LA GAZETTE DE L'A.R.B
Anyvonne Restaurant Bar
 
Colombie Panama - Boat People to Panama
N°15- Janvier 2001
Une particularité de la géographie et de l'organisation relatives de la Colombie et du Panama est qu'il n'existe pas de route pour joindre les deux pays. Il n'y a pas non plus de ligne maritime régulière pour les passagers. 
Les touristes classiques n'ont que la ressource de prendre l'avion, pour aller de  Cartagena au Panama. Et donc de payer le passage environ 250$ .  

Les touristes « sac à dos » les moins argentés (et ils sont assez nombreux) trouvent ce moyen un peu coûteux et cherchent régulièrement à trouver meilleur marché. Par ailleurs, un certain nombre de voiliers navigue dans le coin, à la recherche permanente de moyens de remplir la caisse de bord. 
Voilà réunis les deux termes d'un marché qui se fait florissant: Le charter à la colombienne... 
Pour 150$ par tête, le passage devient une « croisière à la voile », avec  escale dans les San Blas.  Cet archipel n'est ni sur les grands itinéraires touristiques du  Panama ni  facilement accessible. 
L'argument touristique du produit est  donc alléchant... Et on constate un trafic de « charter » assez important au départ de Cartagena. 
Si on observe un peu, on remarque très vite les conditions particulières de ces croisières.

Le plus visible: Les voiliers, équipés pour le voyage de leur propriétaire, sont surchargés au maximum. 3 à 4 passagers sur des embarcations de moins de 8 mètres. Quand le bateau est plus grand, par exemple 12/13 mètres, on y rencontre couramment plus de 10 passagers. A ceux ci, il faut rajouter le skipper, l'armement courant du bateau et les bagages.
Ca ne laisse pas beaucoup de place à chacun pour dormir. 

Moins visible, mais très courant: l'avitaillement insuffisant. Les passagers sont souvent laissés à eux mêmes pour approvisionner leurs propres nourriture et boisson. Sans expérience ni conseil, ils devront souvent se suffire des quelques sandwichs et d'un peu de Coca qu'ils auront achetés pour les jours de soleil et les nuits de veille.
Ce n'est pas nécessairement le pire: nous avons entendu  parler de skippers  se contentant d'avitailler la nourriture pour deux repas et oubliant de faire le plein d'eau.
Cette insuffisance est d'autant plus gênante que la croisière, prévue pour durer 36 heures, peut fort bien, avec des voiliers surchargés et sans vent ni moteur, durer une bonne semaine... Par 35°C au soleil, avec une pénurie d'eau,  la croisière sous les tropiques tourne vite au radeau de la Méduse.

Et encore, les skippers français qui font ce boulot possèdent ils une bonne compétence de la voile et de la navigation. Certains colombiens profitent de ce marché pour faire leurs premiers pas de navigation et de voile... Nous en avons vu un, dans les San Blas, hisser la grand voile au mouillage,  pour faire de l'ombre; puis l'affaler , avant de repartir au moteur vers Cartagena, à 180 milles de là, malgré un vent  favorable.
Une autre fois, nous avons vu arriver à Isla Grande, au terme d'une traversée de sept jours, un bateau  de 8 mètres, sans moteur,  chargé à ras la flottaison de quatre passagers et de leurs impedimenta, en plus du skipper. Ils n'avaient avitaillé que 50 litres d'eau pour tout ce monde. La découverte de cette pénurie avait amené deux passagères au bord de la mutinerie, lassées qu'elles étaient de ne pouvoir ni boire ni se laver...
On peut apprécier l'aventure, mais si vous ne connaissez rien au bateau, à la mer ni à la voile, évitez ces galères et prenez l'avion. Si malgré tout vous êtes  tentés, demandez à visiter le bateau avant de vous engager. Exigez un maximum de 2 passagers sur un bateau de 8 mètres et emportez de la nourriture pour une semaine (au moins pâtes, oeufs et soupes en sachet)...
Et 20 litres d'eau potable par personne.

Ceci dit, notre propre traversée jusqu'aux San Blas à duré deux nuits et un jour avec un vent portant très satisfaisant. Nous n'aurons manqué ni d'eau ni de bière...