LA GAZETTE DE L'A.R.B
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Colombie Panama - Le voyage et les études, par Lenka sur Maohi
N°15- Janvier 2001
Apparemment cela s'oppose. Et pourtant... 
Je me souviens que lorsque je disais que je partais voyager en bateau, tout le monde me répétait « Quelle chance!... Et les études? » 
Très simple: je vais suivre les cours du CNED (Centre National d'Enseignement à Distance). Je travaillerai seulement le matin et je choisirai mes jours de cours et d'interro.
C'est en croyant cela que j'ai eu du mal la première année. (La deuxième aussi d'ailleurs...)
Je suis partie de France le 1er Août 1998 avec mes parents et mon frère de 11 ans qui entrait en 6 ème (au CNED également). Moi, j'allais avoir 15 ans et commençais une année de « 1ère littéraire. »
Pour le niveau lycée, le CNED ne fournit pas d'emploi du temps. On reçoit les fascicules de cours et les cassettes audio, on doit commander les manuels scolaires et c'est à nous de gérer notre temps.Ainsi, je me fis un emploi du temps journalier: Je travaillais 5 heures par jour, le matin, du lundi au Samedi, me laissant un mois de vacances dans l'année, à disposer lorsque j'en avais envie.
Je dois avouer après deux ans d'expérience que d'étudier tout en voyageant n'est guère une chose facile.
A chaque instant, on découvre quelque chose de nouveau, chaque jour est différent. On a plus envie de visiter,de se faire des amis, d'aller plonger mais surtout pas d'étudier. C'est pourquoi mon emploi du temps s'est révélé impossible à respecter et que je n'ai pas pu terminer entièrement aucune des deux années.
La première année fut particulièrement difficile, n'ayant pas l'habitude de travailler seule.
J'ai très vite pris du retard qui se révéla impossible à rattraper.
Afin d'arriver le jour du bac de français en Martinique, en ayant étudié tous les textes du programme, j'ai du abandonner l'étude du chinois que j'avais pris en option. Et malgré cela, je n'ai pas fini entièrement les autres matières. Je suis quand même allée confiante aux examens, et je ne suis pas mécontente du résultat. J'ai eu 11 à l'oral et 11 à l 'écrit.
Je dois dire que j'ai eu du mal à l'oral, car avec le CNED on travaille en autonomie et les cours sont très bien orientés dans ce sens. Ainsi s'exprimer à l'oral devient difficile si l'on ne s'entraîne pas tout seul avant, en inventant quelques techniques, s'enregistrer par exemple.
A part cette faiblesse dans la préparation de l'oral, je n'ai rien à redire, le CNED m'a parfaitement préparée au examens. Si on n'y arrive  pas, la seule personne à remettre en cause c'est soi même.
Toutefois il faut dès le début se mettre au niveau du CNED qui est assez élevé, car ils considèrent que ce que l'on a étudié l'année d'avant est acquis.
Ceci pose quelques problèmes, notamment en physique et SVT. J'ai du revoir mes cours de seconde (que par chance j'avais gardés) afin de comprendre les leçons à voir en première.
C'est ce qui fait à mon avis une des grandes différences entre le CNED et des cours dans un lycée. Le plus souvent les professeurs adaptent leurs cours au niveau des élèves. Dans mon cas, c'est à moi de m'adapter au niveau des cours.
Un autre avantage est que je peux passer rapidement sur une leçon facile ou déjà acquise afin d'avoir plus de temps à consacrer au plus difficile.
J'arrive à ce qui pose le plus gros problème: les devoirs. A la fin de chaque séquence de chaque matière, un devoir à envoyer à l'institut s'impose, à rédiger seul, en suivant le questionnaire. Évidemment, il ne faut pas regarder les cours et essayer de le faire dans le temps recommandé.
C'est le problème du temps qui est dur à respecter. Rien ne m'empêche, si ce n'est ma conscience, de décider de passer une journée sur une dissertation de philo ou un devoir de maths. J'ai toujours eu envie de faire le devoir du mieux possible, évidemment! Et ainsi, je passais trois heures à réfléchir à fond sur chaque problème.
Mes parents ont fini par intervenir en m'obligeant à respecter les horaires prévus pour les épreuves du bac. Mais j'avais du mal. Surtout en français et philo. Généralement, la veille, je lisais les sujets et y réfléchissais un peu.
Mon année de terminale 'L' fut identique, malgré les modifications que j'ai apportées. J'avais trop de travail, surtout avec l'arrivée de la philo qui est complexe. Cette année, toutes les matières comptaient, je ne devais en laisser aucune de côté. Là encore, en arrivant à Bogota (Colombie) pour les examens, je n'avais pas terminé le programme d'histoire géo. Heureusement, nous avons eu le choix entre 3 sujets, j'allais forcément en avoir un à me convenir...
J'ai eu aussi un problème en lettres: 
Le deuxième fascicule sur l'étude de la troisième oeuvre ne m'est jamais parvenu. Je ne connaissais donc que deux oeuvres. Les envois des cours sont souvent accompagnés de problèmes. Surtout lors du deuxième envoi de Janvier. Ceux de mon frère sont arrivés avec un mois et demi de retard... qu'il lui a fallu rattraper!
En ce qui concerne le sport, un autre problème se posait.Le CNED prévoit des regroupements sportifs dans toutes les grandes villes pour les inscrits. Mais pour ceux qui voyagent, il n'y a rien! Je me suis entraînée toute seule à la natation (facile en bateau) et à la course à pied (sur les plages), les deux activités auxquelles je pouvais prétendre.
D'un autre côté, un avantage énorme existe quand on voyage, c'est la pratique des langues. A Trinidad et dans les  Antilles anglaises, je pratiquais mon anglais, ou tout simplement en parlant avec des bateaux américains ou en traduisant les guides anglais de navigation. Quant à l'espagnol, après dix mois passés entre Vénézuéla, Panama et Colombie, qui ne le parlerait  pas couramment?
Malgré donc quelques difficultés à suivre le programme ( il faut se donner à soi même des règles ), la vie en bateau apporte tout un supplément enrichissant dans la  vie d'une personne.
C'est pourquoi, maintenant que j'ai le bac, je ne vais pas rentrer en France pour aller à l'université. Je repousse ce départ d'un an , afin de continuer le voyage. Mais je ne vais tout de même pas rester sans rien faire, j'ai pris des cours d'anglais au CNED. Je vais ainsi alleger mes études et profiter à fond du voyage. Je pourrai profiter des escales, chose rare ces deux années passées. En effet, la part de navigation est assez importante dans le voyage. En général, je ne suis pas malade, mais faire les cours en mer est impossible pour moi. En arrivant dans un pays, une ville nouvelle, je dois rattraper le retard. Le travail fourni ne peut donc pas être régulier, ce qui complique l'assimilation. Je dirais donc que le CNED est un très bon organisme, mais qui ne se marie pas très bien avec le voyage en bateau. Mon avis est partagé par tous ceux que je connais, qui sont dans mon cas. Mais les cours sont nécessaires et je sais que je ne suis pas à plaindre...La vie de bateau est en elle même un bonne leçon de la vie.