Les rois de la
paella
En
arrivant à Esmeraldas, Jose sur Archibal et Gabriel sur Tartaruga
nous accueillent dans le port. Tous deux espagnols, ils naviguent de
conserve depuis deux ans; chacun sur son bateau. Jose qui est un ancien
professionnel de la régate a derrière lui quelques mats tombés
sur le pont et deux bateaux au fond de l'eau. Le dernier a coulé
suite à une rupture de drisse, au vent des Aves, au Venezuela. Même
avec la compétence, la sécurité reste fragile
au voisinage des dangers.
Gabriel a quitté l'Espagne sur son bateau, avec
un équipage de copains. Au Brésil il s'est retrouvé
seul pour naviguer et il n'aimait pas ça. C'est alors qu'il a rencontré
José et qu'il s'est attaché aux pas d'Archibal . Comme le
projet de Jose était le tour de monde, c'est devenu aussi celui
de Gabriel. Leurs compétences sont très complementaires:maintenant
ils régalent leurs escales d'une excellente paella que cuisine Jose
et qui se déguste sur le bateau de Gabriel.
Aux dernières nouvelles, ils se préparent
à Salinas - en Equateur- pour faire ensemble le saut
du Pacifique et
Internet a apporté une équipière
américaine à Gabriel pour habiller sa solitude. La rumeur
dit que cette recrue est végétarienne. J'espère que
la paella de Jose lui fera vite retrouver le gout des régimes carnés...
Sur les traces d'Indiana Jones:
Entre
Quito et Banos, un jeune Européen voyage dans le même bus
que nous. Look sacado un peu intello, il est français et ça,
ça facilite le contact. En tous cas, la conversation.
Éric a 26 ans et est sur la fin de son voyage
de trois mois. Il a séjourné deux semaines chez des indiens
de l'Amazonie et en revient enchanté.
Un peu perplexe, mais enchanté. Il a adoré
le Pérou, les péruviens et les vestiges Incas. Ca a été
le bonheur au Machu Piccu et au lac Titicaca.
Pour le moment, il trouve que l'Équateur et particulièrement
ses bus sont mal organisés. Nous pensons exactement le contraire,
par comparaison au Panama et au Venezuela .
Sur le Pérou et les péruviens, nous
étions informés du contraire aussi. Surtout à
propos de l'agressivité commerciale et touristique ambiante.
Les impressions dépendraient elles de nos humeurs?
de notre chance?
Il faut dire qu'Éric avait des contacts préalables
au Pérou.
L'essentiel, c'est d'être heureux dans son voyage
!!!
Un Pub dans les Andes?
Un
soir à Cuenca, nous cherchons un restau animé ou un bar à
Pena pour passer la soirée. On traîne, on vire et on ne trouve
rien. Vide et triste partout. Sans doute faut il connaître, mais
en deux jours... Finalement, tout près de notre hôtel, un bar
paraît vivre un peu. On s'installe devant un verre. L'ambiance est
assez chaude.
On se met a bavarder timidement avec les deux équatoriens
qui occupent la table voisine. La théière qui trône
sur leur table contient du canelazo. On la partage et on en redemande.
Ce sont deux musiciens et ils enseignent au conservatoire local. Flûte
et guitare.
-Où peut on écouter de la musique, le soir
à Cuenca?
-Oh, un peu partout, dans tel ou tel bar, ca dépend
des soirs... Ici, par exemple.
L'un deux va prendre une guitare qui est pendue au dessus
du bar, revient s'asseoir et commence à jouer en fredonnant. A peine
audible, dans le brouhaha environnant. Ils se mettent à chanter
en duo et progressivement le silence se fait. Et puis l'assistance se met
aussi à chanter. D'autres musiciens viennent de temps en temps
emprunter la guitare, puis la ramènent. Deux heures durant, toute
l'assistance va ainsi jouer et chanter.
On l'aura eu notre bar à Pena...
A nos tables, les théières de canelazo
se succèdent.
Demain on repart. Alors il faut bien fêter ça
!
Vous nous rétorquerez que l'on repart souvent
...
Eh bien justement, c'est pour ça!
Propos d'après boire
Au
premier de l'an, Anyvonne finira la soirée en discutant avec un
avocat chilien dans nos âges, qui est réfugié en Équateur
depuis une vngtaine d'années. Elle lui parlera de notre voyage et
curieusement, il confirmera les impressions "macroscopiques" que nous ont
laissées les habitants des pays que nous avons visités:
« -Bien sûr, les vénézuéliens
sont incultes et seulement intéressés à brûler
du pétrole.
-C'est vrai, les Colombiens sont cultivés et adorables.
Mais aussi complètement fous...
-C'est sûr, les argentins sont plus Européens
que véritablement Sud Américains... »
(L'argentin Hector nous dira plus tard que ses compatriotes
sont les italiens de l'Amérique Latine dont ils se prennent pour
les anglais... »).
Elle apprendra aussi, avec émotion, que pour le
Chili, l'important c'est la France. De Mai 68 aux droits de l'homme, en
passant par le code Napoléon... Son interlocuteur se souvenait de
son Mai 68 à lui, à Santiago du Chili.
Réalise-t-on vraiment, dans notre petit hexagone
la fascination qu'il exerce sur des pays aussi éloignés?
- D'accord, elle ne lui a pas parlé du bouquin
qu'elle lisait alors: "l'Omerta française". Ca lui aurait fait de
la peine...
Nous ne connaissons ni l'Argentine, ni le Chili, où
les populations passent pour être très européanisées.
Mais de tous les pays visités, l'Équateur nous paraît
celui où un français peut être le plus à l'aise.
Particulièrement dans les villes du centre, les gens y sont ouverts,
chaleureux et les contacts sont faciles et intéressants.
|