LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Colombie Panama - Le journal de bord
N°15- Janvier 2001


Getaway dans la gueule du  loup à Cartagena de India

Comme nous vous le disions dans le dernier numéro, nous sommes arrivés le  27 mai 2000 à 3 heures du matin à Cartagena de India, en Colombie. 
Tous les conseils de prudence, voire d'abstention que nous avons reçus, à propos de ce repaire de trafiquants de cocaïne et de pirates sanguinaires résonnent encore à nos oreilles. C'est donc avec circonspection que le jour levé, nous risquons un oeil prudent sur le paysage qui nous entoure.

Nous sommes mouillés à la source même des richesses du royaume d'Espagne...
La ville est située au fond d'une anse qui est elle même blottie tout au fond d'une baie immense (de l'ordre de 5 milles de profondeur) et très protégée. Quels que soient les vents, le clapot n'arrive jamais bien fort jusqu'ici. Dans la petite baie on trouve le vieux port de Cartagena et deux marinas. 
C'est ici qu'étaient regroupés les trésors amassés, dans tout l'ouest du continent sud américain, par les espagnols avant d'être expédiés par convois de galions, vers l'Espagne.

Et c'est là que nous sommes mouillés...

Émotion!!!
Cartagena est aujourd'hui le grand port de l'Amérique du sud dans la mer des Caraïbes.
Dans la grande baie sont disséminés plusieurs terminaux spécialisés, au trafic très intense. Près de nous : le terminal de containers, le seul que nous voyions. Plus loin et hors de vue : le port vraquier, les terminaux pétroliers et quelques raffineries.
Pour entrer et sortir de la baie avec un "petit" bateau vous avez le choix entre deux passes: 
Boca Chica, qui est la passe officielle qu'empruntent les navires. Parfaitement balisée, elle est très protégée mais allonge la route de 6 à 7 milles (C'est par là que nous sommes entrés la nuit dernière). 
Boca Grande, juste à la sortie de la baie de Cartagena n'est empruntable que par les petits bateaux. C'est un très large passage en eau profonde, entre la presqu'île de Boca Grande et l'île de Tierra Bomba, qui a été condamné par les espagnols en 1778. Ils ont construit pour cela un mur sous marin quasi affleurant  sur lequel  les vaisseaux anglais venaient se fracasser en voulant entrer dans la baie. 
Aujourd'hui, au milieu de ce mur une courte brèche d'une trentaine de mètres est balisée et permet le passage de bateaux calant moins de 2.50 m. de tirant d'eau, ce qui raccourcit le chemin de quelques milles.
Notre  première impression est plutôt favorable.
Au nord ouest du mouillage, la vieille ville nous montre son décor d'églises, de toits de tuiles et de clochetons... Tout le long du rivage, des fortifications rappellent l'histoire violente de cette ville tant convoitée. Imaginez St Malo sous les tropiques... 
A l'est, la presqu'île de Boca Grande est résolument moderne. Originellement déserte et bordée de  plages de sable, elle a été couverte d'immeubles et de gratte-ciel. C'est maintenant un grand centre touristique de la Colombie.
Tout près de nous c'est le quartier résidentiel de Manga. Calme et sécurité y semblent assurés... par des cohortes de gardes et de milices privées; comme partout en Amérique latine.
Nous découvrons le "Clube Nautico de Manga".
C'est la marina devant laquelle nous sommes mouillés et disons le tout de suite, ce club nautique est digne de son appellation. L'accueil y est chaleureux. Il propose des  services appréciables dans une ambiance agréable et bon enfant : Gardiennage d'annexe, eau douce au ponton, lavage du linge, salon télé, bibliothèque (quasi exclusivement en anglais, mais quand même!), service téléphone/fax/Internet...
Le bar constitue une espèce de pub tropical où on a envie de venir pour discuter,  manger un bout ou boire un coup. 
On y propose  un plat du jour (viande- légumes - féculents)  qui, servi avec une soupe et un jus de fruit, s'appelle le "corriente". (C'est plutôt bon et c'est proposé dans tous les restaurants de Colombie pour 15 a 25 francs. Qui dit mieux ?)
La cuisinière du bord jouera relâche pendant quasiment un mois. A ce prix là, pourquoi se priver de vacances ?
Au Clube Nautico, le règlement de l'addition est hebdomadaire. On a comme ça l'impression de manger et boire gratis toute la semaine...
Les quelques voyageurs voileux qui viennent à Cartagena  pour visiter rapidement la ville y restent souvent beaucoup plus longtemps pour profiter du club nautique. C'est assez rare par ici pour être mentionné. 
Dès qu'on débarque au bar de la "marina", le métissage est frappant; et la beauté des demoiselles encore plus.  Les yeux des hommes ne savent plus où donner de la tête... 
Il faut dire que ce bar regorge de beautés plus ou moins offertes. 
On y trouve quelques navigateurs solitaires américains plutôt rassis, qui trouvent là des témoignages d'affection qu'ils n'espéraient plus... 
Ah, la puissance aphrodisiaque du roi vert ! ! !
Et un mouillage plutôt agréable.
Après avoir attaché votre dinghy en sécurité,  au ponton ; vous sortez de la marina, pour traverser l'avenue qui longe le bord de mer (l'Avenida Miramar)  et, à cent mètres, dans la rue en face vous trouvez un "Magali Paris". C'est le Monoprix local.. Même ambiance et assez bien fourni. Il peut même vous livrer à la marina. Vrai! On se croirait en Europe!
A proximité on trouve une pizzeria et quelques restos à  "corrientes". Plus loin , des empenadas (sorte de beignets fourrés à la viande, au fromage, aux haricots, à tout quoi...) et des glaces délicieuses.
 Nous abuserons de tout cela un mois durant. (Initialement, notre projet d'étape n'était que d'une semaine !)
Mais un Mouillage quand même !
Mais enfin, nous vivons toujours sur un bateau. Et le mouillage a tout de même un inconvénient : Il est assez chahuté par toute une théorie de lanchas (sortes de vedettes locales de transport de passagers ou de matériel) et de bolides à moteur qui sillonnent la baie dans toutes les directions et semblent prendre un malin plaisir à venir faire des vagues au ras des quelques voiliers qui sont ancrés là... 
Gérard qui devra grimper en tête de mat, pour régler un obscur problème d'antenne, produira quelques jurons bien sentis et constatera par la même occasion qu'il résiste assez bien au vertige ! Jusque là, il devait faire du chiqué...
On peut y subir aussi des "Culos de Pollos" (littéralement "culs de poulets" dans le texte original). Ce sont des coups de vent orageux qui surgissent brusquement du sud ouest à 45 à 50 noeuds, plutôt la nuit, et qui transforment des sommeils paisibles en nuits agitées.
Un matin, après une nuit assez ventée, le skipper qui a malgré tout bien dormi, constate que nous avons pas mal reculé, par rapport à notre voisin Ma'ohi qui est mouillé a proximité. Nous remouillons donc, allongeons la chaîne et l'esprit enfin en repos, nous apprenons de Patrick, le skipper de Ma'Ohi,  que cette nuit c'est eux qui ont dérapé et ont dû remouiller. C'est pour cela que notre situation relative avait changé ! Vivent les guindeaux électriques ! ! !
Mais enfin, on vous parle sans cesse de la marina et on vous dit que nous sommes au mouillage ...
Eh bien oui, nous profitons du bar et des services du Clube Nautico tout en restant mouillés a l'extérieur!  Pourquoi ne pas aller au ponton de cette marina qui paraît si tant bien  me demanderez  vous très pertinemment ? 
D'abord c'est évidemment beaucoup plus cher, mais surtout les pontons de la marina ne sont protégés par rien du clapot produit par les lanchas. Les bateaux qui y sont amarrés sont aussi inconfortables que nous et en plus ils tricotent de leur mat avec leurs voisins... Il paraît bien préférable d'être sur son ancre  à gigoter tout seul.
Un  peu plus loin il y a une autre marina :  le "Clube de Pesca" qui est en fait le yate club local, «urf »  et super protégé: Pas de la houle, des intrus... On n'entre pas là, sans montrer patte blanche, ni à n'importe quelle heure de la nuit... Et le bar est nettement moins sympa. .. 
Nous n'avons pratiqué ce club que pour y acheter du gas oil.
Alors, on peut toujours aller  flâner en ville...
Une petite course de taxi vous mène au centre ville. C'est encore un lieu fortement chargé d'histoire. (On a déjà dû dire ça de La Havane.)
La cité est puissamment fortifiée:
Onze kilomètres de murailles très épaisses (17 mètres) mais pas très hautes (quelques mètres) . Ici le marnage est faible et les remparts étaient plus faits pour résister aux attaques de l'artillerie navale, qu'aux assauts des fantassins. Pour plus d'efficacité, les canons étaient disposés au ras de l'eau. Cela permettait de tirer au niveau du pont des bateaux assaillants. Le long des remparts, il reste 16 bastions en bon état. 

On entre dans la cité par la porte de l'horloge. 
Monumentalement flanquée de deux postes de garde, elle débouche sur la "Plazza de los coches". Il y a trois cents ans c'était le siège du commerce des esclaves. Cette activité lucrative a enrichi bon nombre de commerçants qui ont fait construire là de grosses demeures patriciennes. Elles sont bordées  de colonnades qui permettent de marcher à l'ombre et  abritent aujourd'hui de nombreux vendeurs ambulants de  « Dulces » (pâtisseries locales). A gauche, la "Plazza de la Aduana" est triangulaire et toute décorée de sculptures modernes en fil de fer, assez rigolotes. 
Elle ouvre la flânerie dans les rues de la cité. Ce sont des alignements de maisons d'un ou deux étages, systématiquement embalconnées, restaurées et verdoyantes. Les murs sont peints en blanc, rose,  bleu,  jaune... Les entourages des fenêtres et des portes sont en pierre corallienne. C'est une symphonie de couleurs !
Sauf dans les quelques rues commerçantes qui sont assez frénétiques, le calme règne. Les touristes sont rares et les cartagènois  souriants.
En passant devant le musée de l'or, la fièvre vous prend. (Je parle aux femmes). Vous entraînez votre compagnon dans sa visite pour donner un semblant de justification culturelle à votre envie de bijoux... Pour le régal des yeux aussi. C'est un petit musée, qui n'arrive pas à la cheville de celui de Bogota, c'est sûr! Mais il existe: Des céramiques de 2500 ans d'age, de l'orfèvrerie pré colombienne et beaucoup de bijoux vont attiser votre envie. En sortant vous vous précipitez Plazza Bolivar vous faire offrir une petite copie de bijou pré colombien. Il y en a à tous les prix, comme pour les émeraudes. A chacun selon ses moyens... Dans les bazars de Boca Grande, on en trouve de jolis , en cuivre doré, pour pas cher...
Ceux qui aiment marcher, et même courir, pourront faire le tour des remparts. Ils passeront ainsi devant la statue de l'indienne Catalina. Selon la légende, elle fut mise en esclavage par Alonso de Ojeda, vendue puis rachetée par un autre colombien qui la ramena à Cartagena comme interprète. 
Elle symbolise la nation indienne et sa lutte contre l'envahisseur.

Les Iles Rosario: Un archipel de calme à deux pas de la ville.

Si vous en avez assez des vagues et du bruit des lanchas, si vous aspirez à  un peu de calme sauvage, vous pouvez toujours aller mouiller dans les îles Rosario à quelques 4  heures de mer de Cartagena. 
Pour l'archipel des Rosario, c'est en descendant vers le sud, poussés par les alizés: Le bonheur... 
En ne partant pas très tôt de Cartagena, vous pouvez tout de même y être arrivés avant la fin de l'après midi. 
D'ailleurs vous y avez intérêt, car l'archipel est entouré d'une barrière de corail et les passes ne sont pas éclairées... Quand elles sont balisées... De plus, elles vous conduisent aux mouillages par des chicanes entre les bancs de corail et sont parcourues par des courants qui  rappellent un peu ceux de Bréhat au jusant. 
Mais une fois arrivés dans notre petite crique privée, entourés d'îlots à cocotiers, on est HEUREUX... 
- Nous avons souvent pensé à la Corderie, notre mouillage favori et habituel à Bréhat, quand nous sommes venus mouiller ici. à 
Nous y viendrons deux ou trois fois, pour une semaine. Le temps pour madame de terminer le journal de bord de Cuba et pour monsieur de pêcher des poissons. Et en plongée s'il vous plait... Eh oui, depuis que nous naviguons de concert avec Ma'ohi, Gérard a repris des activités de pêche sous marine. Cela permet régulièrement des BBQ  de poissons (surtout si on y ajoute ceux que l'on achète...)

Il est beau, il est frais mon poisson !
Quasiment tous les jours des pêcheurs locaux viennent nous proposer des crabes ... Ils essaient quelquefois de nous refiler leurs crabes à moitié vide ou quasiment morts et ils sont alors tout étonnés d'entamer un dialogue en espagnol :
- Chez nous il y en a aussi, des crabes ! 
- Non ? 
- Si ! 
- Non ?
- Si ! 
- Et en plus on les achète vivants et pleins...
- Ah... Momento...
Ils repartent. Une demi heure plus tard, ils reviennent avec des araignées très toniques et bien pleines...  On n'est pas des gringos tout de même !
- Au fait, saviez vous que gringo vient des exhortations des latinos aux envahisseurs militaires américains tout habillés de vert : «Green go !» , (version latino de «US go home ! » ) - 
Pour obtenir de la qualité et faire baisser les prix  on doit toujours préciser : "No soy gringo !  Soy Frances.  Venemos de  Europa, como  Juan Paolo II..." 
Là, ça les convainc et on peut discuter ! Ca les ennuierait tout de même de traiter le pape de gringo !
C'est ainsi et ici que notre cuisinière testera sa recette de crabe farci (voir plus loin) qui connut un franc succès. (cf « La cambuse »)
Où l'argent paraît bien contribuer au bonheur des riches.
Mais revenons à notre crique. 
De riches colombiens y ont construit  des résidences secondaires qui se cachent derrière leur débarcadère. 
Un peu à l'extérieur, quelques pâtés de corail sont bâtis  de villas qui les recouvrent complètement. 
Plus loin, des îles plus grandes sont le sièges d'hôtels de luxe. 
On trouve même un aquarium et un delphinarium qui sont une destination très courue  des cartagènois, pour un dimanche en  mer. Outre les dauphins, nous y verrons des requins, des carangues, des tortues et plein de poissons colorés. 
La semaine, nous sommes seuls, avec les indigènes. Pour la plupart ils sont pêcheurs. Quelques uns sont employés à l'entretien et à la garde des propriétés. 
Tous sont de couleur et plutôt indiens. 
Il est clair qu'en Colombie comme ailleurs, il est préférable d'être riche et blanc que pauvre et de couleur... L'un allant d'ailleurs assez fréquemment avec l'autre. Et vice versa..
Le vendredi soir,  les propriétaires  arrivent. Et là, ca se gâte. En fait, ce sont leurs enfants qui arrivent, armés de leur plus puissante sono, pour  faire la fête au son de leur musique de sauvages... Et c'est parti pour 48 heures d'enfer à 2000 watts...
Heureusement que dans la journée, ils se reposent !
Un respectable informaticien colombien viendra le dimanche matin faire à la nage le tour de notre bateau. Agrippé à la jupe arrière, il engagera la conversation.
- Je suis le propriétaire de cette villa, là bas...
- Celle d'où venait la musique cette nuit ? 
-Oh non ! Chez moi, c'était très calme. Cette nuit, la musique venait de là bas, chez les "natives" !
Bah, on doit bien toujours être le "native" de quelqu'un...

- A propos de week end, la Colombie a trouvé le truc pour disposer du maximum de week end prolongés: Toutes les fêtes religieuses, nationales, etc.... se célèbrent le lundi... même le Jeudi de l'Ascension se fête un lundi...     Si senor!!! ..

L'archipel des San Blas: Un avant goût de navigation Pacifique.

Où nous gagnons le Paradis, sans gros effort.
Depuis Rosario que nous avons quitté le dimanche 9 Juillet au soir, nous mettrons à peu près 36 heures pour couvrir les 150 milles qui nous amènent à Cayo Hollandes, un des plus populaires  mouillages de l'archipel des San Blas. Cela signifie que nous sommes arrivés sur l'archipel très tôt dans la matinée de mardi.
Vision de la terre plus carte postale, tu meurs... Ou bien alors tu arrives aux Bahamas... 
Les îlots aux cocotiers posés sur l'horizon se multiplient à notre approche. La virginité du décor est impressionnante. Seules quelques huttes de palmes sur un îlot, nous laissent supposer la présence d'habitants.
A Cayo Hollandes, nous sommes deux cents ans en arrière! Enfin, c'est vrai là où nous sommes mouillés! ( Entre deux îlots dont un est désert et l'autre habité par 2 familles Kuna). Parce que de l'autre côté de l'îlot désert, une dizaine d'autres bateaux nous ont précédé. Mais comme ce sont pour la plupart des américains, ils restent regroupés là, en nous laissant  désert le reste de la planète.
Peu de temps après notre arrivée, nous recevons la visite de Reynaldo. En l'absence du chef (Victor) il vient nous accueillir avec sa pirogue à voile. Il nous apporte quelques citrons et avocats (cultivés dans l'île en face) et surtout, il vient encaisser la taxe de mouillage locale. (Ici à Hollandes Cay c'est 5$ pour 3 mois. Pas vraiment ruineux à première vue...)
L'archipel est organisé en groupes d'îles; chacun étant l'équivalant d'une commune.  La taxe de mouillage est instituée par « commune » et varie en coût et en durée de validité. Par endroit, c'est gratuit; ailleurs c'est plus cher...
Mais partout, l'eau est limpide et chaude. Elle héberge plein de crabes et de poissons  que nos hommes doivent aller chasser tous les jours, pour assurer la subsistance des équipages. 
Quelle vie!
Et un Paradis soigneusement administré.
Avant de se plonger avec délices dans cet archipel « primitif et sauvage » , il nous faut tout de même penser que nous rentrons ainsi au Panama et qu'il convient d'y accomplir les formalités d'usage. Elle peuvent se faire à Colon,  c'est paraît il moins cher et plus facile. Mais c'est plus loin (Environ 70 milles). 

Heureusement, les Kunas ont installé sur l'île de Porvenir l'administration nécessaire, pour effectuer lesdites formalités. C'est là que nous nous adresserons.  Mal nous en a pris!
Ca nous coûtera 100$ au lieu de 75 et surtout nous aurons là, la visite du seul vétérinaire qui vérifie quoi que ce soit dans le pays...
Il procèdera à l'inventaire complet du frigo et confisquera tout ce qui ressemble à un produit animal et surtout bovin: C'est la lutte contre la fièvre aphteuse dont le Panama se targue d'être indemne au contraire de la Colombie voisine. Mais enfin c'est le seul contrôle vétérinaire Panaméen! Et il fallait que ca tombe sur nous! 
Même le pâté Hénaff qu'il prenait pour du boeuf Colombien  et qu'il voulait confisquer...
Anyvonne, folle de rage, était seule à bord lors de ce contrôle. Elle a bien mis deux jours à faire tomber sa colère, au vu de son frigo vide.

- Bref conseil: Faire son entrée à Colon, même si vous devez traîner dans les îles une quinzaine de jours avant d'y aller. 

Rio Diablo, une mégalopole des San Blas
Cette « île village » est le centre de l'unité « communale » qui a autorité sur cayo Hollandes. C'est là que sont installés le cacique, son conseil et toute l'administration locale. En fait, ce sont deux îles jumelles reliées par un pont: Nargana et Corazon de Jésus. Chacune abrite quelques centaines d'habitants. 
Cet ensemble est le centre de vie du groupe d'îlots qui l'entoure. On y trouve en particulier les écoles et donc tous les enfants scolarisés ici. Ils sont très nombreux à être en pension chez un membre de leur famille, quand leurs parents habitent un îlot éloigné.
On y trouve aussi des églises (plusieurs, de différentes obédiences; et chacune des deux îles a les siennes). En fait, chacune des deux îles possède en propre les attributs de son importance: Églises, mais aussi « centre de communication » (lire: quelques cabines téléphoniques), maison communale, bibliothèque municipale, épiceries... 
Elles se partagent tout de même une banque à l'enseigne de la BNP (Ne pas confondre avec notre BNP à nous, que c'est aussi Paribas!  Ici c'est la Banque nationale de Panama!) 
Cette île a pris depuis longtemps le parti de la « modernité ». Cela signifie, entre autres, qu'ici les femmes ne portent pas le costume traditionnel, ni ne brodent de molas. On voit pourtant beaucoup de femmes en costume sur l'île. On nous a expliqué que c'étaient des femmes d'ailleurs mais qu'elles résidaient ici pendant l'année scolaire pour accompagner leurs enfants qui y étaient scolarisés. 

Un aéroport et installé sur le territoire de Corazon de Jésus. (sans doute au grand dam des gens de Nargana...) Une courte piste en béton flanquée d'une hutte en bois où l'on peut acheter son billet. Quelques bosses et quelques trous secouent les appareils qui font escale ici. Tôt le matin (vers 6h.30 à 7h), de petits avions font la navette chaque jour depuis Panama City,  . Ils déposent chacun une quinzaine de personnes  et repartent aussitôt avec les passagers pour Panama City.  C'est assez curieux, car s'ils appartiennent à des compagnies différentes,  ils arrivent tous à la même heure et repartent de même. On assiste ainsi tous les matins au spectacle de 3 ou 4 avions qui s'emmêlent les ailes en bout de piste, au milieu de la « foule », près du «terminal ». 
 On aurait bien vu des horaires plus étalés... Et surtout moins matinaux!

C'est sans doute aussi la « modernité » qui fait qu'ici la taxe de mouillage est plus chère qu'ailleurs: 6 dollars pour un mois.

Vagabondage dans les îles, pour les vacances du petit.
Nous profiterons de ce service d'avion pour aller chercher David qui vient passer deux semaines avec nous et arrive à Panama City, depuis sa résidence californienne. 
Vu du ciel, nous avons pu vérifier que l'essentiel du pays à l'Est du canal est une jungle montagneuse sans aucune voie d'accès. C'est la région du Darien, qui a sa frontière avec la Colombie et a effectivement la réputation d'être assez impénétrable. Un peuple indien vit là. Nus, quasiment sans contact avec la civilisation. Nous n'en verrons que quelques photos sur des cartes postales.
David sera avec nous du 23 Juillet au 4 Août. Cette année, il sera seul; ses grands frères et soeurs s'étant tous abstenus. Heureusement Steve, de Ma'ohi, qui est  son aîné d'un an, l'introduira à la magie des îles... Plages de sable blanc, cocotiers couchés sur l'eau et snorkeling sur poissons tropicaux multicolores. Tous les mouillages se ressembleront... Quelques pêches « miraculeuses » alimenterons un BBQ nocturne sur l'île de Chichime . 
Nous sommes sous les tropiques tels qu'on les rêve généralement...
David et Steve passeront aussi pas mal de temps à expérimenter et échanger jeux de GameBoy et CD ROMs d'ordinateurs... Ainsi va le monde...
Au bout de ces deux semaines de flâneries dans les îles, nous devrons  songer à organiser le retour de David.

A la sortie du Paradis Kuna: Isla Grande.

Isla Grande, tranquille villégiature « ethnique », sur la Costa Arriba 
Quittant les San Blas à regret, nous ne voulons tout de même pas nous précipiter dans la jungle urbaine de Colon. Sa réputation de coupe gorge et d'agitation hystérique  nous incitaient à trouver un moyen terme et donc un mouillage calme et pas trop éloigné de la ville. 
C'est à Isla Grande que nous nous rapprocherons de la civilisation occidentale. C'est une île côtière, située à une vingtaine de milles au  Nord Est de Colon, à quelques encablures de la Costa Arriba.. Les panaméens de la région, aiment à venir y passer le week end. Ce n'est pas vraiment la Baule. Juste un village traditionnel,  organisé le long d'une unique rue - chemin de terre, au bord de l'eau. Il y règne l'atmosphère cool et bon enfant des villages noirs. Quelques villas un peu plus riches et voyantes, ainsi que deux hôtels discrets, témoignent de la vocation touristique de l'endroit. 
Le mouillage est calme et, bien qu'assez peu peuplée jusqu'à Colon, cette côte est correctement desservie par des autobus.
L'île du bout de la route. 
Par la terre, la route qui vient de Colon le long de la Costa Arriba, s'arrête à Isla Grande. Pour continuer plus loin il n'y a que le 4x4, sur quelques pistes de terre puis le cheval à travers la jungle côtière.
En arrivant, par la mer, au Panama nous sommes ici au plus profond de la mer des Caraïbes. Tout au bout de l'Atlantique.  Revenir vers l'Est est difficile, contre la mer et le vent.  Continuer vers l'Ouest, c'est le Pacifique. Immense... 
C'est le bout de la route pour beaucoup de voiliers qui se sont arrêtés là. Définitivement ou pour une longue étape. Les mouillages autour d'Isla Grande hébergent une quinzaine de bateaux qui ne naviguent plus, dont une demi douzaine battent pavillon français. En attente d'un nouveau propriétaire... Ou d'un nouveau départ...
Il faut dire que la région est magnifique et sauvage.  - Si on accepte la pluie et l'humidité qui sont gage de végétation dense et rapide... - et que l'on peut trouver par ici des raisons de s'attarder....
Sur cette côte, la population n'est pas très dense et majoritairement noire. Peu de blancs, (à part les français)  et juste quelques chinois qui, comme d'habitude, tiennent les épiceries. Il n'y a plus d'indiens dans la région. On n'aperçoit quelques Kunas que quand ils viennent à Colon ou à Panama faire leurs grosses courses.
Cette région passe pour être un repaire de français et nous y ferons des rencontres remarquables:
On trouve dans la région pas mal de couples de français qui se sont installés là, pour y vivre de talents ou de compétences qu'ils se sont quelquefois découvert, pour l'occasion. 
  • Ainsi Serge et Mimi qui se sont lancés dans l'élevage de canards et la production de confits et de foie gras. Leur bateau est à vendre et ils comptent rester  là longtemps. Peut être même plus ...

  • Il ont aussi des projets de marina et de services aux voiliers.
  • Dans le genre « activités nautiques« , Jean Charles et Bernard exploitent deux jolis voiliers (dont un Cata) en organisant des croisières dans les San Blas. Leurs prestations et leur compétence, plutôt de bon niveau, assurent à leurs passagers (français et américains pour la plupart) des souvenirs forts de voile tropicale. Leur société s'appelle « San Blas Sailing » et possède un site Web à ce nom.
  • Nous y rencontrerons Daniel  et Evelyne. Ils sont mouillés là depuis 4 ou 5 ans. Leur fille Maïssa va à l'école sur l'île. Ils vivent de peinture et d'artisanat bijoutier qu'ils vendent le week end aux touristes. Partis de France, voilà une quinzaine d'année, ils prévoient de repartir cet hiver vers le Mexique ou le Guatemala.

  • Ils ont l'intention d'accompagner les premiers pas marins d'un couple de voyageurs franco-suisse qu'ils viennent de rencontrer.
  • Ce sont des gens qui ont quitté la France, en voiture, il y a cinq ou six  ans. Ils ont effectué un  périple vers l'Est qui les a amenés en Amérique du Nord, à travers la Russie, via la Sibérie et le détroit de Béring. Puis ils ont zigzagué vers le  sud en traversant l'Alaska, le Canada, les Etats Unis et l'Amérique Centrale. Ils viennent de décider de vendre leur 4x4 aménagé pour acheter le bateau d'un couple de pâtissiers Français qui souhaitait continuer à pied...

  • N'ayant JAMAIS navigué, ils ont convaincu Daniel et Evelyne de chaperonner leur première traversée ! .
Retour à la civilisation et découverte de la zone du Canal
L'univers bruyant et coloré des bus locaux
C'est pour ramener David à Panama City, que nous découvrirons l'univers des transports  panaméens. Nous ferons le  trajet dans un bus antédiluvien qui mettra plus de quatre heures pour nous amener en ville. 
(Cela nous permettra de constater que les saucisses graisseuses, vendues dans les échoppes douteuses des arrêts de bus panaméens, ne font pas reculer David dès huit heures du matin.)
Bien sûr, il existe des bus climatisés qui font le trajet en deux fois moins de temps et qui présentent à bord un film vidéo. Mais le trajet est alors  trop court pour le film; c'est frustrant! Et en plus on se gèle là dedans. Dans ceux que l'on emprunte, la clim., c'est la fenêtre ouverte sur le paysage... Mais aussi sur le bruit et la poussière. C'est autrement plus rigolo et écolo...
Les terminaux de bus Panaméens sont beaucoup plus rudimentaires que leurs homologues vénézuéliens dont nous avons déjà parlé. Celui de Colon, particulièrement frénétique est sans doute le lieu où vous vous sentez le plus en voyage. Vous n'êtes absolument pas chez vous et vous ne risquez pas de l'oublier. Le bruit est assourdissant, mêlant les échappements des bus qui éteignent rarement leur moteur et les cris des vendeurs ambulants qui essaient de refiler leur bimbeloterie ou leurs sermons religieux...
Tout cela n'empêche d'ailleurs pas les bus de partir à l'heure, même si vous arrivez difficilement à vous persuader  qu'il puisse y avoir ici  un horaire qui réglemente le trafic. Nous viendrons fréquemment à Colon en bus, depuis Isla Grande. D'abord pour lire vos E mails, (4 heures de transport et quasiment rien que  pour vous lire... Mais ca va changer!)  Il faut dire aussi qu'Anyvonne profite de ces échappées communicantes pour écumer les boutiques de tissus Kuna et Gérard pour flâner dans les Leroy Merlin locaux...
Colon: Une ville de Western
Le pire a été dit sur ce quartier de haute insécurité qui garde l'entrée atlantique du canal de Panama et c'est avec précaution que nous l'abordons en descendant du bus qui nous amène d'Isla Grande.
La première vision est celle du terminal de bus décrit ci dessus. Tout autour, les rues très animées alignent une multitude de boutiques du genre « quincaillerie/droguerie/alimentation générale. ». Beaucoup de marchands d'électronique aussi. Et puis des restos chinois. En fait l'essentiel du commerce de Colon semble tenu par les chinois. On explore les rues, sans trop s'éloigner du terminal et en faisant attention où on met les pieds. Les trottoirs des rues sont défoncés et ce n'est pas seulement le pied qu'on risque de mettre dans un trou. Certains sont assez grands pour vous avaler entièrement...
Et puis on s'enhardit et on s'éloigne un peu, en se gardant tout de même de quelques rues qui paraissent vraiment patibulaires.Et même que nous voilà perdus!  Et dans un quartier pas très sympa!
Timidement, nous demandons notre chemin à un homme moyennement avenant, qui semble « garder » des voitures en stationnement et nous ne pourrons pas éviter qu'il nous accompagne. Il espère manifestement quelques dollars et, chemin faisant, en profite pour nous donner quelques conseils de prudence. Très vite, nous sommes rattrapés par deux policiers cyclistes qui patrouillent par là et demandent rudement à notre accompagnateur où il nous emmène. Explications données, ils nous font signe que tout va bien et que nous pouvons continuer. Notre mentor nous amènera jusqu'à destination et en retour du demi dollar attendu, il nous exhortera à rentrer à la marina en taxi.
Qui a de grandes ambitions pour le 21 ème siècle
En plus d'être le port d'entrée du canal pour des cargos qui ne s'y arrêtent guère, Colon affiche l'ambition de devenir le grand port de croisière de la mer des Caraïbes. Déjà un quai a été spécialement construit pour les paquebots dans le port de Cristobal. Le terminal y est peint en couleurs  éclatantes qui font tache sur la grisaille portuaire. Et c'est bien le problème: C'est vrai que ce port est idéalement situé pour justifier ses ambitions, mais il y a beaucoup de travail a faire pour réhabiliter toute cette ville et lui donner un look convenable pour les touristes américains. 
On sent bien que des progrès se font dans ce domaine,  mais le chemin sera long... 
Panama City, une capitale occidentale.
A l'autre bout du Canal, sur la côte Pacifique on trouve le port de Balboa. C'est un faubourg de la capitale du Pays: Panama City. Vue de la mer, la ville est un ensemble impressionnant de Gratte ciel qui annoncent une ville moderne. Cela rappelle l'approche de Salvador de Bahia. 
En fait, comme toutes les villes, Panama City compte de brillants quartiers résidentiels et d'affaires et d'autres qui le sont moins, jusqu'aux HLM's lépreux de Chorrillo. Mais globalement, c'est une ville au commerce très actif qui n'est pas désagréable à parcourir, avec des objectifs d'achats en tête. Hormis cela, la promenade nous a paru sans grand intérêt. Ce n'est pas une ville où nous aimerons flâner dans les relents de l'histoire. 
Un quartier semble toutefois concentrer les souvenirs du Panama colonial. C'est le « Casco Viejo »  (le vieux centre). Mais c'est aujourd'hui un quartier très délabré, sur lequel commence seulement à s'exercer un effort visible de réhabilitation. Comme pour Colon, rendez vous dans quelques années...
En attendant, revenons à Colon. 
Mais en  bateau cette fois, pour nous présenter à la porte du canal.
A Colon, on trouve une marina .  Enfin, un Yate Clube et quelques pontons. Beaucoup moins avenant que son homologue de Cartagena, il rend tout de même quelques services appréciables. Parmi ceux ci et ce n'est pas le moindre, la possibilité de débarquer,  en annexe, au ponton quand on est mouillé dans le port de Cristobal.
Car ici, comme à Cartagena, nous mouillerons dans le port, devant la marina où nous  trouverons quand même des bières fraîches au bar et un accès E Mail à l'officina.
Pas super accueillant mais super utile tout de même. à C'est là que nous préparerons notre passage vers le Pacifique.
Pour l'avitaillement et les besoins du bateau, Colon dispose d'un zone franche où on trouve toutes sortes de commerces d'électronique, d'habillement, d'alcool... Beaucoup, sinon la plupart, ne vendent qu'en gros et nous avons trouvé cette zone peu intéressante. Seul l'alcool y est indubitablement intéressant. Plus classiquement et plus près de la marina, quelques super marchés permettent de faire ses courses presque comme chez nous. 
Le passage du canal prend un  peu des allures d'épreuve initiatique pour les futurs Pacificos... 
La première phase de l'épreuve est administrative. 

Le mercredi 25 octobre, aussitôt après avoir appelé les autorités, pour les avertir de nos intentions, nous recevons la visite d'une charmante mesureuse vérificatrice. 
Elle s'intéresse un peu aux papiers du bateau puis procède à une rapide enquête orale: 
-nos maladies (???), 
-l'état de nos produits congelés... (Je le dis bien à Gérard aussi, que c'est « In » d'avoir un congélateur à bord... Et nous n'en n'avons toujours pas. Pour d'obscures raisons de batteries, qu'il dit... ), 
-nourrira t on le pilote?, etc....
Enfin, elle s'intéresse aux vraies exigences des autorités:
- Disposons nous à bord de quatre aussières d'au moins 40 mètres chacune? Elle vérifie soigneusement leur présence à bord et s'émeut un peu lorsqu'elle comprend que nous disposons bien de quatre aussières, mais que deux appartiennent à Ma'Ohi... 
- Dispose-t-on des quatre équipiers à bord, en plus du skipper qui n'est pas censé quitter sa barre pour la manoeuvre? - Si on doit passer les sas,amarrés au centre par quatre aussières, c'est indispensable. Si vous n'avez pas les équipiers, vous pouvez en embaucher pour l'occasion à l'une des extrémités du canal. Il vous en coûtera 50 à 60 $ par individu et par jour... Ca fait un peu racket et ça représente une petite fortune pour un solitaire. Surtout s'il doit transiter en deux jours. Heureusement, les voiliers qui se succèdent s'entraident. Fréquemment l'équipage du suivant aide le précédent  en effectuant ainsi un passage expérimental... -
Là aussi, nous assurerons avec l'aide de trois équipiers de Ma'Ohi
Finalement, après lui avoir promis/juré que Ma'ohi et nous ne passerions pas le même jour à et que pour assurer cela, le second n'ira payer que quand le premier sera passé! - notre mesureuse-controleuse nous autorisera le passage pour le coût minimum: 500 dollars.

Nous entamons alors la deuxième phase de l'épreuve, qui est financière. 

Le Jeudi 26, Gérard, Patrick et Kiki s'en vont à la banque habilitée (la City Bank), pour payer le passage. Ils sont équipés de leurs plus belles cartes Visa et il s'agit, pour chacun, de payer les 500$ de passage plus un dépôt de garantie de 800$.
La légende dit que les paiements par  cartes Visa sont acceptés mais que l'on n'a encore vu personne parvenir à payer ainsi...
Effectivement, il nous est signifié que les autorisations de nos banques ne nous sont pas accordées. Après moult appels téléphoniques à nos banques et quelques échanges d'incompréhension aigre doux avec tout le monde, il faut se rendre à l'évidence: seul le cash permettra de payer. Gérard, qui avait été prévenu par Francis et avait approvisionné du liquide lors de son passage en France, paie donc en verts dollars. Il faudra quelques jours de plus pour que Ma'Ohi sorte le nécessaire avec ses cartes, des Tire-Sous des environs.
Ainsi, dès le  vendredi Getaway est prêt à passer. Un coup de téléphone aux autorités fixera le rendez vous avec le pilote pour Dimanche 29... A 4 heures du matin!!!
Pour terminer les préparatifs, Gérard fera à la marina un plein de gaz oil et achètera aussi, pour 10$,  5 pneus  enveloppés de sacs poubelles . C'était censé économiser nos pare-battage et ça ne servira quasiment à rien.

Nous pourrons enfin aborder la dernière phase de l'épreuve: Le passage proprement dit.

Donc Dimanche 29 , lever à 3 heures 30.
A 4 heures on est fin prêts, un peu ensuqués mais contents. Et on attend... A 6 heures, toujours pas de pilote... Gérard appelle les autorités à la VHF à 6 heures 30. On apprend ainsi que notre départ a été retardé à 8 heures 30. Il nous ont appelés pour prévenir mais nous n'étions pas en veille. Bien fait... 

  • Vers 8 heures, le pilote arrive avec sa radio portable et nous partirons à 9 heures 15..

  • Résultat: avec notre vitesse d'escargot, à 4-5 noeuds, il nous faudra deux jours pour traverser!
  • A 10 heures nous attaquons le premier des 3 sas montants de l'écluse de Gatun. 

  • Nous passons derrière un porte-conteneurs, amarrés à couple à son remorqueur. Deux amarres de pointe et deux gardes courtes. - 4 bouts de 7 mètres suffisent largement... - 
  • À 12 heures 30, les écluses montantes derrière nous, on déjeune sur le lac de Gatun, dont on attaque la traversée de 40 milles.
  • A 16 heures 30 nous arrivons à Gamboa; 15 milles avant les écluses descendantes. C'est le mouillage où nous allons passer la nuit. Le pilote va rentre chez lui et rendez vous est pris pour demain vers 10 heures.  Avant de débarquer, il nous déconseille de nous baigner... A cause des crocodiles... 
Cette nuit, la pompe à eau de mer pompera de l'eau douce!
Lundi 30, nous nous réveillons d'une nuit très calme. Les énormes cargos et Porte-Conteneurs qui sont passés là toute la nuit, à moins de 100 mètres du bateau, ne nous ont pas gênés.
- Ma'Ohi qui fera le même parcours dans quelques jours, aura moins de chance à ce mouillage. Alors que tout le monde dormait profondément sur le bateau, tous hublots de coque ouverts au milieu d'une nuit sans vent, un remorqueur est passé tout près,  full speed, en  produisant des vagues si hautes et déferlantes qu'au moins cent litres d'eaux envahirent le bateau en inondant les couchettes et leurs occupants... -
Notre pilote reviendra à 11 heures. C'est assez ponctuel en horaire Sud Américain... Bien mieux que les vénézuéliens... Nous passerons les écluses descendantes devant un gros navire « Porte Automobiles ». Dans celle de Pedro Miguel, nous irons nous amarrer à couple du  remorqueur et nous assisterons à l'entrée du navire dans le sas. C'est très impressionnant. L'énorme machin à la carène  en V très évasé va-t-il pouvoir entrer dans l'écluse,  qui apparaît soudain bien étroite ? Et si oui, va-t-il s'arrêter à temps et ne pas nous écraser? 
Mais non. Il rentre doucement dans le sas, tiré-guidé par quatre locomotives porte-amarres qui évoluent sur les bords de l'écluse. Quand la manoeuvre est terminée, il reste soixante centimètre, de part et d'autre du navire, entre sa coque et le quai!  Et nous avons notre arrière à la verticale de la pointe de sa proue; 20 mètres plus haut.
A l'écluse suivante, de Miraflores, pour les deux derniers sas descendants le remorqueur de notre navire suiveur ne suivra pas. Nous passerons comme des grands, amarrés sur 4 aussières, au milieu du sas. Nous ne disposerons quand même pas de locomotives porte amarres mais quatre personnes viendront récupérer nos aussières pour les amarrer sur les bollards qui équipent les quais de l'écluse.
Ils accompagneront à pied, nos amarres à la main, notre passage d'un sas à l'autre.
C'est là que la pluie se mit de la partie. Et plutôt le genre bruine bretonne que Tahiti douche... Tout ce qui ressemble à un ciré ou à un Kway est sorti. Malgré cela, à 14 heures, nous sortirons des écluses trempés comme des soupes.
Et nous sommes donc devenus des Pacificos le 30 Octobre 2000 vers 15 heures.
La visibilité est tellement mauvaise que nous n'apercevrons le gigantesque pont de las Américas qu'au dernier moment, juste à temps pour y déposer notre pilote ainsi que notre offrande au Pacifique: Quelques pièces de monnaie jetées sous le pont en buvant du cidre bouché de Paimpol, histoire de s'attirer la bienveillance des génies de l'océan.
Ensuite, nous aurons juste le temps de laisser l'équipage de Ma'Ohi au ponton du Yate Clube de Balboa, pour qu'ils courent prendre le bus et rejoignent leur bateau resté à Colon; avant de continuer jusqu'au mouillage de l'île de Flamenco, 3 milles plus loin, nous préparer un thé. 

Enfin, nous y sommes... 

TOUT LE PACIFIQUE 
s'étend là, devant nous.....