Lors d'un séjour d'études
aux Marquises en 1936, Thor Heyerdahl, ethnologue norvégien, fait
connaissance du vieux Tei Tetua, seul survivant des tribus éteintes
de la côte est de Fatu Hiva, aux Marquises. Celui-ci se rappelle
les légendes racontées par ses pères, sur le grand
chef dieu polynésien: TIKI, fils du soleil.
L'auteur est alors troublé par d'étranges
similitudes
Les grandes images de pierre de Tiki, là-haut
dans la forêt marquisienne, ressemblent extraordinairement aux gigantesques
monolithes laissés par des civilisations éteintes d'Amérique
du sud. Ces statues rappellent aussi celles de Pitcairn et de l'Ile de
Pâques.
Au Pérou, les Incas racontent, qu'avant leur propre
domination, une race de dieux blancs avait érigé des monuments
colossaux, dédiés
au dieu VIRAKOCHA. Virakocha en quechuan veut dire KON TIKI ou " Ila tiki",
ou "Tiki le soleil". Etrange, étrange.
L'histoire raconte que ces dieux blancs auraient quitté
brusquement le Pérou en partant vers l'ouest.De là à
penser qu'une migration vers l'île de Pâques, les Marquises,
les Tuamotu a contribué à peupler la Polynésie,
il n'y avait qu'un pas. Heyerdahl se passionne pour cette théorie.
Ses détracteurs lui opposant qu'une telle migration
d'est en ouest est impossible sans disposer de bateau, Thor Heyerdahl
va vouloir prouver qu'on peut atteindre la Polynésie avec les radeaux
dont disposaient dès l'antiquité des civilisations sudaméricaines.
Pour ce faire, il construira un radeau de balsa , selon
les esquisses d'antiques embarcations indiennes :
"Neuf gros troncs reliés par des cordes de chanvre
de trois centimètres supportaient un pont de bambou fendu couvert
de nattes de jonc tressé. Vers le milieu, mais plus près
de l'arrière, une cabine en tiges tressées avec un
toit en feuilles de bananier. En avant de celle ci: deux mâts côte
à côte, en bois de manguier dur comme fer s'inclinaient l'un
vers l'autre, de sorte qu'ils se croisaient au sommet. La vergue où
l'on hissa la grande voile carrée consistait en deux cannes de bambou,
liées ensemble pour avoir une force double".
Le radeau fut baptisé KON TIKI. Sur sa voile était
peinte la tête barbue de Kon tiki, reproduction fidèle d'une
sculpture en pierre rouge des ruines de Tiahuanaco au Pérou." .
L'auteur y ajoutera des touches de modernisme: une TSF, quelques
instruments scientifiques et avec 5 compagnons norvégiens et suédois,
partira des côtes du Pérou le 28 avril 1947. Porté
par les courants et les alizés, le radeau s'échouera moins
de 4 mois plus tard sur les récifs coralliens de Raroïa aux
Tuamotu. L'équipage était sain et sauf.
Thor Heyerdahl prouva ainsi qu'une migration venant de
l'est était "au moins" possible.
Mais cette version n'est pas prise au sérieux
par les historiens qui considèrent que la Polynésie
a été peuplée par des vagues migratoires venues de
l'ouest. Sans doute d' Asie du sud-est..
En tout cas, cette belle histoire nous plait bien, à
nous qui sommes portés par les alizés. Elle éclaire
un peu le mystère des statues gigantesques de l'île de Pâques,
et donne un sens à notre voyage "alizéen" d'est en ouest..
Si vous voulez lire le récit de cette épopée,
il vous faudra faire les bouquinistes: "l'expédition du Kon Tiki"
est paru en 1953 aux éditions Albin Michel.
NDLR : Info de dernière minute : Ce bouquin a
été réédité en 1994 par les éditions
PHEBUS. Il devrait donc être plus facile à trouver.
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