LA
GAZETTE DE L'A.R.B Anyvonne Restaurant Bar | Colombie Panama - Le journal de bord |
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Getaway
dans la gueule du loup à Cartagena de India
Comme nous vous le disions dans le dernier numéro,
nous sommes arrivés le 27 mai 2000 à 3 heures du matin
à Cartagena de India, en Colombie.
Nous sommes mouillés à la source même des richesses du royaume d'Espagne...La ville est située au fond d'une anse qui est elle même blottie tout au fond d'une baie immense (de l'ordre de 5 milles de profondeur) et très protégée. Quels que soient les vents, le clapot n'arrive jamais bien fort jusqu'ici. Dans la petite baie on trouve le vieux port de Cartagena et deux marinas. C'est ici qu'étaient regroupés les trésors amassés, dans tout l'ouest du continent sud américain, par les espagnols avant d'être expédiés par convois de galions, vers l'Espagne. Et c'est là que nous sommes mouillés... Émotion!!! Cartagena est aujourd'hui le grand port de l'Amérique du sud dans la mer des Caraïbes.Dans la grande baie sont disséminés plusieurs terminaux spécialisés, au trafic très intense. Près de nous : le terminal de containers, le seul que nous voyions. Plus loin et hors de vue : le port vraquier, les terminaux pétroliers et quelques raffineries. Pour entrer et sortir de la baie avec un "petit" bateau vous avez le choix entre deux passes: Boca Chica, qui est la passe officielle qu'empruntent les navires. Parfaitement balisée, elle est très protégée mais allonge la route de 6 à 7 milles (C'est par là que nous sommes entrés la nuit dernière). Boca Grande, juste à la sortie de la baie de Cartagena n'est empruntable que par les petits bateaux. C'est un très large passage en eau profonde, entre la presqu'île de Boca Grande et l'île de Tierra Bomba, qui a été condamné par les espagnols en 1778. Ils ont construit pour cela un mur sous marin quasi affleurant sur lequel les vaisseaux anglais venaient se fracasser en voulant entrer dans la baie. Aujourd'hui, au milieu de ce mur une courte brèche d'une trentaine de mètres est balisée et permet le passage de bateaux calant moins de 2.50 m. de tirant d'eau, ce qui raccourcit le chemin de quelques milles. Notre première impression est plutôt favorable.Au nord ouest du mouillage, la vieille ville nous montre son décor d'églises, de toits de tuiles et de clochetons... Tout le long du rivage, des fortifications rappellent l'histoire violente de cette ville tant convoitée. Imaginez St Malo sous les tropiques... A l'est, la presqu'île de Boca Grande est résolument moderne. Originellement déserte et bordée de plages de sable, elle a été couverte d'immeubles et de gratte-ciel. C'est maintenant un grand centre touristique de la Colombie. Tout près de nous c'est le quartier résidentiel de Manga. Calme et sécurité y semblent assurés... par des cohortes de gardes et de milices privées; comme partout en Amérique latine. Nous découvrons le "Clube Nautico de Manga".C'est la marina devant laquelle nous sommes mouillés et disons le tout de suite, ce club nautique est digne de son appellation. L'accueil y est chaleureux. Il propose des services appréciables dans une ambiance agréable et bon enfant : Gardiennage d'annexe, eau douce au ponton, lavage du linge, salon télé, bibliothèque (quasi exclusivement en anglais, mais quand même!), service téléphone/fax/Internet... Le bar constitue une espèce de pub tropical où on a envie de venir pour discuter, manger un bout ou boire un coup. On y propose un plat du jour (viande- légumes - féculents) qui, servi avec une soupe et un jus de fruit, s'appelle le "corriente". (C'est plutôt bon et c'est proposé dans tous les restaurants de Colombie pour 15 a 25 francs. Qui dit mieux ?) La cuisinière du bord jouera relâche pendant quasiment un mois. A ce prix là, pourquoi se priver de vacances ? Au Clube Nautico, le règlement de l'addition est hebdomadaire. On a comme ça l'impression de manger et boire gratis toute la semaine... Les quelques voyageurs voileux qui viennent à Cartagena pour visiter rapidement la ville y restent souvent beaucoup plus longtemps pour profiter du club nautique. C'est assez rare par ici pour être mentionné. Dès qu'on débarque au bar de la "marina", le métissage est frappant; et la beauté des demoiselles encore plus. Les yeux des hommes ne savent plus où donner de la tête... Il faut dire que ce bar regorge de beautés plus ou moins offertes. On y trouve quelques navigateurs solitaires américains plutôt rassis, qui trouvent là des témoignages d'affection qu'ils n'espéraient plus... Ah, la puissance aphrodisiaque du roi vert ! ! ! Et un mouillage plutôt agréable.Après avoir attaché votre dinghy en sécurité, au ponton ; vous sortez de la marina, pour traverser l'avenue qui longe le bord de mer (l'Avenida Miramar) et, à cent mètres, dans la rue en face vous trouvez un "Magali Paris". C'est le Monoprix local.. Même ambiance et assez bien fourni. Il peut même vous livrer à la marina. Vrai! On se croirait en Europe! A proximité on trouve une pizzeria et quelques restos à "corrientes". Plus loin , des empenadas (sorte de beignets fourrés à la viande, au fromage, aux haricots, à tout quoi...) et des glaces délicieuses. Nous abuserons de tout cela un mois durant. (Initialement, notre projet d'étape n'était que d'une semaine !) Mais un Mouillage quand même !Mais enfin, nous vivons toujours sur un bateau. Et le mouillage a tout de même un inconvénient : Il est assez chahuté par toute une théorie de lanchas (sortes de vedettes locales de transport de passagers ou de matériel) et de bolides à moteur qui sillonnent la baie dans toutes les directions et semblent prendre un malin plaisir à venir faire des vagues au ras des quelques voiliers qui sont ancrés là... Gérard qui devra grimper en tête de mat, pour régler un obscur problème d'antenne, produira quelques jurons bien sentis et constatera par la même occasion qu'il résiste assez bien au vertige ! Jusque là, il devait faire du chiqué... On peut y subir aussi des "Culos de Pollos" (littéralement "culs de poulets" dans le texte original). Ce sont des coups de vent orageux qui surgissent brusquement du sud ouest à 45 à 50 noeuds, plutôt la nuit, et qui transforment des sommeils paisibles en nuits agitées. Un matin, après une nuit assez ventée, le skipper qui a malgré tout bien dormi, constate que nous avons pas mal reculé, par rapport à notre voisin Ma'ohi qui est mouillé a proximité. Nous remouillons donc, allongeons la chaîne et l'esprit enfin en repos, nous apprenons de Patrick, le skipper de Ma'Ohi, que cette nuit c'est eux qui ont dérapé et ont dû remouiller. C'est pour cela que notre situation relative avait changé ! Vivent les guindeaux électriques ! ! ! Mais enfin, on vous parle sans cesse de la marina et on vous dit que nous sommes au mouillage ... Eh bien oui, nous profitons du bar et des services du Clube Nautico tout en restant mouillés a l'extérieur! Pourquoi ne pas aller au ponton de cette marina qui paraît si tant bien me demanderez vous très pertinemment ? D'abord c'est évidemment beaucoup plus cher, mais surtout les pontons de la marina ne sont protégés par rien du clapot produit par les lanchas. Les bateaux qui y sont amarrés sont aussi inconfortables que nous et en plus ils tricotent de leur mat avec leurs voisins... Il paraît bien préférable d'être sur son ancre à gigoter tout seul. Un peu plus loin il y a une autre marina : le "Clube de Pesca" qui est en fait le yate club local, «urf » et super protégé: Pas de la houle, des intrus... On n'entre pas là, sans montrer patte blanche, ni à n'importe quelle heure de la nuit... Et le bar est nettement moins sympa. .. Nous n'avons pratiqué ce club que pour y acheter du gas oil. Alors, on peut toujours aller flâner en ville...Une petite course de taxi vous mène au centre ville. C'est encore un lieu fortement chargé d'histoire. (On a déjà dû dire ça de La Havane.) La cité est puissamment fortifiée: Onze kilomètres de murailles très épaisses (17 mètres) mais pas très hautes (quelques mètres) . Ici le marnage est faible et les remparts étaient plus faits pour résister aux attaques de l'artillerie navale, qu'aux assauts des fantassins. Pour plus d'efficacité, les canons étaient disposés au ras de l'eau. Cela permettait de tirer au niveau du pont des bateaux assaillants. Le long des remparts, il reste 16 bastions en bon état. On entre dans la cité par la porte de l'horloge.
Les Iles Rosario: Un archipel de calme à deux pas de la ville. Si vous en avez assez des vagues et du bruit des lanchas,
si vous aspirez à un peu de calme sauvage, vous pouvez toujours
aller mouiller dans les îles Rosario à quelques 4 heures
de mer de Cartagena.
Il est beau, il est frais mon poisson !Quasiment tous les jours des pêcheurs locaux viennent nous proposer des crabes ... Ils essaient quelquefois de nous refiler leurs crabes à moitié vide ou quasiment morts et ils sont alors tout étonnés d'entamer un dialogue en espagnol : - Chez nous il y en a aussi, des crabes !Ils repartent. Une demi heure plus tard, ils reviennent avec des araignées très toniques et bien pleines... On n'est pas des gringos tout de même ! - Au fait, saviez vous que gringo vient des exhortations des latinos aux envahisseurs militaires américains tout habillés de vert : «Green go !» , (version latino de «US go home ! » ) - Pour obtenir de la qualité et faire baisser les prix on doit toujours préciser : "No soy gringo ! Soy Frances. Venemos de Europa, como Juan Paolo II..." Là, ça les convainc et on peut discuter ! Ca les ennuierait tout de même de traiter le pape de gringo ! C'est ainsi et ici que notre cuisinière testera sa recette de crabe farci (voir plus loin) qui connut un franc succès. (cf « La cambuse ») Où l'argent paraît bien contribuer au bonheur des riches.Mais revenons à notre crique. De riches colombiens y ont construit des résidences secondaires qui se cachent derrière leur débarcadère. Un peu à l'extérieur, quelques pâtés de corail sont bâtis de villas qui les recouvrent complètement. Plus loin, des îles plus grandes sont le sièges d'hôtels de luxe. On trouve même un aquarium et un delphinarium qui sont une destination très courue des cartagènois, pour un dimanche en mer. Outre les dauphins, nous y verrons des requins, des carangues, des tortues et plein de poissons colorés. La semaine, nous sommes seuls, avec les indigènes. Pour la plupart ils sont pêcheurs. Quelques uns sont employés à l'entretien et à la garde des propriétés. Tous sont de couleur et plutôt indiens. Il est clair qu'en Colombie comme ailleurs, il est préférable d'être riche et blanc que pauvre et de couleur... L'un allant d'ailleurs assez fréquemment avec l'autre. Et vice versa.. Le vendredi soir, les propriétaires arrivent. Et là, ca se gâte. En fait, ce sont leurs enfants qui arrivent, armés de leur plus puissante sono, pour faire la fête au son de leur musique de sauvages... Et c'est parti pour 48 heures d'enfer à 2000 watts... Heureusement que dans la journée, ils se reposent ! Un respectable informaticien colombien viendra le dimanche matin faire à la nage le tour de notre bateau. Agrippé à la jupe arrière, il engagera la conversation. - Je suis le propriétaire de cette villa, là bas...Bah, on doit bien toujours être le "native" de quelqu'un... - A propos de week end, la Colombie a trouvé le truc pour disposer du maximum de week end prolongés: Toutes les fêtes religieuses, nationales, etc.... se célèbrent le lundi... même le Jeudi de l'Ascension se fête un lundi... Si senor!!! .. L'archipel des San Blas: Un avant goût de navigation Pacifique. Où nous gagnons le Paradis, sans gros effort.Depuis Rosario que nous avons quitté le dimanche 9 Juillet au soir, nous mettrons à peu près 36 heures pour couvrir les 150 milles qui nous amènent à Cayo Hollandes, un des plus populaires mouillages de l'archipel des San Blas. Cela signifie que nous sommes arrivés sur l'archipel très tôt dans la matinée de mardi. Vision de la terre plus carte postale, tu meurs... Ou bien alors tu arrives aux Bahamas... Les îlots aux cocotiers posés sur l'horizon se multiplient à notre approche. La virginité du décor est impressionnante. Seules quelques huttes de palmes sur un îlot, nous laissent supposer la présence d'habitants. A Cayo Hollandes, nous sommes deux cents ans en arrière! Enfin, c'est vrai là où nous sommes mouillés! ( Entre deux îlots dont un est désert et l'autre habité par 2 familles Kuna). Parce que de l'autre côté de l'îlot désert, une dizaine d'autres bateaux nous ont précédé. Mais comme ce sont pour la plupart des américains, ils restent regroupés là, en nous laissant désert le reste de la planète. Peu de temps après notre arrivée, nous recevons la visite de Reynaldo. En l'absence du chef (Victor) il vient nous accueillir avec sa pirogue à voile. Il nous apporte quelques citrons et avocats (cultivés dans l'île en face) et surtout, il vient encaisser la taxe de mouillage locale. (Ici à Hollandes Cay c'est 5$ pour 3 mois. Pas vraiment ruineux à première vue...) L'archipel est organisé en groupes d'îles; chacun étant l'équivalant d'une commune. La taxe de mouillage est instituée par « commune » et varie en coût et en durée de validité. Par endroit, c'est gratuit; ailleurs c'est plus cher... Mais partout, l'eau est limpide et chaude. Elle héberge plein de crabes et de poissons que nos hommes doivent aller chasser tous les jours, pour assurer la subsistance des équipages. Quelle vie! Et un Paradis soigneusement administré.Avant de se plonger avec délices dans cet archipel « primitif et sauvage » , il nous faut tout de même penser que nous rentrons ainsi au Panama et qu'il convient d'y accomplir les formalités d'usage. Elle peuvent se faire à Colon, c'est paraît il moins cher et plus facile. Mais c'est plus loin (Environ 70 milles). Heureusement, les Kunas ont installé sur l'île
de Porvenir l'administration nécessaire, pour effectuer lesdites
formalités. C'est là que nous nous adresserons. Mal
nous en a pris!
- Bref conseil: Faire son entrée à Colon, même si vous devez traîner dans les îles une quinzaine de jours avant d'y aller. Rio Diablo, une mégalopole des San BlasCette « île village » est le centre de l'unité « communale » qui a autorité sur cayo Hollandes. C'est là que sont installés le cacique, son conseil et toute l'administration locale. En fait, ce sont deux îles jumelles reliées par un pont: Nargana et Corazon de Jésus. Chacune abrite quelques centaines d'habitants. Cet ensemble est le centre de vie du groupe d'îlots qui l'entoure. On y trouve en particulier les écoles et donc tous les enfants scolarisés ici. Ils sont très nombreux à être en pension chez un membre de leur famille, quand leurs parents habitent un îlot éloigné. On y trouve aussi des églises (plusieurs, de différentes obédiences; et chacune des deux îles a les siennes). En fait, chacune des deux îles possède en propre les attributs de son importance: Églises, mais aussi « centre de communication » (lire: quelques cabines téléphoniques), maison communale, bibliothèque municipale, épiceries... Elles se partagent tout de même une banque à l'enseigne de la BNP (Ne pas confondre avec notre BNP à nous, que c'est aussi Paribas! Ici c'est la Banque nationale de Panama!) Cette île a pris depuis longtemps le parti de la « modernité ». Cela signifie, entre autres, qu'ici les femmes ne portent pas le costume traditionnel, ni ne brodent de molas. On voit pourtant beaucoup de femmes en costume sur l'île. On nous a expliqué que c'étaient des femmes d'ailleurs mais qu'elles résidaient ici pendant l'année scolaire pour accompagner leurs enfants qui y étaient scolarisés. Un aéroport et installé sur le territoire
de Corazon de Jésus. (sans doute au grand dam des gens de Nargana...)
Une courte piste en béton flanquée d'une hutte en bois où
l'on peut acheter son billet. Quelques bosses et quelques trous secouent
les appareils qui font escale ici. Tôt le matin (vers 6h.30 à 7h),
de petits avions font la navette chaque jour depuis Panama City,
. Ils déposent chacun une quinzaine de personnes et repartent
aussitôt avec les passagers pour Panama City. C'est assez curieux,
car s'ils appartiennent à des compagnies différentes,
ils arrivent tous à la même heure et repartent de même.
On assiste ainsi tous les matins au spectacle de 3 ou 4 avions qui s'emmêlent
les ailes en bout de piste, au milieu de la « foule », près
du «terminal ».
C'est sans doute aussi la « modernité » qui fait qu'ici la taxe de mouillage est plus chère qu'ailleurs: 6 dollars pour un mois. Vagabondage dans les îles, pour les vacances du petit.Nous profiterons de ce service d'avion pour aller chercher David qui vient passer deux semaines avec nous et arrive à Panama City, depuis sa résidence californienne. Vu du ciel, nous avons pu vérifier que l'essentiel du pays à l'Est du canal est une jungle montagneuse sans aucune voie d'accès. C'est la région du Darien, qui a sa frontière avec la Colombie et a effectivement la réputation d'être assez impénétrable. Un peuple indien vit là. Nus, quasiment sans contact avec la civilisation. Nous n'en verrons que quelques photos sur des cartes postales. David sera avec nous du 23 Juillet au 4 Août. Cette année, il sera seul; ses grands frères et soeurs s'étant tous abstenus. Heureusement Steve, de Ma'ohi, qui est son aîné d'un an, l'introduira à la magie des îles... Plages de sable blanc, cocotiers couchés sur l'eau et snorkeling sur poissons tropicaux multicolores. Tous les mouillages se ressembleront... Quelques pêches « miraculeuses » alimenterons un BBQ nocturne sur l'île de Chichime . Nous sommes sous les tropiques tels qu'on les rêve généralement... David et Steve passeront aussi pas mal de temps à expérimenter et échanger jeux de GameBoy et CD ROMs d'ordinateurs... Ainsi va le monde... Au bout de ces deux semaines de flâneries dans les îles, nous devrons songer à organiser le retour de David. A la sortie du Paradis Kuna: Isla Grande. Isla Grande, tranquille villégiature « ethnique », sur la Costa ArribaQuittant les San Blas à regret, nous ne voulons tout de même pas nous précipiter dans la jungle urbaine de Colon. Sa réputation de coupe gorge et d'agitation hystérique nous incitaient à trouver un moyen terme et donc un mouillage calme et pas trop éloigné de la ville. C'est à Isla Grande que nous nous rapprocherons de la civilisation occidentale. C'est une île côtière, située à une vingtaine de milles au Nord Est de Colon, à quelques encablures de la Costa Arriba.. Les panaméens de la région, aiment à venir y passer le week end. Ce n'est pas vraiment la Baule. Juste un village traditionnel, organisé le long d'une unique rue - chemin de terre, au bord de l'eau. Il y règne l'atmosphère cool et bon enfant des villages noirs. Quelques villas un peu plus riches et voyantes, ainsi que deux hôtels discrets, témoignent de la vocation touristique de l'endroit. Le mouillage est calme et, bien qu'assez peu peuplée jusqu'à Colon, cette côte est correctement desservie par des autobus. L'île du bout de la route.Par la terre, la route qui vient de Colon le long de la Costa Arriba, s'arrête à Isla Grande. Pour continuer plus loin il n'y a que le 4x4, sur quelques pistes de terre puis le cheval à travers la jungle côtière. En arrivant, par la mer, au Panama nous sommes ici au plus profond de la mer des Caraïbes. Tout au bout de l'Atlantique. Revenir vers l'Est est difficile, contre la mer et le vent. Continuer vers l'Ouest, c'est le Pacifique. Immense... C'est le bout de la route pour beaucoup de voiliers qui se sont arrêtés là. Définitivement ou pour une longue étape. Les mouillages autour d'Isla Grande hébergent une quinzaine de bateaux qui ne naviguent plus, dont une demi douzaine battent pavillon français. En attente d'un nouveau propriétaire... Ou d'un nouveau départ... Il faut dire que la région est magnifique et sauvage. - Si on accepte la pluie et l'humidité qui sont gage de végétation dense et rapide... - et que l'on peut trouver par ici des raisons de s'attarder.... Sur cette côte, la population n'est pas très dense et majoritairement noire. Peu de blancs, (à part les français) et juste quelques chinois qui, comme d'habitude, tiennent les épiceries. Il n'y a plus d'indiens dans la région. On n'aperçoit quelques Kunas que quand ils viennent à Colon ou à Panama faire leurs grosses courses. Cette région passe pour être un repaire de français et nous y ferons des rencontres remarquables:On trouve dans la région pas mal de couples de français qui se sont installés là, pour y vivre de talents ou de compétences qu'ils se sont quelquefois découvert, pour l'occasion.
Il ont aussi des projets de marina et de services aux voiliers. Ils ont l'intention d'accompagner les premiers pas marins d'un couple de voyageurs franco-suisse qu'ils viennent de rencontrer. N'ayant JAMAIS navigué, ils ont convaincu Daniel et Evelyne de chaperonner leur première traversée ! . L'univers bruyant et coloré des bus locauxC'est pour ramener David à Panama City, que nous découvrirons l'univers des transports panaméens. Nous ferons le trajet dans un bus antédiluvien qui mettra plus de quatre heures pour nous amener en ville. (Cela nous permettra de constater que les saucisses graisseuses, vendues dans les échoppes douteuses des arrêts de bus panaméens, ne font pas reculer David dès huit heures du matin.) Bien sûr, il existe des bus climatisés qui font le trajet en deux fois moins de temps et qui présentent à bord un film vidéo. Mais le trajet est alors trop court pour le film; c'est frustrant! Et en plus on se gèle là dedans. Dans ceux que l'on emprunte, la clim., c'est la fenêtre ouverte sur le paysage... Mais aussi sur le bruit et la poussière. C'est autrement plus rigolo et écolo... Les terminaux de bus Panaméens sont beaucoup plus rudimentaires que leurs homologues vénézuéliens dont nous avons déjà parlé. Celui de Colon, particulièrement frénétique est sans doute le lieu où vous vous sentez le plus en voyage. Vous n'êtes absolument pas chez vous et vous ne risquez pas de l'oublier. Le bruit est assourdissant, mêlant les échappements des bus qui éteignent rarement leur moteur et les cris des vendeurs ambulants qui essaient de refiler leur bimbeloterie ou leurs sermons religieux... Tout cela n'empêche d'ailleurs pas les bus de partir à l'heure, même si vous arrivez difficilement à vous persuader qu'il puisse y avoir ici un horaire qui réglemente le trafic. Nous viendrons fréquemment à Colon en bus, depuis Isla Grande. D'abord pour lire vos E mails, (4 heures de transport et quasiment rien que pour vous lire... Mais ca va changer!) Il faut dire aussi qu'Anyvonne profite de ces échappées communicantes pour écumer les boutiques de tissus Kuna et Gérard pour flâner dans les Leroy Merlin locaux... Colon: Une ville de WesternLe pire a été dit sur ce quartier de haute insécurité qui garde l'entrée atlantique du canal de Panama et c'est avec précaution que nous l'abordons en descendant du bus qui nous amène d'Isla Grande. La première vision est celle du terminal de bus décrit ci dessus. Tout autour, les rues très animées alignent une multitude de boutiques du genre « quincaillerie/droguerie/alimentation générale. ». Beaucoup de marchands d'électronique aussi. Et puis des restos chinois. En fait l'essentiel du commerce de Colon semble tenu par les chinois. On explore les rues, sans trop s'éloigner du terminal et en faisant attention où on met les pieds. Les trottoirs des rues sont défoncés et ce n'est pas seulement le pied qu'on risque de mettre dans un trou. Certains sont assez grands pour vous avaler entièrement... Et puis on s'enhardit et on s'éloigne un peu, en se gardant tout de même de quelques rues qui paraissent vraiment patibulaires.Et même que nous voilà perdus! Et dans un quartier pas très sympa! Timidement, nous demandons notre chemin à un homme moyennement avenant, qui semble « garder » des voitures en stationnement et nous ne pourrons pas éviter qu'il nous accompagne. Il espère manifestement quelques dollars et, chemin faisant, en profite pour nous donner quelques conseils de prudence. Très vite, nous sommes rattrapés par deux policiers cyclistes qui patrouillent par là et demandent rudement à notre accompagnateur où il nous emmène. Explications données, ils nous font signe que tout va bien et que nous pouvons continuer. Notre mentor nous amènera jusqu'à destination et en retour du demi dollar attendu, il nous exhortera à rentrer à la marina en taxi. Qui a de grandes ambitions pour le 21 ème siècleEn plus d'être le port d'entrée du canal pour des cargos qui ne s'y arrêtent guère, Colon affiche l'ambition de devenir le grand port de croisière de la mer des Caraïbes. Déjà un quai a été spécialement construit pour les paquebots dans le port de Cristobal. Le terminal y est peint en couleurs éclatantes qui font tache sur la grisaille portuaire. Et c'est bien le problème: C'est vrai que ce port est idéalement situé pour justifier ses ambitions, mais il y a beaucoup de travail a faire pour réhabiliter toute cette ville et lui donner un look convenable pour les touristes américains. On sent bien que des progrès se font dans ce domaine, mais le chemin sera long... Panama City, une capitale occidentale.A l'autre bout du Canal, sur la côte Pacifique on trouve le port de Balboa. C'est un faubourg de la capitale du Pays: Panama City. Vue de la mer, la ville est un ensemble impressionnant de Gratte ciel qui annoncent une ville moderne. Cela rappelle l'approche de Salvador de Bahia. En fait, comme toutes les villes, Panama City compte de brillants quartiers résidentiels et d'affaires et d'autres qui le sont moins, jusqu'aux HLM's lépreux de Chorrillo. Mais globalement, c'est une ville au commerce très actif qui n'est pas désagréable à parcourir, avec des objectifs d'achats en tête. Hormis cela, la promenade nous a paru sans grand intérêt. Ce n'est pas une ville où nous aimerons flâner dans les relents de l'histoire. Un quartier semble toutefois concentrer les souvenirs du Panama colonial. C'est le « Casco Viejo » (le vieux centre). Mais c'est aujourd'hui un quartier très délabré, sur lequel commence seulement à s'exercer un effort visible de réhabilitation. Comme pour Colon, rendez vous dans quelques années... En attendant, revenons à Colon.Mais en bateau cette fois, pour nous présenter à la porte du canal. A Colon, on trouve une marina . Enfin, un Yate Clube et quelques pontons. Beaucoup moins avenant que son homologue de Cartagena, il rend tout de même quelques services appréciables. Parmi ceux ci et ce n'est pas le moindre, la possibilité de débarquer, en annexe, au ponton quand on est mouillé dans le port de Cristobal. Car ici, comme à Cartagena, nous mouillerons dans le port, devant la marina où nous trouverons quand même des bières fraîches au bar et un accès E Mail à l'officina. Pas super accueillant mais super utile tout de même. à C'est là que nous préparerons notre passage vers le Pacifique. Pour l'avitaillement et les besoins du bateau, Colon dispose d'un zone franche où on trouve toutes sortes de commerces d'électronique, d'habillement, d'alcool... Beaucoup, sinon la plupart, ne vendent qu'en gros et nous avons trouvé cette zone peu intéressante. Seul l'alcool y est indubitablement intéressant. Plus classiquement et plus près de la marina, quelques super marchés permettent de faire ses courses presque comme chez nous. Le passage du canal prend un peu des allures d'épreuve initiatique pour les futurs Pacificos...La première phase de l'épreuve est administrative. Le mercredi 25 octobre, aussitôt après avoir
appelé les autorités, pour les avertir de nos intentions,
nous recevons la visite d'une charmante mesureuse vérificatrice.
Nous entamons alors la deuxième phase de l'épreuve, qui est financière. Le Jeudi 26, Gérard, Patrick et Kiki s'en vont
à la banque habilitée (la City Bank), pour payer le passage.
Ils sont équipés de leurs plus belles cartes Visa et il s'agit,
pour chacun, de payer les 500$ de passage plus un dépôt de
garantie de 800$.
Nous pourrons enfin aborder la dernière phase de l'épreuve: Le passage proprement dit. Donc Dimanche 29 , lever à 3 heures 30.
Résultat: avec notre vitesse d'escargot, à 4-5 noeuds, il nous faudra deux jours pour traverser! Nous passons derrière un porte-conteneurs, amarrés à couple à son remorqueur. Deux amarres de pointe et deux gardes courtes. - 4 bouts de 7 mètres suffisent largement... - Lundi 30, nous nous réveillons d'une nuit très calme. Les énormes cargos et Porte-Conteneurs qui sont passés là toute la nuit, à moins de 100 mètres du bateau, ne nous ont pas gênés. - Ma'Ohi qui fera le même parcours dans quelques jours, aura moins de chance à ce mouillage. Alors que tout le monde dormait profondément sur le bateau, tous hublots de coque ouverts au milieu d'une nuit sans vent, un remorqueur est passé tout près, full speed, en produisant des vagues si hautes et déferlantes qu'au moins cent litres d'eaux envahirent le bateau en inondant les couchettes et leurs occupants... - Notre pilote reviendra à 11 heures. C'est assez ponctuel en horaire Sud Américain... Bien mieux que les vénézuéliens... Nous passerons les écluses descendantes devant un gros navire « Porte Automobiles ». Dans celle de Pedro Miguel, nous irons nous amarrer à couple du remorqueur et nous assisterons à l'entrée du navire dans le sas. C'est très impressionnant. L'énorme machin à la carène en V très évasé va-t-il pouvoir entrer dans l'écluse, qui apparaît soudain bien étroite ? Et si oui, va-t-il s'arrêter à temps et ne pas nous écraser? Mais non. Il rentre doucement dans le sas, tiré-guidé par quatre locomotives porte-amarres qui évoluent sur les bords de l'écluse. Quand la manoeuvre est terminée, il reste soixante centimètre, de part et d'autre du navire, entre sa coque et le quai! Et nous avons notre arrière à la verticale de la pointe de sa proue; 20 mètres plus haut. A l'écluse suivante, de Miraflores, pour les deux derniers sas descendants le remorqueur de notre navire suiveur ne suivra pas. Nous passerons comme des grands, amarrés sur 4 aussières, au milieu du sas. Nous ne disposerons quand même pas de locomotives porte amarres mais quatre personnes viendront récupérer nos aussières pour les amarrer sur les bollards qui équipent les quais de l'écluse. Ils accompagneront à pied, nos amarres à la main, notre passage d'un sas à l'autre. C'est là que la pluie se mit de la partie. Et plutôt le genre bruine bretonne que Tahiti douche... Tout ce qui ressemble à un ciré ou à un Kway est sorti. Malgré cela, à 14 heures, nous sortirons des écluses trempés comme des soupes. Et nous sommes donc devenus des Pacificos le 30 Octobre 2000 vers 15 heures.La visibilité est tellement mauvaise que nous n'apercevrons le gigantesque pont de las Américas qu'au dernier moment, juste à temps pour y déposer notre pilote ainsi que notre offrande au Pacifique: Quelques pièces de monnaie jetées sous le pont en buvant du cidre bouché de Paimpol, histoire de s'attirer la bienveillance des génies de l'océan. Ensuite, nous aurons juste le temps de laisser l'équipage de Ma'Ohi au ponton du Yate Clube de Balboa, pour qu'ils courent prendre le bus et rejoignent leur bateau resté à Colon; avant de continuer jusqu'au mouillage de l'île de Flamenco, 3 milles plus loin, nous préparer un thé. Enfin, nous y sommes... TOUT LE PACIFIQUE
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