On
commence a côtoyer nos tourdumondistes avec curiosité. C'est une vie
bizarre faite d'oisiveté débordée : par exemple ce matin plus de pain.
Ca signifie mettre le moteur sur l'annexe, aller au village, chercher un
dépôt de pain, revenir. Compter 20mn. Bilan de cette matinée bien remplie,
on a acheté UNE baguette.
Anyvonne
coud et Nicole s'y remet aussi. La voilà bientôt gréée de 2 nouvelles
robes tahitiennes, indispensables vu la chaleur. Gérard, lui, est fort
occupé par les mails qu'il reçoit a travers la BLU par sailmail (tous
renseignements sur "sailmail.com", coût 200 $US par an); et par
le rendez vous BLU quotidien de 17h:
En
fait à travers la BLU, ils recréent un grand village qui s'appelle
Pacifique: "Allô Pierrot je te reçois 5/5, comment ça va? à
toi " - "M'en parle pas j ai eu 100 litres d'eau dans mon
fuel... à toi." etc.... La même chose qu'au
Café de la Marine ,le muscadet en moins...
Anyvonne
est la tolérance même. Du moment que son café lui est remis dans son hamac,
juste à la fin
du repas, dans SA moque "Moorings", avec une sucrette et demie de la boite
rouge et à la température consommable... tout baignera. Qu'un vœu soit
émis au conditionnel, par exemple "on allumerait bien le four",
si Gérard bondit dans l'instant, dévale l'échelle, se précipite sur l'allumette :
no problem, tant il est vrai que ce qui n'est pas exécuté dans la seconde
sera oubîlié dans la minute.
Vous
aurez compris qu'Anyvonne est la femme la plus facile à vivre. Il suffit
que son chevalier servant sache la servir dans l'instant et sans
contestation. Je vous le dis tout net dans notre confrérie masculine Gérard
passe pour frôler la sainteté.
Mais:
Avec
Gérard, un nœud se fait comme ci et pas comme ça; le rangement répond à
des critères stricts. On ne sait si l'ordre qui règne dans les coffres est
le résultat d'une longue cohabitation avec le bateau ou les restes d'une
vie de vieux garçon. Il est fort en gueule, ce qui traduit certainement une
grande faiblesse de cœur. Ceci dit c'est la bonne composition même et tous
deux forment un couple stimulant.
Le
spectacle est dans le cockpit et l'ennui n'est pas sur la mer. On les
remercie de nous avoir supportés 15 jours, nous qui au grand jamais ne
renonçons à aucun de nos défauts.
Le
voyage de rêve des Aicardis
(par
Marie et Christian)
Après
36 heures de transhumance, nous voilà enfin arrivés au paradis sur terre.
Gé Gé et Anyvonne nous accueillent , arborant un bronzage d'enfer qui met en
valeur la pâleur de nos teints parisiens. Vite
fait nous avons été décorés d'une fleur d'hibiscus rouge à porter, selon
la tradition, sur l'oreille histoire de nous rendre un peu plus couleur locale
et nous avons gagné le bateau ..
Et
c'est là qu'apparaît la vision magique des premiers cocotiers , de l'eau
bleu turquoise, bleu outre mer , bleue!! D'un bleu indescriptible.
La
vie quotidienne.
Depuis
longtemps nous avions perdu de vue ce que pouvait être la vie à bord (depuis
les Canaries pensez donc!). A vrai dire rien n'est tellement différent de
leur séjour parisien:
Gé
Gé s'agite toujours autant, en ayant soin de bien piétiner tout le monde au
passage...Kiki passe des heures devant l'ordinateur, (dit le "bouzin").
Grâce aux cours de remise à niveau donnés par mon pauvre mari, nous allons,
compte tenu de la rapidité de compréhension, rembourser le prix de nos
billets d'avion.
"La
dé fragmentation de la nouvelle version fralali-lalère commencera sous peu
à leur donner des yeux en forme d' écran et le sourire style clavier, avec
les touches Ctrl et AltGr comme canines, et la tête à Michel Simon car le
tout est totalement planté".
Nous
les filles, et surtout Anyvonne, surnommée "ma fille Rachel" pour
l'occasion, avons monté un atelier de couture clandestin dans le carré.
Nulle comme je suis, je me contente de jouer le rôle du contremaître,
vérifiant que la création de jupes paréos avance bien et que la cadence ne
faiblit pas.
A
raison d'une jupe et demi en deux semaines, l'idée de monter un magasin
restera du domaine du rêve. La vie tropicale ne favorise clairement pas la
rapidité.
Pique
Nique au motu
Vu
de loin et sous le soleil, ce motu là nous paraissait fort sympathique, sauf
qu'une fois dessus: il y a le sable qui colle aux doigts et aux assiettes, qui
gratte; de plus les joyeux moustiques et nonos prennent nos corps de
nymphettes et de dieux pour des pistes d'atterrissage, BZZ-BZZ, on ne
s'entend plus manger.
Pour
parfaire notre retour à la nature, nous avons été gratifiés de la vision
d'un animal assez antipathique: le cent pieds , sorte de mille pattes, mais
agressif, dont la piqûre est très douloureuse ...
Compte
tenu de l'accueil chaleureux, le "frichti" à peine englouti les
pieds dans l'eau , nous retournons à grand vitesse sur le bateau pour y
savourer le sacro saint café du midi, bu avec délectation, surtout par
Anyvonne vautrée dans son hamac à l'arrière du bateau. (Encore!
Décidément ça les a traumatisés. NDLR) Nous autres, tels des cobras
digérons à l'ombre du taud.
Mais
il existe quand même de gentils motus, offrant de longues plages de sable
blanc et fin, couvertes de coquillages rares (ça nous change des berniques
bretonnes). Le tour operator nous y emmènera pour quelques jours, et la
nature vierge sera pour nous tout seuls.
Le
Fromage blanc à la bête.
Concernant
notre cambuse à nous, cela ne sert à rien de tirer des plans sur la comète.
Nous achetons ce qu'il y a dans les magasins sans être trop difficiles, au
prix auquel c'est proposé. Les légumes et les fruits devront être verts de
préférence, afin qu'ils ne pourrissent pas trop vite dans la chaleur et
l'humidité ambiantes.
Étant
de gros consommateurs de yaourts et de fromage blanc, et compte tenu de leur
prix, avoisinant celui du caviar; Anyvonne a expérimenté une recette maison
transmise de génération en génération par des copines tourdumondistes.
Il
est question, tenez vous bien!!!
Du
FROMAGE BLANC A LA BÊÊÊTE:
La
recette consiste à trouver dans une gaze, une sorte de pellicule jaunâtre ou
beigeasse qui doit être la présure, ou le germe dit "la bête",
dont l'origine reste top secret. Une fois cette
dernière trouvée (se munir d'une loupe à quintuple foyers), se la partager
entre copines, en ayant soin de bien racler le bout de tissu pour ne rien
perdre.
Chacune
espère avoir au moins récupéré une partie de ce bien si précieux qui est
à mettre dans une nouvelle gaze.( A noter qu'il faut bien changer la couche
du petit de temps à autre).
On
ficelle le tout, au cas où la bestiole aurait la mauvaise idée de prendre le
large, et hop! dans le bocal, avec un mélange de lait en poudre et d'eau, le
tout bien touillé. La bête trempe pendant 24h ou plus, hors frigo, jusqu'à
obtention de deux couches bien distinctes:
- Un
liquide trouble en dessous
-
Sur le dessus, une masse blanchâtre et spongiforme: le soi-disant fromage
blanc.
Ensuite,
enlever la bête, la réserver, filtrer le fromage dans une passoire et le
mettre dans un récipient plat au frigo, histoire de laisser incuber le tout
pendant quelques heures.
Et
bon appétit: le goût est légèrement piquant, l'aspect granuleux, c'est
bon, c'est frais, ça se mange
sans faim (il vaut mieux!)
Cette
mixture a deux avantages:
-
Elle fait faire des économies aux familles nombreuses
-
Elle peut servir de base pour une sauce à salade: avec ajout de mayonnaise
(en pot) sel, poivre et citron: le goût piquant disparaît et les grumeaux
aussi...