort, il fait assez frais et les jours de grand beau temps
sont rares. Bref c'est l'hiver.
On ne se précipite jamais dans l'eau: Généralement ce serait plutôt un aller
très progressif et un retour super rapide… Allons! c'est mieux que chez les
kiwis, mais pour le paradis il faudra attendre d'être encore plus au Nord.
En fait il y a quand même ici un bien beau lagon.. Et grand… Et long surtout...
Près de 300 milles d'un bout à l'autre. Mais comme il est orienté SE /NO, le
vent dominant de SE, qui souffle souvent à plus de 20 nœuds, le parcourt sur
toute sa longueur et y lève une mer considérable…
Ça signifie aussi qu’en partant de Nouméa, quelque destination qu'on choisisse,
l'aller ou le retour devra se faire contre le vent et la mer… Souvent au
louvoyage…
On rêve alors que le vent se calmerait et qu'on ferait le trajet au moteur… Sacrilège!
Par contre, le lagon n'est pas très large et on n'y est jamais bien loin de la
côte pour trouver un abri oùl; se protéger du vent du jour. Le régime d'alizés
situe le plus souvent le vent du jour dans le SE, mais l'hiver, des fronts
passent régulièrement, amenant avec eux de forts coups de vent d'Ouest qui
soufflent à 30 - 40 nœuds. Il est donc bon de se tenir informé des prévisions
météo et de prévoir son mouillage en conséquence.
Bref, le paradis nautique du navigateur insouciant n'est pas encore ici... Peut
être en est ce le purgatoire?
Cet aspect purgatoire de la Nouvelle Calédonie a d'ailleurs été mis en valeur
très tôt par notre histoire coloniale: A la fin du 19ème siècle, pour améliorer
notre image nationale qui souffrait vraiment trop de la réputation d'enfer du
bagne guyanais, nous avons décidé d'améliorer significativement le sort de nos
bagnards en les installant ici pour soigner leurs engelures…
Mais bon, c'était un autre temps…
Située à 25 milles au nord de Nouméa, c'est une immense baie (10 milles sur 10)
formée de plusieurs anses et parsemée de nombreux îlots. Ça veut dire qu'on y
trouve plein de mouillages à portée d'ancre, de quelque côté que vienne le vent.
C'est là que nous porterons nos premiers bords calédoniens.
Le jour de notre arrivée dans la baie St Vincent, l'alizé souffle fort et nous
nous y enfonçons profondément pour aller nous abriter dans la baie des
moustiques, sur la côte nord de l'îlot Ducos.
Pourquoi avoir baptisé cette baie ainsi??? Nous n'y avons pas rencontré plus de
moustiques qu'ailleurs, mais le super abri promis par la carte est bien réel.
Seul un fort vent de nord pourrait nous en déloger et il n'y en a quasiment
jamais dans la région.
C'est donc bien abrités et l'esprit en paix que nous passons là quelques jours
bucoliques, entourés de pâturages que parcourent des troupeaux de chèvres et
quelques hardes de chevaux. Depuis le temps que l'îlot n'est plus vraiment
habité ni exploité, ces animaux sont entièrement laissés à eux même et sont
redevenus complètement sauvages.
Nous y ferons une petite marche, histoire de voir à quoi ressemble le bas vu
d'en haut. (rappelez vous le syndrome de Francis). Les chèvres fuient à notre
approche. Une harde de chevaux nous laissera bien un peu approcher, sous l'œil
attentif et méfiant de son chef… Sa fière allure inquiète d'ailleurs un peu le
chef de notre petit groupe à nous, mais ils finissent par décamper eux aussi… Ah
mais, c’est qui le mâle ici?
Patrick nous avait dit "Ouahhhh, pour la pêche ici c'est simple: tu mets une
ligne à l'eau et hop! tu remontes un poisson…" Forts de cette assurance nous
sommes partis confiants vers notre robinsonnade, sans emporter de réserve
importante de protéines.
Oui mais voilà: avec deux lignes à l'eau, lors de tous nos déplacements, les
seuls évènements ont été jusque là qu' elles s'emmêlent l'une à l'autre… De
poisson: Jamais… Même pas une touche…
Enfin, on ne se décourage pas et on sort régulièrement pour capturer de quoi
manger…
Au cours d'une telle sortie, pour oublier l'absence de touches sur les lignes et
entretenir la forme de l'équipage - dont l'ennui est la première source de
mutinerie, sur tous les bateaux du monde - le capitaine a une idée: Il profite
de la présence dans cette baie de beaucoup d'îles et de rochers qui permettent
de relever des alignements dans tous les azimuts, pour effectuer l'étalonnage du
compas de route de Getaway.
Et nous voilà à faire des ronds, des ronds et encore des ronds… au moteur, pour
noter avec précision, à toutes les allures, les indications du compas face à un
alignement donné.
Ca nous a bien pris deux heures, mais maintenant, le skipper a un peu plus
confiance en son compas quand il doit embouquer une passe étroite en visant un
amer sur un cap donné.
A part ça, ce jour là encore, pas l'ombre d'une queue de poisson….…
Un autre jour, nouvelle tentative: Cette fois nous sortons aérer nos deux lignes
le long des platiers du lagon. Nous allons même jusqu'à les promener dans une
passe toute proche, dans le récif extérieur… Il paraît que c'est là que les
poissons se nourrissent… Mais rien, là non plus…
Comme le bulletin météo de midi annonce l'arrivée d'un front et prévoit un coup
de vent d'Ouest pour le soir nous retournons, vers la baie St Vincent, mouiller
à l'abri de la côte Est de l'îlot Hugon.
Avant d'arriver au mouillage choisi, une des lignes donne enfin des signes de
vie. Remontée fébrile… Avec au bout un joli poisson, genre bar, qui se révèlera
excellent!… C'est la fête sur Getaway… On ne mangera pas le mousse ce soir!
Nous remontons ensuite la seconde ligne, histoire de ranger tout le matériel. Et
là, surprise: Les cinq hameçons qui équipent cette ligne sont cassés… Pas
arrachés… CASSES; TOUS LES CINQ!!! On se perd en conjectures…
Sans doute a t on fait une prise multiple dans la passe, en passant sur un banc.
Un gros gros poisson les a vus avant nous et est venu grappiller nos hameçons
…Ceci tend à prouver qu'on n'est pas des plus vigilants… Il y a encore des
progrès à faire!
c
Vers seize heures nous mouillons donc pour la nuit, bien à l'abri de l'Ouest.
Peu après arrivent, sur Chaski, Dominique et Nicolas qui viennent ici aussi pour
étaler le coup de vent prévu. Pas de problème, la baie est très grande et ils
posent leur ancre deux cents mètres à notre Nord.
Après dîner: Pas un poil de vent, on s'endort très vite.
Le vent se lève vers 22
heures, fort et de S/SO pour commencer. Du coup le clapot entre dans la baie et
le bateau s'agite pas mal…
Tout à coup il part même carrément à la gîte!! Comme au près serré…
Là, comme qui dirait: Le mouillage vient de déraper en grand. On doit être
travers au vent et plus rien ne nous retient de dériver…
C'est peu dire que l'équipage se retrouve rapidement sur le pont… Mais pour voir
quoi??
RIEN DU TOUT… IL FAIT TOUT NOIR… NOIR DE CHEZ NOIR! Et il pleut à verse…
Tout juste si on distingue le feu de mouillage de Chaski dont on semble se
rapprocher à toute allure…
Que dit le radar? Rien là non plus, la pluie brouille toute l'image.
Alors vite: Moteur!!! Barre à gauche!!! Barre à droite!!! Les ordres se
succèdent, se croisent, se contredisent… Anyvonne à la barre et au moteur essaie
d'éviter Chaski tandis que Gérard au guindeau essaye de rallonger le mouillage.
Chacun fait à son idée, isolé par le raffut conjugué du vent et de la pluie.
Mais voilà, ce n'est pas si simple… Avant de pouvoir rallonger le mouillage, il
faut d'abord remonter 3 à 4 mètres de chaîne pour en décrocher l'estrope qui
soulage le guindeau… Mais avec le bateau travers au vent et l'ancre qui drague
les fonds, la chaîne tire perpendiculairement au davier et refuse tout net de
remonter…
Et là, P… c' est la M…!!!
Après une éternité de dérive et de manœuvres incontrôlées, on réussit à
rallonger le mouillage qui finit par crocher et le bateau se stabilise bout au
vent…
Ouf, sur presque cinq cents mètres de dérive, on a croisé Chaski à peine
visible ainsi qu'un minuscule îlot rocheux qu'on savait situé au milieu de la
baie mais qu'on ne voyait pas… On n'est d'ailleurs pas vraiment sûrs de
l'endroit oùl; on est maintenant, dans cette baie.…
La suite se passera dans le clapot, le skipper cramponné à la couchette de
quart, l'œil sur le GPS à l'affût de toute nouvelle tentative de dérapage.
Enfin pas toute la nuit. Vers 3 heures du matin, le vent s'est bien installé à
l'O/NO. Ça souffle comme le diable, mais le clapot s'est calmé et le skipper
retrouve assez de sérénité pour s'endormir un peu.
Nous avions invité Julie, Sonia, Marc et Marcel, à venir nous rejoindre à la
pointe de la presqu'île Bouraké, (une piste y débouche sur une cale et facilite
l'embarquement) pour une petite ballade de week-end.
Un samedi matin radieux, (ils ont eu bien de la chance…) ils arrivent avec
glacière, pâtés et pâtisseries faits maison par les damoiselles, et tout et
tout… et embarquent pour la "traversée" vers l'îlot Ténia. Le temps superbe, le
vent faible et stable permettent d'envisager sereinement d'y passer la nuit.
Et c'est là qu'on peut parler de mouillage de rêve…
Situé sur la barrière extérieure du lagon, l'îlot Ténia est une petite émergence
de sable blanc couverte de végétation buissonnante et entourée de pâtés de
corail. Nous mouillons sous son vent, dans 3 mètres d'eau "Crystal Clear". Vous
savez, ces photos oùl; on voit un bateau posé sur rien, au dessus de sable bleuté,
à coté de la plage toute blanche…
Ici, c'est exactement ça.
Pour faire complètement cliché, il ne manque que les cocotiers qui se pencheraient sur Getaway comme des fées sur un berceau princier…**
** Le soleil a dû frapper un peu trop fort sur la tête du capitaine. (Note du correcteur)
Le platier environnant est une réserve marine oùl; toute pêche est interdite. Les
poissons y abondent donc naturellement et le snorkeling au dessus des tombants
est superbe de vie et de couleurs.
D'ailleurs ici comme là bas il y a évidemment des serpents… Le tour de l'îlot, que nous ferons à pied, sera l'occasion de rencontrer nos premiers tricots rayés, alors qu'ils remontent sur la plage pour la nuit.
En fin d'après midi tout le monde est de corvée de bois mort et à la nuit c'est
l'inévitable feu sur la plage. On y barbecute nos provisions et on les déguste
sur une table de bois très "roots", installée tout près .
Ensuite, feu à grand spectacle sous le ciel étoilé: Marcel (grand artiste et
expert de la chose) nous a "sculpté" un feu gigantesque. Etabli quasiment au
dessus de l'eau claire, il semblait y flotter magiquement…. Quand nous sommes
rentrés dormir sur le bateau, nos yeux pétillaient d'étoiles qui n'étaient pas
toutes dans le ciel…
D'ailleurs je crois bien que ce soir là c'était presque la nuit de la St Jean.
On a donc perpétué la tradition…
Un soir oùl; on manque un peu d'électricité, le skipper constate que l'alternateur
ne charge plus les batteries?
Comme c'est lui qui fournit aussi l'électricité
nécessaire au guindeau, l'incident n'est pas pris à la légère… Mais on verra
demain.
Le lendemain donc, contrôleur universel dans une main, bible technique dans
l'autre, Gérard célèbre l'office des alternateurs agonisants… Quelques
incantations blasphématoires et le diagnostic tombe, définitif: Le circuit
d'excitation ne fonctionne plus. L'alternateur est donc en panne et devra être
confié à un professionnel.
On a bien encore quelques démarrages de moteur en réserve dans les batteries et
on peut toujours remonter le mouillage à la main, mais on va quand même rentrer
dare dare à Nouméa.
Deux jours plus tard, à la marina de Port Moselle, l'alternateur est
démonté et confié à un professionnel de la profession qui le remettra à neuf en
un temps record. (Et pour le prix correspondant, d'ailleurs.)
En moins de 24 heures tout est rentré dans l'ordre.
Nous passerons tout de même quelques semaines à Nouméa, histoire de profiter des
copains et d'apporter quelques améliorations à notre monture et à notre santé
défaillante.
Pendant cette période les seules sorties de Getaway seront pour l'îlot Maître
qui trône dans le lagon, à quatre milles du port, et constitue la sortie du
dimanche de nombreux plaisanciers locaux.
Ce n'est pas notre destination préférée...
L'îlot lui même offre un abri convenable du vent dominant et s'il est un peu
rouleur, c'est tout à fait supportable pour un court séjour.
La foule du dimanche n'apporte pas grand chose aux joies du mouillage, mais ce
n'est pas tous les jours dimanche...
Non! Ce qui détruit le charme de l'îlot, c'est qu'il a été accaparé par un hôtel
de LUXE pour nouveaux mariés japonais…, Le luxe se situe évidemment dans
l'intention et sans doute dans les tarifs, mais apparemment pas du tout dans la
réalisation…
Un alignement de bungalows sur pilotis, comme à Bora Bora… Mais les
constructions polynésiennes réalisées en matériaux traditionnels (bois rouge,
pandanus…) ont été copiées ici avec des matériaux modernes… Elles en sont
devenues de tristes quadrilatères qui paraissent bricolés de béton, de plastique
et de tôle. Tout cela respire la mise en scène de mauvais goût pour touristes
pressés.
De plus, pour permettre cette construction, on a lourdement terrassé le lagon
près de l'îlot et le corail alentour y a perdu la santé…
Cerise sur le gâteau, sans doute pour se constituer un alibi populaire, les
autorités promotrices se sont fendues de la construction d' horribles barbecues
en béton massif, équipant ainsi une aire de pique nique, à côté de l'hôtel.
Bref, cette halte dominicale à portée de dériveur de Nouméa est devenue une
espèce de jardin public qu'on peut éviter si on a le temps d' aller naviguer un
peu plus loin…
Deux visites incontournables jalonnent les découvertes du lagon sud: L'une, la
baie de Prony, est un arrêt bienvenu sur la route de l'autre, l'île des pins .
Depuis sa découverte, colonies pénitentiaires, exploitations de bois de
chauffage et mines de nickel se sont partagé le site.
De ces trois activités, c'est clairement la dernière qui a laissé le plus de
traces visibles…
Tout le sud de la grande terre est profondément balafré par les séquelles des "recherches minières" à ciel ouvert, mais c'est particulièrement dense autour de la baie de Prony oùl; d'immenses surfaces de terrain ne sont plus que crevasses de latérite nue. Par contraste avec le vert foncé de la végétation arbustive qui subsiste autour, ces grandes cicatrices rouges vif donnent au paysage un aspect très coloré, comme peint, surréel. Et c'est vrai que c'est beau …
Pourtant nous ne serons jamais vraiment à l'aise devant ce spectacle grandiose
car le saccage de l'environnement qu'il représente nous est toujours apparu en
filigrane derrière la beauté du panorama
Beau? Sûrement…
Beau comme le sang du "toro" qui coule dans l' arène le dimanche…
Mais enfin on peut ne pas aimer la corrida…
D'un point de vue nautique, la baie de Prony est immense et offre quantité de
mouillages sûrs qui permettent de voir venir tout mauvais temps avec sérénité.
Tout au fond de la grande baie, une petite anse toute tortueuse, l'anse du
carénage, constitue même un abri qualifié de "trou à cyclone"… Au fond de cette
anse se trouvent deux rivières que l'on peut remonter en annexe, puis à pied,
pour accéder à des sources d'eau chaude
Et partout, ce paysage aride et austère dont la terre rouge, riche en minerai de
fer et de chrome, colore l'eau et même les huîtres de roche cachées sous la
surface.
De ces huîtres dont nous ferons des banquets, quand Patrick nous aura
appris à les repérer, plates et "fondues", sur les roches des bords de l'anse du
carénage.
Au milieu de la baie, discrètement aménagé, l'îlot Casy est accueillant au
touriste.
Des corps morts y ont été installés, en face d'un petit hôtel dont les quelques bungalows sont enfouis au sein de la végétation.
Des sentiers
permettent de faire confortablement le tour de l'île et de découvrir, identifiés
par des panneaux explicatifs, quelques plantes intéressantes comme de superbes
orchidées et des plantes carnivores qu'on appelle "gourdes de mineur".
Les clients étant trop rares, l'hôtel déjà revendu deux fois est actuellement
fermé. Aujourd'hui, seul un gardien –jardinier Kanak partage l'île avec les
plaisanciers de passage.
Je crois bien que c'est le Capitaine Cook qui l'a baptisée ainsi. Pas vraiment
un gros effort d'imagination d'ailleurs: Elle est couverte de
pins colonnaires
qui lui donnent de loin un aspect un peu hirsute…
Marquant l'extrémité Sud Est du lagon Calédonien, l'île des Pins est largement
débordée par un plateau corallien d'où émergent quelques îlots sableux,
quelquefois entourés de leur petit lagon personnel.
C'est sur un tel îlot que
nous atterrissons en arrivant de la baie de Prony.
Notre guide nautique indique qu'il y a deux passes voisines, qu'on peut
emprunter indifféremment, pour entrer dans le petit lagon qui entoure l'îlot
Moro. La mer est calme, il n'y a pas de clapot et nous emprunterons prudemment,
mais sans trop de précautions, la première qui se présente.
Mais qu’est ce qu'elle est étroite cette passe! De chaque côté du bateau à peine
un mètre nous sépare d'un platier rébarbatif… Et puis peu profonde aussi. Au
passage on entend la dérive qui racle le sable…
Enfin, à très petite vitesse, ça finit tout de même par passer et on se retrouve
devant la plage, dans 2 à 3 mètres d'eau très claire sur un fond de sable blanc.
Ouffff…
A peine mouillés, le capitaine encore un peu stressé par son arrivée se pose
immédiatement la question: "Par oùl; va-t-on ressortir de là ?" Et il part illico
explorer les environs en annexe. Il découvre vite, juste derrière le bateau,
deux passes assez larges et profondes, situées un peu au nord de celle que nous
avons prise - et qui ne devait donc sans doute pas en être une… - Ceci explique
sûrement cela…
Bref, rassurés sur les possibilités de sortie, nous nous laissons aller aux
joies du clapotage tropical… Ce petit lagon piscine est idéal pour ça, malgré
les tricots rayés avec lesquels il faut le partager...
On n'en a pas encore trouvé sur la plage arrière de Getaway ni dans l'annexe
mais il paraît que ça arrive Bbrrrrr! Frissons garantis!
On y redécouvre les "rochers champignons" rongés du bas par les eaux
cristallines, comme aux Bahamas.
Calme et volupté… La carte de visite du paradis!!!
Très jolie baie, située au SO de l'île des pins et bien abritée de tout sauf de
l'Ouest.
Comme en témoigne une grande jetée sur pilotis qui occupe tout le sud de la baie, c'est le point d'arrivée de la navette qui relie l'île des pins à Nouméa, deux ou trois fois par semaine.
Elle est bordée d'une belle plage avec hôtel au luxe discret et se termine au
sud par une presqu'île oùl; émergent de la végétation les vestiges de murailles
qui clôturaient jadis une partie du bagne.
Eh oui, entre usines de nickel et bagnes, les "monuments" significatifs de
Nouvelle Calédonie ne sont pas sympathiques… Mais bon… Aujourd'hui cette
enceinte héberge une gendarmerie. C'est quand même un progrès!…
De l'autre côté de l'isthme qui mène à la presqu'île, se trouve la baie de
Kanumera qui abrite une seconde plage encore plus belle que la première. Le
caractère "paradisiaque" du site n'a d'ailleurs pas échappé à un investisseur
hôtelier, qui s'y est installé récemment. Assez discrètement tout de même…
Quelques couples de japonais en voyage de noce viennent y snorkeler sur le
corail et se dorer au soleil (Il semble qu'au Japon ce soit toujours le must de
venir se marier par ici. Ca leur coûterait en fait moins cher que de le faire
chez eux…).
Plus vers l'Ouest, la promenade continue par une allée complètement recouverte
d'immenses banians aux milles racines. Cet intermède rafraîchissant mais court,
aboutit à la route principale et bitumée qui mène, sous le soleil de plomb, au
bourg de Vao, six kilomètres plus loin.
On nous avait promis du stop facile… Mais c'est pas tout cuit… (Pas comme nous,
sous la cagna…)
Enfin, le miracle s'accomplit: Un jeune métro s'arrête et nous embarque pour la
"capitale": Une unique rue bordée des habituels bâtiments administratifs, de
l'église, du marché, de deux épiceries et d'un snack roots qui nous permettra de
nous désaltérer et de nous sustenter.
Perché sur la colline qui surplombe l'église d'une trentaine de mètres, un petit
oratoire blanc a des allures de pavillon de jardin qui donne envie de le
visiter. On se fend de la petite grimpette qui y mène et on n'est pas déçus. Ne
serait ce que pour le point
de vue sur le lagon ouest, ça vaut le déplacement.
Mais surtout, l'oratoire abrite une étonnante statue de la vierge: Les coudes
sur les genoux, elle se cache le visage dans les mains. Il paraît qu'elle pleure
sur les malheurs du monde… Voilà qui est judicieux… Mais la pauvre, elle n'est
pas près d'arrêter…
Ce qui est plus curieux encore, c'est le pendentif qu'elle porte sur la
poitrine, un peu caché par ses bras. On y distingue un christ en croix, entouré
d'une paire de tenailles et d'un marteau… Si si! On n'invente rien… Même qu'on
ne sait pas bien comment interpréter le symbole. Si ça avait été une faucille,
on aurait pu imaginer quelque chose, mais avec la paire de tenailles on ne sait
pas… Si des lecteurs ont des idées…
C'est à Vao qu'on retrouve Julie qui y fait un remplacement de kiné, accompagnée
de sa maman en vacances. Elles commencent à connaître les ressources du coin et
nous font découvrir, au marché, le "pain marmite" qui fleure bon le coco et
surtout les escargots locaux (balaises, pas des mauviettes comme chez nous!)
préparés comme en Bourgogne avec force beurre, ail et persil. Ils sont vendus
congelés et on s'en offre chacun une douzaine qu'on ira manger ensemble, le
lendemain à l'îlot Brosse, histoire de faire un peu de bateau… Ça sera lourd
lourd la digestion… Mais le bain fera passer tout le beurre….
On a trouvé aussi à l'épicerie des crevettes locales surgelées… Comme on avait
déjà le lait de coco et les tomates, à nous la Moqueca de Camarao!!! Il ne
s'agirait pas de se laisser abattre.
L'alizé soufflant toujours assez fort, nous ne ferons pas le tour de l'île des
Pins et nous ne verrons ni la baie d'Oro, ni celle de Gadji. C'est dommage, car
il paraît que ce sont les plus jolis endroits.
Tant pis, nous y reviendrons lors du prochain tour du monde…
Car aujourd'hui nous devons repartir vers la baie de Prony pour y rejoindre
Maohi qui a pris une semaine de vacances. Nous allons retrouver avec eux nos
habitudes agréables de baignades, pêches, huîtres, promenades, sans oublier les
bouffes ni les apéros… Kiki nous initiera au "bénitier" cru citronné et au
bougna local…
La belle vie partagée avec les copains, quoi!!
Mais tout a une fin. Leur semaine de vacances se termine et nous, nous
retournons à la ville pour accueillir David à l'aéroport.
Heureusement la vie culturelle trépidante de Nouméa va nous aider à oublier la
sérénité des lagons.
A notre arrivée en ville, on découvre que débute la semaine "Live en Août": Tous les soirs des concerts "gratuits" dans les bistros de Nouméa: Latinos, Irlandais, Jazz, Blues… On va pouvoir se gorger de "culturel".
Et même, peut être pas que de culturel…
Nous profitons de la visite de David pour quitter le bateau et avoir, pour changer, un peu d'activité terrestre.
Nous avons donc loué pour deux semaines une Twingo avec laquelle nous projetons de visiter le Nord du caillou.
Surtout la cote Est,
dont on nous a dit qu'elle est si tant belle et que c'est une région
profondément
Kanak.
Quelques jours avant l'arrivée de David nous avons quelques sueurs froides.
Une grève vient
d'éclater à l'aéroport et dans les milieux autorisés, on s'autorise à prévoir
qu'elle pourrait peut être durer huit jours…. La grève ayant commencé par les
manutentionnaires qui assurent le déchargement des avions, seuls atterrissent
encore les australiens de Quantas, qui amènent avec eux leur personnel de
déchargement…
Très vite la grève s'étend à la distribution de carburant et les stations
services ne fonctionnent plus.
Oùl; va atterrir David? Et sans essence, que va t on faire de notre Twingo???
Miracle, la grève cesse la veille de son arrivée. Il était temps car la foule en
délire commençait à stocker farine et sucre… On n'entendait parler que de filons
pour avoir de l'essence etc, etc… Comme au bon vieux temps de Mai 68.
Mais nous sommes en 2004 et tout est rentré dans l'ordre…
David est donc arrivé sans encombre, notre petite Twingo toute neuve a eu à
boire et nous avons pu nous lancer dans notre aventure terrestre…
En hors d'œuvre à cette équipée de 10 jours, Kiki nous emmène un dimanche faire
une petite marche aux Monts Koghi. Situés en bordure de la plaine de Nouméa
qu'ils surplombent, ils offrent un très beau point de vue sur la ville et le
lagon.
On démarre de l'auberge du même nom par un sentier qui serpente abruptement à
travers la forêt tropicale humide pour "tomber" sur un canyon profond d'une
cinquantaine de mètres qui se traverse sur un pont suspendu, comme dans les
films d'Indiana Jones.
Le problème aujourd'hui c'est que le pont est démoli et qu'il nous faut désescalader puis escalader les parois du canyon, à la grande joie de David qui s'est cru dans le film.
Nous traversons
ensuite une forêt de Houps séculaires, puis encore de la forêt très humide. Plus
qu'humide, disons bien mouillée: le sentier devient abrupt et glissant.
Kiki nous affirme que quand Patrick et Steve viennent par ici, ils font le
sentier en courant. David n'y croit pas. Trop abrupt et glissant... Impossible
de courir là dessus... C'est encore du baratin… Gérard est un peu tenté de le
croire car il ne voit pas bien non plus comment on peut courir sur ce relief.
L'avenir nous montrera que nous avons tort, mais n'anticipons pas.
Les deux seniors qui commencent à prendre conscience de la difficulté du retour
s'arrêteront là, tandis qu'après une pause sandwich la jeunesse continuera
jusqu'au pic Malaoui, David crapahutant toujours devant… Enchanté et étonné de
découvrir un lieu aussi peu "civilisé".
Dans l'après midi de notre première étape on abandonne la plaine côtière pour
les collines et on atteint Farino… Un dépliant y situe un gîte réputé sympa et
le restau de Mamie Fogliani, qui passe pour être une des meilleures tables
traditionnelles de Nouvelle Calédonie…
Nous ne savons pas encore très bien comment gérer nos étapes et nos réservations
pour le gîte et le couvert… Pour ce soir, comptant sur le fait que nous ne
sommes ni le Week End ni en période de vacances scolaires, nous n'avons rien
réservé du tout.
Le gîte annoncé est convenable. Il dispose de plein de places dans des bungalows
un peu bricolés, dispersés dans la végétation luxuriante. Ce n'est pas un modèle
de modernisme ni de confort, mais l'environnement est fleuri, montagneux à
souhait et bourré d'oiseaux gazouillants qui nous changent de Nouméa et du bord
de mer. On y sera très bien.
Par contre l'organisation du dîner verra notre première déconvenue: Mamie
Fogliani n'ouvre sa table que le midi... Pour ce soir il faudra donc se rabattre
sur un des restos de La Foa qui est l'agglomération la plus proche.
On nous suggère bien que Marco qui tient un ranch et quelquefois une table
d'hôte, pas bien loin … Il faudrait peut être aller voir si, des fois, il
acceptait de nous faire dîner…
Alors on y va!
L'accès au ranch passe par le gué d'une rivière qui fait frissonner notre
Twingo. De jour ça va, mais si on revient dîner ce soir, le retour en pleine
nuit sera épique.
En arrivant au ranch, le chien nous annonce bruyamment et un des enfants qui
traîne par là va prévenir ses parents.
Ce sera l'occasion de notre premier contact avec un vrrrai de vrrrai caldoche,
descendant de bagnard pure souche. Rude le contact, histoire de nous montrer
qu'on l'a réveillé au milieu de sa sieste!
Mais enfin il semble que ce soit
possible de dîner… Si on se contente de ce qu'ils préparent pour la famille! Ce
soir il paraît que c'est du cerf et du poisson.
On s'engage donc à revenir dîner et on laisse Marco à sa sieste interrompue…
Après ce rude contact de l'après midi on s'attendait au pire… Eh bien on s'est
trompés!
A notre retour, vers dix neuf heures, nous sommes conviés à la grande table
familiale sous la véranda. On y dînera avec papa, maman, une grande fille, un
grand fils ,un plus jeune et la petite dernière…L' aîné absent travaille à
Londres!
Apéro, poisson à la poêle, crabes, viande de cerf, frites, riz ,glaces, vin
rouge, jus de fruit…C'est abondant, rustique et bon. La note sera bien un peu
salée mais on est contents de notre repas.
Nos hôtes nous sont apparus des parents soucieux de l'avenir de leurs enfants,
des travailleurs amoureux de leur terre et des gens qui se lèvent avec le
soleil. Le père s'occupe du ranch (élevage, promenades à cheval, agriculture) et
la mère a un emploi de fonctionnaire à Nouméa oùl; elle se rend tous les jours!!!
(240 kilomètres aller retour).
A table, la conversation roule sur les conditions de vie en brousse et c'est
tout à fait intéressant.
Il se confirme que pour le caldoche moyen, l'attachement à la France est très
relatif. L'Australie occupe dans son Panthéon une place bien plus importante:
C'est là que vont étudier les enfants, qu'on se soigne quand ça va très mal,
qu'on va passer des vacances bien méritées…
Bref, on a appris des choses qui ne vont pas de soi, on ne s'est pas noyés au
retour en traversant le gué en pleine nuit et on est bien contents d'avoir
rencontré ces gens là chez eux.
Le lendemain matin, on effectue la traversée du caillou pour atteindre la côte
Est, à Houaïlou.
Cette fois nous la jouons malin et nous téléphonons à un gîte, avant de partir,
pour retenir la nuit prochaine.
C'est tout bon, mais nous avons de la chance car demain ça aurait été complet!
Dans l'après midi, histoire de faire preuve d'imagination et d'un brin d'esprit
aventureux, nous quittons la grand route pour tourner à gauche sur une piste qui
parcourt la vallée de la Tchamba. Vantée par notre guide, elle nous attire
d'autant plus que sur la carte cette piste semble faire une boucle et rejoindre
la "nationale" près de notre point de chute prévu pour la nuit.
Belle vallée, la Tchamba, avec ses collines qui rebondissent à l'infini, des
chevaux sauvages qui ne se laisseront amadouer ni par les paroles ni par les
gestes d'amitié de David, des vaches placides qui regardent passer les voitures,
puisqu'il n'y a pas de train…
Et la route?… Ah! la route!!…Eh bien … Elle est un peu cassée évidemment... Et
le plus souvent constituée de latérite pulvérulente… rouge… On finit par être
rouges, des chaussures jusqu'en haut des vitres, en passant par les tapis de
sol… Pauvre Twingo…
Après pas mal de kilomètres, la piste que nous suivons semble se terminer sur la
berge d'une rivière très large (un gué?).
Peut être qu'il fallait prendre la piste qui part à gauche, le long de la
rivière, un peu plus haut? On se renseigne; on ne comprend pas; on est un peu
perdus…
Alors on continue sur la piste en question, qui devient vite un chemin dont
l'état ne s'améliore pas… Bientôt on traverse des pâturages dont il faut ouvrir
les barrières pour passer. Ça ressemble de moins en moins à une route. Après
avoir passé plusieurs ruisseaux à gué, on a l'impression de s'enfoncer dans un
paysage de collines de plus en plus hautes, désertes et sauvages… Hum…
Le skipper devient sceptique et émet l'idée d'un demi tour…
Mais l'équipage n'est absolument pas d'accord, sûr qu'il est d'être dans la
bonne direction pour terminer la boucle…
On aperçoit une ferme au loin, où; on décide d'aller se renseigner à nouveau…
Autre gué, vaches curieuses, chiens de garde aboyants (tout petits, ça va) mais
personne
d'humain… L'heure avance et la nuit approche. GG insiste, il ne veut
pas passer la nuit plié en quatre dans la Twingo; alors on cède et on retourne
par oùl; on est venus…
On a bien fait. Il semblerait qu'on ait raté la bonne route quelque part et
qu'on était engagés sur un chemin traversier qui nous emmenait droit sur une
grosse rivière intraversable…
Bref la voix de la sagesse nous a ramenés à temps vers Poindimié, au refuge "Newe-Jie".
Et il était temps car le refuge est situé à quatre kilomètres du bourg, dans la
vallée d'Ina, et nous en découvrons le chemin à la nuit tombante. Il y a bien
deux ou trois petites pancartes pour guider les nouveaux clients, mais la piste
est assez défoncée, les ponts très étroits et sans parapet… Bref, on a besoin de
toute son attention pour la conduite et ça doit être plus facile le jour….
Mais on ne rate pas l'entrée et on arrive sans problème. Accueillis par la
patronne qui nous fait visiter les lieux, nous sommes bientôt installés. Nos
hôtes nous proposeront même pour dîner, de nous rapporter des pizzas du bourg oùl;
est installée une pizzeria "take away".
Ouf, cette nuit encore, nous ne coucherons pas dehors, ni ne mourrons de faim…
Le pied!
Le gîte est installé au cœur d'une vallée sauvage, propriété de plusieurs tribus
kanak…
La patronne y est
arrivée seule, comme enseignante, il y a une quinzaine d'année. Sous le charme
de l'endroit et de ses habitants elle s'y est installée. Plus tard elle a été
rejointe par un jeune navigateur qui venait de poser sac à terre et de vendre
son bateau. Ils décident alors de créer ce gîte, pour lequel la tribu
propriétaire leur a concédé le terrain, à vie.
Depuis, ils ont construit progressivement, en fonction de leurs moyens, ce qui
est devenu notre gîte préféré. Toutes les constructions sont de structure et de
matériaux traditionnels, réalisées par eux même, aidés quelquefois par la tribu
qui les héberge.
Une grande case ouverte sert de cuisine - salle à manger.
Autour, cachés sur des pentes douces à la végétation tropicale, quelques
bungalows dont une case traditionnelle, oùl; dorment les hôtes de passage . Bois
et tressages végétaux partout; peu ou pas de tôle ni de plastique... Quelques
animaux dans un enclos voisin (cerf, cheval, cochons, canards, chèvre)
complètent ce tableau bucolique.
C'est sympathique, calme et bien tenu … Simple et de bon goût, quoi!
Nous conseillons….
Au cœur du pays kanak, Hienghène est célèbre pour deux raisons:
Pour les paysages grandioses de son littoral, et pour le
massacre d'un groupe d'indépendantistes en novembre 1984.
Le village est situé à l'estuaire de la rivière du même nom. Au sud de
l'embouchure s'étendent les falaises de Lindéralique. "Découpées au couteau mal
aiguisé" dans le calcaire noir, elles atteignent une soixantaine de mètres de
hauteur et abritent des grottes creusées dans la paroi.
L'estuaire forme une jolie rade, abritée de la mer par quelques amas rocheux,
dont un, très célèbre, figure une grosse poule en pleine couvaison. Il y aurait
un sphinx aussi mais là, c'est moins évident…
On a eu une pensée envieuse pour Daniel et Anne qui sont arrivés là sur Joran et
ont mouillé à l'abri de la poule, quand ils faisaient le tour du caillou l'an
dernier.
Le bourg s'étire le long de la rive nord de l'estuaire, agrippé au flanc de la
montagne qui tombe abruptement dans la mer. C'est là que se situe notre gîte: Le
"Ka Wabwana", entre la poste et l'office de tourisme. Perché à flanc de colline,
il offre une belle vue sur la rade. Notre bungalow est moderne, avec terrasse
mais sans cuisine…Il nous faudra donc nous sustenter au restaurant du gîte. Un
bar à terrasse complète le tout et permet l'apéro; ce doit être le seul du
village.
Proche d'un standard rustique occidental, ce gîte préfigure peut être l'avenir
touristique de Hienghène.
En effet, sur la rivière, juste en dessous, des travaux sont en cours pour
baliser un chenal, construire un quai de débarquement et ses boutiques afin
d'accueillir les chaloupes des "paquet-boat" de touristes.. Finie la
tranquillité…
Aujourd'hui déjà, le Club Med est installé à quelques kilomètres au sud du
village et peut vous accueillir pour la nuit, pour manger ou, comme nous, juste
pour un billard et un pot au bar, vautrés dans de confortables fauteuils.
Nous allons profiter avidement de tout ce modernisme avant d'aller découvrir
l'hébergement et la vie en tribu… Nous y avons organisé un séjour par
l’intermédiaire de l'office de tourisme local et rendez vous est pris demain
huit heures à la tribu "Werap", pour une randonnée à cheval de la journée,
suivie d'un dîner et d'une nuit dans le village.
On arrive à l'heure dite au village de la tribu oùl; personne n'a l'air de nous
attendre à cette heure matinale. Nous rencontrons un monsieur qui semble être le
chef et nous envoie sa fille. Elle se trouve être la personne à laquelle on nous
a adressés mais elle a l'air un peu surprise et n'a manifestement pas reçu le
message.
On apprend alors comment fonctionne l'organisation de ces séjours, entre les tribus et l'office de tourisme de Hienghène:
A chaque demande de séjour, l'Office s'adresse à une tribu pour la lui proposer et obtenir son accord. Pour ce faire, si le délai est court, il appelle la cabine téléphonique unique située sur la place du village et expose la demande au premier qui répond. Celui ci s'engage à prévenir les responsables et l'office considère alors le problème réglé. Même si c'est un gamin qui a interrompu sa partie de foot, pour arrêter ce machin qui sonnait depuis dix minutes, avant de se replonger dans le jeu et d'oublier l'appel… Voilà pourquoi, si vous voulez organiser quelque chose en tribu, il vaut mieux le faire quelques jours à l'avance, histoire de laisser le temps à une procédure d'organisation écrite et moins expéditive…
Aujourd'hui, le résultat c'est qu'il n'y a pas de chevaux disponibles pour la
randonnée… Ils sont tous au loin, à batifoler dans la montagne…
Les jeunes de la tribu
se rattrapent en proposant une ballade à pied que les deux hommes acceptent,
pendant que madame retournera au gîte rassembler les bagages. On se retrouvera à
midi.
Et les voilà partis sur un "sentier" qui a été tracé cette année pour le raid
"machin", la course annuelle que disputent les jeunes "aventuriers de l'extrême"
calédoniens… Mais ça, on ne le saura qu'après…
David a enfin compris là que c'était possible de "courir dans la montagne"… Lui
qui est plutôt léger et agile, a été impressionné par les jeunes kanak qui,
pieds nus, rapides comme des chèvres sur ce terrain accidenté couraient
vraiment, à quatre pattes, en escaladant la pente à 45°.
A quatre pattes lui aussi, mais sans courir, s'accrochant aux buissons et
partout oùl; il le pouvait, GG a suivi "piano piano" sous la protection rapprochée
d'un gamin d'une dizaine d'années très inquiet, attentif et compatissant…
Le cœur du village est constitué par un terrain de jeu qui jouxte la grande case
oùl; se trouvent la grande salle et la cuisine communes ainsi que les sanitaires.
C'est là qu'aboutit la piste qui vient de Hienghène. L'emprise des habitations
de la tribu est assez discrète car les cases familiales sont dispersées
informellement tout autour, dans la végétation tropicale.
Après nos exploits randonneurs de la matinée, c'est là que nous revenons le soir
pour manger et dormir. Nous sommes Samedi 14 Août à 17 heures. Sur le terrain de
jeu, les jeunes de la tribu s'agitent… Volley, football, patins à roulettes…
Tout en même temps et au même lieu… Tout le monde court, même certains
"seniors". Autour, des gens palabrent par groupes.
Notre arrivée ne dérange absolument personne. Tout le monde nous sourit, mais
personne ne s'intéresse à nous! C'est le désarroi total…
Que fait on? On s'attendait un peu à être pris en mains mais rien ne se passe…
Alors on s'assoit sur un banc et on regarde les jeux.
A la tombée de la nuit, alors que l'activité sportive faiblit avec la lumière,
un homme s'approche, nous indique une case ronde juste derrière nous et nous
invite à l'occuper; ce sera notre chambre.
La case est une construction traditionnelle, avec juste la porte et une petite
ouverture voilée d'un paréo. On baisse la tête pour entrer par la porte basse (Ça
force le respect envers les ancêtres) et à la lumière d'une baladeuse (Un luxe
qu'on vient de nous installer) on découvre des matelas et des couvertures posés
sur le sol contre le poteau central.
On peut dire que pour l'hébergement, c'est "roots" juste à point. Le niveau de
confort d'un refuge Alpin en été. Mais c'est ça qu'on cherchait, non?
Alors, on s'installe…
Une demi heure plus tard, on vient nous chercher pour dîner.
On est accueillis dans la "case-salle-de-séjour" d'une famille. Une très grande
table occupe la moitié de l'espace, l'autre moitié est meublée de deux lits à
une place entourant la sacro-sainte télé… qui est allumée!!!
On nous fait asseoir tous les trois à table, seuls … Nos hôtes s'installent
devant la télé après avoir déposé devant nous une soupière et le bougna de
poulet… Nous mangerons donc seuls, avec pour toute conversation le commentaire
de ce qui passe sur le petit écran… Déception!
Le bougna c'est sympa… Le poulet est goûteux et visiblement élevé en plein air…
Mais bon…
On fuira vers notre case dès 20h30, quand ils nous proposent de regarder le Fort
Boyard du samedi soir…
Trop ce serait trop pour un seul soir…
Ça a quand même été une super nuit et on a dormi comme des loirs…
Le lendemain dimanche, vers 7h30, on se retrouve dans la même salle de séjour
pour le petit déjeuner. On s'attend à un peu de morosité, mais non…
Dans les deux lits des
adolescents s'éveillent doucement pendant que le reste des enfants court
partout. Il y a de l'ambiance et les parents s'installent pour parler avec nous.
(Merci à Ste télé qui ne marche pas le matin)
On palabrera ainsi deux heures et on pourra repartir contents d' avoir un peu
"connu" nos hôtes.
Ils ont 11 enfants (ceci explique la taille de la table) qui ont tous un prénom
français officiel, mais aussi un prénom kanak qui leur est donné lors de leur
baptême "coutume". Ce dernier n'a pas lieu à un âge précis mais quand la famille
a assez d'argent pour l'organiser. Toutes les
fêtes coutumières coûtent cher en
cadeaux et agapes.
Ils nous confirment que le frère de la mère joue un grand rôle dans la vie des
enfants; que toute famille est tenue de "donner" un de ses enfants à la tribu de
la mère, en échange de celle ci qui l'a quittée pour entrer dans celle de son
mari.
Cet enfant sera le seul à porter le nom de famille de sa mère et devra aller
vivre dans sa tribu quand il sera grand.
Jean Michel, le jeune ado qui nous a servi de guide hier, fera donc partie de la
tribu de sa mère, qui habite pas loin…
-"Et quand iras tu là bas?"
-"Plus tard…Je suis bien ici"…
Coutume et libre arbitre ne font pas toujours bon ménage…
Notre progression vers le Nord se terminera au bac de la Ouaïème.
Après moult virevoltes et autres virages sur la piste qui continue, après
Hienghène, entre les cases kanak d'un côté et les plages de sable blanc de
l'autre, on atteint ce bac qui permet de traverser la rivière du même nom...
C'est le dernier bac du pays…
Tous les autres ont depuis longtemps été remplacés
par des ponts.
Pourquoi pas celui ci?
Bonne question! On trouve dans la littérature deux raisons possibles
- Une grosse bête, genre requin monstrueux, vivrait à la source de la rivière et
redescendrait de temps en temps vers la mer … Si un pont entravait sa descente,
il le casserait.
- La rivière est Tabou: Aucun habitant ne se baigne à l'embouchure de la Ouaïème
car les ancêtres y viendraient se réincarner en carpes, au niveau de la plage.
"Si tu essaies de traverser la rivière à pied, tu risques de te faire emboucaner
mon vieux…" Plus probablement bouffer par les requins qui existent effectivement
par ici…
Le bac fonctionne 24h/24 et présente un intérêt folklorique certain avec son
moteur genre "sea gull" à arbre long… On y fera un aller retour, juste pour le
fun.
Si nous n'allons pas plus au Nord, ce n'est pas que nous sommes fatigués, mais
il n'y a que peu de gîtes après Hienghène. Le seul qui nous aurait attiré est à
Poum: le refuge de Poimbout qui est paraît il situé dans un endroit magnifique.
Malheureusement il était complet quand avons voulu réserver.
Instruits par notre expérience Werap et ce renoncement à Poum, nous pouvons
confirmer qu'effectivement, si on n'est pas disposé ou équipé pour camper hors
des gîtes, il vaut mieux réserver ces derniers plusieurs jours, voire semaines à
l'avance…
Nouméa a été l’occasion de retrouver des amis que nous avons connus plus tôt
dans le voyage, qui sont arrivés ici avant nous et y ont mis sac à terre pour
quelques temps.
Après les Antilles puis Tahiti, cet endroit semble être un lieu oùl; beaucoup de
navigateurs français suspendent leur voyage.
Certains y mettent même un terme plus ou moins
définitif.
Francis, Thierry et
Martha, Gérard et Colette… ont vendu leur bateau ici et sont repartis en avion.
Des nouvelles nous en arrivent de temps à autre, plus ou moins directement, via
internet.
Ceux que nous avons retrouvés ici préparent, par
contre, leur redémarrage pour le plus tôt possible. Remplir la caisse de
bord, racheter un plus gros bateau et surtout repartir, repartir, repartir…
Soutenus par cette perspective, ils semblent tous plutôt contents de leur choix
de Nouméa et on ne peut pas dire qu’ils engendrent la mélancolie.
Patrick et Kiki sont arrivés à Nouméa il y a trois ans et ils y
travaillent depuis en vivant sur leur bateau, La vie au mouillage en rade n’est
pas très simple quand on travaille , ne serait ce qu’au niveau de la
surveillance du bateau… Ce n’est pas évident de quitter son travail pour venir
remouiller si le vent tourne.
Depuis un an ils ont obtenu une place à la marina mais ça a été tout un feuilleton: liste d‘attente, patience, sourires, etc… etc… Maohi ne ressemble vraiment pas à un bateau ventouse et il paraît complètement prêt à repartir, à la première opportunité.
Evidemment nos conversations de cockpit ont été un peu nostalgiques… Mais la détermination de Patrick nous laisse espérer que nous partagerons encore des mouillages plus loin, sur la route.
Marc et Marcel sont eux aussi arrivés depuis trois ans maintenant. La
traversée TRRRRRES agitée qu’ils avaient connue depuis les Fiji n’a clairement
pas diminué leurs envies de voyage. Depuis qu‘ils sont là, ils travaillent tous
les deux d’arrache pied pour pouvoir repartir sur un catamaran.
Ils repartiront peut être plus nombreux d’ailleurs car depuis qu‘ils sont
arrivés l’équipage s’est enrichi de Julie et Sonia dont les rêves semblent
flotter aussi... Ce sera un gros catamaran… Ou alors deux petits?
Il y a aussi ceux qui continuent leur périple, plus ou moins à notre rythme:
Ainsi, peu avant de repartir nous même, nous avons vu revenir d'Europe Anne et Daniel. De retour de leur pause laborieuse annuelle, ils venaient retrouver Joran, leur bateau, qui les attendait bien sagement sur son ber au chantier de Nouméa. Leurs projets de travaux sur Joran doivent les maintenir encore quelques semaines éloignés de l'eau et nous serons sans doute déjà au Vanuatu quand ils se retrouveront dans le lagon. Malgré cela, nous espérons bien les recroiser entre les îles du Vanuatu, avant que nos routes divergent encore une fois quand nous continuerons vers les Solomons pour nous abriter de la prochaine saison cyclonique et qu'ils rejoindront l'Australie pour y laisser Joran pendant leur prochaine pause laborieuse.
Grâce à notre voyage, nous avons aussi rencontré ici, des gens que nous ne
connaissions pas encore.
Ainsi d’Olivia, la fille de Françoise d’Altaïr...
Héritière des aspirations voyageuses de sa mère, elle est venue s’installer ici
avec son fils, au moment oùl; ses parents y faisaient la longue escale que l’on
sait, après le cyclone Erika. L’aventure paraît bien lui réussir et son
enthousiasme entrepreneur est entraînant. Son projet à elle, c’est d’aller
installer son activité tout au bout de la province nord, au sein des terres
Kanak.
La gazette (ou son équivalent sur internet) nous ont aussi servi de sésame
et fait rencontrer de nouveaux amis
.
Un jour , un monsieur se présente au bateau et déclare nous avoir cherchés dans
la marina, à tout hasard, car il avait découvert récemment le site WEB de
Getaway qui annonçait notre arrivée dans le pays. Il avait lu ainsi tous les
numéros de l’ARB et il avait quelque espoir de nous rencontrer.
Dans un élan mutuel de sympathie on a décidé immédiatement d’une bouffe ensemble
et c’est à la terrasse d’une brasserie de la baie des citrons que nous ferons
plus ample connaissance avec Nadia et Robert qui enseignent
respectivement le yoga et l'informatique à Nouméa depuis quelques années.
Une autre fois, fin août, on voit se "garer" près de nous à la marina, un joli
bateau en alu, battant pavillon français et mené par un jeune solitaire.
Gérard se précipite pour aider à la manœuvre et il a la surprise de s’entendre
accueillir par un ‘’Salut Gérard’’ claironnant…
- On se connaît? Demande t il timidement.
- Vous êtes bien Gérard et Anyvonne, puisque votre bateau s’appelle Getaway? (Ce
nom est clairement visible sur notre tableau arrière, pour tout bateau
arrivant.)
- Ouiiiii! On s‘est déjà rencontrés? (Surprise! Et inquiétude du skipper sur la
progression de son Alzheimer.)
- Non mais je suis votre voyage sur Internet depuis mon départ il y a 4 ans et
vous m’avez ainsi incité à faire presque le même trajet que vous… C'est super de
vous voir….Je ne pensais jamais vous rattraper un jour.
Eric arrive des Fidji et Nouméa est pour lui la fin (provisoire?) du
voyage. Il a passé ici une partie de son enfance et il revient s’y installer.
Encore un nouveau
zoreil…
Trois nouveaux copains, plus les autres, qu'il va falloir encore quitter! Comme
toujours… Notre vie est un perpétuel arrachement!
Nostalgie, nostalgie, quand se reverra-t-on?
Alors devinez ce qu’on a fait pour se consoler? La FÊTE. Tous ensemble!!!…
Et dignement, dans l'appartement prêté par Olivia . On a encore une fois bien
mangé, bien bu et bien rigolé,
Et puis nous sommes repartis pour de nouvelles aventures.
On vous racontera...