Nos 10 jours de traversée vers la Nouvelle
Zélande ont été agrémentés de conversations régulières avec nos copains
en mer eux aussi, ou déjà arrivés à terre.
Avec Flight Of
Time
Partis 24 heures avant nous, nous ferons le
point de nos conditions respectives, tous les soirs à deux heures UTC. Leur
vent, plus résistant que le notre, leur a permis d'être nettement plus
rapides et bien qu'eux aussi aient dû faire pas mal de moteur, ils sont
arrivés à Opua près de 72 heures avant nous.
Avec
Thierry et Francis
Eux,
étaient déjà arrivés et nous encourageaient régulièrement avant
leur pastis sur le quai de la marina de Nouméa. Les annonces permanentes de
température agréable dans leur région ont commencé à nous faire douter de
la justesse de notre choix, quand nous constations que vers où on allait,
elle chutait régulièrement.
Ils ont pu aussi nous rassurer sur le sort
d'Altaïr quand il est arrivé sans problème, car il n'a toujours pas de
station BLU pour informer les copains de ses vicissitudes éventuelles...
Traversée
sans vent??? Pas pour tout le monde!!!
Marc et Marcel sur Yari Yenla, se sont aussi
manifestés à la BLU quand ils se sont aperçus le 21 octobre que la première
dépression tropicale de la saison (voir plus haut les inquiétudes du
skipper) allait traverser leur route sur Nouméa.
Ils étaient partis depuis 24 heures quand
le gourou de la météo néo zélandaise a annoncé aux initiés que
l'activité convective dans la SPCZ était telle qu'on pouvait craindre que se
déclenche une telle dépression, avec une probabilité de 50%. Trop tard...
La chance je vous dis...
Enfin là, nos marseillais n'en menaient pas
large: 45 nœuds de vent de secteur Nord, un minuscule
bout de génois, une
progression à 8 nœuds tout de même et leur route qui va croiser exactement
le trajet prévu pour la dépression.
Pour nous qui n'avions pas de vent et
avancions alors lentement au moteur, c'était un peu surréaliste. A
Musket Cove, tous nos copains français
qui partaient vers
la Nouvelle Calédonie, ne NOUS trouvaient pas malins d'aller chercher le
mauvais temps dans le sud. Et voilà que c'était à leur latitude que ça se
passait...
Nous sommes restés en veille BLU
permanente, pour écouter Yari et partager nos informations sur la météo...
Il faut dire que dans leur situation, il devait être assez difficile de
rester à l'affût des informations. Ils avaient autre chose à faire: barrer
par exemple... Aussi, tenter de garder le carré hors d'eau... Ils se
relayaient toutes les heures à la barre, le pilote ayant renoncé depuis
longtemps...
Avec Thierry et François (Altaïr
venait d'arriver),
un conseil des gens qui étaient au calme s'est donc improvisé à la BLU,
pour essayer de les soutenir, voire de leur donner des avis, depuis Nouméa et
Getaway:
"Tu devrais essayer d'aller plus au
Nord..., Moi à ta place, je mettrais à la cape..., Si tu continues à faire
du Sud, tu vas passer dans le bon demi cercle et alors tu en sortiras plus
vite..." etc...
Autant de conseils contradictoires que l'on
regrettait aussitôt énoncés, tellement on en était peu sûrs...
Dans le courant de la nuit du 22 ils se sont
trouvés dans le calme, au cœur de la dépression.
Un court répit avant que
l'enfer ne reparte dans l'autre sens: 45 nœuds de secteur Sud cette fois.
Enfin ce n'était pas encore un cyclone et sans empirer, tout s'est calmé
dans la journée du 23.
Ca leur aura tout de même fait 48 heures d'agitation
démente et humide.....
Mais aussi ils auront plein d'histoires à
raconter à Nouméa, pour draguer les minettes...
On l'a constaté depuis longtemps, ce sont
toujours les coups de chiens, les casses et les problèmes qui forment le fond
des histoires que l'on raconte au bar des yacht club et dans les Carrés, au
chaud, l'hiver.
Qu'est ce que vous voulez raconter de passionnant sur une
traversée planplan, un séjour sans histoire et du beau temps?
Le bonheur n'intéresse personne...
Conclusion: Heureusement que Yari Yenla a eu
une traversée corsée, car ce n'est pas la notre qui vous aurait passionnés.