LA GAZETTE DE L'A.R.B
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Polynésie IV - Page SocioCul Samoane
N°20 - Octobre 2002

 

 

Robert Louis Stevenson, une célébrité samoane

Cet écrivain célèbre était Ecossais. Né en 1850 à Edimbourg il est mort à Apia en 1894.

Fils et petit fils d'ingénieurs spécialisés dans la construction des phares, il devait être prédestiné aux aventures maritimes... Il fut très certainement bohème, aventurier et voyageur.

En 1883, il écrit "l'île au trésor" qui fut un énorme succès.  Et en 1886: "Dr Jekyll et Mr Hyde" (eh oui j'entends d'ici les cris des pôvres ignares.. Les nombreuses adaptations cinématographiques pourraient faire croire que cette histoire est beaucoup plus récente). En 1887 une croisière en Océanie lui fait découvrir les Samoa où il s'installe et se fait construire une ravissante demeure coloniale.

Après sa mort, cette dernière a abrité un temps le gouverneur allemand des Samoa, puis les débuts du gouvernement samoan, avant d'être transformée récemment en un musée consacré à l'écrivain. Nous avons visité ce dernier, dans le cadre du 1% culturel de nos activités. On y voit chambres, cabinet de travail, séjours, photos prises avec des "locaux". La petite jeune fille qui nous a servi de guide , nous a fait sourire car elle appelait systématiquement Stevenson par son prénom, tout au long de la visite. Il nous a fallu plusieurs minutes pour comprendre au milieu des phrases anglaises, que" Robeluis" était le grand homme du lieu. On imagine assez mal en France une visite du musée Balzac (s'il existe?) où on nous parlerait aussi familièrement d'Honoré...

Sur la colline au dessus du musée, on peut aller se recueillir sur sa tombe, face à l'océan.

Stevenson était très apprécié par les samoans. D'une part il avait pris des positions très en faveur de leur indépendance, d'autre part il adorait inventer et raconter des histoires (on s'en doute). Ils l'avaient surnommé "Tusitala" (En samoan: le conteur d'histoires).

Cette visite était notre hommage à la mémoire d'un vrai auteur de romans d'aventures:

"Ces romans écrits à la fin d'un siècle qui a vu les conquêtes des dernières terres inconnues, un siècle plus riche qu'aucun autre dans l'histoire des mers, ont été réalisés au moment où cette aventure touche à sa fin" dixit l'Encyclopédia Universalis".

 

Eh oui, on pourrait se désoler de n'avoir plus rien à "Découvrir" de vierge. On se contente de découvrir ce qui est nouveau pour nous, et cette nouveauté , si peu vierge soit elle, nous enchante quand même pas mal.

Alors repartons vers nos aventures à nous... .

 

 

Ébauche d'un portrait socio culturel samoan

 

Un siècle de colonisation pas très original

Au 18ème siècle les marins" découvreurs" habituels sont passés par là: Roggeveen, Bougainville, La Pérouse.

Au début du 19ème, ces îles étaient surtout fréquentées par les chasseurs de baleines et des forbans divers qui tachaient de s’y faire oublier. Puis les missionnaires sont arrivés et ont été assez bien accueillis. 

S'appuyant sur les âmes "conquises" par ces derniers, les états colonialistes occidentaux se sont disputé âprement la domination de l'archipel: Anglais, Américains et Allemands se sont longtemps affrontés pour celui ci qui sera finalement partagé entre  les deux derniers. Les Anglais se consoleront par un traité garantissant leur souveraineté sur les Tonga...

Tous ces marchandages occidentaux se sont faits avec la promesse aux indigènes de respecter les autorités et coutumes samoanes. Les "occupants" ayant vite oublié leurs belles promesses, ils vont se trouver très rapidement devant une forte résistance qu'ils essaieront de mater comme d'habitude, en exilant les fortes têtes.

Durant la première guerre mondiale, les Anglais persuadent les Néo-zélandais de se rendre maîtres des Samoa Occidentales. L'Allemagne ayant d'autres chats à fouetter ne résiste pas beaucoup, et le pouvoir change de mains. Après la guerre, la Nouvelle Zélande obtient un mandat de la Société des Nations. Sous cette dernière tutelle, un mouvement de libération local (M.A.U.) organise la lutte pour l'indépendance. Cette lutte verra évidemment des opposants mourir , mais en 1950, un premier ministre local est nommé et l'indépendance du pays sera effective le 1er janvier 1962.

 

Un peuple réputé le plus traditionaliste de Polynésie

Par son mode de Gouvernement.

L'organisation sociale et de gouvernement issue de l'indépendance est une variante locale du système traditionnel de chefferie, que l'on rencontre partout dans cette partie du Pacifique et qui est appelée la "monarchie polynésienne".

Elle s'appelle ici le système "mataï". (Le mataï est le chef local). Chaque village comprend un groupe de familles dont chacune a un mataï qui la représente au "Conseil de Village". Un mataï (homme ou femme) est normalement élu par les membres adultes de la famille, mais pratiquement il hérite souvent du titre.

Le "Fono" est le mataï qui représente tous les autres chefs du village aux assemblées régionales. C'est aussi le nom du falé destiné aux réunions des mataïs du village.

Chaque village a son policier "maire" élu pour trois ans, qui sert d'intermédiaire entre le village et le gouvernement territorial à Apia. Il y a aussi un "Tulafale" ou "chef qui parle"; c'est un orateur qui est le porte parole vers les entités extérieures. (On le verra à l'œuvre lors des fêtes du 15 août à Wallis)

En dehors des mataï, les membres "ordinaires" du village sont organisés en catégories:

Aumaga: hommes non titrés qui sont responsables de faire pousser de quoi nourrir le village, et servent éventuellement de guerriers (nos agriculteurs quoi!)

Aualuma: les non mariés (veufs ou femmes séparées) qui sont chargé(es) des vêtements féminins, des nattes pour le sol, ainsi que de l'hospitalité. (les commerçants chez nous?)

Falitua matausi: (femmes mariées) qui servent leur mari et la famille (Ahhh . On se disait aussi, mais à qui vont elles servir? NDLR)

Cette autorité très décentralisées contrôle tout le territoire. Ainsi, si vous souhaitez visiter un village, vous installer sur une plage... , il est bon d'en demander l'autorisation au mataï du lieu.

 

Par son respect de la coûtume

Ce respect s'est étendu à celui de la religion. Ainsi, le repos dominical chrétien est il plus que rigoureusement observé. Il n'y a strictement aucune activité le dimanche ici qui ne soit pas une messe, une assemblée ou un concert religieux et il parait clairement indécent de se livrer à quoi que ce soit d'autre, ce jour là.

 

Par son habillement aussi.

A partir des Samoa et dans tout l'ouest de la Polynésie, le costume local plus traditionnel., témoigne de ce que l'on n'est  plus du tout en Polynésie française: Là aussi, conservatisme et austérité dominent. D'une manière générale, on ne retrouve plus ce goût pour les vêtements colorés, et le port généralisé des fleurs sur l'oreille où dans les cheveux , si agréable en Polynésie. On sent nettement ici une influence religieuse très austère, interdisant toutes ces fantaisies suspectes.

On est un peu surpris en débarquant aux Samoa de voir les messieurs porter la jupe porte feuille (Le Lava lava). C'est l'habit des hommes chics, du dimanche et des cérémonies. C'est aussi la tenue quotidienne des fonctionnaires et des policiers. Dans la semaine le short est assez répandu mais le dimanche le Lava lava est partout. On retrouve ce dernier dans toutes les îles de l'ouest de la Polynésie. (Y compris dans le TOM français de Wallis).

Les dames portent des robes plutôt couvrantes et cachant les genoux.(Design missionnaire)

Il est très mal vu pour les dames, et même sans doute interdit, de pénétrer dans un lieu de culte en short ou pantalons,.

Les rares colliers de fleurs sont portés par les hommes. On nous a expliqué à Wallis que ces colliers de fleurs fraîches étaient fabriqués, tôt le matin, par l'épouse aimante, afin d'en parer l'heureux époux partant au travail... ..Ceux ci gardent ainsi toute la journée le parfum de l'aiméééeee autour du cou.

C'est-y-pas mignon?