Quelques impressions d’Afrique du Sud
Dans le numéro précédent, nous avons contourné l'Afrique du Sud par le cap de Bonne Espérance. C'était un élément important de notre imaginaire maritime que nous confrontions alors à la réalité. Les récits de Moitessier, les relations de tempêtes et de vagues monstrueuses dans le canal de Mozambique, les histoires des copains rencontrés en chemin...
Pour faire court, on avait quand même un peu la trouille...
Mais la précision et l'accessibilité des prévisions météorologiques modernes associées à un peu de prudence nous ont permis de faire le parcours sans trop d'histoires…
En plus de sa réputation maritime, cette région d'Afrique nous attirait aussi pour des raisons plus terriennes et nous avons souhaité nous y attarder quelques temps:
Son histoire coloniale et raciale assez particulière, les traces profondes de "civilisation" occidentale qui y fleurissent toujours, les réserves naturelles et le tourisme qui va avec…
C'est autour de ces aspects moins marins que nous avons souhaité construire ce numéro et raconter notre expérience du Sud de l'Afrique.
Les villes.
Nous avons ressenti un dépaysement bizarre dès notre arrivée à Richards bay. Beaucoup de noirs dans les rues, c'est sûr, mais une ambiance pas très africaine; en tous cas très différente de celle du Kenya et de Tanzanie.
Dépaysant par l'architecture urbaine d'abord.
- Les centres de grandes villes comme Durban et Capetown ressemblent à leurs homologues occidentaux; rien à voir avec Nairobi ou Dar es Salaam.
- Quand la cité est plus petite, son urbanisme de centres commerciaux et de quartiers d'habitations horizontales fait plus penser à Whangarei (en Nouvelle Zélande) qu'à Mombasa.
Comme ailleurs, les quartiers d'habitation sont homogènes en terme de niveau de vie et les quartiers les plus pauvres sont noirs; mais à part dans les townships, l'urbanisation paraît partout très structurée.
Mais il n'y a pas que l'architecture et l'urbanisme. L'aspect des habitants aussi est différent: Nous verrons peu de noirs portant boubou ou djellaba. Plus ou moins luxueusement, selon ses moyens, tout le monde s'habille à l'occidentale.
Même les magasins se sont quasiment tous conformés au modèle du super marché occidental. Peu de bazars ou d'épiceries à la chinoise. La plupart des boutiques sont consacrées aux fringues, aux chaussures, à l'équipement de la maison et... aux produits touristiques...
Comme là bas dis!!
La campagne
Toute la région autour de Capetown "profite" d'un climat qui n'est pas sans rappeler celui de la Bretagne: pas vraiment chaud avec pas mal de pluie et de vent.
Le relief y est par contre beaucoup plus accentué et l'horizon s'il reste lointain est toujours coupé de nombreux sommets et falaises. Tout est très vert et la vigne a conquis tous les coteaux disponibles.
Les espaces sont immenses et à part l'agglomération de Capetown, les villes très dispersées ont souvent un aspect résolument hollandais. Parmi celles que nous avons traversées, le pompon revient à Stellenbosh, à une cinquantaine de kilomètres à l'est du cap.
Conservée dans son état "original" au cœur du vignoble, elle est constituée de maisons riches, impeccablement propres et paraissant avoir été importées directement de Hollande.
Et quand on parle de richesse: C'est la première fois que nous voyions une Ferrari décapotée stationnée le long du trottoir, et autant de Porshe au mètre carré... Peut être parce qu'on était Dimanche?
Dans ce pays, il faut souvent faire un effort d'imagination pour prendre conscience qu'on est bien en Afrique…
En remontant plus au nord, vers le tropique, ca devient vite moins vert et on trouve rapidement la savane et le désert. Là, l'Europe s'efface un peu et laisse de la place à l'Afrique traditionnelle, ne serait ce que par les animaux…
Chasseurs d'Afrique
Safari signifie "voyage" en langue swahili. Ce n'est donc pas un strict synonyme de chasse ou de poursuite d'animaux, même si ça peut être aussi cela…
Nous avons fait plusieurs safaris pendant notre séjour dans la région.
Le premier, en Afrique du sud, exclusivement dédié à l'observation des animaux; un autre en Namibie plus "culturel", à la découverte des peintures rupestres et des tribus traditionnelles.
Les réserves et les animaux.
Notre séjour à Richard's Bay coïncidant avec les fêtes de fin d'année, nous avons eu envie de nous offrir un petit plaisir local, pour compenser notre frustration de ne pas passer Noël avec nos enfants.
Pourquoi pas un beau safari-photo? Dans ce pays, les parcs nationaux sont immenses et accessibles aux voitures particulières; ils proposent un tarif d'entrée convenable et offrent des lieux d'hébergement et de camping faciles.
Un peu avant Noël, nous avons déjà fait une sortie d'une journée avec des copains, en voiture de location, dans le parc national d'Umfolozi, à une centaine de kilomètres de Richard's bay .
Ça nous a positivement enchantés.
Le problème est que ce genre de parc est très grand (de l'ordre de la centaine de milliers d'hectares) et que les particuliers n'ont pas le droit quitter les pistes. Le hors piste et la recherche active des animaux nécessitent guide et voiture spécialisés.
A Umfolozi, nous n'avons donc pas quitté la piste mais c'est quand même là, dans la journée et au détour du chemin, que nous avons rencontré notre premier rhinocéros. Près du bord de la piste, à quelques mètres du capot... Énorme!...
La peur? Non, peut être pas... Mais la surprise surement!! Avec montée d'adrénaline brutale et bruyante...
Adrénaline encore, un peu plus tard, quand nous avons dû traverser un troupeau de buffles qui s'acheminait vers un trou d'eau pour la nuit.
Ils avaient l'air calmes comme ça, mais quelques mâles nous portaient une attention soutenue... menaçante?...
Ces animaux semblent placides à mâchonner leur herbe, mais on a lu qu'ils comptaient parmi les plus dangereux du coin, quand ils se fâchent et chargent.
Et grégaires avec ça... Les troupeaux peuvent atteindre plusieurs milliers de bêtes.
Mesurant 1m70 au garrot, le mâle peut peser 700kgs (ah! quand même!). On en a vu (à la télé..) s'acharner sur des voitures jusqu'à les réduire en miettes...
Un guide conseille d'ailleurs de louer des véhicules de couleur blanche plutôt que rouge (c'est peut être une blague, mais ce jour là on était contents d'être dans une voiture blanche).
Enfin quand même, à Umfolozi, malgré la grande diversité d'animaux qui y vivent, nous n'avons vu ni lion, ni léopard, ni guépard.
Aucun fauve quoi!!!
Alors, profitant d'un accès internet efficace au Yacht Club, le skipper s'est mis à la recherche de possibilités pour passer quelques jours dans une réserve...
Au dernier moment...
Évidemment il a vite constaté qu'ici aussi c'était Noël pour tout le monde (incroyable!) et que les ressources hôtelières abordables du pays étaient déjà très réservées pour la période convoitée...
Dans et autour des réserves. Toutes les réserves...
Et même pour l'ensemble du mois de janvier... Car en plus, ici c'est la pleine période des "grandes vacances" estivales... (là ils exagèrent, c'est juste pour nous embêter).
Après quelques heures de web, la liste des possibilités était assez courte et plutôt orientée haut de gamme... "Contraints et forcés", nous nous sommes donc "rabattus" sur un safari de grand luxe dans la "Thanda game reserve", 3 jours entre Noël et le jour de l'an.
Safari-Photo de rêve dans la "Thanda private game reserve".
A part le tarif et quelques photos décrivant l'hébergement, nous ne savons pas bien à quoi nous attendre quand nous arrivons à l'entrée du domaine le 27 décembre sous le soleil de midi...
Au bord de la piste,on trouve juste un grand portail interrompant une clôture de grillage qui n‘en finit pas… A perte de vue... Autour, rien que la savane.
Un gardien nous invite à entrer pour garer notre voiture sur un parking tout proche, caché derrière un bouquet d'arbustes, et à attendre qu'on vienne nous chercher.
Nous pénétrons ainsi dans un enclos de près de 15000 hectares où seules les voitures de la réserve sont admises à circuler.
Un beau zoulou arrive rapidement dans sa jeep, pour nous conduire au "camp de toile" situé à quelques kilomètres à l'intérieur.
Il nous apprend aussi qu'il sera notre guide pour tout notre séjour et que nous le partagerons avec les quelques autres clients du camp, où il nous introduit.
Visite du camp de toile.
Le camp se compose de 5 tentes éloignées de quelques dizaines de mètres, nichées au sein des arbustes du bush.
Une grande tente "commune" fait face à un horizon de cimes et de collines, devant un espace aménagé où on allume un grand feu de bois au milieu d'un cercle de chaises, dès la tombée de la nuit (Ca écarte les animaux, ca fait très ambiance "jungle" et c'est bon pour l'apéro...).
Cette tente abrite principalement une salle à manger équipée pour 8 personnes. Derrière une cloison de toile, on devine une cuisine.
Plus loin, un peu à l'écart, une terrasse avec tonnelle propose de gros fauteuils confortables et des chaises longues en bois, disposés près d'un bassin d'ablutions.
Notre tente à nous, de la même taille que la précédente (8m x 8m), s'ouvre aussi sur les collines depuis une grande terrasse en bois.
C'est principalement une chambre meublée d'un lit de 2 mètres de large abrité par une moustiquaire façon baldaquin.
On y trouve aussi un bureau, un meuble bar avec frigo et un nécessaire à boissons chaudes.
Derrière une cloison de toile on accède au coin toilettes-douche-lavabo-rangements.
L'acajou sombre du plancher et des meubles cirés apporte chaleur et confort. C'est somptueux. Très peu d'efforts d'imagination pour se croire transportés dans Atari…
Invisibles mais proches, trois tentes identiques à la notre, toutes équipées pour accueillir deux adultes. Pas d'enfants: ils ne sont pas admis dans le camp de toile.
Nous ne serons donc que huit, au maximum, à nous partager le guide et sa jeep...
Le vrai luxe quoi!
Suit un exposé sur quelques règles de sécurité:
Interdiction de sortir de la tente à la nuit tombée. Si une urgence ou un besoin imprévu venait à surgir, nous disposons d'une petite trompe pour appeler le gardien – Car ici comme sur Getaway quand on navigue, quelqu'un veille la nuit .
En effet notre camp est ouvert et des animaux le traversent souvent au cours de leur chasse nocturne... C'est pourquoi les enfants n'y sont pas acceptés.
Et les horaires de la vie locale.
Identiques tous les jours:
- Lever 4h30. Dans la tente commune attendent boissons chaudes et gâteaux qui vont avec.
- Départ en jeep pour la première sortie, à 5h
- Retour au camp vers 8h
Petit déjeuner conséquent, genre brunch: jus, yaourts, fruits, muesli, œufs, bacon, toasts, etc…
Après cela il n'y a plus qu'à se recoucher
- 13h: déjeuner
- 14h-1630: repos avant un petit goûter
- 17h: départ pour la deuxième sortie safari de la journée
- 20h: Retour, dîner et dodo.
D'ailleurs, ce soir même, nous participerons à la sortie de 16h30 et nous sommes invités à nous reposer un peu autour de la piscine en attendant.
Notre première représentation.
A l'heure du rassemblement, nous faisons connaissance avec nos compagnons, attablés devant leur thé au restaurant. Ils sont trois ce soir: un couple mixte sino-irlandais vivant à Singapour et une australienne pour laquelle c'est la dernière soirée.
Où on découvre la scène
Aussitôt le goûter avalé, nous nous installons dans la jeep.
C'est un véhicule découvert proposant neuf places passagers sur trois banquettes surélevées en gradins derrière le chauffeur. Comme au cinéma, cette disposition permet à ceux de derrière de ne pas être désavantagés pour voir le spectacle.
Notre guide-chauffeur, zoulou, se montrera réservé mais très sympa et plein d'humour.
On est toujours le "bizarre" de quelqu'un d'autre.
Pour l'anecdote, nous vous racontons la réaction de notre guide zoulou quand nous lui avons dit, le premier jour, que nous vivions et voyagions en bateau depuis 12 ans:
TOUTE L'ANNEE SUR L'EAU???? NOOOONNNNN!!!!
Le lendemain matin, sur le ton de la confidence, il nous demande de lui confirmer qu'il a bien compris:
"12 ans à vivre sur l'eau"?
Nous confirmons.
Il nous confie alors qu’il a raconté ça à ses copains et que ceux-ci se sont moqués de lui:
"C'est une blague, tu es idiot d'avoir gobé ça, ou alors tu n'as pas compris leur anglais...
On ne vit pas sur l'eau comme ca, tout le temps!!!"
Ensuite, chaque fois que nous le retrouvions il nous regardait en hochant la tête, souriant, perplexe et marmonnant:
"Toujours sur l'eau... Tout le temps... incroyable!…Vous devez être un peu "dérangés" non?"
Peut être un peu… Va savoir... |
Il est seul avec nous. Nous découvrirons que c'est original en croisant d'autres véhicules de la réserve (trois jeeps qui transportent les clients ayant choisi le "grand grand luxe" de l'hôtel). Tous les autres sont équipés d'un pisteur armé d'une carabine, assis sur un siège à l'avant du capot…
Nous n'avons ni pisteur, ni carabine... POURQUOI???
Parce que nous dit notre guide... "On n'a pas besoin de carabine... On est là pour voir les animaux, pas pour les tuer"... Et il nous assure qu'il connait suffisamment la réserve et les animaux pour pouvoir se passer de pisteur...
Un solitaire quoi!... Bon bon..
Le principe du safari c'est de parcourir la réserve, un peu au hasard, pour "chercher" les animaux qui se déplacent beaucoup pour brouter, chasser et se désaltérer.
Pour aider la chance, les jeeps qui sillonnent la zone communiquent par VHF quand ils repèrent des traces de pattes, des signes genre branches cassées, des bouses fraîches…
Nous découvrirons plus tard que ce n'est pas toujours suffisant pour assurer le spectacle et que parfois les animaux rares - les vedettes de la revue - restent cachés aux spectateurs...
Un peu partout dans la brousse, on voit couramment des impalas, des phacochères, toutes sortes d'antilopes, des troupeaux de girafes, de zèbres, de gnous...
Les "vraies" vedettes sont plus rares : les buffles, éléphants, rhinocéros, lions et léopards. Ce sont les "big five" comme on les appelle ici.
Les quatre premiers sont assez sédentaires et "campent" sur la réserve où ils ont été introduits à sa création. Ils y sont recensés et gérés.
Par contre les léopards sont des nomades qui ne peuvent pas être "introduits".
Yen a ou y en a pas!
Ils sont toujours de passage et on ne peut jamais être assurés d'en rencontrer. Il paraît que c'est même assez rare.
Et le spectacle…
Le guide nous "organise" notre première rencontre "importante": un couple de cheetahs (des guépards) allongés à l'ombre d'un buisson.
Ils se font des grâces, minaudent, se retournent sur le dos comme des gros chats lascifs, se lèchent le museau (toilette ou digestion?). On les observe un bon quart d'heure, arrêtés à quelques mètres d'eux, moteur éteint. L'appareil photo chauffe un maximum.
Tout à coup, ils se dressent, oreilles frémissantes, sur le qui vive.
Que se passe – t il?
C’est un troupeau de buffles qui approche... Suivi d'une autre jeep. Beaucoup de bruit tout ça...
Nos guépards s'éloignent, tranquilles, majestueux. Ce sont deux mâles (deux frères nés ici) qui vivent toujours ensembles, à l'écart des femelles et des petits.
On observe le même comportement chez les lions. Les mâles seraient parfois enclins à croquer les petits pour hâter le retour des chaleurs chez leurs femelles…
Alors celles ci s'en éloignent et vivent entre mères de famille.
Plus spectaculaire peut être, notre rencontre suivante se fera au bord d'un marigot: deux énormes rhinocéros blancs à l'heure du bain (en fait: noirs ou blancs, les rhinos sont tous gris; mais les blancs ont la gueule large et carrée).
Ils se roulent dans la boue pour se faire un nettoyage de peau, se débarrasser des parasites et se rafraîchir. A quelques mètres de nous…
Quand le jour commence à baisser c'est l'heure de faire le tour des pubs. Dans le premier, une harde d'éléphants boit en famille. On constate qu'ils sélectionnent l'endroit où ils aspirent avec leur trompe: Juste devant leurs pattes et tout au fond, pour s'asperger le dos d'une eau bien boueuse et se faire un masque de beauté (comme les rhinos),ou le plus loin possible et en surface pour boire une eau plus claire.
Dans le suivant, c'est tout un troupeau de buffles qui se baigne sous la surveillance du mâle dominant. Comme à Dax, chacun ici ne se préoccupe que de boire et de s'enduire de boue...
Vers 19h30 la nuit approche et on s'arrête sur une éminence où on a enfin le droit de mettre pied à terre.
Le guide ouvre alors le coffre du véhicule et nous dévoile un nécessaire à apéritif bien garni. Tout ce qu'il faut pour boire et grignoter en admirant les derniers rayons du soleil qui peignent le ciel en rouge.
Après cette "cérémonie", le retour au camp s'effectue dans la nuit noire.. Pour prolonger le spectacle, notre chauffeur balaye les bords de la piste avec un gros projecteur, histoire de découvrir les animaux qui ne sont pas encore couchés.
Au camp, un excellent repas nous est servi, préparé par un cuisinier qui officie à quelques pas de nous, derrière une cloison de toile.
On mange bien, on boit pas mal, et on découvre mieux nos colocataires du jour...
Ce seront toujours des "yuppies internationaux". J'entends par là des "jeunes" gens de formation supérieure (photographes, ingénieurs du pétrole, informaticiens...), la plupart d'origine européenne, mais vivant tous à l'étranger où ils bénéficient de salaires importants.
Intéressant…
Notre premier matin.
Ici aussi l'avenir appartient aux gens qui se lèvent tôt.
Le réveil sonne dès quatre heures.
Il fait encore nuit quand on vient nous chercher pour une petite collation rapide avant un départ ponctuel à cinq heures.
Ce matin il fait maussade, humide et venteux. Notre guide est sceptique et nous déclare, qu'avec ce temps, cela peut être ou tout bon ou tout mauvais: le vent perturbe le flair des animaux et les rend plus statiques. Alors soit on n'en voit aucun, soit on peut les observer à loisir si on en trouve...
Recherche, repérages, études de crottes, de traces de pattes...
Nos regards, qui se voudraient acérés, scrutent le bush alentour...
Tout le monde s'y met mais c'est quand même le guide qui découvre toujours les animaux le premier...
Cette fois encore, bingo!
Des lions sont là, derrière les buissons à l'écart de la piste. On s'approche doucement, quelques dizaines de mètres.
Placides, allongés sous un arbre, deux mâles au repos (voir photo de couverture).
C'est grand, c'est beau, c'est gratifiant, on est contents.
Le guide nous explique que ce matin, on ne risque pas de voir les femelles. Avec leurs petits, elles doivent être loin d'ici!
Nous les verrons pourtant, mais le soir seulement et effectivement assez loin .
Il les soupçonne d'être installées dans un endroit qu'il connait, bien abrité du vent et situé en hauteur pour mieux surveiller les alentours.
Effectivement, trois mères et quelques jeunes sont cachés là, allongés pêle-mêle.
Elles aussi sont au repos mais consciencieusement installées à l'écart des intrus; placides en apparence elles semblent plus attentives à notre présence que les mâles de ce matin, faisant moins semblant de nous ignorer...
Leurs petits paraissent sous bonne garde...
Nous observons à distance car il faut respecter un périmètre de sécurité. Les lionnes sont dangereuses dès qu'il s'agit de défendre leurs petits et elles attaqueraient humains comme lions mâles s'il en venait à s'approcher trop près.
Les cadences infernales…
Les sorties se succèderont ainsi, matin et soir. Certaines plus fructueuses que d'autres.
Nous réaliserons ainsi la chance que nous avons eue le premier soir, d'observer d'emblée dans d'excellentes conditions des rhinocéros, des éléphants, des buffles et des guépards. Depuis, nous avons aussi vu les lions et il ne nous manque plus que les léopards.
Eh bien la chance continue à nous sourire: Un léopard nous fait la faveur de passer par la réserve pendant notre séjour. Les guides apprennent sa présence un matin, d'un employé qui l'a aperçu en venant au boulot.
Tout le monde se met immédiatement à sa recherche. On sent bien que pour nos guides plus rien d'autre ne compte vraiment. Qui le débusquera le premier?
Nous ferons ainsi deux sorties de suite, sans l'apercevoir.
Dès qu'une voiture croit en voir la trace, elle prévient les autres qui se précipitent et se postent à l'affut autour de l'endroit présumé.
Plusieurs fois comme ça, l'animal s'est esquivé sans se laisser voir.
Et puis ça a été la bonne.
Dans nos jumelles, nous pouvons apercevoir le fauve qui se repose. De beaucoup plus loin que les lions de la veille car le léopard est plus farouche. D'ailleurs même au repos, on le sent en alerte, prêt à la fuite…
Mais enfin ca y est, nous sommes diplômés des "big five". Avec ce léopard, nous les avons tous rencontrés!!!
Et quand même l'aventure…
Le dernier jour, on se fera une petite frayeur (ou une plus grande, selon qu'on est assis à l'avant ou à l'arrière de la jeep):
Notre guide nous a entrainés dans le bush pour y accompagner un éléphant; un énorme mâle solitaire que nous suivons dans la broussaille. Avançant, reculant, selon son rythme... A un moment pourtant, on ne sait pas très bien comment, le monstre se retrouve derrière nous…
Et il continue d'avancer... Comme si on n'était pas là... Tranquille... Enfin tranquille? on aimerait en être sûr…
Tout en s'écartant lentement vers une piste de dégagement, notre guide nous raconte comment il s'arrange pour toujours laisser à l'animal une possibilité de fuite... On comprend mieux pourquoi dans les parcs publics, on n'a pas le droit de quitter la piste.
Aujourd’hui il s'est laissé surprendre et, histoire de nous rassurer, il nous rappelle les règles de sécurité:
•Ne pas crier.
•Ne pas se lever.
•Bouger le moins possible.
•Ne pas sortir de bras hors du véhicule.
Il nous explique que l'animal voit l'ensemble de la jeep et de ses occupants comme une autre grosse bête dont toute agitation serait perçue comme un signe de menace...
Il nous signale aussi qu'à cette époque de l'année les éléphants mâles ont un taux de testostérone élevé, ce qui signifie en clair qu'il vaut mieux qu'il ne nous prenne pas pour une femelle en chaleur.
Alors on s'applique: "RIEN NE DOIT DEPASSER!!!"…
A l'arrière de la jeep, quasiment à portée de trompe du bel animal, notre nouvelle copine, mexicaine francophone dont c'est la première sortie, s'est fait une grosse frayeur.
Et voilà nos vacances safari terminées.
Nous sommes positivement enchantés de ce séjour. Les animaux, mais aussi l'ambiance "vieille colonie" de notre camp de toile. Le petit nombre d'hôtes hébergés permettant un vrai échange à l'heure des repas. Le décor simple mais très confortable, sobre et beau.
La réserve de Thanda a été créée en 2005 par un riche suédois.
Elle s'étendait à l'origine sur 8000 hectares, mais le propriétaire vient de racheter le terrain voisin dans le lotissement et sa réserve s'étend maintenant sur plus de 15000 hectares.
Les zèbres, les gnous, les phacochères et les diverses antilopes vivaient déjà là et se sont laissés enfermer quand on a clos le terrain.
Par contre, à part les léopards, les gros animaux ont tous été introduits ici, où ils paraissent se reproduire dans la joie… Certains qui peuvent être volages et nomades (comme les guépards et les buffles mâles) portent un collier de repérage utilisé en cas de disparition.
Safaris plus culturels en Namibie.
Un an plus tard, après avoir passé le cap de Bonne Espérance, sur notre route vers le Brésil, nous nous sommes arrêtés en Namibie, à Walvis bay. Là aussi, l'intérieur du pays est bien tentant. La Namibie recèle au moins trois appâts touristiques: Le désert du Namib et ses dunes immenses; les peintures rupestres laissées par les San qui ont occupé seuls la région pendant des millénaires et la réserve nationale d'Etosha.
Devant toutes ces tentations, notre sang n'a fait qu'un tour et nous nous sommes retrouvés très vite en safari vers les sites de peintures rupestres, au volant d'une voiture de location.
Les renseignements touristiques ne sont pas bien nombreux en Namibie. Même les cartes routières sont rares à Walvis bay. Heureusement nous avions acheté un petit guide avant de partir d'Afrique du sud, mais quand nous quittons Getaway pour une semaine d'errance vers le nord, nous ne savons pas très bien ce qui nous attend.
- Nous n'avons pas trouvé de véhicule 4x4 à louer, mais on nous a assuré que les pistes sont très bien entretenues et que nous n'aurons pas de problèmes avec notre voiture basse sur pattes.
- Nous n'avons fait aucune réservation pour des nuits dont nous ne savons pas où nous les passerons. Heureusement, la chance nous aide: les vacances d'été ne sont pas encore commencées alors les lodges et "rest-camps" ont plein de disponibilités. On est devenus malins hein? Depuis l'année dernière?
- Enfin, nous constaterons que même au milieu du désert, la signalisation routière namibienne est quasi parfaite. (Nous avons quand même emporté un GPS qui nous permettra une fois ou deux de nous situer par rapport à des "waypoints" de notre guide)
L'art rupestre au sud de l'Afrique
L'art rupestre n'était encore, il y a dix ans qu'un sujet d'étude pour les chercheurs. Aujourd'hui, grâce à une plus grande ouverture sur les "arts premiers", les sites intéressent plus de monde et sont rendus plus accessibles .
Lascaux c'était il y a 17000 ans.
L'Homo Sapiens en Europe 35000 ans... En Afrique du Sud des œuvres vieilles de 77000 ans témoignent de la présence d'une pensée symbolique 40 000 ans avant l'époque des grottes ornées d'Europe.
Un ouvrage est recommandé dans ce domaine: "les chamanes de la préhistoire" par Jean Clottes (français) et David Lewis william (sud africain). Edition: La Maison des Roches. 2001.
On cite Jean Clottes dans Le Monde:
"l'art rupestre, c'est tout à la fois l'affirmation d'une présence, une signature, un art narratif ou commémoratif qui fixe la mémoire d'évènements ou de mythes marquants, donc, pour une société donnée, une sorte de témoignage, une vision du monde en même temps qu'un moyen pour agir sur lui...le chamane doit entreprendre un voyage dans l'au-delà pour négocier, avec les puissances qui s'y trouvent, guérison,restauration d'une harmonie détruite...ce voyage se fait par l'intermédiaire de la transe, la danse ou la musique, l'ingestion d'une drogue...la grotte ou l'abri orné pourrait être un lieu de passage entre deux mondes parallèles."
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Le grand bond en arrière.
Nos premiers objectifs (et les moins éloignés) sont les sites des peintures rupestres San.
Ils sont tous situés au sein de massifs montagneux où les nomades pouvaient trouver grottes et anfractuosités pour s'abriter.
Le massif du Spitzkoppe.
Nous décidons de ne visiter qu'un seul des deux sites découverts dans ce massif: le "san paradise" qui selon notre guide abrite la plus longue galerie de peintures rupestres San.
Pour accéder au site, le guide parle d'une grimpette un peu délicate: "passage glissant, sur une paroi rocheuse très lisse et pentue, équipée d'une chaine pour aider à se déhaler"...
L'après midi est déjà bien engagé quand nous arrêtons notre véhicule au terme de quelques kilomètres de mauvaise piste où le bas de caisse a déjà fait connaissance avec les cailloux qui dépassent; juste devant la paroi qui, vue de près, nous paraît quasi verticale!
"Punaise, on y va-t-y ou on n'y va-t-y pas?"
Chaussés de nos habituelles "Crocs", on s'y risque quand même et en moins de 5 minutes on se retrouve le souffle coupé et le cœur qui s'emballe dans la gorge, accrochés à la chaîne, presque parallèlement à la pente...
Il faut que la carotte soit tentante et plus que millénaire pour supporter ça...
Au sommet de ce vilain passage, un petit vallon presque vert nous laisse reprendre souffle. Quelques efforts plus tard, on aboutit au pied d'une falaise de granit sous un surplomb rocheux. Au plafond, on devine effectivement des peintures aux teintes ocre, blanc et noir.
C'est bien pâlichon et assez peu visible. Ça a dû être beau, mais le temps n'a fait aucun cadeau à l'œuvre et c'est devenu une curiosité pour archéologues avertis...
"On aurait su que ça s'rait ça, on aurait pas v'nu".
Et en plus, maintenant il faut redescendre la P...de paroi...
Finalement, ce ne sera pas si difficile et nous reprendrons vite la route d'Uis, une petite ville où nous allons trouver une chambre disponible dans un lodge avant la nuit .
Si la signalisation routière est généralement très bonne en Namibie, l'accès à certaines agglomérations est parfois déroutant.
Uis est construite un peu à l'écart de la route, et aucun panneau indicateur n'indique la piste qui y conduit. On peut donc ressortir du bled sans se rendre compte qu'on y était entré... On a ainsi un peu l'impression de trouver les lieux par hasard. Mais peut être aussi qu'on n'a pas l'œil? C'est là que le GPS peut aider…
Le lodge de ce soir a été construit il y a quelques décennies comme centre de loisirs pour les sud africains qui travaillaient ici, à une mine d'étain. D'où sa piscine immense et sa grande salle de spectacles. C'était l'époque où les nations "occidentales" organisaient le blocus de l'Afrique du Sud pour presser à l'abolition de l'apartheid. Ne pouvant s'approvisionner sur le marché international, les Afrikaners utilisaient les ressources de la Namibie qui n'était pas encore indépendante. Aujourd'hui, il est plus rentable d'acheter à l'extérieur que de continuer à extraire le minerai local, alors la mine a été fermée et le centre de loisirs converti en hôtel.
Deuxième étape: le site de la dame blanche du Brandberg.
Nous avons compris hier que la visite des peintures rupestres gagnait à être effectuée tôt le matin ou dans la soirée, quand le soleil ne tape pas trop fort. La température a fait un bond par rapport au bord de mer... et le jour il fait très chaud. Ce matin, nous nous organisons donc pour arriver sur le site avant neuf heures.
Depuis quelques années, celui ci est protégé par un conservatoire national et les visiteurs doivent obligatoirement y être accompagnés par un guide. Souvenirs de vandalisme archéologique...
La visite dure environ 1h30.
Le Brandberg est une masse de granit apparue il y a 120 millions d'années à l'occasion d'un bouleversement de l'écorce terrestre.
Il s'élève à près de 2000 mètres au dessus d'un plateau aride où ne se trouve aucune source. La seule eau disponible se recueille dans les dépressions quand il a plu. Les chasseurs-cueilleurs San trouvaient dans le Brandberg des abris où se reposer et le plateau alentour leur offrait une nourriture suffisante: la proximité de la mer provoque une forte condensation des brumes matinales, humidifiant les plantes qui nourrissaient les habitants ainsi que les animaux qu'ils chassaient.
Évidemment les pluies annuelles étaient nécessaires et si l'eau devenait insuffisante, hommes et animaux migraient vers des endroits plus favorisés.
Le peuple San
Au début de notre ère les San occupaient, depuis plus de 20 000 ans, tout le territoire compris entre la corne de l'Afrique et le Cap de Bonne espérance.
C'étaient des chasseurs-cueilleurs nomades qui se déplaçaient sur de longues distances en petits groupes non hiérarchisés.
Ils parlent une langue "à clicks" - brefs claquements donnant aux phrases un rythme syncopé - popularisée par le film "Les dieux sont tombés sur la tête".
Citons le chercheur sud africain Laurens Van der post qui a passé une bonne partie de sa vie sur la trace des San: "Vivant, il était accepté comme le plus ancien habitant de mon pays. Beaucoup allaient plus loin et déclaraient que c'était lui, le chasseur de l'Ibérie paléolithique et qu'il avait le même ancêtre que les Egyptiens... peuple du fond des âges..."
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Mais revenons à nos peintures.
La "dame blanche" du Brandberg est la peinture rupestre la plus connue d'Afrique.
Et pour le coup, elle est bien visible.
Au centre d'une grande fresque représentant des hommes et des animaux qui courent, figure un grand personnage de couleur blanc-rose et brun, portant des décorations de perles et un arc ( c'est lui la "dame"). C'est l'unique silhouette de la fresque (et du site) peinte de cette couleur.
L'ouvrage a été "découvert" en 1917 par Mack, un topographe allemand, qui en a fait un croquis annoté ainsi: "le style méditerranéo-egyptien de tous ces dessins est surprenant".
Quelques années plus tard, un prêtre archéologue français (l'abbé Breuil) visite le site et décrète que le personnage central est une jeune danseuse crétoise. En 1955 il publie un livre sur le sujet: "la dame blanche du Brandberg". Depuis, le site est connu sous ce nom.
Plusieurs chercheurs se sont intéressés depuis à la fresque et à son curieux personnage central. Assez récemment, ils avaient tendance à conclure, qu'en fait, il s'agirait d'un homme. Sans doute un chamane…
Des fouilles plus récentes du site, n'ont révélé que des matériaux de la fin de l'âge de pierre et rien qui puisse être issu d'une culture étrangère. Ce ne serait donc pas l'œuvre de voyageurs de passage...
En tout cas, on ressent une certaine émotion devant la délicatesse de ces dessins datant de plus de 3000 ans
Twyfelfontein, terminus du parcours culturel…
Ce site ne recèle quasiment que des gravures. Du moins la partie découverte et ouverte au public. Ici aussi l'accès est protégé et un guide nous emmène dans une promenade agréable.
Il est huit heures et il fait doux. Quelques rochers de granit rose à escalader: on se croirait revenu à la pêche aux crevettes en Bretagne, à marée basse. C'est plus accidenté qu'hier, mais pas fatiguant et moins long (1 heure).
Deux itinéraires de visite s'offrent à nous. Chacun est baptisé du nom d'une gravure importante:
Le sentier du "lion man" nous montre au moins 2500 figures d'animaux et d'hommes très étonnantes, exécutées entre 300 ans avant JC et le XIX ème siècle. Plus récentes que les peintures d'hier.
Parmi celles ci, un lion dont les pattes ainsi que la queue possèdent cinq doigts (alors que comme chacun sait, les lions n'ont que quatre doigts aux pattes – et aucun à la queue). On peut remarquer aussi que ce "lion homme" tient une victime (une antilope?) dans sa gueule.
Cette humanisation de l'animal correspondrait à la représentation d'un chamane.
Le sentier du "dancing Kudu". Une grande scène représente un kudu aux immenses cornes torsadées, semblant danser, entouré de silhouettes de nombreux partenaires. Là encore, on pense à une représentation de cérémonie chamanique.
Sur les deux parcours, à ciel ouvert, d'autres gravures couvrent les parois rocheuses: girafes aux lignes harmonieuses, singes, rhinocéros, lions, autruches, antilopes et chasseurs se succèdent en une danse impressionnante. Sur la fin du second parcours nous avons aussi pu admirer quelques peintures rupestres. Très belles représentations de scènes de chasse, elles semblent être les seules à avoir été découvertes ici.
Au pied d'une paroi rocheuse, un magnifique aigle noir (un vrai) se déplace de son lieu de chasse pour venir faire des cercles au dessus de nos têtes alors que nous sommes justement en train d'admirer un rocher en profil d'aigle... étrange non? Ça y est, le chamanisme opère: voilà qu'on devient mystiques...
Contempler ces œuvres rescapées du fond des âges nous a beaucoup émus. Cela explique notre plaisir de nous être attardés un peu en Afrique. Maintenant nous avons encore plus envie d'aller traîner dans l'Idaho et au Nevada, pour admirer les peintures Shoshones (indiens Uto-aztèques)... Mais ceci sera une autre histoire. Il faut d'abord traverser l'Atlantique...
Où les aventuriers se la jouent prudente et posent un lapin aux
Himba…
240 kilomètres après le massif du Brandberg et au milieu de rien, au bout d'un chemin défoncé, ce soir encore nous trouverons un endroit où nous reposer.
Le camp "Xaragu" est installé dans une vallée rocailleuse. Nous découvrons un vaste terrain sans arbre, écrasé par la chaleur de l'après midi, où sont disposées une vingtaine de tentes-chalets. Heureusement ces dernières sont pourvues de deux portes en vis à vis, qui laissent passer un courant d'air... Et c'est tant mieux parce que c'est seulement ainsi qu'on peut envisager une sieste...
Au cours du diner, nous ferons la connaissance d'un couple de jeunes allemands qui viennent de terminer la visite des sites environnants et se dirigent maintenant vers la réserve d'Etosha.
Nous même prévoyons de continuer tout droit vers le nord-ouest, jusqu'à Opuwo, la capitale du Kaokoland.
Cette ville qui propose du fuel, de la bouffe, une banque, une antenne cell-phone, un garagiste... est le cœur de toute la région.
Là se côtoient les Himba, les Herero et quelques touristes.
De l’influence des vainqueurs
Au XIXème siècle, les Himba et les Herero se partageaient le nord-ouest de la Namibie et leurs femmes s'habillaient de la même façon: coiffure et jupe en cuir, torse nu, cuir et peau copieusement saturés de graisse et d'ocre.
Au début du XXème, les Herero se sont affrontés très violemment avec les colons allemands. Des milliers de morts et une défaite totale des indigènes.
Depuis cette époque les femmes Herero ont adopté la robe missionnaire qu'arboraient alors les épouses des pasteurs allemands vivant à leur côté.
C’est devenu aujourd'hui un signe d’identité très fort qu’elles arborent fièrement.
Pendant ce temps les Himba, restés alors à l'écart des affrontements, semblent avoir été moins bouleversés par l'histoire et leur occupant.
Aujourd’hui, ils vivent toujours dans leurs villages de la savane et quand leurs femmes viennent en ville, elles arpentent les rues dans leur tenue traditionnelle qu'elles n'ont jamais abandonnée.
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Notre guide évoque ainsi la scène suivante: Une femme Himba, jupe et coiffe de cuir, seins nus, enduite de graisse et de terre ocre, croise au super marché une femme Herero en robe coloniale bariolée, d'époque victorienne, et coiffe assortie. La scène est filmée par un touriste européen en short, posté à l'affut entre les gondoles...
Le choc des cultures!!! On aimerait voir ca…
Le problème c'est que pour arriver jusque là il y a encore 300 kilomètres de pistes secondaires à parcourir... Et surtout qu'il faut emprunter la "Joubert pass" décrite ainsi dans notre guide: "courte mais raide, cette passe rappelle brutalement combien les conditions peuvent devenir difficiles par ici...".
Cette phrase tourne en boucle dans la tête du chauffeur depuis que nous avons choisi nos objectifs.
Les pistes parcourues jusqu'ici lui ont appris que même si c'est facile, c'est quand même fatiguant pour lui et éprouvant pour la voiture. Alors il est un peu anxieux le chauffeur... Si on reste coincés dans la passe avec ce véhicule rase motte, on aura l'air malin…
L'écoute des jeunes allemands a fait germer dans notre petit cerveau un projet alternatif: Et si on allait nous aussi visiter Etosha? Cette réserve a très bonne réputation et c'est une option qui nous ramènerait assez rapidement sur de la chaussée goudronnée...... C'est bien séduisant! Évidemment, on ne pourrait plus aller à Opuwo voir les Himba et c'est bien regrettable... Mais comme souvent, la facilité l'emporte et la décision est prise:
Demain, retour aux animaux vivants, à Etosha.
Réservons Opuwo pour notre prochain tour du monde!
Après tous ces animaux peints ou gravés sur la pierre, nous espérons bien en voir plein de vrais dans la nature à Etosha. Les quelques 300 kilomètres qui nous en séparent nous paraissent courts et rapides, grâce à la chaussée goudronnée qui équipe les deux derniers tiers du trajet.
Etosha signifie: "grand espace blanc", ou si on préfère: "grand espace vide".
Ce nom vient de la formidable cuvette de 130 x 70 kilomètres – l'Etosha pan - autour de laquelle a été instituée la réserve. Elle est parfois couverte de quelques centimètres d'eau, mais elle est le plus souvent sèche et toujours alcaline.
C'est une réserve "naturelle". Ça veut dire que les animaux qui vivent là n'y ont pas été amenés et que le terrain a juste été clos autour de ses habitants. Une cage quoi. Mais elle est grande la cage: 23000 km², soit 2,3 millions d'hectares (pour vous donner une idée: la région Bretagne couvre 27000 km²). Même si la moitié seulement est ouverte au public, ça laisse quand même pas mal de grain à moudre...
Les pistes sont accessibles aux voitures normales, même si c'est parfois un peu limite à cause des grands nids de poules qui en occupent souvent toute la largeur. Comme il y a eu récemment quelques orages, ces trous forment autant de petits lacs qu'il faut traverser. Entrer dans l'eau avec notre voiture de ville inquiète toujours le chauffeur. Heureusement, la nature du sol fait qu'il reste dur dans les flaques et que la couche de boue n'y est pas très épaisse. On a donc peu de chance de s'embourber, mais décider si on passe à droite, à gauche ou au milieu de la flaque (dont on ne connait pas la profondeur...) ajoute un peu de piment à l'aventure.
Safari photos, "as usual"
Nous passerons deux nuits dans ce parc, dont nous traverserons entièrement la partie autorisée au public, du Sud Est au Nord Ouest.
Étant maintenant des "spécialistes", on sait que le mieux est de chercher les animaux tôt le matin ou en fin d'après midi. On se fait donc un programme dans ce sens: nous partirons très tôt du lodge d'Hokokuero où nous sommes arrivés cet après midi, pour être vers midi à celui d'Halali où nous passerons la nuit prochaine. Là, nous ferons éventuellement une petite sieste jusqu'en fin d'après midi avant de repartir pour notre deuxième sortie de la journée, avant le coucher du soleil.
Le réseau de pistes tracé dans le parc est organisé pour accéder aux points d'eau où viennent s'abreuver les animaux. Chaque lodge dispose aussi d'un marigot éclairé le soir, dont le bord est équipé de bancs protégés par un grillage. On peut ainsi se faire le trip "apéro en sécurité derrière des barrières, à l'heure où les lions vont boire".
Pourtant cette fois nous ne verrons rien dans les trous d'eau, nulle part. Comme il y a des flaques un peu partout, les bébêtes peuvent boire là où elles mangent et sont libérées de l'astreinte de venir au marigot...
C'est sans doute en Aout-Septembre, à la saison sèche, que la vie y devient plus intense, à l'heure du pub.
Autour de celui du lodge, on peut venir avec son casse croute, sa bière et sa couverture, pour passer la nuit sur un banc à guetter les lions, rhinos, buffles, etc... On avait eu cette chance au Kenya et c'était très chouette.
Entre mercredi soir et vendredi midi, en plus des milliers d'oiseaux,des hordes de zèbres, gnous, gazelles,hyènes, on verra quelques spectacles sympathiques ou surprenants.
Cinq surtout seront mémorables:
- Une harde de lions. Mâles et femelles ensemble cette fois - en tout une quinzaine d'individus - couchés dans la savane à digérer leur repas de la nuit... On se croyait blasés mais on est quand même impressionnés.
Le gros de la troupe est assez éloigné de la piste mais une femelle de quart reste vigilante à quelques dizaines de mètres de nous.
- Une troupe de springbocks, dont les jeunes nous ont fait un véritable ballet de sauts en tout genre lorsqu'on a voulu traverser la flaque où ils buvaient.
- Après avoir croisé un vieil éléphant solitaire qui jouait au cantonnier en élaguant les arbustes sur les bords de la piste, on désespérait d'en voir d'autres quand on s'est retrouvé bloqués par un embouteillage de six voitures.
Imaginez le spectacle: Un énorme mâle, installé devant une mare, occupe toute la largeur de la piste. Ignorant totalement nos urgences humaines, s'aspergeant de poussière blanche, il ne semble pas du tout décidé à partir.
Les deux premières voitures sont occupées par des Namibiens du parc qui n'ont pas l'air plus courageux que nous pour forcer le passage... Pourtant la veille, on en a vus bousculer en 4x4 une troupe de girafes qui déambulait sur la route; mais là, avec un éléphant, il sont moins entreprenants...
Alors tout le monde attend que la bête se décide à bouger...
- Parcourant lentement une longue piste baptisée "rhino drive", nous scrutons intensément les profondeurs de la savane. Sans succès...
Soudain un rhinocéros noir balèze déboule et s'immobilise en travers de la piste, à moins d'une vingtaine de mètres devant la voiture...
Il paraît aussi surpris que nous, mais il se reprend vite et finit tranquillement de traverser la chaussée.
Tout cela a duré quelques dizaines de secondes mais nous n'avons pas eu le temps (ou le courage?) de nous pencher à la portière pour lui tirer le portrait.
Un peu plus loin, nous en découvrirons un autre broutant tranquillement, à quelques dizaines de mètres dans le bush. Il nous ignorera tout à fait et cette fois nous pourrons prendre des photos...
- Sur notre chemin vers la sortie du parc, sur la rive Est de "l'Etocha pan": des pléiades de girafes... Elles ont l'air d'adorer la piste pour marcher. C'est vrai que cela doit être plus facile que dans l'herbe. La route est tracée très droite à cet endroit et on les aperçoit de très loin. Associées à des Kudus aux cornes majestueuses, ce fût le bouquet final de notre safari, vendredi après midi.
Maintenant, on va faire la fête à Oshikuku...
Le dernier objectif de notre programme se trouve encore plus au nord, près de la frontière avec l'Angola, à Oshikuku.
Nous avons prévu d'y rencontrer Emilie, une voisine nantaise de notre fils. Elle est venue ici pour y enseigner l'informatique à des bonnes sœurs namibiennes.
Quand nous l'avons jointe au téléphone, elle nous a suggéré de venir ce samedi: "Il y aura une fête locale avec des chants".
Sans doute une sorte de Fest Noz.?.. ou une fête de fin d'année de l'école?
Du local, de l'ethnique... Ça va compenser le lapin qu'on a posé aux Himba et autres Herero...
Alors nous, tu penses si on est partants!
Retour vers le monde moderne.
Depuis le parc d'Etosha, 200 km de grand-route toute droite traversent la savane qui verdit de plus en plus, à mesure qu'on monte vers le nord. Le trafic y est plus dense et surtout très rapide. La vitesse est limitée à 120 kmh mais on roule couramment à plus de 140... De temps en temps, il faut freiner brusquement pour laisser traverser des chèvres ou des vaches qui squattent nombreuses les bords de la route... Sans gardien ni berger ni barrières... Le pire, c'est que souvent elles ne s'engagent qu'à moitié sur la route, très indécises sur la direction à prendre, avant de choisir au dernier moment. Les locaux utilisent beaucoup le klaxon pour aider la décision… C'est une des grandes causes d'accidents en Namibie.
Les cinquante derniers kilomètres du parcours se déroulent dans une zone plus urbanisée où l'habitat s'intensifie en même temps que les ruisseaux. La route traverse sans discontinuer des rangées de maisons et baraques-bistros couvertes de tôle, qui forment des villages et des petites villes quasi contigus.
Quelques panneaux indiquent de temps à autre les villages qui sont situés plus loin devant, mais peu d'indication sur l'agglomération qu'on est justement en train de traverser. A moins qu'on regarde mal?
On craint un peu de dépasser notre destination sans la voir...
Mais non.
Oshikuku est une agglomération suffisamment importante pour justifier un panneau d'entrée.
Le long de la grande route, le village s'étire en une succession de garages, super marchés "Shoprite", KFC pour l'odeur, de nombreux bars pour la soif... A un carrefour, un arrêt de minibus jouxte quelques étals qui forment comme un marché improvisé. Depuis notre sortie du parc, on a traversé plein de villages comme ça où toute la vie semblait très animée et concentrée au bord de la grand route.
Pour notre rendez vous, Emilie nous a dit de chercher l'hôpital. Mais autour de nous, on ne voit rien qui ressemble à ça...
Alors on demande et on s'engage sur une piste qui s'écarte de la route. A peine éloignés de l'axe principal la vie s'arrête, tout se calme. Tout juste si on trouve encore quelqu'un à qui demander son chemin...
Finalement, après quelques demi tours, on s'arrête devant des bâtiments qui pourraient être ceux qu'on cherche. Tout blancs, derrière un grand grillage coupé d'une barrière, avec un gardien devant... Pas de nom dessus... L'hôpital? Le gardien opine. Alors on téléphone à Emilie...
Nous sommes arrivés à la mission où elle travaille, sa maison est juste à côté et la voici qui vient vite nous chercher.
La mission et la fête.
Autour de nous, du monde partout, des enfants joyeux et accueillants, des baraques encloses de grillage, des femmes accroupies qui touillent dans de grands chaudrons sur des feux de bois, de la poussière... C'est un peu pour nous un retour vers l'Afrique du Kenya ou de Tanzanie!
On pose nos affaires chez Émilie et Marlène dont nous faisons connaissance. (En fait, elles nous accueillent sans nous avoir jamais rencontrés auparavant!)
Volontaires de l'humanitaire, elles sont ici depuis un an pour y enseigner respectivement l'informatique et la comptabilité-gestion aux religieuses Bénédictines. Leur contrat est de deux ans. Elles sont nourries, logées et reçoivent une indemnité mensuelle... Un argent de poche qui leur permet de voyager dans le pays (en bus ou en stop!) en se logeant dans les missions catholiques de toute la Namibie.
Ce boulot leur permet de découvrir de près un pays, des gens, des cultures différents, en les exposant très peu au risque de faire fortune… L'enrichissement est autre…
Mais tous les postes de volontaires humanitaires ne se ressemblent pas. Nous avons rencontré une autre volontaire française, en visite à Oshikuku pour commencer ses congés annuels.
Depuis quatre mois, elle est chargée d'un internat de 300 écoliers namibiens, au sein d'une autre mission. Son objectif est de faire marcher le machin, mais aussi de mettre un semblant d'ordre dans le système. L'argent y est rare et quand on en signale il s'évapore rapidement par des "voies impénétrables"...
En gros, elle dispose de 30 centimes d'euros par jour et par enfant pour le nourrir et l'abriter. La cuisine de l'établissement ne dispose que d'un seul couteau ébréché et pas de frigo. Les couverts ont tous disparu. Le jardin censé nourrir tout le monde, a été jadis florissant mais n'existe quasiment plus. Il faudrait mettre en place 28 km de grillage pour le protéger des prédateurs... Pas d'argent disponible pour cela...
Dur dur... Elle a l'air de se sentir bien désemparée dans son trou...
Ici, outre l'église, la mission comprend surtout l'hôpital important qui nous a servi de point de ralliement, mais aussi un centre de formation artistique: danse, musique, dessin.
Aujourd'hui c'est donc la fête annoncée, mais pas exactement le fest noz qu'on imaginait. C'est une cérémonie d'ordination de deux nouveaux prêtres namibiens, présidée par l'évêque!
Ambiance de kermesse... De mariage plutôt, car tout le monde s'est fait super beau: les femmes des familles des impétrants sont habillées pareil, comme des dames d'honneur. Seuls les enfants, comme dans le monde entier, courent partout en jouant et en riant.
Un immense chapiteau abrite le public assis sur des bancs devant une grande estrade où est installé l'évêque, entouré de plein de prêtres vêtus de blanc, accourus de tout le pays.
La cérémonie commence à 10 heures: discours, chants, discours, prières, chants, discours, prières, messe, cérémonie d'ordination, chants, cérémonie des cadeaux... Ça va durer comme ça jusque vers 15 heures.
Quelques enfants tournent autour de nous, vont voir Gérard assis à l'ombre un peu à l'écart, se font photographier et s'amusent.
La messe est un spectacle qui généralement nous branche "moyen". Avec notre religiosité proche du degré zéro, c'est une sensation très bizarre d'être là. Anyvonne aimerait bien comprendre "de l'intérieur" pourquoi tous ces adultes et ces gosses supportent de rester assis ainsi pendant près de six heures...
"J'ai eu un soupçon de compréhension aux moments des chants et cantiques (je m'en doutais bien un peu avant quand même). Tous ces gens aiment se retrouver, sentir le groupe, chanter ensemble, frapper dans les mains...
J'ai eu en mains le livret permettant de suivre la cérémonie, avec les textes des prières et des chants, en Oshiwambo, la langue locale... Suivant le texte du doigt (sans comprendre bien sur), j'ai commencé à fredonner et deux petites filles (huit ans?) se sont mises à suivre mon doigt et lire. Elles hésitaient à chanter, puis s'y sont mises doucement, en même temps que moi...
Je me suis sentie bêtement très émue."
Nous même tiendrons quatre heures sous ce chapiteau! Il est vrai qu'un petit courant d'air aidait à supporter la chaleur.
Après l'effort, le réconfort: Un banquet est servi, en présence de l'évêque, dans une grande salle voisine et nous y avons été gentiment conviés. Nos hôtesses sont intégrées et appréciées ici - Même si les bonnes sœurs trouvent qu'elles ne les voient pas beaucoup à la messe. En tous cas, elles-même semblent bien s'y plaire.
Le soir nous dînerons dans un petit resto local, comme à Madagascar, avec sauté de viande, chou, un genre de polenta au mil... Et force bière... Très bon.
Mais c'est pas tout ça... Il faut rentrer au bateau maintenant.
Nous devons rendre la voiture lundi matin à Walvis bay, à plus de 1000 kilomètres au sud. P... que c'est donc grand l'Afrique... Le chauffeur appréhendait un peu cette re-descente forcée mais finalement ça s'est super bien passé.
La longue route, toute droite et goudronnée, est bien un peu ennuyeuse, mais on y roule allégrement à 140 kmh. Les vaches et les chèvres qui broutent sur le bord n'ont qu'à bien se tenir...
Notre moyenne tournera autour de 100 kmh. Partis le matin vers 7 heures, nous déposerons Emilie vers 15 heures à Okahandja, peu avant Windhoek la capitale.
Nous même serons à Swakopmund vers 18 heures. Là, à moins de 30 km de Walvis bay, nous serons installés bien avant la nuit dans un hôtel super sympa dont nous serons les seuls clients.
C'est le "secret garden guesthouse", 36 Bismark street. On donne l'adresse parce que c'est une guest house (chambres d'hôtes?) que nous avons trouvé parfaite. Selon nos critères évidemment: très joli jardin-patio, chambres nickel, salon avec bibliothèque bien garnie, décoration simple et de très bon gout, hôtes discrets et aimables, breakfast excellent…
Fin de voyage en apothéose quoi...
Demain nous serons à nouveau sur Getaway et nous commencerons peut être à penser au Brésil.
Quelques miettes de l’histoire du sud de l'Afrique,
pour aider à comprendre
Vus la taille du pays, ses bouleversements, sa diversité, ses problèmes connus, passés et présents, ça va être dur à écrire. On va essayer de faire court sans dire de bêtises.
Tout a commencé il y a environ 3,3 millions d'années quand des australopithèques sont apparus dans la région (On se souvient de Lucie, découverte en Ethiopie en 1974). Ensuite, jalonnant l'évolution, se succèdent les homo-erectus, les homo-sapiens, les chasseurs-cueilleurs... .
Petit lexique ethnique
Les San -"ceux qui font la cueillette"- sont appelés "Bojschiman" (hommes de la savane) par les hollandais. Ce terme est traduit en "bushmen" par les anglais et en "Bochimans" par les francais. Premiers occupants de l'Afrique Australe, ils en occupaient le terrain dès l'âge de pierre. Ils sont d'un type plus asiatique que négroïde.
Les Khoïs - "Hommes des hommes" - Proches des San, ils parlent aussi une langue à clicks. Les hollandais n'en retenant que les sons "hot" et "tot les ont appelés les "Hottentot". Ils élevaient du bétail en habitat semi-groupé. Leurs descendants s'appellent aujourd'hui les Nam.
Le Khoisan: langue à "clicks" parlée par les deux peuples précédents.
Les Bantous sont apparus il y a 10 000 ans dans les forêts tropicales de l'Afrique Equatoriale, dotés d'une peau plus noire que les San. Au IVème siècle de notre ère une première vague fuit – sans doute la mouche tsé tsé – vers le sud, suivie d'une seconde au Xème siècle.
Etre Bantou, c'était essaimer perpétuellement, transportant avec soi un sac de semences et quelques outils pour défricher et cultiver. Les migrants apportent avec eux des méthodes agricoles, la métallurgie, et une certaine forme d'organisation politique. Cela va entrainer des changements d'importance dans la région. |
Au début de notre ère les San, un peuple de chasseurs-cueilleurs, occupent toute la région comprise entre la corne de l'Afrique et le cap de Bonne Espérance depuis déjà plus de vingt mille ans. Ils y vivent alors en harmonie avec les Khoï, un peuple ethniquement assez proche mais semi sédentaire.
Au cours du premier millénaire, confrontés à la migration de Bantous venus du nord, les San vont être repoussés vers le sud où ils vont être progressivement isolés.
En 1488, le portugais Bartholomei Dias aborde les côtes de Namibie sans y trouver grand intérêt. Il est suivi en 1497 par Vasco de Gama qui ouvre la route des Indes via le cap de Bonne Espérance.
Les voyages et le commerce s'intensifient alors entre l'Europe et les Indes.
-En 1652 la compagnie des Indes néerlandaises commande l’installation d’un comptoir, qui deviendra Capetown. Elle souhaite pouvoir y approvisionner ses bateaux en eau douce et vivres frais, pour lutter contre le scorbut qui fait alors des ravages parmi les équipages au long cours.
Le cahier des charges: construire un fort, entretenir des signaux pour l'atterrissage des bateaux, planter des arbres, aménager des pâturages pour y élever du bétail.
-1685: Après la révocation de l'Édit de Nantes par Louis XIV, des huguenots viennent grossir le flux des pionniers hollandais vers le Cap, avec des plants de vignes dans leurs bagages. La colonisation s'étend vers l'intérieur des terres.
A cette époque, les San qui occupaient la région n'étaient pas très nombreux et les nouveaux arrivants ont pu avoir le sentiment que le terrain était libre… Mais les nomades dépossédés de leurs territoires de chasse se rebiffent et c'est le début d'un conflit dont on imagine facilement qui fut le vainqueur.
-Peu avant 1800, à la demande de la Hollande, les Anglais installent quelques militaires pour protéger le territoire contre les ambitions coloniales des français rapaces qui rôdent alentour.
-1806 Réalisant assez vite l'intérêt stratégique de Capetown, les anglais y consolident leur base en s'attribuant en propre un certain territoire.
La découverte des richesses minières de la région va attiser encore leur convoitise et les amener à renforcer leur présence.
- 1835 Face à cette emprise croissante, les Hollandais commencent à émigrer vers le nord du pays (le grand trek en 1835), dépossédant et chassant devant eux les tribus installées sur leur passage.
- 1852: Les Boers fondent la République du Transvaal pendant que les britanniques installent une colonie au Cap.
Pendant ce temps, au nord de la région d'Orange, les côtes inhospitalières de ce qui deviendra la Namibie n'attirent pas grand monde. Seuls des aventuriers passent par là: baleiniers, négociants, chasseurs, missionnaires... rien de très installé.
Au début du XIXème siècle, des hollandais du cap remontent jusque là et fondent Luderitz...
Puis les anglais récupèrent le site, quand ils prennent le contrôle de Capetown, en 1806, mais ils ne s'y interessent guère.
Au milieu du XIXème siècle les allemands décident d'y installer leur colonie de l'ouest de l'Afrique. Ils prennent possession de Luderitz et étendent leur contrôle sur l'ensemble de la Namibie.
- 1885: Malheureusement pour les Boers qui occupent la région d'Orange, on y découvre, par hasard, des diamants en 1867. On trouve aussi de l'or au Transvaal.
Alors là c'est trop... La convoitise britannique devient vraiment irrésistible et sa Gracieuse Majesté souhaite prendre le contrôle de l’ensemble de l'Afrique du sud.
- 1899: Les colons hollandais réagissent et c'est la "Guerre des Boers" qui ne se calmera qu'en 1910, par la création d'une fédération des territoires.
Sous tutelle britannique, évidemment...
La rivière de diamants...
"l'Orange River" sert maintenant de frontière entre la Namibie et l'Afrique du sud.
Ce fleuve de 2250 kilomètres charrie des diamants sur toute sa longueur, qu'il finit par cracher sur les fonds côtiers de l'océan atlantique.
Toute cette côte est donc trrrrès surveillée et interdite au mouillage des bateaux non autorisés.
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Pendant ce temps, on découvre près de Luderitz un gisement énorme de diamants, que les allemands commencent à exploiter.
Cette fois, les britanniques devront attendre 1919 et la fin de la première guerre mondiale pour prendre le contrôle de la Namibie, dont la tutelle – et les diamants – leur sera confiée par la société des nations.
Ils sous-traiteront cette autorité à leur colonie d'Afrique du sud qui s'empressera d'annexer intégralement ce nouveau territoire.
Le conflit entre afrikaners et britanniques à peine calmé, la minorité blanche du pays va devoir faire face au problème posé par la majorité noire qui a beaucoup grossi entre temps et commence à s'organiser.
- 1912: les noirs privés d'existence politique créent le parti SANNC qui deviendra l'ANC (African National Congress) en 1923.
- 1913: le parti Afrikaner, qui gouverne alors l'Afrique du sud sous tutelle anglaise, compte bien pérenniser sa présence et sa suprématie.
Il répond à la politisation des noirs en inventant l'apartheid:
Comme aux US, l'idée générale est bien qu'on ne se mélange pas entre races, mais ici, c'est plus radical: Chaque race devra se "développer" sur son propre territoire, n'entretenant que d'éventuelles relations économiques avec les autres (il faut bien des travailleurs noirs pour "développer" les mines et les domaines des blancs...).
Le futur de la race noire devra s'écrire dans des territoires qui lui seront attribués en propre.
Le "Native Land act" réserve ainsi 7,5% de la surface du pays à 70% de sa population.
L'avenir des blancs pourra alors s'épanouir dans de vastes zones fertiles ou riches en minéraux, que les noirs pourront d’ailleurs contribuer à développer comme "travailleur migrant", depuis leurs homelands.
Les coloured (souvent indiens descendants d'esclaves) pourront faire du commerce en étant concentrés dans des ghettos qui seront tolérés au sein des villes blanches.
-1961: La République d'Afrique du Sud est crée, ne conservant aucun lien avec le Royaume Uni. Le pouvoir sans partage des afrikaners va pouvoir s’acharner sans frein à développer l‘apartheid.
-1966: La mise en œuvre de celle ci s'achemine vers l'attribution de 18% de la surface du pays aux territoires noirs, qu'on appelle des "homelands" ou "bantoustans", pour y abriter plus de 80% de la population.
Les militants de l'ANC ont encore du pain sur la planche.
Pendant ce temps, les namibiens ouvrent un second front contre l'apartheid et revendiquent leur indépendance de l‘Afrique du sud.
La lutte menée par le Swapo, y est aussi férocement réprimée que dans le sud.
- en 1986 les émeutes et manifestations anti-apartheid se multiplient partout, amenant le gouvernement afrikaan à instaurer un état d'urgence qui va durer cinq ans.
Un blocus économique international de l'Afrique du sud est déclenché à l’initiative des États Unis, très fiers d'avoir enfin aboli chez eux la discrimination raciale.
-Jusqu'en 1989, le premier ministre Pieter Botha et les afrikaners mènent une lutte acharnée pour la pérennisation d'une politique d'apartheid, allant jusqu'à réécrire la constitution de la république.
Pourtant l'opinion blanche bascule lentement et en 1989 Frederik De Klerk est élu à la tête du pays pour le réformer.
Des négociations s'engagent alors en Namibie avec le SWAPO pour aboutir à la déclaration d'indépendance en mars 1990.
La même année, Nelson Mandela est libéré après 27 ans passés en prison.
On vote alors l'abolition de la ségrégation raciale dans les lieux publics. Rapidement on accorde le droit de vote aux noirs et les premières élections multiraciales sont remportées par l'ANC en 1994.
Nelson Mandela devient président de la République.
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