LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Archipel des Fiji - Journal de bord
N°21 - Janvier 2003

Changement d'archipel, changement d'univers...

Errance dans les Yasawa

Lautoka, métropole de l'ouest Fijien.

La préparation de notre prochaine traversée

La traversée, enfin...

Cette fois ça y est, on est arrivés juste sous vos pieds...


 

 

 

Changement d'archipel, changement d'univers...
 

Une autre civilisation

 

Souvenez vous du dernier numéro: le 29 Août 2002 nous arrivions à Savusavu, sur l'île de Vanua Levu, dans l'archipel des Fiji.

 

Derrière le rideau de pluie et de brume qui prévalait ce matin là, un univers surprenant se dévoilait à nos yeux. Après un an et demi de Polynésie, le changement ethnique était impressionnant.

 

Actuellement la population Fijienne comporte deux composantes principales : les Mélanésiens d'avant l'arrivée des européens et les Indiens, qui ont été introduits par l'administration anglaise. Ces derniers représentent aujourd'hui 50% de la population pour l'ensemble de l'archipel; mais sur Vanua Levu où nous sommes arrivés, ils sont beaucoup plus nombreux (sans doute près de 80%).

Les chinois qui paraissaient omniprésents dans le commerce polynésien semblent complètement absents des Fiji.

Cette foule Indienne que nous découvrons, engendre une atmosphère beaucoup plus "sérieuse" qu'en Polynésie. Pour les choses, comme pour les gens: finis les rires hauts et forts, les cotonnades aux couleurs vives, les fleurs dans les cheveux ou en collier, la nonchalance bon enfant... Ici on a l'impression que la vie c'est sérieux et le travail itou. Les saris sont longs et soyeux et les jeunes femmes baissent les yeux. Tout le monde dans la rue a l'air d'avoir un but et une certaine urgence.

 

Un peu comme avec les masques antiques, on a l'impression de voir ici le côté tragédie de la vie après en avoir vécu l'aspect comédie.

 

Le village de Savusavu abrite quelques super markets dont l'approvisionnement est largement inspiré par les goûts "anglais" (plus de camembert, vive le cheddar) et indiens (Les épices et leurs senteurs envahissent agréablement les rayons...)

On trouve aussi un marché aux légumes assez bien approvisionné : tomates, choux, carottes, pota (entre la côte de bette et l'épinard) , oranges et ananas. Beaucoup de racines de Kawa aussi...

De nombreux petits restaus offrent pour très peu cher des plats indiens délicieux, débordant de curry.

L'accueil est charmant, souriant, mais reste réservé... L'exubérance des femmes polynésiennes n'est manifestement pas un modèle pour l'éducation des indiennes...

Le personnel du Yacht club fait exception mais il est d'origine plutôt mélanésienne, plus noir et plus joyeux.

 

 

Labasa, un chef lieu de province

 

Ainsi que nous l'avons déjà dit le mouillage de Savusavu est remarquablement protégé.... du vent. Pas de la pluie!!!  De ce point de vue, nous avons été particulièrement gatés, durant notre séjour.

Après y avoir renoncé plusieurs fois pour cause d'intempérie, nous finissons par nous décider à aller jeter un œil à Labasa (prononcer Lambassa) la capitale de l'ile nord. 

Malgré le crachin qui sévit ce jour là, on prend le bus en fin de matinée, et on embarque pour un trajet de trois heures (aller simple) à travers les montagnes qui forment le centre de l'île. Durant ce périple, le bus s'arrête à la demande, pour embarquer ou débarquer des passagers et leur charge. Beaucoup de paysans, avec des paniers de légumes approvisionnent ainsi les villages de l'intérieur.

 

La route s'élève vers les hauteurs et nous permet d'avoir une vue panoramique des sommets alentours, quand la brume se lève un petit peu. Les Fiji sont des volcans dont certains sont encore en activité! Fini le cliché des îles exclusivement de sable et cocotiers: les vallées sont profondes qui débouchent sur des plaines littorales intensivement cultivées, la végétation est dense et variée. Ca rappelle un peu certaines îles des Antilles.

Dans les campagnes, les maisons en bois, avec des terrasses, sont bien entretenues, peintes de couleurs pastel. Les lieux de culte indiens fleurissent partout, ainsi que quelques mosquées. Les églises sont plus rares. La plaine côtière qui entoure Labasa est riche de plantations de canne à sucre et les collines proches sont plantées d'immenses pinèdes. Cela semble être les deux principales ressources agro-industrielles du pays.

 

 

La ville elle même offre peu d'intérêt architectural ou touristique: des rues plates, toutes semblables, bordées de bâtiments d'un étage dont le rez de chaussée est consacré au commerce, se coupent à angle droit. Peu de places et peu d'arbres. Partout, une foule affairée se presse vers ses objectifs... A l'heure où nous arrivons en ville, les trottoirs sont submergés d' une foule d'enfants en uniforme. Ce sont les écoliers et les collégiens qui rentrent chez eux, leur journée finie. Presque tous indiens. On voit très peu de mélanésiens ici.

 

On s'arrêtera une heure en ville, avant de repartir dans l'autre sens, pour retrouver le bateau dans la nuit.

Eh oui, ici aussi le soleil se couche très rapidement, vers 18 heures, et c'est depuis le bus que nous n'admirerons pas le coucher de soleil sur la montagne, caché qu'il est par la pluie et les nuages...

 

 

Après deux semaines d'activités "urbaines" et sociales à Savusavu, nous sommes prêts pour l'exploration des îles plus "maritimes" du pays.

 

Notre premier objectif de navigation Fijienne est l'archipel des Yasawa, un chapelet d'îles orienté nord sud, qui borde les Fiji par l'Ouest, sur une cinquantaine de milles. Ce sont 150 milles de navigation depuis Savusavu, dont la moitié s'effectue à l'abri de barrières de corail, que nous prévoyons de faire cool, en nous arrêtant tous les soirs.

 

La météo sur les Fiji semble assez répétitive cette année : Soit l'anticyclone prédomine dans notre sud et nous avons droit à un alizé musclé qui peut rafaler à plus de 35 nœuds, souvent sous le soleil; soit le passage d'un front qui accompagne une dépression sur la Nouvelle Zélande tue l'alizé et laisse nos voiles pendantes, sans vent et sous la pluie.

 

 

Le 6 septembre, on s'arrache au mouillage de Savusavu

 

Ce jour là, c'est plutôt la première situation météo (anticyclonique) qui prévaut et le départ est un peu agité. 

 

Peu après la sortie de la Marina, on a la surprise de découvrir "Yari Yenla" et quelques autres bateaux qui avaient disparu depuis quelques jours et qu'on croyait partis à l'aventure - TOUS mouillés à l'abri, devant l'hôtel Beachcomber... Ils sont revenus attendre un peu de calme après avoir tâté de la mer du large.

 

L'équipage de Yari que nous approchons, nous explique qu'entre les impératifs d'avion des copains, l'état de la mer, le vent fort etc...ils ont préféré attendre et profiter du soleil, au calme dans la baie...

 

Notre objectif se trouvant à quelque vingt cinq milles sous le vent, le temps nous paraît praticable et courageusement, nous continuons. A bientôt Yari...

 

Quatre petites heures de mer dans le clapot, vent par le travers, avec un ris dans la Grand voile, nous amènent devant le passage de Nasonisoni*.

Passage plutôt étroit (une centaine de mètres) et assez long (un petit mille), parcouru par un fort courant de marée qui peut générer un gros clapot quand il s'oppose au vent, c'est un peu la difficulté de l'étape.

Ce jour là, malgré le crachin et le vent, son approche nous paraît claire et nous nous y engageons prudemment. Effectivement, le courant y génère des "marmites" impressionnantes mais notre progression reste régulière et nous nous tenons facilement dans son axe. Juste assez inquiétant pour consommer sans risque un peu d'adrénaline...(Mais notre skipper, qui est presque natif du Golfe du Morbihan en a vu d'autres).

 

Nous débouchons ainsi dans les eaux calmes du lagon et pénétrons dans la baie de Raviravi, pour y passer la nuit. C'est une petite baie inhabitée, bordée de mangroves où nous ne débarquerons pas.

 

*(Remarquez, au passage les noms qui doublent les deux dernières syllabes. C'est extrêmement courant chez les mélanésiens et les polynésiens)

 

 

Le 7 septembre dans le lagon

 

Cette étape de 7 heures de navigation "Relaxe", durant laquelle nous serons poussés à 5 nœuds par l'alizé dans les eaux calmes du lagon, nous conduit à Mbua Bay: une très grande baie, bien profonde, bordée de mangroves, sans un poil de clapot et où l' ancre accroche bien, dans des fonds de bonne vase. Le pied quoi...

 

On va pouvoir réfléchir dans le calme au déroulement de la prochaine étape:

Avant de sortir du lagon, pour traverser Bligh Water sur une quarantaine de milles, on pourrait s'arrêter sur Yadua Island. On ne retiendra pas cette option et on apprendra par la suite que c'était une erreur. L'endroit est magnifique, les eaux limpides et le corail superbe. On ne peut pas ne jamais se tromper...

 

Notre option à nous c'est de rejoindre directement les Yasawa, à partir de Mbua Bay.

 

 

Le 8 septembre en nocturne.

 

Cette étape de 50 milles en mer, vers l'ouest, doit impérativement se terminer de jour pour l'approche des Yasawa. Comme le skipper ne parvient pas à faire suffisamment confiance au GPS pour quitter le mouillage et sortir du lagon de nuit, et que l'étape est trop longue pour être couverte dans la journée, nous devrons partir en fin d'après midi, quand on y voit encore clair, et passer la nuit en mer.

 

Partis vers 16 heures, nous empruntons la très large passe de Yadua à la tombée du jour. La carte nous apprend que le milieu de cette passe est marqué par une balise portant un feu. 

 

Eh bien, rien du tout: ni balise ni feu.

 

Heureusement que le passage est très très large et que le jour nous permet encore de voir les amers et ainsi d'être certains de notre position... Ca aurait encore fait des angoisses pour le capitaine...

Nous nous retrouvons donc en mer, avec une nuit entière pour faire 40 milles. C'est beaucoup trop et nous décidons d'allonger la route d'une dizaine de milles en tirant un bord vers le sud.  Mais c'est encore insuffisant... On va trop vite et vers 23 heures, au 177°59' E; 17°07' S, on décide de mettre à la cape quelques heures, histoire de laisser le temps passer et de dormir un peu.

 

A 4 heures du matin (deux heures plus tard que prévu) on se réveille au 177°57.5 E - 17°03' S: On a dérivé de 4 à 5 milles, dans la bonne direction. Tout va donc pour le mieux et on remet en route , frais et dispos.

 

 

 

Errance dans les Yasawa

 

 

Sawa I Lau, notre premier mouillage des Yasawa

 

C'est avec un peu d'appréhension que nous abordons cet atterrissage sur les Yasawa car nous n' avons pas de carte de détails de cette zone réputée très encombrée de corail. 

Mais aujourd'hui le soleil reste notre allié et c'est avec une visibilité très correcte et nos lunettes polarisantes que nous approchons du mouillage de Sawa I Lau.

Ce 9 septembre tout va donc pour le mieux et vers midi, on jette l'ancre devant le village de Nabukeru dans Sawa-I-Bay. Pour être "précis" nous élisons domicile au 177°27'.8 E - 16°50'6 S, après une traversée calme, reposante et confortable.

 

Il est d'ailleurs heureux que la visibilité ait été bonne pour entrer ici car alors que nous empruntions à vue, une passe pas très large entre deux îles, la trace du GPS sur la carte nous situait à près de 200 mètres plus au nord, au beau milieu d'un gros pâté de corail...

 

Leçon n° 0: Il ne faut jamais naviguer au GPS près des dangers, avant d'avoir, au moins une fois, étalonné la carte qu'on utilise.

 

Trois bateaux nous ont précédés dans cette baie: Un espagnol (Nicole), un Anglais (Flight of time) et un Australien. L'endroit est bien cosmopolite!L'équipage espagnol passe nous saluer et nous confirme que les "autorités" mélanésiennes du village s'attendent bien à ce que nous allions faire le Sevusevu.

 

 

Notre premier Sevusevu.

 

Vers 14h, nous débarquons donc à Nabukeru pour sacrifier à la coutume.

 

C'est une agglomération de quelques dizaines de fales traditionnels éparpillés entre les arbustes et reliés par des allées de sable. Construits avec des palmes de coco et des feuilles de pandanus, on y voit peu ou pas de tôle ondulée... C'est "typique" et très joli...

 

Laissant notre annexe sur la plage, nous empruntons l'allée, agréablement plantée de fleurs et de palmiers, qui se présente sur notre droite. Nous y rencontrons une jeune femme et sa petite fille, assises sur un banc, qui nous sourient et nous interpellent:

 

- You want to make sevusevu? (En tous cas, c'est ce qu'on comprend...)

- Yes, we do; répliquons nous "in peto" et in english...

- OK, come with me...

 

Et elles nous conduisent jusqu'à un auvent, devant un fale, où sont installés, assis en tailleur, un homme et une femme d'une cinquantaine d'année. C'est la famille du chef. 

On se salue, on se présente. Nous sommes invités à nous asseoir, nous aussi en tailleur ( les pieds tournés vers soi et surtout pas vers ses hôtes, ce serait très offensant) et Gérard dépose son paquet de kava aux pieds du chef. 

Il ne faut jamais tendre le présent de la main à la main mais le poser aux pieds de son hôte: Cela lui laisse la possibilité de ne pas le prendre et il vous signifierait ainsi que vous n'êtes pas les bienvenus...

 

Mais notre cas semble bien engagé car le chef s'empare du paquet, déclare solennellement quelque chose en fidjien, frappe dans ses mains, sa femme fait de même et nous voilà admis... On est bien contents, car on aurait été un peu ennuyés de devoir changer de mouillage...

 

 

L'exploitation touristique habituelle...

 

On passe ensuite très vite au marchandage pour touristes qui est vraiment international...:

Voulez vous des papayes...des épinards...des cocos vertes....Tout est proposé à deux dollars pièce.

Ce n'est pas vraiment bon marché mais on achète les deux premiers...

On est ensuite invités à attendre que les dames du village organisent tout près un "shell market"...Rien que pour nous. (Shell= coquillages)

10 minutes plus tard une dizaine de femmes assises en rond, ont étalé par terre devant elles leur stock de colliers et coquillages; du genre de ceux que nous avons déjà vus partout sur les marchés polynésiens pour touristes...

Horreur! Comment va-t-on se sortir de ce guet-apens. Va-t-on devoir acheter quelque chose à chacune?

 

On fait deux trois fois, le tour de ces dames pour examiner ce qu'elles proposent... Ce n'est pas le franc enthousiasme... A Lourdes ce seraient des statues de Bernadette sous cloche, avec paillettes de neige... Bon, mais il faut bien se décider. Heureusement on n'a pris qu'une vingtaine de dollars fijiens (environ 10 Euros) et on arrêtera vite, faute de munitions.

Nous tenterons de contenter quatre vendeuses, en achetant : un coquillage rigolo , un tapa rond, un petit collier et un éventail rustique. 

Elles constatent de visu, porte monnaie ouvert, que nos finances sont à sec et on ne sent pas une grande admiration dans leur regard... Nous repartons même avec une dette de 1 dollar...

 

La fréquentation régulière de cet archipel isolé, par des organisations de tourisme de grand luxe, a beaucoup fait évoluer les mentalités et maintenant les habitants essaient assez légitimement de retirer, eux aussi, quelque profit du passage de leurs visiteurs fortunés...

Pour les voiliers, la situation est variable selon les villages: Certains mouillages sont carrément devenus payants alors que dans d'autres endroits, on ignore totalement les bateaux.

 

 

Le pire:

 

Les grottes de Sawa I Lau

 

La baie où nous sommes mouillés comporte une attraction "célèbre" et citée par les guides touristiques locaux: Des grottes en partie immergées, que l'on peut traverser en nageant et en plongeant.

 

Là, le piège à touristes a parfaitement fonctionné pour nous:

 

Après le Sevusevu, le fils du chef, très convainquant, nous a donné rendez vous pour le lendemain matin, afin de nous emmener visiter ces merveilles locales, moyennant dix dollars. 

Nous n'avons compris qu'au dernier moment, que non seulement c'est NOUS qui l'emmenions dans NOTRE annexe, mais aussi qu'on le payait pour traverser la baie en cinq minutes, monter un escalier visible depuis le pont de Getaway, jeter un œil sur une grotte inondée (sans pouvoir se baigner car nous ne savions pas et n'avons pas pris nos maillots), et laisser la place, quelques minutes plus tard, à une cohorte de touristes venus en bateau-promenade d'un hôtel proche. Ces derniers étaient eux aussi munis d'un guide, mais ce dernier les accompagnait plonger pour voir les salles immergées. Tout faux quoi!

 

Nos copains d'Altaïr sont passés là peu après nous. Il y feront un plongeon (sans guide) et trouveront le lieu très beau. 

Comme dit Gérard, on n'est décidément pas très "aquatiques"; ce qui semble être le comble pour des marins tourdumondistes, mais on n'en est pas à une contradiction près.

 

 

Le plus rigolo:

 

Les pénuries de Gas-Oil de Nabukeru.

 

Un après midi, Gérard qui traverse le village est arrêté par le chef.

- Avez vous du gas-oil sur votre bateau?

- Euh... Oui... Enfin un peu.

- Vous pourriez m'en donner?

- Je pense... Ouiii... Demain matin, je vais vous en apporter un petit peu, ...

- Non non! ce soir! maintenant...

(Ah mais c'est que leur groupe électrogène est en panne se dit le skipper, plein de sollicitude...)

- OK, OK je reviens tout de suite.

Et voilà le GG reparti chercher un de ses bidons de gas-oil moches qu'il traîne sur le pont de Getaway, depuis l'Equateur, pour le cas où...

De retour au village, il le donne au chef qui s'en empare et passe à autre chose.

Il met alors les pieds dans le plat:

- Combien vaut le gas-oil par ici???

- J' sais pas, on n'en vend pas

- Oui mais quand vous l' achetez?

- Mais on n'a pas d'argent!!

- Eh ben si, je vous en ai donné hier, contre les fruits... Et puisque vous même, vous vendez tout, il faut bien que je vende, moi aussi...

Tout l'auditoire éclate de rire, le chef tire de sa poche dix dollars et les tend en riant lui aussi...

- OK comme ça?...

- OK....

(Ca ne fait pas cher le litre de Gas-Oil, mais ça change la relation...)

 

Le soir même, alors qu'on boit l'apéro sur un bateau voisin, on raconte l'anecdote:

Le skipper anglais s'étrangle...

- C'est super que tu l'aies fait payer, parce qu'hier il m'a fait le coup à moi aussi et je lui en ai déjà donné 20 litres. 

Ensuite, j'ai bien vu ce matin: il a été livré de 200 litres quand la goélette est passée, alors ce n'est pas le gas-oil qui manque en ce moment!

- Mais alors, il n'était pas à court de carburant?

- Ah ça, sûrement pas!!!

Ici comme ailleurs, il n'y a pas de petits profits...

 

 

Le tourisme c'est aussi la fête au village, toutes les semaines...

 

Chaque jeudi, un petit paquebot (une soixantaine de passagers) fait escale devant Nabukeru et c'est pour les villageois l'occasion d'un grand déploiement d'énergie. Ce jour là, tout le village vit à l'heure des touristes et contribue à leur proposer des distractions pour la journée. Cela culmine le soir par un repas et un spectacle "offerts" par les habitants rassemblés dans le fale fono.

 

Avec tous les équipages des voiliers mouillés devant le village nous avons été conviés à assister à cet évènement (moyennant 5 dollars par personne) pour lequel nous débarquons vers 19h, à la nuit tombée.

 

A une extrémité du fale, un groupe de Fidjiens est assis autour du chef, buvant le kava et jouant de la musique. A l'autre extrémité, les touristes se restaurent autour d'un buffet de nourritures traditionnelles, servi par les femmes du village.

A notre arrivée, Gérard est invité par le chef à s'asseoir près des hommes pour boire le Kava. Mais ce n'est pas pour les femmes.. alors Anyvonne se retire sagement sur son banc où les touristes viennent l'inviter à se servir au buffet... Eh bien allons-y pourquoi pas?

Gérard s'y mettra aussi après son coup de kava qui l'a un peu "engourdi".

 

Ensuite le spectacle commence:

Hommes et femmes sont en costume traditionnel, mélangeant tissus façon tapa , feuilles de pandanus et fleurs. Ils vont chanter et danser avec beaucoup de sincérité et de naturel. 

Ce soir, le chef est magnifique, avec couronne, collier ouvragé ,"bracelets" de chevilles et jupe en pandanus: Il dirige les chants avec conviction et prend à sa prestation un plaisir évident. Tous sont manifestement heureux, et c'est communicatif: on en sort heureux aussi... 

Bien que ce numéro soit commandé et hebdomadaire, nous n'y avons senti aucun signe de routine. Ces gens sont manifestement fiers de leur culture et ont grand plaisir à la communiquer.

 

On a le sentiment que l'argent qu'ils retirent du tourisme leur permet de vivre confortablement une vie qu'ils ont décidé de conserver fidèle aux valeurs de leur traditions, sans sacrifier beaucoup à celles du bonheur occidental.

Est- ce là un compromis possible dont nous parlions ailleurs à propos des Gambier et de Wallis?

 

 

Mais il n'y a pas que les mélanésiens aux Fiji:

 

Nous allons lier connaissance à Sawa I Lau avec des "Grands Bretons" super sympas, et qui parlent un anglais compréhensible !!! 

Il faut dire qu'ils font l'effort de parler doucement et qu'ils doivent sans doute employer des mots simples. 

Sur leur bateau "Flight of Time", ils ont quitté depuis longtemps la côte sud anglaise, mais ils rentrent tous les ans passer six mois en Angleterre pour profiter de leurs petits enfants.

 

Comme beaucoup de plaisanciers anglais, ils connaissent très très bien Lézardrieux, ce qui provoque toujours une forte montée d' empathie chez Anyvonne...

 

Lors d'une soirée apéro-dinatoire sur "Flight of Time", en compagnie d'un couple d'australiens, on va faire de gros progrès et apprécier une soirée complète en anglais sans en sortir lessivés par l'effort de compréhension. Il est vrai que nos quatre Anglo-Saxons faisaient l'essentiel des frais de la conversation et qu'écouter est moins fatiguant que parler soi- même...

 

Durant tout notre séjour aux Fidji, nous recroiserons plusieurs fois "Flight Of Time". Nous suivrons aussi, lors d'une session BLU quotidienne, leur traversée vers la Nouvelle Zélande, qu'ils commenceront 24 heures avant nous.

 

Dans la série "Mais que le monde est petit", Nième édition"

Nous découvrirons à cette occasion que l'ami qui les accompagne, pour étoffer leur équipage durant cette traversée vers chez les kiwis, n'est autre que David, le navigateur "solitaire" que nous avions côtoyé sur "Ondarina", dans la darse de Hao lors de notre traversée des Tuamotu.

 

 

Pendant le mauvais temps, la visite continue...

 

Mais enfin, le temps passe, et la météo oscille invariablement entre pluie et vent fort, comme déjà évoqué plus haut. On choisit pour aller voir plus loin un jour sans pluie , donc avec beaucoup de vent. (En fait, ce jour là, on a pu bénéficier des deux...)

 

Getaway mouille à Blue Lagoon.

 

Il faut dire qu'on se soucie peu du vent pour cette navigation. En effet, l'étape est courte et surtout se déroule presque entièrement à l'abri des îles. Les préoccupations viennent plutôt de sous la surface de l'eau: Les pâtés de corail qui débordent toutes ces côtes, jusque plusieurs milles au large. Pour corser un peu la situation, la route est souvent tortueuse entre les îles, et évidemment très peu balisée.

 

Après deux heures de moteur (et quelques émotions quand il a fait mine de s'arrêter juste dans la passe en arrivant), nous avons mouillé à l'abri de Matatawha Levu, beaucoup plus connue sous le nom de Blue Lagoon. Il paraît qu'un film à succès portant ce titre aurait été tourné par là.

 

Ce mouillage est nettement plus fréquenté que le précédent. C'est une base importante du tourisme de luxe dont nous avons déjà parlé. Plages réservées, hôtels (très discrets), hydravion qui dépose son lot de riches clients devant la plage, grosses vedettes et petits paquebots qui emmènent tout ce beau monde se promener sur l'eau... dans l'eau... sous l'eau...

 

Franchement ce n'est pas notre truc...Mais nos potes de Yari Yenla vont y faire un séjour qu'ils trouveront idyllique. Sans doute à cause de l'ambiance jeuuuuuune!! développée pour la clientèle hôtelière.

 

Il faut dire que des soucis de santé nous perturberont à ce moment là et ne nous aideront pas vraiment à apprécier le lieu à sa juste valeur.

 

 

Puis à Somosomo Bay, sur Naviti Island

 

Poursuivant la descente des Yasawa, nous profiterons de cette baie bien abritée du vent de Sud Est qui souffle toujours assez fort, pour snorkeler un peu: les fonds y sont magnifiques, l'eau claire, les poissons colorés qui nous feront admirer leurs nouvelles robes jamais vues encore.

 

Notre santé se maintient, alors ça va...

 

 

Enfin à Nalauwaki Bay, sur Waya Island

 

Dans cette très jolie baie dominée par une belle montagne qui tombe à pic sous notre nez, nous sommes mouillés devant une petite plage où une cascade dégringole depuis les sommets. Les habitants d'un village voisin sont nombreux à venir pêcher là.

Nous n'aurons pas le loisir de descendre à terre ni d'aller voir plus loin. Pressé par des douleurs persistantes, le skipper a envie de rejoindre Lautoka, son modernisme et surtout les possibilités de soins qu'il espère y trouver. On vous fera profiter bientôt d'une visite gratuite dans un hôpital Fijien.

 

 

Lautoka, métropole de l'ouest Fijien.

 

Le dimanche 21 septembre est une journée sans vent. 

On en profite pour gagner Lautoka au moteur, en une petite journée de navigation peinarde, sans avoir à se battre contre l'alizé. D'ouest en est, c'est un plaisir rare...

C'est en fin d'après midi que nous abordons Viti Levu , l'île principale des Fidji; celle qui abrite les grandes villes, dont la capitale: Suva, où déprime notre ami Francis qui y moisit depuis un mois sous la pluie.

Lautoka, ville plus petite située sur la côte ouest de l'île, profite d'un climat réputé plus sec .

 

 

L'approche de la marina de Vuda Point, comme un jeu de piste...

 

A la recherche d'un endroit où nous pourrons oublier Getaway et le souci de son mouillage pendant quelques jours, nous espérons trouver de la place dans la marina de Vuda Point, dont nous avons souvent entendu célébrer la sécurité à la BLU.

 

Nous cherchons donc à repérer cette marina dont nous pensons légitimement que c'est l'abri mentionné sur la carte comme "boat harbour", près de Vuda Point, au sud de la ville..

Guidés par le GPS, nous en apercevons l'entrée, à droite d'un gros dépôt de carburant dont les énormes réservoirs forment un amer remarquable. 

Etrangement nous ne voyons pas de mâts dans les environs... 

Alors on approche prudemment.... 

Et... tout doucement Getaway pousse son nez dans une petite darse... 

Toujours pas de mâts en vue... 

Et c'est normal, car il n'y a pas de voilier ici!... 

Seulement un bateau de pêche avec ses marins hilares , très surpris de nous voir nous embouquer dans ce trou à rats.

 

Renseignements pris, la marina n'est pas ici mais plus à l'Ouest, de l'autre côté du dépôt de carburants... Une série de perches doit en baliser l'entrée... On trouvera bien...

Vite, on remonte la dérive, car il n'y a pas beaucoup d'eau ; on trouve tout juste la place pour faire une belle boucle avec notre Getaway qui n'est pas le roi du braquage et nous voilà ressortis.

 

Bon, mais c'est pas tout ça! Sur ce bout de côte déjà disséqué à la jumelle, on n' a rien vu qui ressemble à une marina.

On refait tout de même le chemin vers le nord ouest, en sortant nos lunettes à voir les poissons dans l'eau. Sachant que l'entrée DOIT être près des réservoirs de carburant qui sont bien visibles et que des mâts de bateaux ça se voit de loin quand même!!! Enfin on trouve!!!

 

Pour votre gouverne, si vous allez par là le week end prochain, voici le Way Point d'entrée:

17°41.065 S; 177° 23.030 E.

On trouve là un gros flotteur de mouillage qui marque l'approche d'un chenal étroit, taillé dans le corail, que l'on embouque au 039 vrai. Juste à gauche des réservoirs de British Petroleum...

Filez le tuyau à vos amis, ça peut toujours servir...

 

Parcouru à marée basse, le chenal, balisé de petits drapeaux blancs, est assez impressionnant. Le corail paraît vraiment très près et il faut être vigilant, surtout par fort vent de travers, comme c'est souvent le cas.

Appelé par VHF, le harbour master nous annonce de l'aide pour notre amarrage.

 

Ici, les bateaux sont disposés tout autour d'un bassin circulaire, amarrés tête ou cul au quai, l'autre extrémité étant prise sur un coffre mouillé vers le centre. Des employés de la marina viennent effectivement en dinghy, nous désigner une place et nous aider avec beaucoup de diligence à la manœuvre des aussières. Getaway quitte donc rapidement le champ de nos préoccupations et nous pouvons nous concentrer sur la raison de notre hâte à venir ici:

 

 

Allô Maman Bobo...

 

Depuis plusieurs jours, le skipper souffre de vives douleurs abdominales. 

La pharmacie du bord a été mise a forte contribution pour maîtriser le phénomène, mais au bout de presque une semaine, cela perdure et nous en sommes un peu inquiets, à la veille d'une traversée de plus de dix jours vers la Nouvelle Zélande.

Bien que depuis hier dimanche, les douleurs se soient apaisées, nous pensons qu'un examen approfondi par un médecin compétent est souhaitable.

 

Renseignements pris à la marina, le mieux semble être la consultation de l'hôpital de Lautoka. 

Dès lundi matin, nous partons donc à l'aube, pour une rude journée de recherches, de questions, d'explications médicales en anglais, de découverte d'un mode de fonctionnement étranger, et d'attente. Sûrement de beaucoup d'attente...

Nous arrivons à 8h30 devant un hôpital datant des années 70 dont le hall ressemble à celui d'une gare des chemins de fer français à l'heure de pointe, au moment d'une grève illimitée. Sous le regard serein et impassible de la famille Royale anglaise dont les photos décorent les murs, les gens s'entassent partout, assis, debout, accroupis, en queues, isolés ou en groupes... Malades consultants et nombreux accompagnateurs, tous ces gens sont plutôt placides et visiblement habitués à attendre longtemps, mais tout cela nous apparaît un peu désordonné...

 

Comment allons nous faire dans ce bazar???

 

Au milieu de la foule, nous repérons une Fijienne qui semble avoir une fonction d'hôtesse d'accueil. 

Nous nous en approchons et bien que ses crises aient disparu, Gérard qui se souvient de ses violentes douleurs, tente en anglais et avec force gestes, de la convaincre de l'urgence de son cas.

 

Elle semble avoir compris son problème, mais veut absolument voir sa carte.

- Kezako??? Quelle carte??? Mime le skipper en grimaçant de douleur?

ù

Comprenant que nous sommes ici des petits nouveaux et que nous possédons peu l'intelligence du lieu, elle conduit le malade à un guichet en lui faisant doubler une file d'attente longue comme le bras (Gérard s'attend à chaque instant à voir se déclencher une émeute) et demande au préposé de s'occuper de sa "carte"...

 

Ce dernier s'occupe immédiatement de lui: nom, prénom, date de naissance etc.... Cinq minutes plus tard, il est en possession d'une sorte de carte de santé qui lui permet d'accéder gratuitement aux consultations publiques de l'hôpital. (Elle prétend que le skipper est âgé de 38 ans, mais on ne va pas s'arrêter à ce détail... Et puis un petit coup de jeune n'a jamais fait de mal...)

 

Ensuite, l'hôtesse ne l'abandonne pas comme ça... Elle escorte maintenant son porteur de carte, jusqu'au couloir sur lequel s'ouvrent les cabinets de consultation et lui indique une porte devant laquelle patienter. 

Là encore en bousculant un peu l'ordre des files d'attente.

Gérard attend quelques temps devant cette porte qui s'avère ne pas être la bonne, mais les gens autour de lui s'en aperçoivent et, très chaleureux, lui indiquent le bon banc, en face de la bonne porte: vers 11 heures il consulte son premier médecin généraliste.

 

Quelques minutes et une auscultation complète plus tard, il se trouve avec un nouveau problème à régler: obtenir une radio. 

La radiographie de l'hôpital est en principe réservée aux malades hospitalisés ou alors aux consultants disposant d'un rendez vous pris longtemps à l'avance. 

Le généraliste qui se considère impuissant, conseille à notre malade d'aller tenter de plaider sa cause auprès du service de radiologie, et de revenir le voir avec les résultats, si des fois ça marchait... Il lui souhaite bonne chance...

 

Eh bien on y va... Avec tout ça, nos progrès en anglais et en mime de douleurs sont foudroyants...

 

Nouveau bureau donc, nouvelles files d'attente et nouvelles grimaces.

On trouve vite quelqu'un qui s'intéresse au problème et le règle illico... Il nous suffit d'aller payer à la caisse de l'hôpital, pour nous retrouver munis d'un bon pour une radio et d'un rendez vous pour la faire, à quatorze heures.

 

Histoire de meubler notre attente (il n'est pas encore midi) et parce que l'accompagnatrice a faim, nous retournons en bus vers le centre ville, à la recherche d'un resto Indien. 

Précisons que sadiquement, Anyvonne satisfera son appétit, devant un Gérard affamé et interdit d'alimentation jusqu'à sa prochaine radio...

 

La suite se passera sans problème, jusqu'à l'obtention des résultat, deux jours plus tard:

Rien!!! Pas la trace du moindre petit embryon de caillou dans la tuyauterie... Que du chiqué tout ça...(note de l'accompagnatrice)

Mais on a quand même eu des sueurs froides (surtout Gérard)...

 

Anyvonne elle, dans le même temps, s'est offert une rage de dents pendant plus d'un mois... La perspective de confier sa bouche à un dentiste Fidjien n'arrangeait pas son moral.

Elle n'avait qu'à écouter son dentiste français qui lui conseillait de revenir faire des soins plus intensifs avant de repartir de Bretagne, il y a un an!!!(note du skipper)...

 

Nous avons déballé ces soucis de santé, en réponse aux questions de nombreux copains: comment faites vous pour cette sorte d'ennuis? et d'abord en avez vous?

 

Eh oui, bien sur... Comme tout le monde... Et avec l'âge, ça ne va pas en s'arrangeant, ma bonne dame!

Mais, on a quand même la chance d'avoir une bonne santé générale, on fait un check up tous les cinq ans ainsi qu'une révision dermatologique et dentaire annuelle. 

Certains problèmes restent en permanence menaçants, comme les coliques néphrétiques du skipper, si douloureuses, qui reviennent sans prévenir et dont on vient de vous conter la dernière.

 

La pharmacie du bord, hormis les médicaments généraux, inutilisés le plus souvent, contient les produits d'urgence pour les affections personnelles prévisibles: Antalgiques pour coliques néphrétiques! pommades anti inflammatoires pour le dos etc... 

Mais évidemment, il faut aussi compter avec le facteur CHANCE qui a encore bien fonctionné cette fois ci, en permettant à la crise de s'arrêter toute seule.

 

En bateau sous un climat tropical ensoleillé, il faut aussi s'attendre à l'apparition d'affections plus inhabituelles en région tempérée: champignons, affections de la peau, surinfection des bobos, problèmes d'oreilles dus au snorkelling dans les eaux coralliennes etc...

 

Notons tout de même que les possibilités de soins sont le plus souvent facilement accessibles et que beaucoup de pays proposent, même aux étrangers de passage, des soins entièrement gratuits dans leurs hôpitaux. 

Bien sûr, comme partout, si vous préférez des soins particuliers prodigués par des spécialistes privés, il vaut mieux avoir votre Gold Card en poche.

 

Enfin, à ceux qui nous demandent ce que nous allons faire dans cette galère, à notre âge? On répondra que ceux qui courent le monde meurent dans leur lit, dans les mêmes proportions que les autres.

Mais laissons là les bobos et passons aux choses plus drôles:

 

 

Nous sommes maintenant installés dans une VRAIE marina

 

Où on profite de rencontres agréables

 

Dès le lendemain de notre arrivée, nous faisons la connaissance d'un jeune couple franco-colombien charmant et de Tatiana, leur petite fille de deux ans. (Adorable Tatiana... Anyvonne, en manque de petite fille va soigner avec elle ses frustrations de grand-mère abandonnée). Ils terminent ici le carénage de Caprice, leur bateau, et sont donc des "anciens" de la marina. Ils nous enseignent tous les trucs locaux importants, pour gagner du temps et de l'énergie.

 

Ils nous montrent ainsi la route de la "pizza du mardi" à moitié- prix ,au restaurant de l'hôtel qui jouxte la marina. Il y a foule et l'ambiance est chaude, comme toujours chez les anglo-saxons au moment de l'Happy Hour.

 

Notre régime draconien va encore souffrir... Là on est OBLIGES de boire DEUX coups....

Gérard exulte... Et sans aucune culpabilité, en plus!!!

Les pizzas sont grandes et bonnes, l'ambiance amicale....

 

Avec Thierry et Martha, on peut aussi exercer notre espagnol qui commence à s'estomper. 

Seule Tatiana, qui comprend parfaitement sa langue maternelle, refuse de nous répondre autrement qu'en français. Il est vrai qu'elle vient de vivre un an en Polynésie, alors le français est plus "normal" pour elle socialement parlant.

Avec les parents, on se trouve en face de "vrais intellos". Archéologues tous les deux, ils ont fait des recherches en Colombie durant 15 ans puis sont venus sur leur bateau jusqu'ici, pendant un congé sabbatique.

 

Martha nous fera découvrir l'Ajiaco, plat colombien (plus précisément de la région de Bogota) dont nous profitons maintenant toutes les semaines; avec encore plus de plaisir depuis que nous sommes dans une région tempérée. Nous la diffusons, avec bonheur, à tous les copains que nous croisons depuis.

 

Nous essaierons aussi les deux bars de la marina, mais ils ne nous laisseront pas un souvenir impérissable. Ambiance pas plus que cuisine... 

Bien que le personnel en charge soit charmant, dévoué, et souriant, l'ensemble est beaucoup moins chaleureux que Savusavu... Sans doute cela dépend-il de la saison et des gens qu'on y croise...

 

 

Et de tout le confort moderne:

 

Bien nichée dans son trou, la marina est très protégée des intempéries (elle est classée trou à cyclone) et offre tous les services habituels possibles:Yacht club, épicerie, lave linge, douches, la vie moderne quoi!

Pour aller à la ville ce n'est pas l'idéal: les bus passent avant 7h, à 13h30, et à 18h environ. Pour faire l'aller retour dans la journée, sans traîner en ville, le taxi est plus judicieux, mais assez cher.

Donc, plutôt que d'aller traîner en ville, Anyvonne va se faire une orgie de lessives et même réussir à les faire à l'eau chaude... Ce qui est un exploit dans ce pays où l'influence américaine est assez forte.

Précisons pour les européens ignorants que les américains du nord n'utilisent que des lave linge non chauffants. Comme nous trouvions cela complètement aberrant, on nous a expliqué que les nuisances possibles de l'eau chaude sur le linge pouvaient entraîner aux Etats Unis des procès contre les fabricant de machines à laver... Ceux ci refuseraient donc de fabriquer des machines chauffantes!!!

Est ce vrai? On ne sait...Bref... 

 

L'évier situé près de la machine, étant alimenté en l'eau chaude, Anyvonne a rempli l'engin avec un seau, et ça a marché... C'est ainsi que linge lavé et équipage rassuré sur sa santé, nous pouvons repartir dans les îles, à la découverte de Malolo island.

 

 

La préparation de notre prochaine traversée

 

 

Un tremplin pour le grand saut: Musket Cove, sur Malolo Island

 

C'est THE endroit dont on entend parler depuis les Samoa, par tous ceux qui sont passés aux Fidji.

La raison en est simple: C'est un mouillage bien abrité et doté d'un yacht club super accueillant.

C'est ici qu'on se met dans les starting-blocks pour les traversées vers la Nouvelle Calédonie ou la Nouvelle Zélande. C'est à dire qu'on vient y attendre, dans de bonnes conditions, la fenêtre météo favorable à la traversée de son choix.

 

Cette jolie baie abrite de belles plages, des hotels pour riches Kiwis, des villas nichées dans les creux des collines sableuses, des restaurants, une épicerie ,une boite aux lettres, des douches CHAUDES!, des lave et sèche linge...(l'hyper confort bourgeois quoi...)

 

Et puis surtout un BAR en plein air, doté d'un Barbecue. C'est une institution due à la géniale hospitalité du propriétaire. 

Il met à disposition de qui veut, d'immenses BBQ construits en dur, fournit le bois, les assiettes et les couverts (que l'on renvoie sales au bar, après usage). Il reste à apporter ses grillades, à allumer le feu (ou attendre un peu que des plus affamés l'aient lancé avant vous et en profiter après), et à boire des coups en attendant que ça cuise.

 

On peut aussi tourner autour du feu, agiter mollement la fourchette et draguer les jolies kiwies de passage, n'est- ce- pas Marcel? Enfin! tant que tu n'oublies pas de surveiller le poulet.....

 

On achète évidemment les boissons à ce même bar qui ,soir après soir, ne désemplit pas.

 

Ce lieu est idéalement situé sur la pointe qui ferme une petite darse, avec vue imprenable sur le site et le mouillage tout autour. C'est aussi sur le passage des voraces moustiques locaux , quand le vent n'est pas là pour les chasser! (se munir de répulsif)...

Comme c'est l'escale habituelle de tous les bateaux en partance, vous êtes quasi assurés d'y voir arriver un jour où l'autre les copains que vous avez perdu de vue depuis quelques temps, en plus du bonheur d'en rencontrer de nouveaux.

Hormis Francis, qui partira directement vers la Nouvelle Calédonie, dégoûté par la pluie de Suva; nous retrouverons ici: Yari-yenla, Caprice, Altaïr, Flight of Time, Winch ...

 

Sachant qu'on va se retrouver très vite sans nos copains habituels, on va profiter goulûment de cette vie sociale échevelée durant deux semaines entrecoupées d'excursions à Lautoka ( 4 à 5 heures de navigation) ou Vuda Point (3 à 4 heures de bateau). Depuis un an on a pris l'habitude de rencontres francophones répétées et on a le vague sentiment que le retour à une vie de "robinsons français esseulés" va nous faire bizarre.

 

Nous confirmons ce sentiment, aujourd'hui que nous sommes chez les Kiwis, sans un francophone à l'horizon.

Nos progrès en anglais ne nous permettent pas encore la sorte d'humour complètement idiot mais si jubilatoire, du style "ça-rémane-un-max", qu'on pratiquait sur Yari-yenla. 

 

On s'essaie parfois à l'humour en anglais (on ne peut pas lutter longtemps contre sa nature) mais à l'expression de l' auditoire, on suppose que nos traits d'esprit, sont au mieux incompris, au pire interprétés dans un mauvais sens (et on ne sait pas lequel)... En tout cas on ne sait jamais comment ils reçoivent le message, et c'est bien embêtant... 

Mais on rigole bien quand même, rien qu'à voir la tête des interlocuteurs.


A Musket Cove, le Syndrome de Francis s'est à nouveau manifesté

 

Et nous avons escaladé la colline pour grimpeurs du troisième age qui surplombe la baie. 

Un sentier de crête offre une vue imprenable et majestueuse sur le côté Est de l'île, et donc sur la côte Ouest de Viti Levu au loin. 

Nous n'avons pas pris l'inévitable photo du bateau vu du haut puisque nous n'avons plus d'appareil et que de toutes façons je crois bien qu'on ne voyait même pas Getaway.

Nous sommes ensuite redescendus par "l'aéroport" et avons traversé le coin des Hôtels luxueux avec petits pavillons disséminés dans les hibiscus et les bougainvillées. 

Très joli, tout ça.

 

Merci Francis: on devient de vrais tourdumondistes actifs et tout... On a enfin l'impression d'être comme tout le monde et de ne rien rater.

Cela rassure Gérard et donc satisfait Anyvonne. En plus, ça nous fait faire un peu d'exercice...

 

 

Où on a même pu se prendre un instant pour de vrais archéologues:

 

Grâce aux conseils de nos amis archéologues de "Caprice", Anyvonne a effectué ses premières "fouilles" sérieuses sur l'île de Malolo. 

Sur le parking récemment remblayé de terre rapportée d'on ne sait où..., Thierry et Martha ont trouvé des morceaux de poterie Lapita. 

Anyvonne a couru la-bas après leur départ et y a déniché quelques morceaux de briques cassées qu'elle considère avec dévotion comme des antiquités véritables, à la plus grande joie sarcastique de Gérard ( Comme il dit, il suffit d'y croire ).

 

 

Mais c'est pas tout ça, on est quand même là pour se préparer au départ ...

 

Premier volet: La vidange du bateau

 

Non. Pas celle qu'on croit:

 

Sachant que nous allons devoir affronter les douaniers Kiwis et leurs interdictions draconiennes, il convient de vider le bateau de tout ce à quoi on tient et qu'ils risquent de saisir.

Dans cette catégorie, on trouve la plupart des souvenirs achetés jusqu'ici au hasard des escales, c'est à dire tous les objets en bois, paille, graines, os, peaux, coquillages,...(la liste prohibée est longue...) qui s'empilent dans le bateau depuis belle lurette.

En toute innocence, on avait même acheté à Savusavu, un tas d'objets typiques locaux en bois: ABSOLUMENT INTERDITS en Nouvelle Zélande.

 

Mais comment font donc les Kiwis, en vacances ici, pour rapporter des souvenirs? Mystère... Et à qui les Fidjiens peuvent ils vendre leurs souvenirs, vu que les touristes sont essentiellement kiwis? Re-mystère!

Il est intéressant de souligner qu'arrivés en Nouvelle Zélande on retrouve pratiquement les mêmes objets qu'aux Fidji... Ils ont dû être désinfectés entre temps... Et puis: la base de l'Economie bien comprise n'est elle pas de vendre chez soi plutôt qu'acheter chez les autres?

 

Bref! pour éviter le désagrément de voir tout cela saisi et jeté, on a déshabillé les "murs" des éventails décoratifs, ratissé les coffres à la recherche du plus petit morceau de corail oublié et poursuivi le plus minuscule collier de graines dans les fonds (ils ont des labradors fouineurs dressés pour renifler lesdites graines à distance); on en a fait un gros paquet qu'on a envoyé en France par colis maritime.

 

Des copains qui avaient négligé cette saine précaution se sont vu confisquer le tambour du gamin, parce que garni de peau de chèvre. Malgré leurs supplications et leur promesse de ne jamais le débarquer sur le quai...( pas le gamin... le tambour)

Mais ceci est une autre histoire dont on reparlera plus tard.

 

 

Deuxième volet: L'étude de la Météo

 

A Musket Cove tout le monde parle météo, tous les jours. 

En anglais évidemment, ce qui ne facilite pas les choses...

A partir de début octobre on assiste ainsi à des discussions sans fin, dissections de fax, interprétations de bulletins, valses hésitations, départs intempestifs... 

Tout ça paraît plutôt mystérieux pour le petit nouveau qui débarque ici.

 

"Ceux qui savent" (traduire: ceux qui ont déjà fait la traversée au moins une fois) ont une auréole autour du crâne, un peu comme "ceux- qui- ont- FAIT- le- Golfe- de- Gascogne" chez nous... (Il paraît d'ailleurs que le temps y est comparable même si la traversée est ici deux à trois fois plus longue...)

 

Il faut dire que l'équation météo est subtile: Attendre suffisamment pour que la situation estivale s'installe et rende les dépressions qui croisent la route de Nouvelle Zélande plus rares et moins fortes; MAIS ne pas attendre que le risque de cyclone qui est alors croissant, soit trop important pour rendre cette route dangereuse...

 

Bref, à chacun de se faire son idée la dessus entre début octobre et fin novembre... C'est un peu comme la foi, ça se discute mal...

 

Durant le mois qui précède le départ, Gérard se concentre sur une étude suivie de toute les cartes, les fax et bulletins météo diffusés par la BLU et couvrant la Nouvelle Zélande et la Nouvelle Calédonie. 

Ca rassure un jour et ça angoisse le lendemain, mais ça donne un sérieux sujet de conversation avec les autres bateaux.

 

 

Troisième volet: Les formalités de départ

 

Les formalités ne pouvant se faire à Malolo, la règle est de retourner à Lautoka pour les accomplir, juste au moment du départ. 

Les fonctionnaires ad hoc vous signalent alors que vous avez 24h pour quitter le pays. Radio ponton dit qu'il n'est pas conseillé de résider ensuite à Musket Cove, en attendant la bonne fenêtre météo. On y risquerait alors une forte amende infligée par les autorités de l'Immigration.

Comme nous sommes des timorés, nous retournerons docilement faire les papiers de sortie à Lautoka la veille de notre départ. 

Pourtant des bateaux (que nous ne nommerons pas..) sont restés plus de huit jours à Malolo, après avoir fait leur sortie!...Et ils ne se sont même pas fait prendre!  Il n'y a pas de justice... (Les noms peuvent être fournis sur demande écrite.)

 

 

Quatrième volet: Les adieux répétitifs et émus

 

Comme on est les seuls "frenchies" assez fous pour partir se cailler vers le sud, les pots et BBQ de départ se succèdent avec les équipages francophones plus avisés qui partent tous cette année vers la Nouvelle Calédonie.

 

Caprice donnera le top de départ le 12 octobre et atterrira en Nouvelle Calédonie le 18 .

Altaïr suivra le 14 octobre et arrivera le 21 à Nouméa. Tous sans problème.

Getaway partira le 15 octobre pour la Nouvelle Zélande et y arrivera le 24.

Yari quant à lui continuera encore un temps de draguer les plages des îles, après avoir laissé repartir en France Annette et Manu, les pauvres travailleurs...

 

 

La traversée, enfin...

 

Mi octobre, la météo n'est pas vraiment plus favorable que les jours précédents

 

L'alizé galope toujours à plus de 25 nœuds au sud des Fiji, où les avis de vent fort sont permanents.

 

D'un autre côté on commence à sentir que la convection s'intensifie dans la Zone de Convergence du Pacifique Sud... (SPCZ). Cette activité génère régulièrement des dépressions qui deviennent des typhoons dans le Pacifique Nord. La question est donc: Quand ces dépressions vont elles se mettre à voyager aussi vers le Sud et donc vers nous???

 

Comme nous dit Graham de Flight of Time, "Tous les jours qui passent augmentent la température de l'eau et donc le risque... Et nous sommes tout de même dans une année Nino... Alors, risque pour risque, autant choisir le moindre: celui d'une perturbation Néo Zélandaise...".

Lui, a donc décidé de partir...

 

Une analyse météo personnalisée, demandée par Email contre 50$NZ (25 Euros), confirme le diagnostic de Graham: La fenêtre n'est pas très ouverte, mais si ça se déclenche au nord, on sera mal partout. 

Alors autant essayer de faire du sud avant.

 

Et l'équipage de Getaway se décide à partir lui aussi. Ainsi va la foi...

 

 

Les vraiment derniers préparatifs

 

Le lundi 14 octobre au matin nous voit donc tous les deux sur le pied de guerre, dans le port de commerce de Lautoka, pour faire les dernières courses.

 

On a choisi ce port, plutôt que Vuda Point parce qu'il est plus proche du centre ville, bien desservi par des bus et qu'on n'y est pas pour longtemps. C'est un excellent mouillage mais il a l'inconvénient de pouvoir être sous le vent d'une usine à sciure et d'une raffinerie de sucre. Comme on est en pleine campagne sucrière, cela entraîne certains jours des nuages de cendres noires qui atterrissent partout sur le pont...

Gérard se charge des formalités administratives ainsi que d'envoyer le texte de la dernière gazette via Internet. Anyvonne s'occupe des vivres. 

Avec retour en taxi.. Quand même! on n'est pas des bêtes.

Le mardi matin, on cuisine les viandes, soupes et autres légumes fragiles, et à onze heure locale, on est fin prêts pour le départ.

 

 

Pour neuf jours de navigation "contrastée"

 

Ca commence un peu comme un rêve: Luxe, calme et volupté... 

Enfin, jusqu'à la passe dans la barrière, à 15-20 milles, au sud de Lautoka, c'est à dire durant quatre heures.

 

Depuis que nous sommes ici, sur la côte ouest de Viti Levu, nous constatons un cycle de vent qui ne correspond pas vraiment à ce qu'annonce la météo: Curieusement, alors que tous les jours, on signale des vents de Sud Est à plus de force 6, comme il se doit sous l'alizé, nous constatons ici, à l'abri des îles:

La nuit: pas de vent - Le matin: pas grand chose venant du Sud - L'après midi: un renforcement assez vif par l'Ouest.

Encore un coup des brises solaires me direz vous?.

 

C'est aussi ce qu'on pense, mais d'habitude, on imagine plutôt les brises solaires dans un contexte de vent général assez faible; on ne les conçoit pas aisément contrariant un régime de vent établi à plus de 25-30 nœuds...

Pourtant c'est bien ce qui se passe ici. 

 

Aujourd'hui, comme nous quittons le lagon sous une gentille brise d'Ouest, par le travers tribord amure, à mesure que nous nous éloignons de la côte, la mer se creuse et le vent tourne progressivement pour s'établir au Sud Est, à plus de 25 nœuds. 

Comme annoncé par les bulletins météo...

 

Quand la nuit tombe, on se retrouve donc au près serré, avec 2 ris dans la grand voile et juste un petit bout de génois. La mer est bien celle du vent et ça secoue pas mal...

Adieu calme et volupté...

 

Ca va vite aussi, il faut bien le dire: 7-8 nœuds sur le fond, au GPS... 

On n'en croit pas ses yeux; on doit sûrement avoir plus d'un nœud de courant favorable... 

C'est plutôt une bonne nouvelle, parce que tant qu'à se faire secouer, autant que ça avance.

Et pour pulser, ça pulse!!! Et ça dure aussi: On va faire ainsi 170 milles par 24 heures 2 fois de suite... 

Du jamais vu dans les annales de Getaway! 

Le tiers de la route en 2 jours... Pas tout à fait dans le cap, mais pas loin non plus...

 

Evidemment, pendant ce temps, le skipper va gésir lamentablement sur sa couchette, entre pilules et cuvette, écoutant le bateau gémir à la peine et redoutant en permanence que quelque chose ne casse... 

C'est le sort commun des skippers anxieux et qui HAïSSENT le près serré...

 

Deux jours donc de navigation super rapide. Et rien n'a cassé sur Getaway...

 

Et puis ça se calme... Et puis plus rien du tout.... Et puis moteur... Et puis re voile ... Et puis moteur encore.... On traverse ainsi 7 jours de petits airs - parfois juste dans le nez - et de pas d'air du tout. 

Confortable, se ragaillardit le capitaine... 

Mais pas vraiment rapide... Jamais content!!!

 

 

Une traversée durant laquelle la vie a été le plus souvent paisible.

 

Les premières 30 heures, au près serré, nous ont vigoureusement re-amarinés... 

Allongés quasiment en permanence, on économisait les mouvements pour les actes juste nécessaires au fonctionnement du bateau, et à la "survie" alimentaire: soupe et fruits.  (une bonne diète, ça ne fait jamais de mal).

 

Après, ça s'est très vite amélioré et on a repris du poil de la bête: douche sur le pont, vrai petit déjeuner comme on les aime.. lecture, cartes, broderie... 

La Vraie Vie quoi!

On a apprécié alors tous les plats qu'on avait cuisinés avant de partir: poulet basquaise, soupe de poulet, côtes d'agneau, caviar d'aubergines...

Le quatrième jour on se fait une tarte au pota..

 

Côté production de laitages, on a aussi eu un problème: beaucoup trop secoués, le yaourt n'a pas pris et le fromage blanc a une drôle de mine.

Pourvu que la bêêêêêête! ne soit pas morte... 

On attendra que la mer se calme pour étudier son cas de près.

Vérification, une fois le calme revenu: La bête s'est remise au travail et produit du fromage: Anyvonne évite ainsi un incident diplomatique avec le skipper.

 

On a moins apprécié la découverte, dans les fonds de placards, de pleins de vêtements mouillés: l'eau de mer, entrée, à la gîte, par l'écubier mal bouché (le passage de la chaîne à travers le pont) a suivi la coque tribord derrière les cloisons et a traversé les pulls et les tee shirts, avant de terminer sa course dans les fonds...On y a épongé plus de 10 litres d'eau.

 

Le cinquième jour. Re- douche sur le pont, le matin....Brrrr elle commence à être plus fraîche...Pour se consoler, on se fait une belle ratatouille et une tarte au fromage blanc.

 

Pour la sixième nuit, grande première depuis quatre ans: on sort la couverture Andine pour dormir! On commence à ressentir un petit pincement d'envie, lors de la session BLU: nos copains de Nouméa sont aux terrasses des bistrots, à peine habillés! Le soir!

Bon, il va falloir s'y faire, ça ne peut aller qu'en empirant!!!

 

Le septième jour à midi, un reste de ratatouille fera l'affaire avec des œufs et du riz.

Miracle ce soir là: notre skipper- pêcheur préféré remonte un petit thon.

On va en déguster "de pronto" deux tranches avec du coleslaw et du riz, en conserver deux autres pour le lendemain (poêlées à l'aneth, avec crème fraîche et concombre blanchi) et faire des rillettes avec le reste, histoire de le conserver assez longtemps.

 

 

Et qui se terminera dans la hâte mais sans précipitation.

 

Sept jours après notre départ, nous croisons un voilier qui louvoie vers le sud et nous interpelle à la VHF: Il est Japonais, n'a pas de moteur et est parti des Fiji depuis 12 jours. Selon ses prévisions il devrait arriver à Opua dans 4 à 5 jours... 

Nous sommes alors à 250 milles du but et la météo qui est assez exacte jusqu'ici, nous annonce que dans deux jours, un front sur la Nouvelle Zélande devrait activer tout ça par un bon coup de vent d'Ouest. 

Deux jours, c'est juste le temps qu'il nous faut pour arriver et nous mettre à l'abri, si on ne traîne pas trop en route. 

Très compatissants, on souhaite donc bon courage à notre correspondant japonais, on se donne rendez vous à Opua et on décide "Moteur" dès que le vent fait mine de ralentir...

 

En fin de journée du 23, le vent se réveille et nous permet de nous reposer un peu les oreilles du ronron de notre" spinnaker d'acier". 

Une nuit de voile avant d'arriver, soleil et brise sont au rendez vous pour découvrir le jeudi 24 octobre au matin la côte néo zélandaise.  

 

Le pied...  C'est l'émotion habituelle que procure la vue de la terre après neuf jours de mer...

 

Deux bonnes heures encore, pour traverser la Baie des Iles et arriver à Opua qui est le premier port d'entrée pour les bateaux venant du nord.

A l'arrivée, on totalisera quand même soixante dix heures de moteur pour une traversée de neuf jours, si hardiment commencée...

Nous serons à l'abri depuis midi quand le vent se déchaînera dans la soirée. Comme prévu...

 

A partir du lendemain, les cirés seront étendus sur le pont de tous les voiliers arrivants. Certains arriveront même avec leur bôme cassée. 

Ca durera plus de quatre jours comme ça.

Un voilier (suédois?) se fera éperonner par un cargo un peu au nord de la Nouvelle Zélande et coulera en quelques minutes. Son skipper solitaire sera récupéré par un autre cargo.

 

Comme dit et répète Gérard, la compétence ne suffit pas, il est impératif d'avoir de la chance...

Mais n'anticipons pas...

 

 

Cette fois ça y est, on est arrivés juste sous vos pieds...

Getaway arrive à Opua... Les douaniers n'ont qu'à bien se tenir

Nous rentrons dans la Baie des Iles avec un sentiment très curieux de surprise et de déjà vu.

Les paysages sont nouveaux bien sur, mais par l'ambiance, rappellent la Bretagne.

Le climat tempéré doit y être pour beaucoup. On ne quitte plus les polaires depuis quelques nuits.. On n'est encore qu'au printemps ici...

 

Nous n'avons pas de plan précis de l'endroit, mais nous disposons de quelques croquis sur des brochures touristiques trouvées aux Fiji qui décrivent les lieux et les procédures d'arrivée.

On sait ainsi que les autorités ont réservé pour les contrôles d'entrée un ponton spécial dans la marina d'Opua, mais on ne sait pas bien où...

Au fond de la baie, dans l'embouchure d'une rivière, on aperçoit sur la droite, la foule de mâts qui annonce généralement une Marina. On approche prudemment, en cherchant le fameux ponton spécial, où s'amarrer pour les formalités.

 

Ca devrait pourtant se voir comme le nez au milieu de la figure et en plus c'est écrit dessus!

Au dessus d'un placard publicitaire pour la voilerie TITAN, un gros Q noir sur fond jaune, qui veut dire QUARANTINE : C'est ça le ponton de quarantaine... 

Il faut le deviner bien sûr...

 

Ce ponton constitue la jetée qui protège la marina sur toute sa longueur. Agrémenté d'horribles portiques en béton, inutiles à première vue, il est vraiment remarquable.

C'est un endroit qui ne dispose d'aucune passerelle vers les autres pontons ou vers le quai. Manifestement, on n'a pas l'intention de laisser quoi que ce soit de prohibé, entrer ici... Et la liste est longue: tout de qui est d'origine animale ou végétale est suspect. 

Guerre intensive à tout ce qui ressemble à des graines et à du miel. Guerre aussi à la terre sous les godasses de marche pas propres et sur les pneus de vélos.

 

Le temps de manœuvrer pour faire demi tour et se présenter du bon côté... Et les autorités sont là qui attrapent nos amarres et grimpent à bord avant qu'on ait eu le temps de dire ouf!

On était prévenus, préparés et on s'était fait une raison. 

Heureusement, car les "inspecteurs" vont saisir tout les produits frais que nous n'avons pas réussi à manger avant d'arriver : papaye, restes de légumes, œufs,... mais aussi lentilles, haricots secs... 

Ils nous laissent quand même les restes de plats cuisinés comme la quiche, les conserves en général et négligent les épices.

 

Heureusement qu'avec une arrivée pas trop matinale et plutôt calme, en remontant la rivière, on a pu ranger un peu le bazar que vous pouvez imaginer après 9 jours de mer...

En effet... Les jours suivants, attablés confortablement à l'Opua Cruising Club (OCC) qui est installé juste en face du ponton de quarantaine, on a pu assister à l'arrivée, en vrac, trempés, encore harnachés, d'équipages visiblement secoués par une fin de traversée sportive. 

Quelles que soient les conditions et l'heure de la journée, le traitement est le même: Les autorités vous sautent dessus sans vous laisser le temps de respirer.

 

A leur décharge, il faut dire que même impitoyables, ils sont souriants, compétents, et rapides.

 

 

Maintenant. nous pouvons enfin découvrir la Nouvelle Zélande.

 

Une fois ces formalités accomplies, vous avez le droit de trouver une place plus accessible pour votre bateau, de débarquer et d'aller refaire vos vivres. 

Le "general store" local, suffit pour l'urgence du premier jour, et propose aussi un service Internet.

Pour se refaire une santé et nettoyer un peu, nous avons pris une place de ponton dans la marina, avec tout le confort moderne, pour le corps et le linge, durant une semaine. 

Mais comme c'est assez cher ( comprendre: tarif pratiqué à Guernesey il y a cinq ans, soit 20 Euros par jour pour 40 pieds), on va ensuite aller mouiller sur ancre devant la Marina. Moins cher que les pontons, on peut aussi louer des coffres dans la rade, à l'extérieur de la marina.

 

Opua est une bourgade minuscule. Même pas une bourgade, juste quelques maisons autour d'une marina, et une petite zone artisanale où sont établis des professionnels du bateau. 

Aucun autre magasin que le "General Store" et aucun autre bar que celui de l'OCC. 

Pas de banque ni de distributeur de billet. 

On a donc rapidement un problème à régler: trouver de la monnaie locale. 

Les banques sont à Paihia qui est une petite station balnéaire à six kilomètres d'ici: pour les faire, vous avez le choix entre le taxi qu'on fait venir (pas exactement bon marché), le stop (ça marche) et la marche à pied en bord de mer (très agréable à l 'aller, mais difficile au retour avec toutes les courses).

 

On peut aussi aller à Paihia en bateau. Quand le temps le permet, on mouille devant la ville, le temps d'aller faire ses courses en annexe.

 

Mais enfin, pour ce premier jour, on a eu notre dose de bateau... Alors aller retour rapide en taxi pour cette fois.

Plus tard, ce sera marche ou stop et quelquefois Getaway.

 

On vous racontera...