En janvier 2001, une marée blanche (hâve
et hagarde, après 12 heures d'avion) envahit les rues assoupies
et écrasées de soleil de Puerto Baquerizo Moreno, la capitale
de San Cristobal, une île des Galápagos.
Deux
types de molécules la composent:
- Les téloch'men, reconnaissables à leur
gilet sans manche et plein de poches et aux énormes caméras
qu'un porteur tient à leur disposition, à proximité
.
- Les sauveurs de pingouins, porteurs de Tee shirts proclamant
leur appartenance au WWF, au WAAS, au... ou réclamant d'urgence la
sauvegarde du Bolo Occidental...
Tous déambulent en équipe sur le Malecon,
avec l'air concentré et important, habituel aux titulaires d'une
grande mission. Les indigènes les observent en sirotant leur bière
à l'ombre. Les taxis brousse les transportent d'un bout à
l'autre du port.
Les
pêcheurs, reconvertis en taxi boat, emmènent ces "green go",
à fond les manettes, vers l'épave du pauvre Jessica, qui
est bien seul sur son banc de sable, à 300 mètres au
large.
Toute cette agitation, au grand dam des otaries qui ont
l'habitude de s'ébattre paisiblement au soleil, sur ou entre les
lanchas du port. Avec tout ce trafic, elle ne peuvent plus nager tranquilles.
Sauvons les Otaries!!!
Les Pélicans se bouchent les oreilles et les frégates
en sont toutes retournées.
Mais pendant ce temps là on passe à la télé
et le commerce fleurit . Il faut dire qu'à 20$ la promenade vers
l'épave, ca rapporte plus que la pêche. C'est sûr.
Et puis c'est moins salissant que de ramasser le mazout.
Surtout que les autorités qui répandent du dispersant tout
autour, protègent l'accès à l'épave et qu'ici,
il n'y a rien a voir... Pas un oiseau mazouté, pas une trace de goudron
à terre... J'imagine que les reportages ressemblent à ceux
de la guerre du golfe: " Ici x, envoyé spécial de CNN. Nous
sommes face à la mer, aux premières loges pour vous décrire
l'évènement. Il n'y a rien à voir et nous ne voyons
rien. Nous allons donc vous présenter des images d'archives..."
Pendant
ce temps là, les pêcheurs d'Isabella s'échinent, loin
des médias, à ramasser le mazout en pleine mer avec des filets
et à le ramener à terre pour le transvaser péniblement
dans des bidons à l'aide d'un entonnoir. Mais c'est beaucoup plus
à l'Ouest et plus difficilement accessible.
En février, la marée blanche s'est totalement
retirée. Les rues et la mer reprennent leurs habitudes...
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