LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Equateur Galapagos - Quelques rencontres en Equateur
N°16- Aout 2001
Les rois de la paella

En arrivant à Esmeraldas, Jose sur Archibal et Gabriel sur Tartaruga nous accueillent dans le port. Tous deux espagnols, ils naviguent de  conserve depuis deux ans; chacun sur son bateau. Jose qui est un ancien professionnel de la régate a derrière lui quelques mats tombés sur le pont et deux bateaux au fond de l'eau.  Le dernier a coulé suite à une rupture de drisse, au vent des Aves, au Venezuela. Même avec la compétence, la sécurité reste fragile  au voisinage des dangers.
Gabriel a quitté l'Espagne sur son bateau, avec  un équipage de copains. Au Brésil il s'est retrouvé seul pour naviguer et il n'aimait pas ça. C'est alors qu'il a rencontré José et qu'il s'est attaché aux pas d'Archibal . Comme le projet de Jose était le tour de monde, c'est devenu aussi celui de Gabriel. Leurs compétences sont très complementaires:maintenant ils régalent leurs escales d'une excellente paella que cuisine Jose et qui se déguste sur le bateau de Gabriel. 
Aux dernières nouvelles, ils se préparent à Salinas - en Equateur-  pour  faire ensemble le saut du Pacifique et 
Internet a apporté une équipière américaine à Gabriel pour habiller sa solitude. La rumeur dit que cette recrue est végétarienne. J'espère que la paella de Jose lui fera vite retrouver le gout des régimes carnés...

Sur les traces d'Indiana Jones:
Entre Quito et Banos, un jeune Européen voyage dans le même bus que nous. Look sacado un peu intello, il est français et ça, ça facilite le contact. En tous cas, la conversation.
Éric a 26 ans et est sur la fin de son voyage de trois mois. Il a séjourné deux semaines chez des indiens de l'Amazonie et en revient enchanté. 
Un peu perplexe, mais enchanté.  Il a adoré le Pérou, les péruviens et les vestiges Incas. Ca a été le bonheur au Machu Piccu et au lac Titicaca.
Pour le moment, il trouve que l'Équateur et particulièrement ses bus sont mal organisés. Nous pensons exactement le contraire, par comparaison au Panama et au Venezuela . 
Sur le Pérou et les péruviens, nous  étions informés du  contraire aussi. Surtout à propos de l'agressivité commerciale et touristique ambiante. 
Les impressions dépendraient elles de nos humeurs? de notre chance?
Il faut dire qu'Éric avait des contacts préalables au Pérou. 
L'essentiel, c'est d'être heureux dans son voyage !!!

Un Pub dans les Andes?
Un soir à Cuenca, nous cherchons un restau animé ou un bar à Pena pour passer la soirée. On traîne, on vire et on ne trouve rien. Vide et triste partout. Sans doute faut il connaître, mais en deux jours... Finalement, tout près de notre hôtel, un bar paraît vivre un peu. On s'installe devant un verre. L'ambiance est assez chaude.
On se met a bavarder timidement avec les deux équatoriens qui occupent la table voisine. La théière qui trône sur leur table contient du canelazo. On la partage et on en redemande. Ce sont deux musiciens et ils enseignent au conservatoire local. Flûte et guitare. 
-Où peut on écouter de la musique, le soir à Cuenca?
-Oh, un peu partout, dans tel ou tel bar, ca dépend des soirs... Ici, par exemple.
L'un deux va prendre une guitare qui est pendue au dessus du bar, revient s'asseoir et commence à jouer en fredonnant. A peine audible, dans le brouhaha environnant. Ils se mettent à chanter en duo et progressivement le silence se fait. Et puis l'assistance se met aussi à  chanter. D'autres musiciens viennent de temps en temps emprunter la guitare, puis la ramènent. Deux heures durant, toute l'assistance va ainsi jouer et chanter. 
On l'aura eu notre bar à Pena...
A nos tables, les théières de  canelazo se succèdent. 
Demain on repart. Alors il faut bien fêter ça ! 
Vous nous rétorquerez que l'on repart souvent ... 
Eh bien justement, c'est pour ça!

Propos d'après boire
Au premier de l'an, Anyvonne finira la soirée en discutant avec un avocat chilien dans nos âges, qui est réfugié en Équateur depuis une vngtaine d'années. Elle lui parlera de notre voyage et curieusement, il confirmera les impressions "macroscopiques" que nous ont laissées les habitants des pays que nous avons visités:
« -Bien sûr, les vénézuéliens sont incultes et seulement intéressés à brûler du pétrole.
-C'est vrai, les Colombiens sont cultivés et adorables. Mais aussi complètement fous...
-C'est sûr, les argentins sont plus Européens que véritablement Sud Américains... » 
(L'argentin Hector nous dira plus tard que ses compatriotes sont les italiens de l'Amérique Latine dont ils se prennent pour les anglais... »).
Elle apprendra aussi, avec émotion, que pour le Chili, l'important c'est la France. De Mai 68 aux droits de l'homme, en passant par le code Napoléon... Son interlocuteur se souvenait de son Mai 68 à lui, à Santiago du Chili.

Réalise-t-on vraiment, dans notre petit hexagone la fascination qu'il exerce sur des pays aussi éloignés?
 - D'accord, elle ne lui a pas parlé du bouquin qu'elle lisait alors: "l'Omerta française". Ca lui aurait fait de la peine...

Nous ne connaissons ni l'Argentine, ni le Chili, où les populations passent pour être très européanisées. Mais de tous les pays visités, l'Équateur nous paraît celui où un français peut être le plus à l'aise. Particulièrement dans les villes du centre, les gens y sont ouverts, chaleureux et les contacts sont faciles et intéressants.