LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Polynésie II - Observations zoologiques sur la vie des pingouins migrateurs
N°18- Février 2002

Thème: Les navigateurs ont opéré leur transhumance annuelle pour retrouver leurs racines en métropole où Marie et Christian leur ont servi de bergers... Récit pastoral...   (Texte original de Marie Aicardi, un peu adapté par la rédaction habituelle...)

 

 

 

Première époque: Le retour des animaux tropicaux

 

 

Le sauvetage:A l'heure dite, nous recueillons les navigateurs qui se sont échoués sur le plateau de Roissy. Bronzés, azimutés, mais pas plus que d'habitude... Un moment d'émotion et d'excitation intense: Enfin les voilà! SLURP... SLURP... et vite, on les convoie jusqu'au parking pour charger notre KA, au look de dessin animé, des 60 kilos de bagages qui les accompagnent. En route pour Paris. On n'aurait tout de même pas fait Paris - Paimpol dans ces conditions.

 

L'aménagement du gîte:

Dès l'arrivée commencent les grandes manœuvres. Pour vous situer: le "Carré" de notre appartement pourrait se comparer à un rayon de porcelaines orientales. Peut être en plus chargé... Bibelots fragiles, éléphants de faïence, des tonnes de trucs qui cassent occupent chaque pouce de la surface, du parquet au plafond en couvrant tous les murs. La maison de poupée en pire, je le reconnais...

Du coup, la surface navigable se trouve réduite de plus de 50 à moins de 20 mètres carrés.

C'est là dedans que mon Gégé arrive, tel un éléphant dans un magasin de porcelaine... "Tout le monde aux abris, Bout au vent et à affaler la grand voile!!!"

Il arpente les lieux dans tous les sens, à grandes enjambées, agitant bras et coudes comme un bourdon au décollage... (Non non, il n'a pas changé, je rassure tout le monde...) Je vois de suite ma n'Anyvonne jeter un regard circulaire et plein d'effroi pour évaluer les dégâts qui ne manqueront pas de se produire. Les lattes du parquet grincent, les bibelot tintent, annonçant leur mort prochaine... Il devient vite urgent de procéder à un réaménagement partiel de l'appartement! Regrouper les éléphants dans un coin, bloquer les petits meubles contre les murs.

Remettre aussi nos bonnes vieilles chaises de campagne; les autres, évidemment trop fragiles, commencent déjà à avoir les pieds à l'horizontale.

Christian, très paternel, rappelle régulièrement à Gégé qu'il ne faut pas se balancer sur les chaises de maman... Il est très persévérant...

 

La nourriture et les premiers soins:

Bien sûr, il a fallu nourrir et réhydrater nos rescapés.

Pour Gégé c'est assez simple. Le flacon importe peu pourvu qu'il ne soit pas vide. L'accompagner a été l'occasion pour moi de me taper quelques verres de whisky et de vin rouge pour oublier et me donner du courage...

Pour Anyvonne c'est différent. Lorsque je lui ai montré ma théière chinoise, fragile forcément et de contenance raisonnable: "AHHH! Tu n'as pas quelque chose de moins fragile et de plus grand!!??" Dans la cuisine, nous étions mortes de rire.

Ma n'Anyvonne a toujours eu besoin de récipients adaptés au contenu. "On ne mélange pas tout et on ne fait pas n'importe quoi... enfin M.....!" On a donc dû organiser des fouilles archéologiques pour trouver l'engin souhaité: Grand et incassable. ARGHHH!!!

Pour les sevrer du régime manioc bananes, on a organisé des petites bouffes de produits locaux: charcuterie, huîtres et fruits de mer, pain beurre salé, petits plats de cuisine bien française... Comme il leur reste quelques souvenirs d'éducation, ils ont fait honneur à la cuisinière et là, j'ai tenu ma revanche...GNARFFF!!!

Tous leurs "soi disant" efforts pour ne pas grossir, ne pas trop boire ni trop manger, ont été totalement anéantis. On les a gavés comme des oies.

Et tous les matins, on pouvait les entendre chanter "Regrets éternels" avec au refrain:

"On arrête de boire, on arrête de manger.

Finis le beurre, la confiture et aussi le jaja.

Plus jamais ça, plus jamais ça..."

 

Mais l'homme ne vit pas que de pain:

Pour les filles, la base culturelle est simple: Se retrouver, parler de long en large, se confier et prendre leur temps. Tout simplement. Il y a le shopping aussi, la chasse aux futilités que l'on ne trouve que difficilement au fond de la "pampa". Les "puces" de Clignancourt, au rayon bouquins et arts déco. Le ciné, un peu. Tout ca, histoire de faire les intelligentes le soir au terme de nos journées harassantes. Bref, dès le matin on se branche et c'est parti pour la journée. Pas besoin de radio ni de télé... 

Pour les mecs c'est assez différent. Pour la parlotte, il faut faire utile:

"Il faut installer une connexion ZW dans le DOS pour être compatible avec le serveur AB12, sauf si on place à l'extérieur un boîtier B17 au format M65 et une carte mère FG842Z, de la nouvelle version...".

Des heures comme ça! Et puis tout à coup, ils sortent la tête du pochon: " Quand est ce qu'on mange???"

Amis non informaticiens qui frôlez la méningite: Bonsoir et Bonne Nuit...

 

 

 

Deuxième époque: Bécassine revient aux sources...

 

L'environnement hostile:

Ils m'ont prévenue, au téléphone depuis Saint Brieuc (comme s'ils regrettaient déjà leur invitation): "On est malade, on a froid, il n'y a pas de chauffage... En plus on est au régime. On n'en peut plus des bouffes à droite et à gauche et des déplacements incessants. Bref, on est "nâzes"..."

J'avais oublié que ma pauvre Bretagne était à ce point difficile l'hiver. SNIF.

Heureusement que pour mon arrivée, ils ont restauré la situation: Santé, chauffage, couette sur le lit,... C'est bon d'avoir des vrais potes...

 

La vie des bêtes:

C'est quasiment la même qu'à Paris. A quelques variantes près:

- GéGé passe le plus clair de son temps à chercher ses lunettes, son portable, son carnet et sa tête (alouette)

-Anyvonne gère l'intendance liée aux prescriptions du régime d'enfer qu'ils se sont infligé (surtout GéGé). Du coup chacun a sa posologie complète et personne ne mange la même chose. Nous avons même envisagé que chacun lave son assiette histoire d'approfondir la répartition... Une semaine plus tard, Bécassine a perdu des kilos. Gérard et Anyvonne pas encore...!

 

La nourriture:

Je vous conseille le petit resto "Le Zef", tout au bout du quai du port de Dahouet. Gégé y a découvert qu'on pouvait manger d'excellentes moules, sans frites et en boire tout le jus à la cuillère. Sans pain... Le régime à visage humain quoi!

(On salue ici Irène et Martine en passant. Allez donc les voir de notre part. ndlr)

 

Les rites festifs

Pour préparer correctement Noël, nous avons eu droit à la traditionnelle installation du sapin idoine. En provenance directe de la cave bretonne et en plastique véritable. Bécassine elle même l'a couvert d'une décoration tellement luxuriante (c'est sa spécialité) que les branches n'en étaient plus visibles. Ce délire artistique a eu pour conséquence de réveiller leur atavisme culturel, un peu affaibli par leur récente exposition prolongée aux cocotiers, (qui sont si difficiles à décorer avec des boules...)

 

 

Nous voilà donc en route pour un JOYEUX NOEL et une super ANNEE 2002!!!

 

Bécassine Aicardi et son Christian.