LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Equateur Galapagos - La java des téloch'men et des sauveurs de pingouins
N°16- Aout 2001

En janvier 2001, une marée blanche (hâve et hagarde, après  12 heures d'avion) envahit les rues assoupies et écrasées de soleil de Puerto Baquerizo Moreno, la capitale de San Cristobal, une île des Galápagos.

Deux types de molécules la composent:
- Les téloch'men, reconnaissables à leur gilet sans manche et plein de poches et aux énormes caméras qu'un porteur tient à leur disposition, à proximité . 
- Les sauveurs de pingouins, porteurs de Tee shirts proclamant leur appartenance au WWF, au WAAS, au... ou réclamant d'urgence la sauvegarde du Bolo Occidental...

Tous déambulent en équipe sur le Malecon, avec l'air concentré et important, habituel aux titulaires d'une grande mission. Les indigènes les observent en sirotant leur bière à l'ombre. Les taxis brousse les transportent d'un bout à l'autre du port.
Les pêcheurs, reconvertis en taxi boat, emmènent ces "green go", à fond les manettes, vers l'épave du pauvre Jessica, qui est bien seul sur son banc de sable,  à 300 mètres au large.
Toute cette agitation, au grand dam des otaries qui ont l'habitude de s'ébattre paisiblement au soleil, sur ou entre les lanchas du port. Avec tout ce trafic, elle ne peuvent plus nager tranquilles. 
Sauvons les Otaries!!!

Les Pélicans se bouchent les oreilles et les frégates en sont toutes retournées.

Mais pendant ce temps là on passe à la télé et le commerce fleurit . Il faut dire qu'à 20$ la promenade vers l'épave, ca rapporte plus que la pêche. C'est sûr. 
Et puis c'est moins salissant que de ramasser le mazout. Surtout que les autorités qui répandent du dispersant tout autour, protègent l'accès à l'épave et qu'ici, il n'y a rien a voir... Pas un oiseau mazouté, pas une trace de goudron à terre... J'imagine que les reportages ressemblent à ceux de la guerre du golfe: " Ici x, envoyé spécial de CNN. Nous sommes face à la mer, aux premières loges pour vous décrire l'évènement. Il n'y a rien à voir et nous ne voyons rien. Nous allons donc vous présenter des images d'archives..."

Pendant ce temps là, les pêcheurs d'Isabella s'échinent, loin  des médias, à ramasser le mazout en pleine mer avec des filets et à le ramener à terre pour le transvaser péniblement dans des bidons à l'aide d'un entonnoir. Mais c'est beaucoup plus à l'Ouest et  plus difficilement accessible.
En février, la marée blanche s'est totalement retirée. Les rues et la mer reprennent leurs habitudes...