C'est le nom Maori de la Nouvelle Zélande; celui que lui ont donné autour du Xème siècle ses découvreurs polynésiens. (il signifie: "le pays du grand nuage blanc"
En ce mois de Novembre 2003 quand nous découvrons ce pays, le nuage est tellement long qu'il est omniprésent et surtout plutôt gris... Avec pas mal de pluie aussi... Heureusement qu'ici c'est le printemps et qu'il va sûrement faire beau très bientôt...
La Bretagne devant nos yeux et sous nos pieds
En arrivant des Fiji, c'est à Bay of Islands (La baie des îles) que nous avons découvert la Nouvelle Zélande pour la première fois. Nous y sommes arrivés en plongeant directement dessus, depuis le Nord, après 9 jours de traversée sans voir aucune terre. Nous l'avons découverte, loin sur l'horizon, un matin à l'aube. A midi nous y étions.
Dès l'approche dans la baie, première impression de déjà vu, de familier même... Le profil des côtes et de la végétation rappelle beaucoup la Bretagne. Celle ci est bien loin pourtant , juste sous nos pieds. Près de 20000 kilomètres à vol d'oiseau; en fait, seulement 13000 si l'on en croit les vers de terre...
Les îles comme les côtes sont formées de collines boisées et font alterner falaises rocheuses et pâturages qui descendent en pente douce vers le rivage. Peu de plages. Les vaches paissent calmement au bord de l'eau. Les moutons aussi d'ailleurs. Blancs et très nombreux... Comme les coiffes bigouden à la sortie de la grand messe...
Et puis surtout, comme là bas, il n'y a pas un cocotier. Depuis tout le temps que ces arbres peuplent nos paysages quotidiens, on n'en croit pas nos yeux...
Atterrir ici n'a rien d'original... Tous nos prédécesseurs ou presque sont arrivés en Nouvelle Zélande par cette baie: Les Maoris d'abord, et plus tard les premiers émigrants européens. Les néo zélandais considèrent un peu cette région comme le berceau de leur nation .
C'est une grande baie, assez profonde (environ dix milles nautiques) et meublée d'une douzaine d'îles significatives (la littérature parle de plus de cent, mais on doit alors compter tous les rochers qui apparaissent un peu partout...). Tout autour de la baie, on aperçoit des bateaux au mouillage. La plupart des anses abritées sont équipées de corps morts et protègent un grand nombre d‘embarcations. Deux marinas améliorent encore les possibilités d'hébergement.
D'où que vienne le vent, on trouve toujours pas bien loin, un mouillage abrité pour passer la nuit.
Tout cela fait de cette baie la Mecque de la croisière côtière néo zélandaise. Pour ceux qui connaissent, ce sont un peu les mêmes conditions de navigation que dans la baie de Quiberon, en Bretagne sud.
Cette région est aussi une destination touristique importante. Elle est réputée pour la douceur de son climat, la beauté de ses sites, ses dauphins et ses baleines. De nombreuses vedettes rapides promènent les touristes, à la rencontre de ces trésors, dans toute la baie, au départ de Pahia.
Il y a des sites de plongée aussi (entre autres l'épave du Rainbow Warrior qui a été (re)coulée près d'ici) mais vu la température de l'eau, nous ne sommes même pas allés voir sous le Getaway. On a effectivement vu pas mal de dauphins, mais en ce qui concerne les baleines, on a été moins chanceux et aucune ne nous a montré le bout de son souffle.
Les quelques zones habitées se blottissent tout au fond de la baie:
Pahia est une petite station balnéaire plutôt bien équipée en "Bed and Breakfast", hôtels, magasins et souvenirs.
On y trouve de belles plages de sable, mais pas grand monde dans l'eau. La scène la plus classique est constituée de quelques couples d'amis installés sur une couverture pour le pique nique tout en haut de la plage, pendant que les enfants barbotent dans l'eau, en combinaison néoprène...
Bonjour la température de l'eau!
Le temps change extraordinairement vite dans la région. (On le constatera partout en Nouvelle Zélande.) et même en plein été, on a rarement l'assurance de voir le beau temps s'installer pour longtemps. Au moins une fois par semaine on passe sans transition d'une journée de soleil radieux à la suivante qui fait plutôt penser à un mauvais printemps breton... Les séances de bronzage sur la plage sont donc précaires, sinon rares... Et on doit toujours avoir sa petite laine à portée de main.
Opua, tout au fond de la baie, au sud de Pahia, est surtout une marina et un parc à bateaux. C'est aussi le point de départ d' un ferry permettant la traversée en voiture pour Russell qui n'est ainsi qu'à 5 kms au lieu de 100 par la route.
Russell est un petit bourg, situé à l'extrémité d'une presqu'île, qui paraît vivre de son isolement et de son passé:
Avant d'être l'éphémère première capitale Néo Zélandaise, Russell a été un haut lieu de la pêche à la baleine. Le genre d'endroit où, hors de la présence dissuasive des représentants de l'ordre, s'épanouissent les plaisirs et les débauches des aventuriers. La lutte a été sévère à l'époque, entre les missionnaires établis en face, autour de Kerikeri, et les pêcheurs aventuriers. De tout cela, Russell a gardé des empreintes à travers ses bars hauts en couleurs, ses maisons "historiques" et son Musée ouvert à tous, gratuit, didactique et moderne.
On a commencé à sentir ici l'amour des kiwis pour la Nature, l'écologie, le Bush et la marche à pied ainsi que la forte demande de références historiques, de racines et de culture, donc de musées. Nous y reviendrons lors de notre passage à Wellington, la capitale.
Les entraînements d'hiver à Opua...
Nous l'avons déjà dit, Opua n'est guère qu'une marina, dotée de quelques possibilités d'avitaillement et de pas mal de professionnels du yachting.
D'un point de vue marin, le centre de ce hameau pourrait être l'Opua Cruising Club (l'OCC).
C'est le Yacht Club qui paraît le plus actif de la baie. Toute l'année, les mercredi et vendredi soir, autant que le temps le permet, il s'y dispute des régates amicales. Une trentaine de bateaux embarquent, vers 16 heures 30, leur équipage à peine sorti du boulot pour une navigation de deux ou trois heures dans la baie.
Les familles, amis et supporters préparent chaleureusement le retour des "sportifs" au bar, où la bière et le "fish'n chips" sont rois. Un cuisinier haut en couleurs y assure une restauration, que nous trouverons excessivement "locale". L'ambiance est très animée, tous les voileux locaux se connaissent, parlent fort, agitent leur pintes de bière et rient beaucoup... Les "overseas" se regroupent par nationalités, au milieu du brouhaha et des va et vient.. Nous sommes les seuls français.. Notre regroupement est donc rapide...
Comme expérience de socialisation, notre premier contact avec ce Yacht Club a été un peu décevant: les kiwis ne nous remarquent pas beaucoup et personne ne se précipite vers nous... C'est un peu déprimant, après des mois de vie sociale amicale en Polynésie! On se prend à rêver de Nouvelle Calédonie...
Notre reprise ânonnante de l'anglais est sans doute une barrière et la manière de parler des kiwis n'aide pas à l'abaisser.
Nos premiers contacts ici se feront avec d'autres équipages européens. Ceux qui connaissent un peu nous confirment: les kiwis ne "sautent " pas sur les étrangers...ils ont une attitude assez froide au premier abord..."
L'expérience nous montrera que dans ce club d'habitués, un peu bourgeois, les "étrangers" intéressent peu. D'autres lieux que nous visiterons par la suite, et qui ne sont pas des yacht club, nous offrirons un contact direct, aisé et chaleureux.
Nos premiers regards sur La Coupe.
C'est ici que nous avons assisté, à la télévision, aux premières régates de la coupe Louis Vuitton. Nous avons d'abord été un peu déçus par l'intérêt juste poli que semblaient avoir les locaux pour l'évènement. Il faut noter que ça se passait l'après midi, durant les heures de travail, et on ne peut pas dire que ça déménageait les foules. Même les journaux étaient plutôt discrets.
Ce n'est que plus tard, au moment de l'America's Cup elle même, quand leur bateau national, "défendeur" du trophée, s'est mis en course, que nous avons pu voir se développer leur passion pour la coupe...
Nos croisières dans la Baie des Iles
Pour nous autres nomades de la mer, Opua s'est révélée une bonne base de départ (avitaillement, douche et lessive) pour de nombreuses et courtes croisières, à la découverte de la baie, de ses îles et de leurs abris.
L'île, assez étroite, offre en son milieu, là où elle est le plus bas et le moins large, un mouillage extraordinaire: "Twin Lagoons". C'est un peu comme derrière une barrière de corail: Bien protégés devant la plage on aperçoit à une cinquantaine de mètres, la côte au vent qui rugit sous les rafales venant du Nord.
Cette île est la plus proche d'Opua et Twin Lagoon devait être notre premier mouillage idyllique dans la baie, mais ce jour là il y avait déjà deux bateaux à l' ancre. Alors là, trop c'est trop!!! Et nous sommes allés chercher le "calme" ailleurs...
Plus tard nous y sommes revenus, un jour de semaine sans touristes, et nous avons découvert juste à l'Ouest de ce mouillage, une colline, pas trop difficile à "escalader" pour mesurer l'évolution de notre syndrome de Francis: un escalier mène à un belvédère où on jouit d'un superbe point de vue sur le mouillage et la baie, et qui permet de faire de jolies photos panoramiques pour la gazette...
C'est un lieu archéologique "localement célèbre". Une brochure du syndicat d'initiative décrit le sentier spécialisé qui parcourt les sites dispersés tout autour de l'île. Nous sommes donc arrivés là, dépliant en mains, bien décidés à faire le parcours qui y est vanté.
Il faut savoir que l'archéologie dans ce pays ne traite pas vraiment du paléolithique (il y aurait peu à voir...) mais des restes d'habitat maori qui existaient avant l'arrivée des européens et de leur technologie, il y a quelques 200 ans.
Comme les matériaux des constructions maories n'étaient que végétaux, ils n'en reste rien d'apparent. Seuls les travaux de terrassement qui nivelaient le sol en terrasse et traçaient quelques sentiers sont décelables. On imagine ainsi des lieux de vie paisibles en bordure de mer, des postes de guet sur les hauteurs, et des retranchements de temps de guerre sur les plates-formes difficiles d'accès. Le même genre de site que nos châteaux forts médiévaux, mais sans les ruines.
Pas vraiment l'extase archéologique donc, mais un plaisir certain pour une ballade à travers des paysages marins superbes et spectaculaires. En plus, cette "promenade guide archéologique" en main, nous donne un peu l'impression de faire dans le culturel et d'être ainsi plus intelligents... Ce qui est quand même un plus...
Du haut de la falaise, on s'imagine guettant le large pour distinguer du plus loin qu'il est possible, toute embarcation qui pourrait être une menace et appeler alors toute la tribu à venir se réfugier dans l'espace du fort, pour mieux affronter l'ennemi...
Pour mouiller, Urupukapuka possède plusieurs baies qui permettent de s'abriter de tous les vents sans avoir à bouger beaucoup. En novembre, nous y avons passé quelques jours super tranquilles, en compagnie de 4 ou 5 voisins. C'était avant les vacances d'été; plus tard, en saison, les voisins y seront plusieurs centaines.
La rivière de Kerikeri: Le berceau de la civilisation néo Z
Tout au bout de la baie, au fond d'une rivière, tout au fond du fin fond... Enfin loin de la mer et de ses humeurs... La rivière de Kerikeri est un garage à bateau calme et sûr.
On y accède à marée haute, sur de très petits fonds, pour entrer dans la rivière qui est équipée de "mooring piles" sur toute sa longueur navigable. Les "mooring piles" sont une spécialité Néo Zélandaise. Ce sont de gros pieux en "bois d'arbre", plantés dans le sol sous marin et entre lesquels on amarre les bateaux. On en trouve partout par ici, même dans les marinas.
Tout au long de la rivière de Kerikeri, toutes sortes de bateaux se balancent ainsi entre leur "piles". Ces mouillages appartiennent à des particuliers, mais on peut en trouver à emprunter pour une nuit ou deux, ou à louer pour quelques semaines ou quelques mois.
La zone navigable de la rivière se termine à "Kerikeri Basin", par un petit bassin équipé d'un appontement et fermé par un pont routier:
Cet endroit est un haut lieu de l'histoire locale et on y trouve juste en bordure de l'eau deux témoignages de l'époque pionnière:
- La première mission anglicane à s'établir dans le pays: C'est une joli petite maison en bois, nichée au milieu d'un jardin de fleurs soigneusement entretenu.
- La première maison en pierre à avoir été construite dans le pays: Stone store. Excédés par les pertes de denrées, consécutives aux incendies fréquents des entrepôts en bois, les pionniers avaient décidé en 1825 de construire juste à côté de la mission, un entrepôt-magasin en pierre qui pourrait être épargné par ces catastrophes.
Aujourd'hui, Stone store est une sorte de musée des racines culturelles, où sont entassés les objets rescapés des temps héroïques. En période estivale, l'encombrement du parking qui jouxte ces sanctuaires, témoigne de l'intérêt que portent les Néo Z à leur "héritage". Ce dernier mot est beaucoup utilisé pour désigner le passé encore récent, quand leurs ancêtres européens sont arrivés ici.
Kerikeri est une petite ville intéressante.
Située sur les hauteurs, à deux ou trois kilomètres de la rivière, on y accède facilement en stop ou à pied. C'est une cité résidentielle qui respire le calme et l'aisance. Un peu l'impression d'une cité de retraités. Pas des retraités de la vie active; plutôt des retraités de la ville frénétique, de l'Europe surpeuplée Des gens – surtout aisés – qui sont venus chercher ici une vie active mais calme et saine, très "nature et découverte"... (Environ 3 millions d'habitants – La moitié de la population de l'agglomération parisienne – vivent en Nouvelle Zélande sur une surface environ moitié de celle du territoire français. ...).
Organisée autour d'une rue principale ( la route qui la traverse) la structure de Kerikeri fait un peu penser à celles du middle west américain. On sent que cette urbanisation soft a été largement inspirée par le goût profond des néo zélandais pour le calme et la proximité de la nature.
Kerikeri est plutôt aisée et on y trouve de tout. Des magasins de luxe, mais aussi de vêtements d'occasion, gérés par les bonnes ...œuvres, où le skipper a trouvé un jean "Levis 501" comme neuf, à sa taille, pour 5 dollars NZ (2,5 Euros).
Des cafés aussi, avec des terrasses (Ce qui est une nouveauté pour nous, depuis Tahiti), où les gens viennent prendre leur breakfast tardif ou leur déjeuner, à base de sandwiches, d'...œufs au lard et de salades. On y mange en bavardant, en lisant les journaux fournis par le bar,... On se croirait dans un salon de thé provincial... Ce genre d'endroit et de pratique est très courant dans ce pays. Mais là, c'est peut être encore plus "chic" et relax...
Il faut dire que nous avons eu de la chance avec le temps et que nos souvenirs de Kerikeri sont ensoleillés. Ce n'a clairement pas été le cas partout!!! Oui, c'est sans doute de la chance...
Enfin, ici, la température doit tout de même être clémente toute l'année car la campagne environnante est couverte de vergers et de vignes... Cela explique en partie l'opulence de la ville.
C'est aussi un endroit tranquille pour repeindre le pont de Getaway.
On avait bien commencé à piquer un peu la rouille à Opua et dans les îles; mais avec les préoccupations écologiques des kiwis, on ne se sentait pas super à l'aise à encombrer l'espace sonore des voisins de mouillage avec le bruit de nos marteaux "piqueurs", ni à répandre de la poussière de peinture sur les eaux autour du bateau ...
De plus, le pont de Getaway étant devenu assez glissant ces derniers temps, on avait décidé de refaire l'antidérapant du pont. Pour cela, on devait répandre des billes de verre microscopiques super légères, sur la peinture fraîche. Lors de nos essais à Opua, comme le mouillage y est assez exposé au vent, nos billes volaient partout autour du bateau, sauf sur notre jolie peinture...
Alors on est allés se réfugier dans le fond de Kerikeri. Là, dans la rivière encaissée entre ses rives, on est bien protégé du vent, et nos billes de verre itou...
Là aussi il y a beaucoup de bateaux mais ils ne sont pas habités et on a pu faire du bruit. En tous cas, personne ne s'en est plaint...
Le PARADIS...
Vous commencez à comprendre que notre vie n'est quand même pas si simple?...
En effet, avec ce chantier, on s'est vite retrouvé à un rythme d'enfer:
Tous les matins, après le breakfast: remontée de la rivière en annexe, et petit footing jusqu'au parking abritant les toilettes. Un petit tour en ville, en stop, tous les deux ou trois jours, histoire de refaire les provisions et de se remémorer à quoi ressemblent nos contemporains... Café à la terrasse, lecture du journal... etc Achat de peinture aussi; c'est fou ce que ça boit un pont de bateau!!! Le reste du temps, peinture et attente que ça sèche...
Mais le temps a passé très vite et maintenant, notre pont a vraiment belle allure. Et en plus on n'y glisse plus...C'est donc avec une certaine satisfaction qu'on a pu passer à autre chose:
Se préoccuper de trouver un endroit convenable pour nos projets considérables de maintenance de Getaway, de cet hiver.
Renseignements pris auprès des chantiers d'Opua, on y travaille peu sur les coques en métal, seulement le bois et le plastique. On nous a plutôt conseillé quelques adresses à Whangarei et maintenant il faut y aller voir.
Ainsi se termine notre premier séjour dans Bay of Islands. Il se dit que beaucoup de bateaux visiteurs ne descendent jamais plus loin au Sud. Après avoir navigué dans cette baie, on comprend qu'on puisse s'y laisser scotcher...
Vers Whangarei, première navigation dans la vraie mer, depuis notre arrivée.
Whangarei se situe tout au fond d'une rivière dont l'estuaire s'ouvre à une soixantaine de milles au sud de la baie des îles. Nous y arrivons au petit matin, après une nuit de navigation au moteur, pour profiter de l'accalmie nocturne des vents de sud qui prédominent en ce moment. Nos estomacs mal amarinés se plaindront bien un peu d'une houle significative par le travers mais ce sera quand même une bonne traversée.
Whangarei est vraiment un port de fond de rivière.
On l'atteint après douze milles de remontée depuis la mer, dans un chenal compliqué qui permet à de gros bateaux de progresser entre les bancs de sable. Partis de l'embouchure avec la marée montante, nous avons mis trois bonnes heures pour arriver au bout de la partie navigable de la rivière. Elle se termine par un pont routier juste en aval duquel se trouve une marina. Située en plein c...œur de la ville, elle s'appelle "Town Basin Marina".
Inévitable, la marina... Ses "mooring piles" occupent toute la place aux approches de la ville. Pas moyen de mouiller à coté, ou alors très en aval, loin de tout. Au moment où nous y arrivons, toutes les places sont occupées... C'est du moins ce que nous comprenons dans "l'anglais-kiwi" du responsable du lieu qui nous reproche amèrement de lui donner mal au crâne, en arrivant comme ça sans réserver ni même nous être annoncés... Malgré son mal de tête et grâce à sa grande gentillesse, après maints coups de téléphones à des usagers locaux, il finit par nous trouver une place provisoirement libre pour quelques jours... Ca nous suffira peut être!
Sitôt mouillés, Gérard se met en chasse de chantiers susceptibles de nous aider. Et c'est vite et bien fait. Le responsable du premier que nous visitons, montre un grand intérêt pour nos problèmes de safrans et ose même quelques suggestions intéressantes.
Rendez vous est tout de suite pris pour une visite du bateau. Gérard est très ému de rencontrer quelqu'un qui paraît s'intéresser à ses problèmes et dès le lendemain de notre arrivée, nous décidons que c'est dans ce chantier que nous effectuerons nos travaux hivernaux.
A suivre...
Premier contact avec une vraie ville Néo Zélandaise aussi
Comme nous prévoyons de passer quelques mois par ici cet hiver, notre visite de la ville a un coté utilitaire interessé.
Drôle de ville, il faut bien le dire. Il y a le même nombre d'habitants qu'à St Brieuc, mais c'est bien tout ce qu'il y a de commun. Notre premier coup d'...œil à l'extérieur de la marina nous situe dans une sorte de "Zone d'Activité", comme on dit chez nous au ministère de l'équipement... Comme nous sommes le soir, tout est fermé et complètement désert....
Le lendemain dans la journée, nouvelle tentative de découverte de la ville. Tout cet espace qui était désert hier soir est maintenant grouillant d'activité. Ca a toujours un aspect zone commerciale de périphérie, mais c'est vivant. On cherche donc le centre ville. Renseignement pris, nous sommes ici même en plein centre ville, ou presque... En fait deux rues plus loin, l'architecture de juxtaposition de bâtiments rectangulaires entourés de parkings, typique des zones commerciales, fait place à des bâtiments plus intégrés qui donnent à la rue un aspect un peu plus urbain.
Ce qui est remarquable ici, c'est que presque personne n'habite en ville. Tous les habitants ont leur résidence en périphérie, dans des sortes de banlieues pavillonnaires plutôt aérées, vertes et sympathiques. Donc le centre n'est qu'un lieu d'activité commerciale qui se vide le soir et laisse peu de place à la vie nocturne. Tout ça ne promet pas un séjour hivernal folichon mais on se dit que ça peut être un lieu de travail agréable. La taille de l'agglomération met toutes ses ressources à une distance parcourable à pied. Avec nos vélos, ça devrait même être assez confortable.
A suivre aussi...
Philippe et Sylvie, des amis canadiens, sont passés nous voir à Whangarei. Depuis Vancouver, ils étaient en chemin vers l'île sud pour y parcourir le Milford Track, une randonnée de trois jours réputée une des plus belles du monde... (mais pas des moins pluvieuses...). A leur arrivée, comme nous avions tout réglé ici, nous en avons profité pour faire avec eux une petite croisière jusqu'à Auckland d'où ils continueront en avion.
C'était aussi, pour nous, l'occasion d'aller goûter de près à l'ambiance de la Coupe de l'America. Il ne faudrait pas oublier que c'est un peu pour ça que nous avons décidé de venir dans ce pays...
Auckland, "The City of Sails".
Ce n'est pas nous qui le disons, ce sont les kiwis... Il faut dire que coté voile, l'accueil d' Auckland a été spectaculaire:
Déjà, à peine arrivés dans le golfe d'Hauraki au fond duquel se trouve la ville, nous avons pu apercevoir à la jumelle deux couples de bateaux de la coupe qui régataient au loin. émotion... Mais surtout, à peine mettions nous le nez dans la rade du port que nous nous sommes retrouvés face à un mur de spinnakers venant à notre rencontre... Pas les bateaux de la coupe cette fois, mais ceux de la régate du mercredi soir d'un Yacht Club local. Plus d'une centaine de bateaux sous spi qui nous fonçaient dessus... Impressionnant... Pour traverser ce mur de voiles nous avons dû exécuter, un vrai slalom spécial. Mais enfin, nous avons réussi à passer sans encombre, sans accrocher un mat, et vers 19 heures nous trouvions la place que l'on avait réservée dans West Haven Marina.
Située près du centre ville, c'est la plus grande marina qu'il nous ait été donné de voir. Plusieurs milliers de bateaux y sont amarrés. C'est ici qu'est établi le RNZYS (Royal New Zealand Yacht Squadron), club détenteur de la coupe de l'America et organisateur des épreuves de cette année.
Notre place se trouvait tout à proximité de ses locaux et comme ils ressemblent pas mal à un restaurant plutôt chic c'est assez naturellement vers eux que nous sommes allés nous renseigner en arrivant, sur les possibilités de restauration locales. Avec nos chaussures de bateau éculées et nos pantalons tire bouchonnés on ne s'y est pas vraiment sentis les bienvenus et on est vite allés voir ailleurs...C'est peut être de là que date, pour Team New Zealand, la perte d'un couple de fervents supporters européens...
Mais aussi une capitale plutôt cool...
Dès le lendemain de notre arrivée, Sylvie et Philippe repartent vers leur randonnée méridionale et nous entamons notre visite de la ville en vélo. En bus aussi d'ailleurs, car la ville est très accidentée et les rues y ont quelquefois l'allure de celles de San Francisco: Des pistes d'élan pour le saut à ski... Et donc, le vélo ne sera utilisé que pour les ballades autour du port, là où c'est à peu près plat.
Notre errance a d'abord été utilitaire et culturelle, allant d'une visite au consulat, pour renouveler nos passeports, à celle du musée d'Auckland pour admirer la plus belle collection mondiale d'art Maori, en passant par un coup d'...œil au village de l'America's Cup et à ses hangars à bateau... - Il ne faut pas croire qu'on peut observer comme ça les bateaux de la coupe. Leurs secrets de conception sont soigneusement cachés, sous une sorte de jupe qu'ils revêtent dès leur sortie de l'eau, avant de regagner leur hangar. C'est un peu comme les humains, sur les plages, finalement... - Les après midi nous voyaient souvent traîner autour du village pour glaner des impressions et des résultats.
Tout cela nous a laissé d'Auckland une impression plutôt sympathique
C'est une grande ville, c'est sûr; mais beaucoup moins frénétique que ce à quoi on pourrait s'attendre. Ainsi, nous étions aux approches de Noël et nous pouvions encore circuler à bicyclette sur les trottoirs de Queen Street, (qu'on pourrait comparer au bas du Boulevard St Michel à Paris). On a du mal à imaginer ça dans notre capitale... Il est vrai qu'avec quelques 150 000 habitants il y a de la place à Auckland, même en centre ville...
Pour le shopping, c'est assez curieux de voir la coexistence étroite des boutiques de Grand Luxe (Louis Vuitton,..) avec les magasins "pas cher". Il ne semble pas y avoir de quartier spécialisé pour chacun. Dans ces derniers, on trouve effectivement des marchandises à meilleur prix qu'en Europe et on en a profité pour refaire notre stock de chaussures... Par contre, dans tout notre périple néo Z on n'a jamais croisé un marché de légumes et de produits frais.
Mais nous voyageons en bateau et cela suppose quelques contraintes:
Une partie de notre séjour à Auckland - une dizaine de jours - a été occupée à tenter de nettoyer le réservoir à gas-oil de Getaway. Il était rempli de cochonneries qui bouchaient les filtres et arrêtaient arbitrairement le moteur de façon très fâcheuse... Il faut noter que cette tentative se révèlera infructueuse et que nous devrons envisager des remèdes plus radicaux quand nous serons à terre à Whangarei.
Pour le moment, notre intention est d'aller en bateau jusque dans le Marlborough Sound, tout au nord de l'île sud. C'est réputé être un bassin de navigation merveilleux, plein de fjords sauvages et bordé de côtes désertes. L'idée générale est d'aller y naviguer quelques jours, d'y abandonner le bateau pour aller faire un tour de l'île sud en voiture ou en car puis de remonter à Auckland pour la coupe de l'America, le 15 Février.
La route maritime d'Auckland à Picton, tout au fond du Marlborough Sound, est longue de près de 700 milles nautiques. L'itinéraire conseillé passe par le cap Rienga, tout au nord du pays, avant de redescendre la côte Ouest de l'île nord sur près de 400 milles. Ca doit prendre une bonne semaine de navigation et il ne faudrait pas traîner trop longtemps par ici...
La nature vierge à Great Barrier Island
Great Barrrier Island est une grande île qui ferme l'entrée du golfe d'Hauraki, à une cinquantaine de milles au large d'Auckland. C'est là que nous allons nous reposer de la "ville" et de notre plongée dans le gas oil; mais aussi peut être passer les fêtes de fin d'années. Noël approche et nous ne savons pas très bien ce que nous allons faire pour l'occasion. Il est un peu tard pour espérer passer les fêtes dans le Marlborough Sound où nous ne connaissons personne. Comme nous avions rencontré à Whangarei un couple de navigateur établi à Great Barrier ,qui nous avait invité à venir les visiter, c'est peut être l'occasion...
La traversée d'une journée vers Great Barrier sera de ces passages peinards qui ne laissent aucun souvenir remarquable aux navigateurs. Soleil, vent variable et donc moteur et farniente... Nous arriverons à la tombée du jour dans Whangaparapara harbour et nous y mouillerons près de l'entrée, seuls dans une crique superbe et déserte.
Whangaparapara: une vingtaine de maisons cachées dans le bush, au bord de l'eau. C'est un des quatre ou cinq villages de l'île, qui sont tous constitués de quelques maisons dispersées sur un terrain très accidenté et recouvert d'un bush compact. Ces villages sont reliés par une cinquantaine de kilomètres de route empierrée qui permet à des véhicules 4x4 d'aller de Triphena où arrive le ferry hebdomadaire, au sud de l'île, jusqu'à Port Fitzroy qui est situé tout au Nord. Le trajet dure près de deux heures et permet d'admirer les kilomètres de plages superbes et désertes de la côte Est .
Great Barrier est habitée par une petite population d'amoureux de la nature qui vivent là, assez isolés du monde urbain d'Auckland, sans électricité, ni eau courante, ni... Cette île est la Mecque des randonneurs et des amateurs de pêche de la région. Et ils sont nombreux... Les premiers arrivent par le ferry et trouvent sur l'île quelques possibilités d'hébergement plutôt rustiques. Les seconds arrivent avec leur bateau et nous verrons ainsi notre mouillage sauvage envahi par des dizaines d'embarcations dès le lendemain de Noël.
Il faut dire qu'ici c'est alors l'été et le début des vacances. A partir de ce moment et pendant toute la première moitié de Janvier, nous compterons des centaines de bateaux dans les mouillages de Great Barrier et de la Baie des Iles que nous fréquentions jusqu'alors à quelques uns... Je ne sais pas pourquoi ça nous a surpris. C'est comme la Bretagne au mois d'août quoi!!!
C'est un des derniers endroits où, il n'y a pas si longtemps, les communications avec l'île métropolitaine était assurées par des pigeons voyageurs. Les timbres qui étaient alors utilisés étaient ronds et valent aujourd'hui une petite fortune. Maintenant que tout s'est modernisé, on peut quand même encore se souvenir et envoyer des lettres par ce moyen. C'est très cher et très lent mais les kiwis sont friands de ce genre de commémoration...
Dans les années 50, on a construit tout au fond de la baie de Whangaparapara harbour une station baleinière. C'était juste un quai, un slipway équipé d'un treuil pour tirer les baleines à terre et un petit baraquement pour abriter les pêcheurs. C'est la dernière a avoir été construite dans la région, juste avant le moratoire sur la pêche à la baleine. Elle a été désaffectée après deux ou trois ans d'exploitation.
Quand nous sommes arrivés là, un voilier était en travaux, halé sur le slipway et on distinguait un énorme catamaran, posé sur le quai. Tout autour, des ferrailles diverses témoignaient de l'intérêt des occupants du lieu pour le métal et les bateaux...
Carol et Tony, un couple de néo zélandais, sont venus s'installer là depuis Whangarei, il y a dix huit ans. Ils y ont élevés quatre enfants, en leur faisant l'école eux mêmes, jusqu'à ce qu'ils aient l'age d'aller au lycée. Au début ils ont commencé par vivre dans le bâtiment précaire qui équipait la station. Ensuite, ils y ont amené un grand catamaran en acier qu'ils ont tiré à terre et aménagé en un superbe appartement.Tony a créé ici une activité de construction et de réparation de bateaux en acier. Et là ça devient proprement incroyable: Il a construit dans cet endroit isolé, seul et sans l'aide d'aucune malheureuse grue, plusieurs bateaux de 10 à 12 mètres, ainsi que les superstructures et l'aménagement de son immense catamaran (long de plus de vingt mètres et dont il n'a gardé que les flotteurs.). Seuls un portique et un treuil lui ont permis de manipuler ces masses énormes. Il nous faudra voir les photos prises au cours de la construction des bateaux réalisés ici pour comprendre et y croire. Ca représente une telle débauche de volonté, d'ingéniosité, d'organisation et de débrouillardise...
Au premier abord, les conditions de vie ici paraissent assez précaires. Quasiment un ermitage... En arrivant, la vue du chantier et de ses habituelles ferrailles laisse prévoir des occupants un peu marginaux, vivant de manière très rustique. Rien ne permet d'anticiper Carol et Tony, nous recevant pour le thé sur leur catamaran, dans une ambiance très cosy, douillettement installés au chaud, dans de superbes canapés en cuir blanc réchauffés de magnifiques patchworks faits maison.
Anyvonne a trouvé en Carol une complicité couturière et a pu longuement échanger sur les travaux de broderie et autres appliqués dont elles ont la passion commune. Pendant ce temps, Gérard soumettait à Tony tous les problèmes de Getaway et recueillait des avis et conseils qui seront bien utiles dans quelques temps quand le bateau sera au sec à Whangarei.
Les fêtes de fin d'année à Whangaparapara
Nous sommes aussi allés voir Meryl et Helmut que nous avions rencontrés à Whangarei et qui nous avaient alors conviés à venir les visiter. Ils nous apprennent maintenant que pour le nouvel an, ils organisent une party dans leur maison et qu'ils y invitent les navigateurs de passage. Cette invitation, ajoutée à notre rencontre récente de Carol et Tony, nous décide vite à allonger un peu le temps que nous pensions dépenser ici et à y passer les fêtes.
Pour le jour de Noël ce sera Barbecue sur la plage, avec Carol, Tony et quelques amis locaux. Ambiance "Pur kiwi": partage, nature et racines...
Pour le soir du nouvel an, party chez Meryl et Helmut. Là c'est plutôt "rassemblement de navigateurs transhumants". Allemands pour la plupart. Quelques suisses aussi... (de Zurich...) Et puis quand même quelques voisins Néo Z. La nourriture était assurée par les apports de chacun et la musique Live par la guitare de Marco, un Boat Builder local, et la flûte de son amie Mélanie. Tous les deux ont chanté toute la soirée le répertoire irlandais (Mélanie est originaire de là bas).
Le retour au bateau, après minuit sera aventureux. Deux kilomètres de marche dans la nuit noire, sans éclairage aucun et sans lune du tout. Abandonnée l'idée du raccourci à travers le bush qu'on avait utilisé en venant... Même sur la route, on avait beaucoup de mal à savoir où en étaient les bords, à prendre les virages et à mesurer notre progression. Finalement on a tout de même réussi à retrouver l'annexe et à réintégrer Getaway, mais on y a mis le temps...
Et voilà comment on finit par ne plus avoir le temps ni les moyens de ses ambitions
Au terme de presque trois semaines passées ainsi à Great Barrier, on s'est aperçu qu'on n'avait plus vraiment le temps, en moins d'un mois et demi, de faire le voyage en bateau jusqu'au Marlborough Sound, d'en profiter pour faire une petite excursion dans l'île Sud et de revenir à Auckland pour la Coupe de l'America.
Décision a alors été prise de changer nos plans: Retour dans la baie des îles pour y laisser le bateau. De là départ en Bus pour visiter le pays et particulièrement l'île sud.
Nous pensons consacrer trois semaines à ce voyage, avant de revenir chercher Getaway pour retourner à Auckland assister à la coupe.
C'est ainsi que de navigateurs émérites, nous allons devenir, pour un temps, touristes moutonnants...
Nous consacrerons le prochain numéro de la gazette à cette découverte touristique ainsi qu'à notre vie terrienne en Nouvelle Zélande quand nous avons passé trois mois à l'entretien de Getaway.
Arriver à temps pour le départ de la coupe de l'America, ce sera un peu la course pour Getaway.
Après trois semaines de tourisme bien remplies, dans le sud, c'est avec beaucoup de plaisir que nous retrouvons notre bateau, sagement amarré au fond de sa rivière. Avec plaisir, mais aussi avec précipitation, car nous sommes de retour à Kerikeri moins d'une semaine avant la première régate de la coupe . Nous ne sommes qu'à 150 milles d'Auckland mais avant de prendre la mer, il nous faut refaire l'avitaillement et aller chercher le génois qu'on a laissé chez le voilier à Opua. Le planning est serré et il va falloir que la météo s'aligne sur nos projets pour nous permettre d'arriver à temps pour le départ.
On se dépêche donc au maximum, mais justement, la météo ne s'aligne pas et le vent reste bien au sud, pile dans le nez. On fera donc le trajet "petit bras", voiles et moteur, en 4 étapes qui nous amèneront dans le golfe d'Hauraki, juste le matin de la première régate.
Dès le début, le spectacle commence très fort
Il souffle frais ce matin là. Un bon 25/30 n...œuds de sud ouest. Quand nous arrivons dans le golfe, ce n'est pas encore la foule, mais déjà quelques vedettes et deux paquebots tournent lentement autour du périmètre de régate. On distingue aussi les bateaux des concurrents qui s'échauffent, en attendant l'heure du départ.
Vers 10 heures, nous sommes près de la ligne de départ, exactement sous le vent de la zone de course, derrière laquelle Auckland se profile à une dizaine de milles. Nous commençons à remonter vers Auckland, en louvoyant dans le clapot, le long de la limite sud de la zone de régate. Les bateaux de spectateurs commencent à affluer et les drapeaux noirs à l'emblème de Team New Zealand à envahir l'horizon. Le skipper devient attentif à ce qui l'entoure pour éviter les abordages. Bien que nous soyons seuls à man...œuvrer à la voile et que nous soyons donc systématiquement prioritaires, le trafic se fait dense. Il y a maintenant des bateaux partout autour et le plan d'eau devient agité. Tout en remontant la zone de course au louvoyage, à six n...œuds sur le fond soit deux n...œuds sur la route contre le vent, nous suivons à la radio les préparatifs du départ. Vers 13 heures nous voyons les deux voiliers concurrents s'élancer, eux aussi contre le vent, et gagner très rapidement sur notre progression. Nous raccourcissons nos bords, pour tâcher de ne pas trop nous éloigner de la régate et jumelles aidant, nous avons l'impression d'être dans les tribunes... Un peu remuantes tout de même, les tribunes...
Les deux bateaux luttent bord à bord. Les premières minutes nous laissent penser que le bateau kiwi est peut être le plus rapide... On a lu tellement de choses sur ce "bateau fusée", sa fausse coque, etc, etc... On va enfin voir si sa conception est aussi révolutionnaire que les journaux locaux nous l'ont claironné toutes ces dernières semaines.
Assez vite on l'impression que le cours des choses s'inverse et que le bateau néo Z a peut être des problèmes. Alors qu'il semblait avoir l'avantage, il commence à perdre du terrain... Et puis tout à coup, Gérard aperçoit dans ses jumelles la voile d'avant des kiwis qui explose vers le ciel... Le bateau fait demi tour pour venir vent arrière et on voit l'équipage essayer d'envoyer une autre voile d'avant. La têtière n'en est pas arrivée à mi hauteur du mat que cette nouvelle voile explose à son tour. Les Néo Z renoncent et perdent là leur première régate.
Un peu attristés par cette fin prématurée du spectacle, nous continuons notre louvoyage vers Auckland, au milieu de la nuée des bateau qui reprennent eux aussi le chemin du port. (Nous lirons plus tard qu'il y avait près de 3000 bateaux dans le golfe d'Hauraki ce matin là!). Trois heures plus tard, en nous aidant du moteur dans une mer très hachée par le vent et la multitude de bateaux, nous arrivons à Bayswater marina, où nous avons réservé une place pour cette période de régate.
Des régates vécues depuis de vraies tribunes.
La marina où nous sommes installés est située juste en face du port d'Auckland et de "Viaduct Harbour" où se situe le c...œur de l'organisation et de la communication de la course. Nous pouvons nous y rendre en empruntant une navette qui traverse régulièrement la rade ou un bus qui en fait le tour.
A Viaduct Harbour, un auditorium de plein air équipé d'un écran de télé géant pour montrer les régates en "direct live", peut accueillir près de trois mille spectateurs sur ses gradins. C'est bien plus intéressant, (et plus facile aussi), que d'aller affronter la mer et les autres bateaux pour tenter d'apercevoir, de loin, les coursiers sur l'eau. Nous avons fait notre plein d'émotions maritimes lors de la première régate et nous décidons rapidement que c'est à Viaduct Harbour que nous viendrons assister aux épreuves suivantes.
Ainsi, pendant deux semaines, tous les jours où est prévue une course, nous viendrons assidûment assister au spectacle, selon un rituel immuable: Traversée vers 10 heures. Café et lecture des journaux nous amènent vers midi à l'auditorium pour attendre le départ qui est généralement prévu vers 13 heures.
La météo estivale d'Auckland est assez capricieuse et le départ ne sera quasiment jamais donné à l'heure pour cause de vent insatisfaisant. (en général trop faible et/ou trop variable en direction). Parfois, il n'est même pas donné du tout et cette coupe sera souvent une longue attente, un peu éprouvante, de conditions météo permettant la compétition.
Au cœur d'une polémique ... autour d'une lutte fratricide
Malgré l'attente on ne s'ennuiera jamais et le spectacle sera permanent. Au sein de la foule qui attend ou assiste aux régates, mais aussi et surtout dans les journaux qui se déchaînent TOUS LES JOURS contre l'équipage Suisse, à mesure qu'il devient plus clair que les kiwis vont perdre leur trophée.
La mauvaise foi et le chauvinisme étalés dans les journaux n'ont plus de limite. Les équipiers d'origine kiwis embarqués sur Alinghi sont chargés de tous les vices et tenus responsables de tous les maux de l'humanité (Ils sont une quinzaine à être membres du syndicat Suisse, y compris le skipper et le tacticien de l'équipe qui avaient gagné la coupe pour la Nouvelle Zélande en 1996 et en 2000). Une campagne imbécile, axée sur le concept de loyauté fait un tabac dans tout le pays. Elle consiste à mettre en évidence, par opposition, la perfidie des traîtres embarqués avec l'ENNEMI, qui vont quasiment VOLER la coupe appartenant de droit au bon peuple Néo Z, si tant méritant, intelligent, talentueux, et tout et tout... Les tentatives d'explications publiées par les équipiers d'Alinghi concernés (Coutts et Butterworth) sont traînées dans la boue, qualifiées de mensonge... Des appels à la punition et à la vengeance sont publiés dans le courrier des lecteurs.
Nous trouverons vraiment (ce n'est pas la première fois, ni sans doute la dernière...) que la presse a, en l'occurrence, fait un très sale boulot. Brosser le poil du populo dans le sens qui le fait jouir, sans jamais tenter d'analyser sereinement, d'expliquer et de mettre en perspective... (Mais peut être que l'idée que je me suis longtemps faite d'une mission éducatrice de la presse est d'une grande naïveté. Peut être que les journaux ne sont jamais que les porteurs serviles des intérêts de leurs propriétaires... ). En tous cas, la presse nous a donné durant cette coupe une image assez désastreuse des kiwis.
Heureusement, les vraies gens, dans la vraie rue, sauvaient un peu la situation. Beaucoup avaient autre chose à faire qu'à se passionner pour la coupe. Beaucoup aussi se passionnaient et étaient visiblement très déçus, mais nous n'avons assisté à aucun geste déplacé ou agressif. Seule la lecture des quotidiens locaux...
Tout ceci à réglé rapidement notre dilemme de supporters. Régate après régate, même si le dépit de nos hôtes kiwis nous apitoyait un peu, nos cœurs se sont vite mis à battre dans l'espoir de victoires Suisses...
Ca nous a aussi donné envie de partager, sur le site getaway, nos informations et nos états d'âme avec nos lecteurs habituels. Nous nous sommes alors pris au jeu du journaliste qui a son papier à expédier tous les jours à son journal. Il faut dire que la marina où nous résidions offrait un accès internet gratuit, à deux pas du bateau et que ça nous a bien aidés à être réguliers...
Malgré les longueurs dues à la météo, nous arriverons tout de même au bout de trois semaines au terme de la coupe: cinq régates gagnées par Alinghi, devant un bateau Néo Z qui a systématiquement tout perdu et qui n'était manifestement pas prêt pour la défense de son trophée.
Le soir de la dernière course et donc de la remise de la coupe à l'équipage suisse, l'enthousiasme populaire n'était pas vraiment au rendez-vous et on a eu un peu l'impression d'une fête prématurément interrompue. L'enthousiasme se développerait certainement ailleurs, un peu plus tard, sur les rives du lac Léman.
Il faudra attendre le mois de Mai 2003 pour pouvoir lire dans la presse locale une vraie analyse des causes de cet échec Néo Z. On pourra LIRE seulement alors, que ce sont bien des conflits de pouvoir et la faiblesse du management des financiers de TNZ qui sont à l'origine de la débâcle du projet kiwi. Cela a commencé quand ils ont laissé partir vers l'étranger des membres éminents de l'équipe qui avait gagné la coupe en 1996 et en 2000 , pour continuer avec l' insuffisance catastrophique de préparation des bateaux et de l'équipe TNZ de cette année. En même temps que cette publication, le pays est entré maintenant dans un débat sur l'opportunité d'un challenge kiwi pour la coupe de 2007 en Europe, et surtout sur l'opportunité pour le gouvernement de subventionner un tel projet sur les fonds publics...
Enfin, dans tous les cas, les amateurs européens pourront, la prochaine fois, assister à la Coupe lors de leurs heures d'ouverture et ne seront pas obligés de se lever au milieu de la nuit pour assister au direct live... Nous serons nous même peut être de retour, (ou de passage...) et nous pourrons évoquer alors les riches heures de la coupe 2003 à Auckland...
Lendemains de fête à Whangarei
Maintenant que la coupe est terminée, il nous faut penser sérieusement à la grosse opération de maintenance que nous prévoyons cette année pour Getaway.
On se retrouve donc début Mars à Whangarei pour chercher un logement meublé qui puisse nous permettre de vider le bateau et de nous loger durant les quelques mois prévus pour les travaux. Comme nous pensons devoir démonter une bonne part de l'intérieur du bateau, on ne se voit pas bien continuer à y loger, surtout sous ce climat pluvieux... Succès rapide et total: En deux jours, nous devenons locataires d'un petit deux pièces meublé dans un motel en cours de reconversion. Ensoleillé, confortable, pas cher, voisin d'un super marché et à portée de vélo du chantier où nous allons hisser Getaway... Tout pour plaire...
C'est donc le 19 mars que nous posons le bateau sur des cales, au "H & H slipway" de Whangarei.
Nos objectifs:
- Casser les planchers pour accéder aux fonds, réparer les réservoirs d'eau et de gas oil qui sont dessous, vérifier et réparer le lest qui rouille sous les réservoirs...
- Essayer de trouver une solution au manque d'étanchéité des bagues de safran qui nous pourrit la vie depuis 5 ans.
- Gratter la rouille et les vieilles peintures de la coque pour lui refaire une jeunesse; Au dessus et en dessous de la ligne de flottaison.
- Changer la cuisinière et revoir l'aménagement de la cuisine, en fonction des dimensions de celle que l'on trouvera.
- Refaire l'étanchéité de tous les hublots du roof.
- Refaire l'étanchéité de quelques aérateurs de pont.
- Et sûrement une foule d'autres détails qu'on identifiera en cours de route...
Voilà de quoi occuper tout l'équipage pendant quelques mois. Anyvonne pense un ou deux, Gérard pense quatre à six... La réalité va se situer (comme d'habitude) entre les deux: Fin mai, après deux mois et demi de labeur incessant, tous les travaux intérieurs sont quasiment terminés:
Un nouveau plancher est en place et les aménagements sont remontés.
On a réalisé de nouvelles bagues de safrans et ils revenus à leur place eux aussi.
Les hublots de roof sont à nouveau étanches. (Du moins on espère...)
A l'extérieur, les préparatifs de mise en peinture sont achevés.
Bref, nous décidons à ce moment là de partir consacrer les trois mois d'été de l'hémisphère nord à la visite de notre petite fille, de nos enfants et de nos amis. Trois semaines à la Réunion, le reste du temps en Bretagne. Nous prenons donc l'avion le 29 mai à destination de la Réunion.
Quand nous reviendrons en Septembre, deux semaines de travail seront sans doute suffisantes pour pouvoir remettre le bateau à l'eau. Ce sera sûrement un grand moment que de retrouver notre environnement marin après six mois d'interruption. On vous racontera...